photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
C'était anciennement la ruelle. Saint-Sulpice, puis la ruelle du Champ-de-la-Foire. Elle fut convertie en rue en 1541. On lui donna à cette époque le nom de rue de Tournon. La construction de cette voie publique n'était pas achevée en 1580, ainsi que nous en trouvons la preuve dans quelques titres de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. Ces actes contiennent plusieurs ventes de terrains, à la charge par les acquéreurs d'élever des constructions pour border la rue de Tournon. Un arrêté des consuls du 17 vendémiaire an XI ordonna le prolongement de cette voie publique jusqu'à la rue de Buci. Une décision ministérielle du 3 nivôse an X, signée Chaptal, et un arrêté du Président de la République, L. N. Bonaparte, du 17 janvier 1849 ont fixé la moindre largeur de la rue de Tournon à 13 m. 50 c, et sa plus grande à 26 m. 70 c. Les propriétés N° 11, 33 et toutes celles du côté des numéros pairs ne sont pas soumises à retranchement.
François de Tournon, né en 1489, fut l'un des principaux conseillers de François Ier. Successivement archevêque d'Embrun, d'Auch, de Bourges et de Lyon, cardinal en 1530, ambassadeur en Italie, en Espagne et en Angleterre, il mourut en 1562.
Au N°6 est l'ancien hôtel de Brancas, construit sur les dessins de Bullet pour M. Ternit. Il a été habité en 1808 par le célèbre géomètre Laplace.
Au N° 10 était un hôtel qui avait appartenu à l'infortuné maréchal d'Ancre. Louis XIII y demeura quelque temps. Les bâtiments furent ensuite affectés au logement des ambassadeurs. Cet immeuble passa ensuite au duc de Nivernais. Devenu propriété nationale en 1790, cet hôtel fut vendu le 10 août 1819, par le domaine de l'Étal a la Ville, moyennant 250,100 fr. C'est aujourd'hui une caserne affectée à la garde de Paris.
Au N° 12 était l'ancien hôtel d'Entraigues, où mourut Mme d'Houdetot, en 1813. Il est question aussi de la rue de Tournon dans les annales de la première république. Au commencement du mois de messidor an IV, la section de Mucius Scoevola (aujourd'hui quartier du Luxembourg) imagina de célébrer des repas civiques dans les rues et devant les portes des maisons. Cet exemple fut imité par les autres sections. Les habitants de la rue de Tournon se distinguèrent particulièrement dans l'ordonnance de ces repas patriotiques, que la Commune de Paris dut faire cesser par suite des désordres provenant des libations trop répétées de certains patriotes.
La propriété N° 27, rue de Tournon, propriété ayant, au seizième siècle, une issue dans la rue de Condé, le N° 30 actuel, a été habitée par Clément Marot, surnommé le Tibulle français. En 1539, et par lettres patentes datées de Tournon en Brie, François Ier gratifia Marot de cette maison ayant grange et jardin situés d'un côté ruelle Saint-Sulpice (aujourd'hui rue de Tournon), et de l'autre rue du Clos-Bruneau (maintenant rue de Condé). Le Roi avait fait fondre, dans cette propriété, un cheval de bronze, circonstance qui avait fait donner à cet immeuble le nom de Maison du Cheval d'airain. Cette partie du faubourg Saint-Germain était alors un marais, ainsi que le témoigne la dénomination du clos Bruneau, donnée au principal chemin qui coupait ces terrains. Le rôle de taxe de 1543 ne mentionne également qu'un petit nombre de maisons bâties à cette époque en cet endroit.
Source : Dictionnaire des rues et monuments de Paris Par Félix Lazare.
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