photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
Cet hôtel bâti par René de Rieux, évêque de Léon, était dans le principe appelé Hôtel de Léon ; il passa en 1651 à Gui de Rieux, seigneur de Sourdéac, dont il a conservé le nom, quoique ce ne soit plus qu’une maison particulière.
La famille de Rieux, alliée à celle d'Entraigues, était bretonne et marqua dans la Ligue. Réné de Rieux, évêque et comte de Léon en Bretagne, fit dessiner par Bobelini l'hôtel à deux faces dans lequel s'exploite l'imprimerie Plon, rue Garancière, n°8, et qui porte le n° 11 rue Servandoni. Il n'y avait pas encore séparation quand c'était le siège d'une des mairies de Paris, où le quartier voyait aussi l'hôtel Roquelaure d'une époque antérieure. Le premier maréchal de Roquelaure vint à Paris avec la reine Jeanne d'Albret ; une maison Garance ou Garancière tenait alors la place dont l'hôtel de Léon a hérité. Le dernier des Roquelaure mâles, maréchal de France également, cessa de vivre en 1738. Celui-ci était le fils et celui-là le père du duc aux aventures divertissantes, dont une petite-fille épousa un Rohan, prince de Léon, trop tard pour que cela explique une mutation qui échappe à nos recherches. Mais n'est-ce pas un teinturier que la rue avait eu pour dénominateur ? Un cours d'eau devait y suivre la pente du terrain, s'y rougir chez le teinturier et affluer au canal qui jadis tombait, a la hauteur de la rue Bonaparte, dans la Seine.
De Rieux, seigneur de Sourdéac, remplaça dans la rue Garancière l'évêque, son oncle, depuis l'an 1651 jusqu'à ce que ses propres créanciers, auxquels il fit abandon de ses biens, vendissent à Pierre de Pâris, conseiller au parlement, et à sa sœur, la présidente Dugué. La branche de Sourdéac remontait à Réné de Rieux, lieutenant-général au gouvernement de Bretagne, en faveur duquel Henri IV, qui se plaisait à l'appeler mon cousin, érigea l'île d'Ouessant en marquisat ; Elisabeth Nivelle épousa l'arrière-petit-fils, Réné-Louis, dit le comte de Rieux, mais elle ne l'empêcha pas d'être le dernier Sourdéac. L'hôtel qui fut successivement Garance, Léon, Rieux, Sourdéac, de la Sordière, Montagu, Lubersac et mairie du XIe arrondissement, se dit Roquelaure. C'est qu'en pareille matière il faut compter avec une autorité populaire dont les dépositaires gagnent à être désignés poétiquement par ce vers de Virgile : WSunt quibus ad pertas cecidit custodia sorti.
Source : Les anciennes maisons de Paris sous Napoléon III par Charles Lefeuve.
Le marquis de Sourdéac, de la maison de Rieux, tenant aux anciens ducs de Bretagne, charpentier, menuisier, forgeron, serrurier, mécanicien très habile, fut le premier machiniste de l'Académie royale de Musique et l'un de ses fondateurs. Fort original en sa manière d'agir, il se faisait courir par ses vassaux comme on court un cerf, avec chiens, chevaux, piqueurs sonnant de la trompe, à travers les champs et les bois, dans le seul but d'acquérir de la force par un exercice salutaire. Un jour, il était monté sur le cheval de bronze du pont Neuf, afin de mieux voir les exploits des jeunes seigneurs de sa bande, qui détroussaient les passants. Le guet le surprit lorsqu'il était posté sur le cou du quadrupède avec le comte de Rochefort ; la bride sur laquelle il s'appuyait vint à casser, et le guet le releva tout sanglant.
Après les premières conquêtes de Louis XIV, l'abondance fit naître l'émulation pour les beaux-arts. Le marquis de Sourdéac établit un théâtre d'opéra dans son hôtel, afin de se rendre plus adroit à la combinaison, au jeu des machines, alors fort à la mode. Il se servait de Perrin pour les vers, de Cambert et de là Grille pour la musique. Le marquis donnait de temps en temps des représentations gratis, distribuant, chaque fois, six cents billets aux amateurs.
Source : L'Académie impériale de musique par Castil-Blaze, Opéra de Paris.
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
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