photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
Deux Sphynx faisant face sont disposés de chaque côté du porche de cet hôtel. On attribue la réalisation de cet hôtel a l'architecte classique Chalgrin et la construction serait réalisée entre 1767 et 1770.
De jolis amours courent à la recherche de souvenirs bien moins cruels, dans les bas-reliefs décorant le n° 6 rue de Férou, qui fut donné à Mlle Luzy, actrice de la Comédie-Française. Ah ! que ne peuvent-ils rattraper les peintures et les dorures, plus fugitif ornement d'un boudoir, où elles étaient de bon conseil dans les visites reçues en tête-à-tête, et qui a lui même disparu ! De 1770 à 1785 la jolie comédienne, maîtresse du logis, a tenu l'emploi des soubrettes. Que sa rivale, Mme Doligny, eût plus de talent, c'est probable ; Mlle Luzy ne l'emportait que par les avantages de sa personne.
Dorât, loin de les méconnaître, envoyait souvent rue Férou, lorsqu'il demeurait rue d'Enfer, des vers qu'il allait y relire. Il nous souvient de ceux où il évoque le vieux dragon qui veillait autrefois sur le jardin des Hespérides, et qu'il fait relever de garde par l'Amour.
Un jeune enfant, non moins fidèle,
Garde aujourd'hui les pommes d'or,
Il les garde pour la plus belle
Et barricade son trésor.
J'approche : son œil étincelle,
Il brandit son arc menaçant,
Mais je te nomme et dans l'instant
Je vois mon Argus qui chancelle.
Prends, me dit-il, cueille, choisis :
Luzy seule excitait mon zèle.
Porte à ses pieds l'arbre, les fruits
Et si tu veux le sentinelle.
Source : Les anciennes maisons de Paris. Histoire de Paris rue par rue, maison par maison par Lefeuve 1875.
Cejourd'hui samedi 25 mai 1771, de relevée, en l'hôtel et par devant nous, Pierre Thiérion, commissaire au Châtelet, est comparue demoiselle Dorothée Luzy, pensionnaire du roi, demeurant à Paris, rue Férou, parroisse St-Sulpice, laquelle nous a déclaré et dit qu'il y a environ huit jours, ayant été dans sa loge de la Comédie pour s'y habiller et voulant remporter ses robes de saison pour en mettre d'autres à la place, elle s'était aperçue qu'il lui en manquait trois, l'une de droguet gris oeil-de-perdrix, plissée sur les côtés, non doublée ; une autre de satin, grandes raies souci et blanc, ayant de petites guirlandes blanches et à pois noirs sur la raie souci, doublée de taffetas blanc, la garniture de la robe même étoffe avec chenille autour ; la troisième de pékin, à raies d'un doigt bleu et blanc, garnie de même étoffe, avec agréments assortis. Les trois robes plissées sur les côtés avec baleines aux tailles, des manchettes de linon uni festonnées ; qu'il peut fort bien se faire qu'il lui ait été volé autre chose, mais qu'elle ne s'en est pas encore aperçue et que cela ne lui est pas possible parce qu'elle y a des robes à l'infini ; que les deux dernières robes sont neuves ; qu'elle sait que plusieurs clefs de ses camarades ouvrent sa porte, mais qu'il faut que les voleurs aient aussi la clef de son armoire, qui était fermée.
Signé : Luzy.
Source : Les comédiens du roi de la troupe française pendant les deux derniers siècles : documents inédits recueillis aux Archives nationales par Emile Campardon
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
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