photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
L'église Saint-Ignace est une grande chapelle catholique située au 33 rue de Sèvres dans le 6e arrondissement de Paris. Elle est dédiée à saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. Construite en 1855, elle est de style néo-gothique (wikipédia).
écoutons le rédacteur de l'Opinion nationale :
« La maison des Jésuites de la rue de Sèvres, à Paris, s'est, depuis quelques années, donné le luxe d'une chapelle, qui est une véritable église. Les bons Pères en ont entrepris la construction vers 1852 ; cela s'est fait, pour ainsi dire, clandestinement dans les jardins. »
Une église bâtie clandestinement dans les jardins, et sans que l'Opinion nationale ait été prévenue, quelle hardiesse ! quelle audace ! Si, au lieu d'une église, on eût construit un cabaret, dans quelque impasse obscure de la capitale, le fameux journal en aurait bien eu connaissance. Écoutons encore :
« La haute façade du couvent masquait sur la rue les échafaudages. De temps en temps la porte cochère s'ouvrait silencieusement, une charrette de pierres de taille s'engouffrait sous la voûte obscure, puis les deux battants se refermaient comme d'eux-mêmes. L'édifice montait, large, monumental, et du style gothique obligé ; il couvrait tout le jardin. Au dehors, la maison conservait le même aspect sombre et mystérieux. »
Comme une loge de francs-maçons, sauf le tablier et la truelle obligés.
« Il faut dire ici que les révérends Pères qui l'habitent ont pour principale occupation de confesser les riches et aristocratiques pénitentes du faubourg Saint-Germain. »
J'ignore si les Pères de la rue de Sèvres confessent les dames du faubourg Saint-Germain ; mais je sais qu'ils ne confessent pas les protégées de l'Opinion nationale : la religion de la plupart de ces dernières dispense d'aller à la messe ; elle ne barre pas toujours le chemin de l'Hôtel-Dieu.
« Or l'argent venant à manquer un jour, et comme on avait déjà épuisé tous les expédients pour amener la construction jusque-là, nos Pères ne savaient à quel saint se vouer, lorsque l'un d'eux eut une inspiration singulière. »
Vous nous aviez parlé de leurs richesses colossales. Est-ce que les voleurs les avaient transportées dans la caisse des sociétés secrètes ?
« C'était le confesseur le plus aimé, le plus connu du noble faubourg. Comment cet homme sait-il ce qui se passe au noble faubourg ? Y aurait-il fait le service des antichambres ? Il était de toutes les œuvres, et l'on ne faisait rien sans lui demander avis ; aussi, la plupart du temps, me savait-il où donner de la tête, parce que tout le monde le voulait à la fois. »
Vous aviez pourtant dit mille fois que personne ne voulait des Jésuites. Mettez-vous d'accord avec vous-même, fameux logicien de l'Opinion nationale.
« Dans la nécessité pressante où se trouvait la maison, il imagina donc une loterie. Mais, loterie de quoi ? Les Pères ne possédaient rien.»
Vous l'avez déjà dit.
« Et , quant aux indulgences et aux prières, on en a tant abusé, qu'elles ne pouvaient donner grand produit.»
Les athées et les Saint-Simoniens, eux, n'ont abusé ni de la prière, mi des indulgences ; mais, en compensation, ils abusent grandement de l'ignorance et de la crédulité de leurs lecteurs.
« Le bon Père se mit en loterie lui-même. Il écrivit une centaine de billets à un prix fort élevé, et fit savoir, d'une manière discrète et sûre, (d'une manière discrète et sûre) qu'il était lui-même en jeu, que celle qui posséderait le numéro gagnant aurait pendant trois jours le Révérend à sa discrétion. »
Pourquoi pas huit jours, la semaine entière ; c'était bien le moins qu'il pût faire pour le gros lot.
« Les nobles pénitentes du Père Lefèvre s'arrachèrent les billets. On en glosa bien un peu par la ville, et surtout dans le faubourg ; mais les choses les plus extraordinaires sont bientôt oubliées à Paris, et les bons Pères avaient rempli leur escarcelle. »
Source : Les Jésuites. Doctrine, enseignement, apostolat par Joanni d'Arsac 1865.
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
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