Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ancien couvent des Grands Augustins)

Le couvent des Petits-Augustins était situé sur l'emplacement qu'occupe aujourd'hui le palais des Beaux-Arts, et l'entrée se trouvait dans la rue qui porte aujourd'hui le nom de rue Bonaparte (1870). Ces religieux furent appelés à Paris en 1612 par Marguerite de Valois, première femme de Henri IV ; elle leur assura six mille livres de rentes, et les installa près de son propre hôtel, dans les bâtiments que les Augustins déchaussés venaient de quitter. Marguerite promit à ses nouveaux protégés de leur faire élever un vaste couvent, mais elle mourut trois ans après, sans avoir eu le temps de réaliser cette pensée.

Les Augustins, subitement abandonnés de leur bienfaitrice, entreprirent des quêtes de tous côtés ; ils s'adressèrent même à Anne d'Autriche, qui vint à leur secours et, le 15 mai 1617, posa la première pierre de leur église. Le cloître et les autres bâtiments purent être terminés avec le produit de nombreuses aumônes [...]

Le couvent des Petits-Augustins fut fermé en 1790. On y installa l'année suivante le Musée des monuments français, où furent réunis tous les objets d'art provenant des églises et des maisons ecclésiastiques supprimées. Les bâtiments furent démolis en 1820 et firent place aux élégantes constructions de l'Ecole des Beaux-Arts ; on conserva seulement le vaisseau de l'église, contre laquelle lut appliquée la façade du château d'Anet.

Source : baron Georges Eugène Haussmann 1870.

Le château d'Anet a été possédé successivement, depuis Diane de Poitiers, par madame la duchesse de Mercœur, M. le duc et madame là duchesse de Vendôme, le prince Joseph - Louis de Vendôme, leur fils; par madame la princesse deCondé, M. le duc et madame la duchesse du Maine, M. le prince de Dombes et M. le comte d'Eu ; revenu ensuite à Louis XV, ce monarque en avait transmis la propriété au duc de Penthièvre. Une aile de ce magnifique château, l'ancienne chancellerie, les murs, la rotonde et deux pyramides de la chapelle, ont seuls résisté aux orages de la Révolution.

Une partie de la façade du château d'Anet a été placée, à Paris, dans la cour du Musée des monuments français (aujourd'hui l'Ecole royale des Beaux-Arts) ; ce précieux fragment forme l'entrée de l'ancienne église des Pelits-Augustins.

Ecole royale et spéciale des Beaux-Arts

Ecole royale et spéciale des Beaux-Arts, rue des Petits-Augustins, n° 16, sur l'emplacement du couvent des Petits-Augustins. Cette école, fondée par Louis XVIII le 4 août 1819, comprend l'enseignement de toutes les parties qui entrent dans la peinture, la sculpture et l'architecture. L'enseignement est gratuit à l'école des Beaux-Arts. L'administration est dirigée par un conseil de cinq membres, le président, le vice-président, le président sortant de fonctions, le secrétaire perpétuel et un des membres de la section d'architecture à tour de rôle et successivement toutes les années. La haute surveillance de l'école appartient à ce conseil. La surveillance des détails est exercée par un agent spécial chargé en même temps de la comptabilité. Les élèves nationaux et étrangers sont admis aux cours ordinaires jusqu'à l'âge de trente ans après un concours préalable.

Les concours des grands prix de Rome sont ouverts aux artistes français ou naturalisés qui n'ont pas atteint l'âge de trente ans. Ils concernent la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique et la gravure. Les sujets des concours sont donnés par les sections correspondantes de l'Académie des Beaux-Arts.

Le 3 mai 1820, le ministre de l'intérieur vint poser la première pierre du monument commencé sur les dessins de M. Debret. Il vient d'être achevé par M. Duban.

En venant par la rue des Beaux-Arts, en face de laquelle est placée la grille et l'entrée principale du palais, on aperçoit d'abord à droite le charmant portique du château d'Anet, servant de façade à l'ancien bâtiment de l'église des Petits-Augustins. Il aura pour pendant, du côté gauche, un portique du XIIIe siècle. Deux ailes de bâtiments nouveaux, décorés de l'ordre ionique à arcades, se continuent de chaque côté, depuis ces façades jusqu'à l'arc de Gaillon qui est la limite de la première cour.

L'arc s'étend ensuite sur la ligne horizontale perpendiculaire aux bâtiments latéraux dont nous venons de parler, auxquels il se lie par une balustrade. Il forme ainsi une espèce de jubé, parallèle avec le bâtiment principal nouvellement construit. L'ensemble de la disposition que nous venons de décrire forme au palais proprement dit une riche avant-cour qui sera fermée par une grille en fer du côté de la rue des Petits-Augustins. Au milieu de cette cour s'élève une colonne corinthienne en marbre rouge (de Paros ou de Languedoc), supportant une statue en bronze. Lorsque le portail gothique qu'on doit placer vis-à-vis celui d'Anet aura été érigé, la cour d'entrée offrira le résumé de l'architecture française à ses trois principales époques : le moyen-âge, la renaissance et la transition de l'une à l'autre. Terminons ce qui est relatif à cette première division de l'école des Beaux-Arts par l'examen de l'ancienne église à laquelle le portail d'Anet sert d'entrée.

Cour de l'École des Beaux-Arts dessin de L. Gaucherel (1816-1886)

Cour de l'École des Beaux-Arts dessin de L. Gaucherel (1816-1886)

Ancienne église

L'architecte a rappelé dans cette église plusieurs dispositions de la chapelle Sixtine.

Sur le mur du fond est la copie du Jugement dernier de Michel-Ange, exécutée dans les dimensions de l'original, par Sigalon, et retraçant, avec une admirable précision, la fougue vigoureuse et puissante du génie de Buonarotti.

La nef de l'église et l'ancienne chapelle de la reine Marguerite, renfermeront le tombeau des Médicis, tel qu'il existe à Florence dans la chapelle sépulcrale de san Lorenzo ; ce qui reste du monument inachevé de Jules II, le Mpïse et les deux figures d'esclaves dont le musée de Paris s'enorgueillit de posséder les originaux, puis la Pitié, le Faune, le Bacchus.

Enfin les œuvres les plus remarquables de Buonarotti, en peinture et en sculpture, y seront rassemblées. On doit aussi, dit-on, y réunir par le moulage les copies des sculptures les plus célèbres en Europe depuis la renaissance.

Au-delà de l'arc de Gaillon s'ouvre une deuxième cour pavée en dalles disposées avec art, au fond de laquelle règne la façade principale du palais. Une vaste flaque antique au milieu de la cour recevra la retombée d'un jet d'eau. Cette cour est fermée du côté opposé à la façade principale par l'arc de Gaillon, au milieu avec ses balustrades, et sur les côtés par deux constructions demi-circulaires, continuation en retraite des bâtiments latéraux de la première cour, et dont la concavité fait face au grand corps du palais. De nombreux débris d'architecture antique du moyen-âge et de la renaissance sont enchâssés dans les parois extérieures des murs de ces hémicycles.

La façade du principal bâtiment, parallèle à l'arc de Gaillon, est disposée de la manière suivante : le rez-de-chaussée pose sur un soubassement, et des piédestaux destinés à recevoir les statues en marbre des élèves de Rome sont adossés au mur entre chaque fenêtre. Ces fenêtres se répètent au premier étage et elles sont alors engagées dans une élégante ordonnance corinthienne qui supporte à son tour un étage attique surmonté d'une frise découpée capricieusement et servant de balustrade à la toiture. La crête de cette toiture est ornée elle-même d'une autre frise en fer, découpée à jour, d'un style léger et élégant. Ces dernières innovations qui témoignent de l'indépendance de l'architecte dans la conception de son œuvre ont été l'objet de quelques critiques dans l'examen desquelles nous n'entreprendrons pas d'entrer. Un perron de six marches précède la grande porte d'entrée de ce bâtiment située dans l'axe de la principale ouverture de l'arc de Gaillon. Au-dessus de la porte on a inscrit en lettres d'or : Peinture - Architecture - Sculpture. Les portraits en relief de bronze de Philibert Delorme et de Jean Goujon sont placés de chaque côté dans des médaillons de bronze à fond d'or. Au-dessus de ces médaillons, au premier étage, à la hauteur des chapiteaux des colonnes, on voit pareillement les portraits de Poussin et de Lesueur. Enfin, dans la région du deuxième étage, une grande plaque en pierre de Volvic contient l'inscription suivante : Ecole des Beaux-Arts.

école des Beaux-Arts par Atget Eugène (1857-1927), photographe.

école des Beaux-Arts par Atget Eugène (1857-1927), photographe.

Après avoir traversé ce bâtiment, on arrive à une troisième cour disposée en carré long entourée de toutes parts d'une architecture simple et froide, contrastant un peu avec les splendeurs qui précèdent. Cette cour est remarquable surtout par son dallage de marbres de différentes couleurs artistement disposés. Des colonnes adossées aux murs, supportant des bustes, en ornent le pourtour. Les grandes portes situées au milieu des deux principaux corps de bâtiment qui correspondent avec l'axe de l'arc Gaillon, sont ornées de magnifiques colonnes en marbre rouge. Les portraits de Périclès, d'Auguste, de Léon X et de François Ier, images des quatre grandes époques de l'histoire des arts, sont disposés deux par deux de chaque côté de ces portes.

Source : Nouvelle histoire de Paris et de ses environs par Jules de Gaulle Nodier.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 121370
  • item : Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ancien couvent des Grands Augustins)
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Paris 06
  • Adresse :
    • 14 rue Bonaparte
    • 11, 13, 15, 17 quai Malaquais
  • Code INSEE commune : 75106
  • Code postal de la commune : 75006
  • Ordre dans la liste : 30
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • école
    • couvent
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 17e siècle
    • 18e siècle
    • 19e siècle
  • Dates de protection :
    • 1914/04/18 : classé MH
    • 1921/03/16 : classé MH
    • 1956/05/14 : classé MH
    • 1972/01/31 : classé MH
  • Date de versement : 1993/07/08

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site inscrit 06 08 1975 (arrêté) .
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :7 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • jardin
    • cour
    • portique
    • arcade
    • port
    • ARC
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de l'état 1992
  • Détail :
    • La façade du château d' Anet (déposée à l' école des Beaux-Arts)
    • les restes de l' hôtel de la Trémoille : classement par journal officiel du 18 avril 1914
    • Les cours d' honneur, avec la décoration architecturale et sculpturale qu' elles comportent : classement par arrêté du 16 mars 1921
    • Les arcades provenant de l' ancien hôtel de Torpanne et qui ont été réédifiées dans les jardins : classement par arrêté du 14 mai 1956
    • L' école : classement par arrêté du 31 janvier 1972
  • Référence Mérimée : PA00088507

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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