Chapelle Saint-Vincent-de-Paul (chapelle des Lazaristes)

Cette chapelle, nouvellement construite rue de Sèvres (publié en 1838), presque en face de l'hospice des Incurables, pour y placer la chasse d'argent qui renferme les restes du bienfaisant Vincent de Paul, est d'une construction simple, mais élégante et gracieuse. Les murs latéraux sont percés de deux rangs d'arcades l'un sur l'autre ; les piliers qui les supportent sont ornés chacun d'un pilastre engagé dans le mur. Devant chaque pilastre s'élève une colonne dorique ; et sur ces colonnes, qui sont au nombre de sept de chaque côté, pose un large entablement, sur lequel, à l'aplomb des colonnes, s'appuient les arceaux qui supportent la voûte du choeur et de la nef. Cet entablement sert de parapet à une galerie qui règne autour de la chapelle, et qui est formée par le second rang d'arcades. Le choeur occupe plus de la moitié de la chapelle : le maitre-autel est au fond ; on y voit briller la châsse du saint. La nef est ornée de six petites chapelles, offrant, dans les tableaux qui parent leurs autels, les principales circonstances de la vie de Vincent de Paul.

Source : Paris ancien et moderne, ou Histoire de France divisée en douze périodes par Jean Lacroix de Marlès 1838.

Faubourg Saint Denis

Jusqu’au commencement du dix-septième siècle les personnes atteintes de la lèpre ont été reçues à l’hôpital Saint-Lazare.

Un tiers du revenu de cette maison était affecté à la subsistance de ces malheureux, en vertu d’un arrêt du 9 février 1566.

Cette maladie de la lèpre ayant cessé , ou peut-être changé de nom, et les guerres de religion étant survenues, cet hôpital se ressentit du dérangement qu’elles causèrent dans tous les ordres de l’État. De ce moment un désordre affreux, tant pour le spirituel que pour le temporel, était au comble dans cette maison, asile du malheur, et qui naguère était consacrée au soulagement de l’humanité souffrante ; mais lorsque la tranquillité le permit, on s’empressa de rétablir l’ordre dans les maisons religieuses : c’est alors que l’on résolut de donner au plus bienfaisant des mortels, au respectable Vincent de Paule et à la congrégation qu’il institua en 1625 , le gouvernement général de la maison et de l’hôpital Saint-Lazare, dont Adrien Lebon, chanoine régulier de Saint-Augustin, était alors prieur.

Le concordat entre ce dernier et Vincent de Paule fut signé le 16 janvier 1632.

A peine Vincent de Paule et ses enfants-trouvés, dont il fut vraiment le père, furent-ils en possession de cette maison, que tout y prit un nouvel aspect.

Non-seulement il se chargea des religieux de la maison, mais encore de quelques personnes aliénées ou qui manquaient de conduite, que les parents avaient confiées à M. Lebon. Cet usage, qui n’a cessé qu’à la révolution, était très-utile pour les familles, et même pour les personnes qui, incarcérées, revenaient souvent de leurs erreurs.

En 1681 et 1683, cette maison, qui tombait en ruine, fut réparée en attendant la construction d’une plus grande, convenable à ce vaste établissement de bienfaisance.

La plupart des solides et grands bâtiments composent cette maison ont été élevés par Edme Joly, trésorier-général de la congrégation ; mais le grand corps qui donne du côté de la ville est bien plus ancien.

En 1719 et 1720 les prêtres de la Mission firent construire très-solidement une longue suite de maisons.

Enfin, en 1823 et depuis, le gouvernement fit encore élever de nouvelles constructions, qui consistent en une chapelle (Rien n’a été fait dans l’intérieur de cette chapelle qui, n’ayant pas été consacrée, sert de garde-meuble pour la maison), en bâtiments sur la rue et dans l’intérieur pour y établir une boulangerie et autres objets d’utilité.

Revenons à saint Vincent de Paule. Cet illustre bienfaiteur continua à recevoir dans cet asile de la Providence une si grande quantité d’infortunés, qu'on comptait plus de vingt mille personnes qu’il y fit entrer depuis 1635 jusqu’en 1660.

Après avoir consacré sa pieuse et respectable carrière à soulager les victimes des misères humaines, saint Vincent de Paule y exhala lui-même le dernier soupir. Son corps fut inhumé dans le chœur de l’église de Saint-Lazare, au pied du maître-autel. On y voyait, avant 1789, Sa tombe en marbre sur laquelle on lisait :

ICI REPOSE LE VÉNÉRABLE VINCENT DE PAULE, PRÊTRE, FONDATEUR ou INSTITUTEUR ET SUPÉRIEUR-GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DE LA MISSION ET DES FILLES DE LA CHARITÉ. IL MOURUT LE XVII SEPTEMBRE MDCLX, DANS LA QUATRE-VINGT-CINQUIÈME ANNÉE DE SON AGE.

Après les décrets d’usage sur les vertus de saint Vincent de Paule, du 22 septembre 1727, et du 14 juillet 1729, où le cardinal de Polignac fut rapporteur, le pape Benoît XIII rendit un bref pour sa béatification.

Ensuite, les reliques du bienheureux saint-Vincent furent exhumées du tombeau de la chapelle Saint-Lazare pour être placées dans une chasse par Charles-Gaspard de Vintimille de LucqueS, comte de Marseille , archevêque de Paris.

Béatifié, comme on vient de le voir, et mis au nombre des saints par Clément XIII, le 16 juin 1737, ses reliques reposaient paisiblement dans la chapelle Saint-Lazare, lorsqu’en 1792, époque funeste de la révolution, à la suite du décret de l’assemblée législative, qui supprima tous les corps religieux, le pillage et l’incendie de Saint-Lazare furent déterminés par une bande de brigands.

Evénement de la matinée du 13 juillet 1789 a Paris : une partie du peuple armée s'est portée au couvent des Lazaristes pour demander des subsistances, ayant êté refusée elle enfonca les portes

Pillage Saint-Lazare.

A peine le décret dont je viens de parler est-il rendu et l’horrible motion arrêtée, qu‘une bande de furieux, armés de tout ce qu’ils pouvaient trouver dans les bureaux des barrières, arrivent sans bruit à trois heures du matin. Au signal donné, les portes, qui ne résistèrent pas longtemps, sont enfoncées ; ils se précipitent comme un torrent dans la cour de la communauté, en criant d’une voix terrible ; Du pain! du pain! Abandonnant à ces furieux tout ce qu’ils possédaient, les religieux fuient sans savoir où. Cependant à ces cris : Du pain! du pain! l’ordre est donné de dresser des tables dans la cuisine et de les couvrir de pain, de viande et de vin à discrétion, et les frères de s’empresser de servir ces hôtes odieux. Leur faim assouvie, ils demandent des armes ; les religieux répondent qu’il n’y en a point dans la maison. Eh bien ! de l’argent. On leur répond avec calme : Messieurs , vous allez être satisfaits. On leur distribue six cents livres ; ils trouvent la somme trop modique. On ajoute aussitôt huit cents livres. Ces distributions faites, les chefs de ces brigands envoient leurs subordonnés parcourir la maison pour prendre connaissance des lieux, et diriger l’attaque. Le signal se donne à six heures. Aussitôt ils courent aux appartements les plus riches, qui renferment les objets les plus précieux, au secrétariat-général, et partout brisent les reliquaires, enfoncent les coffres-forts, pillent l’or, l’argent et tout ce qu’ils trouvent, et pour les quels ils se battent ; enfin tout est saccagé.....

Le hasard suspend un moment ces atrocités. Saisis d’épouvante à la vue d’un détachement de gardes françaises qui passent devant Saint-Lazare, et les croyant commandées contre eux, ils fuient ; mais bientôt, ces misérables s’apercevant que les gardes françaises refusent leurs secours, en alléguant que la police ne les regardait pas, transportés de joie, ils rappellent leurs complices : leur fureur redouble, et le pillage continue ! Enfin, midi était l’heure où ces monstres devaient saccager la chapelle et profaner les choses saintes ; ils s’y transportent, puis, ajoutant la dérision au sacrilège, un d’entre eux s’affuble des habits sacerdotaux : on lui met le ciboire dans les mains, tous marchent processionnellement à sa suite, tenant des cierges allumés ; ils sortent et obligent les passants à s’agenouiller, craignant, disaient-ils, d’être accusés d’irreligion. Mais ces brigands furent bientôt punis de leurs forfaits, en vidant les caves et en buvant toutes les liqueurs qu’ils trouvèrent même dans la pharmacie ; ils portaient leur punition dans leur sein ; l’excès du vin même tint lieu de poison : on en trouva un très-grand nombre ivres-morts dans les caves. Enfin la maison de Saint-Lazare était encombrée de leurs cadavres.

Un de leurs chefs se souvient qu’on avait oublié le pillage de l’église, échappée comme par miracle à leur profanation ; il rappelle ses forcenés et les invite à ce nouveau forfait. Ils courent aux portes qu’ils trouvent fermées ; ils les enfoncent, ils entrent : que voient-ils ? Un homme seul, un prêtre nommé Pioret. Où allez-vous, impies ? leur dit-il d’une voix ferme et imposante. Le trésor de l’église ! le trésor de l’église ! s’écrient-ils d’une voix menaçante. Pioret, tranquille et calme, les regarde, et, ce qui étonne, s’en fait écouter ; il leur représente l’horreur de ce forfait, les intimide, et parvient à toucher ceux qui l’entendent ; mais la foule s’accroît, les survenants allaient se précipiter sur l’orateur. « Frappez, dit-il en leur présentant un couteau, frappez ; et puisque vous voulez vous souiller d’un forfait impie, percez-moi le cœur avant que de toucher à ce dépôt sacré. » Et ces monstres, interdits et déconcertés, de se retirer saisis de terreur.

Une dernière délibération de ces furieux décide qu’il faut détruire et incendier la maison, et soudain ils mettent le feu aux écuries. Déjà la flamme en s’élevant répand la consternation dans les maisons voisines ; les pompiers arrivent ; mais ils sont assaillis et forcés de se retirer tout consternés. Heureusement, trois ou quatre cents gardes françaises, mieux instruits que ceux dont j’ai parlé, sans égard à leur consigne, font quelques décharges de fusils qui purgent le terrain de ces brigands, et assurent le travail des pompiers qui coupent les bâtiments voisins et empêchent le progrès des flammes.

Grâce au zèle , au dévouement du prêtre Pioret et d’un de ses amis, qui avait un emploi dans la république, les reliques de saint Vincent de Paule furent préservées d’une horrible profanation. « D’ailleurs, ainsi que le dit M. de Naylies, ce n’était pas, aux ossements du pauvre prêtre qui avait tout donné pendant sa vie, et qui n’avait emporté qu’un linceul, que les révolutionnaires en voulaient. Les sceptres et les couronnes de Saint-Denis, bien plutôt que la haine de la royauté, ont produit l’horrible profanation des tombeaux. »

A cette époque , les restes vénérés de saint Vincent furent confiés à M. Clairet, notaire de Saint-Lazare, qui les conserva respectueusement pendant la longue crise révolutionnaire.

Le 25 avril 1830, translation des reliques de S.t Vincent de Paul, de Notre-Dame aux Lazaristes

Translation solennelle des reliques de saint Vincent de Paule à la chapelle des Lazaristes, rue de Sèvres

En 1800, la dépouille sacrée de saint Vincent avait été confiée à la communauté des Filles de la Charité, qui est aujourd’hui rue du Bac, n°s 130 et 132 ; elles la conservèrent religieusement depuis ce temps jusqu’au 10 mars 1830, époque où le mandement de M. de Quélen, archevêque de Paris, en ordonna la translation solennelle au nouveau Saint-Lazare, rue de Sèvres, n° 95. De la communauté des Filles de la Charité, les précieuses reliques furent transportées à l’archevêché de Paris. Ce fut le 6 avril de cette année 1830, que la on procéda à l’ouverture de la modeste châsse du saint prêtre. Une députation de Lazaristes et des Filles de la Charité, plusieurs personnages très distingués, et la veuve de M. Clairet, conservateur du saint tombeau, assistèrent à cette pieuse et touchante cérémonie. Après un rapport fait par M. Mathieu, chanoine de la métropole de Paris, et la lecture des procès-verbaux par M. Fresvaux, chanoine-secrétaire, l’archevêque ayant pris l’avis de son chapitre, a canoniquement constaté l’authenticité du corps de saint Vincent de Paule. Le prélat ayant rompu le sceau de l’archevêché et celui de Saint-Lazare, on procéda de suite à l’ouverture de la châsse en bois dans laquelle il était renfermé depuis la révolution. La vue des saintes reliques imposa à tous les assistants un respectueux silence, qui bientôt fut interrompu par le murmure d’une allégresse universelle. On trouva dans la châsse de bois un acte sur parchemin concernant l’ancienne cérémonie qui confirme encore l’authenticité de la relique.

Dans son mandement du 10 mars, le prélat avait, ordonné que la solennelle translation du corps de saint Vincent de Paule, de l’église métropolitaine à la chapelle des prêtres Lazaristes, rue de Sèvres, aurait lieu le 25 avril 1830 (dimanche du bon Pasteur, qui est le second après Pâques) Par ce mandement, il en avait réglé toutes les cérémonies, et il en avait appelé à la libéralité de la cour et à celle de tous les fidèles de son diocèse, pour parvenir à acquitter le prix de la châsse d’argent dans laquelle sont maintenant les précieuses et saintes reliques. Tous s’empressèrent de répondre à son attente. Le roi et la cour lui firent remettre des sommes considérables.

Cette intéressante et pieuse cérémonie fut célébrée le jour indiqué par le mandement ; les restes sacrés du saint homme furent portés processionnellement avec une pompe vraiment majestueuse.

Description de la châsse de saint Vincent de Paule

Cette châsse à été offerte à la congrégation de la mission comme un hommage du diocèse et un gage de sa dévotion envers saint Vincent de Paule.

Sortie des ateliers de M. Odiot fils, elle fut remarquée à l’exposition de l’industrie française de l’année 1829. Elle est exécutée, en argent, dans la proportion de sept pieds sur deux et demi de profondeur ; sa forme est d’un carré long, terminé en cintre par le haut, enrichie de rinceaux d’ornements, et couronnée par un groupe composé d’une statue principale de trois pieds et demi, où l’on voit saint Vincent de Paule dans la gloire, et de quatre figures de deux pieds et demi, représentant des anges portant des emblèmes de la Religion, de la Foi, de l’Espérance et de la Charité.

Des deux côtés sont portées sur deux Socles deux figures d’orphelins, dont le regard est tourné vers l’intérieur de la châsse, et qui semblent invoquer leur bienfaiteur.

L’intérieur de la châsse est garni d’une tenture de Velours violet, orné de broderies en or et de coussins pareils, avec garniture et glands d’or ; sur lesquels repose le corps du saint, revêtu, comme pendant sa vie, de la soutane, du surplis et de l’étole. On lit sur la châsse :

CORPUS SANCTI VINCENTI A PAULO

Ainsi fut honorée la dépouille sacrée de l’illustre bienfaiteur de l’humanité, qui a réduit au silence ses implacables ennemis. L’impiété s’est abaissée aux pieds de ses images, et l’orgueilleuse philosophie elle-même s’est prosternée devant ce prêtre, auquel elle se vit forcée d’élever des statues, après avoir détruit tous ses utiles établissements.

Source : Itinéraire historique, géographique, topographique, statistique, pittoresque par Louis Victor Flamand Grétry.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 169677
  • item : Chapelle Saint-Vincent-de-Paul (chapelle des Lazaristes)
  • Localisation :
    • Île-de-France
    • paris
    • paris 6eme arrondissement
  • Adresse : 95 rue de sevres 75006 paris 6eme arrondissement
  • Code INSEE commune : 75106
  • Code postal de la commune : 75006
  • Ordre dans la liste : 0
  • Nom commun de la construction :
    • non communiqué
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • non communiqué

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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