photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
Mosquée neomauresque construite de 1922 à 1926 par les architectes Robert Fournez, Maurice Mantout et Charles Heubès, suivant les plans de Maurice Tranchant de Lunel, inspecteur général des Beaux-Arts au Maroc, qui s'inspire des mosquées de Fès. Manifestation de l'amitié de la France pour l'Islam, elle commémore les cent mille musulmans morts pour la France en 1914-1918.
La construction de la mosquée reçoit une subvention de l'Etat (loi du 19 août 1920) et est financée par la société des Habous et des Lieux Saints de l'Islam grâce à une souscription levée auprès des musulmans d'Afrique du Nord. Elle est édifiée sur un terrain donné par la ville de Paris.
La création de l'Institut musulman permet de contourner la loi de 1905 interdisant à l'Etat de subventionner des lieux de culte. La construction est en béton armé ; les matériaux décoratifs (tuiles vertes, faïences, mosaïques, fer forgé) proviennent des pays du Maghreb et sont mis en oeuvre à Paris par des artistes et artisans maghrébins.
La restauration réalisée en plusieurs tranches est en cours sous la direction de Francis Dubois, architecte de la Mosquée de Paris, et François Jeanneau, architecte en chef des Monuments historiques.
Source : Ministère de la culture.
Né à la Ferté-sous-Jouarte, l869 décédé à La Seyne-sur-Mer, 1932.
Architecte des monuments historiques du Maroc et concepteur présumé de la grande mosquée de Paris. Architecte de formation, il est également connu comme peintre et auteur d'un livre sur le Maroc (Au pay: du paradoxe, 1924). L'ouvrage est préfacé par Claude Farrère, qui présente Tranchant comme « un constructeur de villas [...] Car il était architecte de profession. quoique n'exerçant guère que pour soi. Architecte, et peintre aussi, aquarelliste d'un talent vigoureux : rien de l'amateur, en cela comme dans le reste. Et voyageur par-dessus tout. Il avait visité l'Inde, la Perse, la Chine et fouillé toutes les criques méditerranéennes. » Par la suite, le « Faiseur de villas » (il en a construit quelques-unes à Nice) « s'était changé en ministre d'État et en Fondateur de villes » sous le protectorat Français au Maroc.
En 1912, Lyautey nomme Tranchant de Lunel (il adopte ce patronyme a partir de son mariage, en 1900, avec jane-Marie de Lunel), conservateur des monuments historiques et crée le Service des antiquités, Beaux-Arts et monuments historiques. « Ce fut la bonne fortune du Maroc d'avoir, des l'origine cette belle équipe d'artistes et d'hommes de goût, passionnément épris des beautés de ce pays. résolus de se donner à leur sauvegarde » (Lyautey, Paroles d'action, 1927). Sa mission consiste également à « créer des centres à l'usage des Européens, afin d'éviter de renouveler des erreurs commises en Algérie et en Tunisie où les anciennes villes indigènes n'ont été que Fort peu respectées » (Au pays du paradoxe).
En l921, le Service des arts est réorganisé et Tranchant dirige la section de l'art musulman. Il restaure les médersas de Fés, Meknés et Salé, et, à Rabat, la casbah des Oudaïa. A Marrakech, il restaure les tombeaux saâdiens dont il décrit la « perfection des coupoles, la splendeur des plafonds de cèdre sculptés en ruche d'abeilles et dorés comme des reliures, la pureté des mosaïques ». Il s'appuie pour cela sur des relevés et des photographies - une importante collection de photographies se trouverait à l'ambassade de France à Rabat.
L'objectif de Lyautey est de faire revivre l'architecture et les artisanats traditionnels. La protection et la restauration des monuments historiques doivent conduire à une architecture à la fois traditionnelle et moderne. Dans cette perspective, Tranchant collabore avec l'urbaniste Henri Prost au projet des villes nouvelles pour créer ce que Camille Mauclair définit comme « un style franco-marocain répondant a la nécessité des multiples organismes de la vie européenne d'aujourd'hui, style simple, original, harmonieux, véritable miracle d'adaptation au climat et aux moeurs ».
En France, l'implication des populations musulmanes dans la Grande Guerre ouvre le débat conduisant à la création de la grande mosquée de Paris, dont Tranchant est le concepteur. Elle est édifiée sur un terrain concédé par la ville de Paris, l'adjonction d'un institut musulman permettant de contourner la loi de l905 qui interdit à l'État de subventionner les lieux de culte. La mosquée est construite entre l922 et l926 dans un style mauresque inspiré de l'architecture de Fès. Les architectes. Robert Fournez, Maurice Mantout et Charles Heubès, ont suivi les plans et relevés de Tranchant dont le rôle semble s'être limité En celui de conseiller.
La construction est en béton armé mais les matériaux décoratifs (tuiles vertes, faïences, ferronnerie ...) et la main-d'oeuvre sont fournis par les provinces musulmanes de l'Empire, donnant au bâtiment un cachet d'authenticité. Pourtant, s'ils reprennent des structures et des combinaisons propres de l'architecture marocaine. les plans sont profondément occidentaux. Ainsi, pour adapter le plan de la salle de prière à la parcelle, celle-ci a une forme de losange, et le mihrab est orienté selon un côté, et non dans l'axe de l'édifice.
La visite de la mosquée de Paris est un des points forts de l'Exposition coloniale de l931. Elle contribue à présenter la France comme puissance protectrice de l'islam et se fond dans l'idéologie de l'Exposition patronnée par Lyautey.
La vie et l'oeuvre de Tranchant sont entachées par le scandale qui provoque son renvoi du Maroc. En l925, il est inculpé dans deux affaires différentes, l'une pour incitation de mineurs à la débauche, l'autre pour infraction aux lois sur les stupéfiants. Il « organisait des dîners où des matelots rencontraient des officiers de marine et civils connus pour se livrer En des pratiques contre nature » (Archives du ministère des Affaires étrangères). À partir de 1920,Tranchant réside, en partie à La Seyne-sur-Mer, dans la propriété de sa femme, « Notre-Dame-des-Pins », où il a aménagé un atelier pour se consacrer à la peinture. La demeure familiale est réputée pour son décor et son mobilier orientalistes, un exceptionnel ensemble de moucharabieh et menuiseries calligraphiées, et sa « fabuleuse » fumerie d'opium (une perquisition de la maison avait révélé la présence d'un matériel de fumerie pour plusieurs personnes). À La Seyne-sur-Mer, Tranchant apparait comme une personnalité du monde artistique et littéraire des années l930. Il fréquente jean Cocteau, Paul Morand, jean Giraudoux, François Mauriac, le peintre décorateur Christian Bérard. Par son intermédiaire, jean Cocteau rencontre, en 1932, celui qui deviendra son secrétaire particulier : Marcel Khill. Tranchant décède dans sa propriété seynoise, « mort sans un salut, et qui, à côté du maréchal Lyautey, organisa notre prestige marocain » (jean Cocteau, Retrouvons notre enfance, l935).
Source de cette citation : Dictionnaire des orientalistes de langue française publié par François Pouillon en 2012, KARTHALA Editions.
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
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