photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
L'église Saint-Médard de Paris n'était originairement qu'une petite chapelle située sur le territoire de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Les religieux de ce monastère, pour échapper aux massacres des Normands, se réfugièrent dans le Soissonnais, vers la fin du IXe siècle, et ils en rapportèrent quelques reliques de saint Médard. Ce fut l'origine du nouveau vocable donné à leur chapelle qui devint plus tard église paroissiale.
L'église de Saint-Médard, est située rue Mouffetard, entre les n° 161 et 163. La rue Mouffetard est traversée par un pont sur la rivière de Bièvre ou des Gobelins, entre la rue Censier et celle du Fer-à-Moulin. Ce pont servait autrefois de limite à la juridiction de l'abbaye de Sainte-Geneviève. Au bout du pont s'étaient formés deux bourgs : l'un, compris dans les dépendances de l'abbaye, s'appelait le bourg Saint-Maart, Saint-Mard, ou Saint-Médard ; l'autre était le bourg de Saint-Marcel.
Paris église Saint Médard et rue Mouffetard
Les historiens des deux premières races ne disent pas un mot de l'église de Saint-Médard ; c'est donc simplement par conjecture que Jaillot a émis l'opinion qu'il avait pu exister une chapelle de Saint-Médard avant le IXe siècle. Il semble plus naturel de penser qu'anciennement les paroissiens de Saint-Médard n'étant pas assez nombreux pour avoir besoin d'une église à part, assistaient aux offices dans l'église abbatiale, Lorsque le temps eut effacé les traces que les ravages des Normands avaient laissées sur le sol de Paris, le bourg de Saint-Médard put prendre assez d'accroissement pour qu'on jugeât nécessaire d'y établir une succursale. Les chanoines de Sainte-Geneviève qui s'étaient enfuis, pendant l'invasion, dans le Soissonnais, et y avaient mis en sûreté les reliques de leur sainte patronne, avaient pu en rapporter quelques reliques de saint Médard, qu'ils placèrent dans la nouvelle église en la dédiant sous le nom de ce saint.
Deux bulles d'Alexandre III, datées de 1163 et de 1168, sont les premiers actes authentiques dans lesquels il soit fait mention de l'église de Saint-Médard. Par la transaction passée entre l'évêque de Paris et l'abbé de Sainte-Geneviève, l'église de Saint-Médard, avec quelques autres des environs de Paris, fut déclarée exempte du droit de procuration dû à l'évêque, et la cure de cette paroisse demeura toujours à la nomination de l'abbé. A cette époque, le bourg de Saint-Médard n'avait qu'un petit nombre de maisons ; mais il renfermait les clos cultivés du Chardonnet, du Breuil, du Mont-Cétard, des Mors-Fossés, des Treilles, de Copeau, de Gratard, des Saussayes, de la Cendrée ou locus Cinerum, de Challo, ou Challoel, etc.
On ne sait à quelle époque Saint-Médard fut érigé en paroisse.
Auprès de cette église existait, aux XIV et XVe siècles, comme dans plusieurs autres de Paris, un réclusoir, c'est-à-dire une cellule où vivait une femme recluse volontairement pour le reste de ses jours. Le nécrologe de Sainte-Geneviève, écrit sous Charles VI, marque au 1er mars l'anniversaire d'Hermesende, récluse de Saint-Médard.
En 1561, l'église de Saint-Médard fut envahie, au moment de l'office, par une réunion de réformés, qui, assistant au prêche dans une localité voisine, nommée la Maison du patriarche, avaient essayé vainement de faire cesser le son des cloches de Saint-Médard qui les incommodait. Le saint lieu fut profané, les catholiques furent maltraités, et cette scène scandaleuse coûta la vie à quelques uns d'entre eux. Il est vrai qu'ils prirent le lendemain une cruelle revanche ; mais ou jugea probablement que ce n'était pas assez pour réparer le scandale qui avait eu lieu dans la maison de Dieu. On ne se contenta même pas du supplice des principaux coupables ; les grosses amendes qu'on exigea de ceux à qui l'on fit grâce de la vie servirent à l'agrandissement de l'église de Saint-Médard.
Dès le commencement du XVIIIe siècle, il n'existait déjà plus rien dans l'église de Saint-Médard de ses constructions primitives. Ce qu'il y avait de plus ancien dans le bâtiment ne remontait pas à plus de deux cent cinquante ans. Après les désordres et les profanations des huguenots, en 1561, on employa l'argent des amendes imposées aux séditieux à la construction du choeur et du rond-point. On y fit plus tard d'autres réparations, et le grand autel fut reconstruit en 1655. Enfin, quelques années avant la révolution, on reconstruisit de nouveau et cet autel et la chapelle de la Vierge qui termine le rond-point, sur les dessins de M. Petit-Radel, architecte. Par ces restaurations diverses, l'église de Saint-Médard se trouve construite dans des styles d'architecture différents. Le maître-autel est disposé à la romaine. Dans la grande chapelle formée de quatre arcades soutenant une voûte, on voit une imitation des jours célestes de la chapelle de la Vierge de Saint-Sulpice et de celle du Calvaire à Saint Roch.
Dans la chapelle Saint-Charles, des grisailles imitant le relief représentent saint Borromée et plusieurs figures de Vertus. Dans la première chapelle à droite se trouve un très ancien tableau peint sur bois, dont le fond était autrefois doré, représentant une Descente de croix. Le fond de la croisée, vers le midi, offre une perspective assez heureuse de l'un des bas-côtés qui manque à cette église. La chapelle de la Vierge renferme deux tableaux principaux : l'un est le mariage de la Vierge par Caminade, donné à Saint-Médard, par la ville de Paris, en 1824, l'autre est de M. L. Dupré ; il représente saint Médard couronnant la rosière, sa soeur, au milieu de toute sa famille. C'est un don fait par la ville, en 1837.
Deux personnages célèbres à des titres différents avaient été inhumés à Saint-Médard :
Source : Nouvelle histoire de Paris et de ses environs par Jules de Gaulle Nodier 1839.
photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies
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