Abbaye du Val-de-Grâce (ancienne)

On aime à rechercher les origines d'un monument historique, à évoquer ses souvenirs, à faire revivre un moment par la pensée les personnages célèbres qui ont attaché leurs noms à ses vieux murs. Aussi avons nous pensé qu’on ne lirait pas sans intérêt une notice sur cette abbaye royale du Val-de-Grâce, à laquelle se rattachent de si purs et de si nobles souvenirs.

découvrez les origines historique et l'architecture de cette abbaye.

Quelle est l'origine du Val-de-Grâce ?

M. Batidens, chirurgien en chef, premier professeur au Val-de-Grâce, répondait ainsi à cette question, dans un discours prononcé à la distribution des prix du concours de 1843 :

« Sur cela rien d’arrêté, rien de précis. Si des documents authentiques nous permettent de remonter le cours des années, jusqu’au treizième siècle, la découverte toute récente d'une crypte, qui vient de se rencontrer sous les ruines d'un pavillon provenant du fief des Valais, aujourd'hui Val-de-Grâce, imprime à nos investigations une puissance rétrospective bien plus grande.

« Cette crypte, chargée d'années, et dont l'aspect reflète si bien l'enfance de l’art, développe une voûte d'une simplicité native. Son périmètre est de 16 toises carrées ; six colonnes de l’ordre dorique, présentant les caractères de la force et de la solidité, supportent les arceaux de la voûte, aidés de douze pilastres de granit, qui sont enclavés dans le mur d’enceinte.

« Vainement avons nous recherché les assises symétriquement disposées par la brique et le ciment romain, dont le palais des Thermes de la rue de la Harpe offre un spécimen. Des moellons octogones, composant exclusivement la voûte de la crypte du Val-de-Grâce, et que l’on trouve également dans la construction romaine du palais des Thermes, sont les seuls traits qui puissent leur donner un air de famille.

« Ce palais du gouverneur des Gaules, habité par Julien en 555, remonte à une époque bien antérieure à ce général romain. Son origine nous est inconnue, elle se perd dans la nuit des temps, et nous ne prétendons nullement en rendre la crypte du Val-de-Grâce contemporaine. Il ne faut pas perdre de vue, toutefois, que le Jardin du Luxembourg a été occupé par le camp des romains, et que, non loin de ce camp, a dû être construite une demeure pour le chef des troupes ; cette demeure pourrait bien avoir été le berceau du Val-de-Grâce. Nos inductions sont multiples ; elles reposent d'abord sur la découverte toute récente d’une médaille trouvée dans les fondations à côté de la crypte. Cette médaille est frappée à l’effigie d'Adrien ; sa conservation parfaite indique qu’elle a été enfouie peu de temps après la naissance de cet empereur, et l’on sait qu’Adrien est né l'an 60 de notre ère. De plus, le treizième siècle, appuyé sur des documents irrécusables, nous montre le fief des Valois, debout, dans la force de l'âge : or, ne peut on pas penser, sans donner une interprétation forcée aux faits historiques, que l’hôtel des Valois, dont l’origine nous est inconnue, n'est autre que cette habitation. qui du domaine de Rome sera passée en celui des rois de France ?

« J’abandonne le vaste champ des hypothèses, pour entrer dans le domaine de l’histoire. Ici, du moins, nous serons soutenus par des faits authentiques.

« Sauval, avocat du parlement, nous apprend que Philippe III le Hardi, qui régnait en 1270, avait au faubourg Saint-Jacques une maison de plaisance, aujourd’hui le Val-de-Grâce. « Cet historien ajoute qu'il ne sait de qui ce roi de France tenait cet hôtel, et qu’en 1521, son fils Charles de France, comte de Valois, incorpora à ce fief la maison de Jean de Garnis, qui reçut en échange la moitié d’un immeuble situé sur le chemin de Gentilly. »

Plus tard, ce fief des Valois étant passé dans la maison de Bourbon fut nommé hôtel du Petit-Bourbon. Après la défection et la mort du connétable Charles de Bourbon, Louise de Savoie, mère de François ler, se fit adjuger l'hôtel avec les autres biens de la succession de ce prince ; puis, ayant obtenu du roi son fils la permission d’aliéner de cette succession jusqu’à la concurrence de 12000 livres de rente, elle donna en 1528 le fief du Petit Bourhon à Jean Chapelain, son médecin : et ce fut des descendants de ce médecin que la reine Anne d'Autriche le fit acheter pour la somme de 56000 livres, en se portant fondatrice du monastère qu'elle voulait y établir.

Sainte-Foix rapporte, qu'une partie de l’armée de Henri IV étant campée dans le grand Pré aux Clercs, le mercredi 1er novembre 1580, le roi surprit les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Germain, et, sur les sept heures du matin, se fit faire dans la salle du Petit-Bourbon un lit de paille fraîche sur lequel il reposa environ trois heures.

En 1611, le vieux manoir du Petit-Bourbon fut sanctifié par la présence du saint prêtre Pierre de Bérulle, qui vint y jeter les fondements de sa congrégation de l'Oratoire. Ces saints prêtres, alors dans la ferveur primitive de l’institut, ne demeurèrent en ce lieu que quatre années. Mais l’Église avait pris possession de ce sol consacré par la prière et la vertu ; il sera désormais son patrimoine, et l'hôtel du Petit-Bourbon deviendra bientôt le Val-de-Grâce.

Val de Grâce

A trois lieues de Paris, dans la vallée de Bièvre-le-Châtel, existait un ancien monastère de religieuses bénédictines que la tradition fait remonter jusqu'au neuvième siècle. L’origine de cette abbaye appelée Vaux profond ou Val profond, date certainement d'une époque fort reculée, puisque, en l'année 1200, une partie de l'église était déjà tombée de vétusté. Au commencement du dix-septième siècle, l’état de ce monastère était fort triste aussi bien au temporel qu'au spirituel, et les quelques religieuses qui l'habitaient menaient une vie très relâchée. Vainement, Étienne Poncher, évêque de Paris, soutenu par la reine Anne de Bretagne, épouse de Louis XII, avait entrepris une réforme, vainement il avait fait venir des religieuses du monastère de Chelles et uni le Val profond, qui prit alors le nom d'abbaye du Val-de-Grâce de Notre-Dame de la Crèche, à la congrégation réformée de Chezal Benoît (1514, 1515, 1516). Les abus, quelque temps comprimés, avaient repris leur cours et banni tout esprit religieux. Les épines et les ronces avaient donc envahi ce champ du Seigneur. Lorsqu’en l’année 1618, 1’abbaye étant devenue vacante par la mort de Louise de Beillac, la reine Anne d'Autriche s'empressa de la demander pour la mère Marguerite de Veiny-d'Arbouze, religieuse du monastère de Montmartre, âme fort généreuse et d'une confiance en Dieu à toute épreuve.

La bénédiction de la nouvelle abbesse eut lieu le 21 mars 1619, dans l'église des carmélites du faubourg Saint-Jacques, en présence de la jeune reine, qui fut singulièrement touchée de la piété de la mère d'Arbouze et voulut la conduire elle-même dans son carrosse au Val-de-Grâce. A partir de ce jour, la reine était devenue l’amie dévouée de l’abbesse, qui se montra toujours digne d'une telle faveur. Marguerite d’Arbouze donna ses premiers soins à la réforme spirituelle de son monastère. qu'elle ramena bientôt par sa direction douce et ferme à l'observance primitive de la règle de saint Benoît.

La sagesse et la piété de l’abbesse du Val-de-Grâce faisaient l'admiration de la cour. Louis XIII voulut donner à la mère d'Arbouze et à sa communauté un témoignage de sa haute satisfaction et renonça, par lettres patentes du mois de mars 1621, à son droit de nomination sur ce monastère, dont l'abbesse, après la mort ou la démission volontaire de la révérende mère Marguerite, devait être élue tous les trois ans. En même temps, la reine, voyant que le vieux monastère affaissé sous le poids des années tombait en ruine, achetait au prix de 56000 livres l’hôtel du Petit-Bourbon et sollicitait du roi l’autorisation d’y transférer les religieuses du Val profond.

La translation eut lieu le 20 septembre 1621, sous la conduite de Marie de Luxembourg, duchesse de Mercoeur, et de sa fille Françoise de Lorraine, duchesse de Vendôme.

Denis Leblanc, vicaire général de l'évêque de Paris, bénit le nouveau monastère sous le nom d’abbaye du Val-de-Grâce de Notre-Dame de la Crèche. C’était une nouvelle fondation du Val-de-Grâce, qui venait de s’accomplir. Le vieil arbre, transplanté dans un sol nouveau, allait puiser une sève plus féconde et donner au jardin de l’église les fruits les plus exquis.

Cependant les religieuses n’étant pas logées convenablement dans ce vieux manoir féodal, il fallut entreprendre des constructions considérables dont la reine posa la première pierre le 5 juillet 1624. Cette grande princesse s'affectionnait de plus en plus à cette maison, où elle venait souvent se reposer des intrigues et des agitations de la cour. Elle s'y rendait ordinairement deux fois par semaine et toujours le vendredi. Ce jour-là elle dînait avec les religieuses, qui faisaient en sa présence les pénitences et les humiliations en usage dans le monastère. A l'approche des grandes fêtes, elle passait plusieurs jours au Val-de-Grâce pour se mieux disposer à faire ses dévotions et s’entretenir avec la mère d’Arbouze ; elle y communiait à toutes les fêtes de la sainte Vierge, et la veille de Noël, elle disposait et arrangeait elle-même dans la crèche l'image de l’Enfant Jésus.

Vue du Val de Grâce prise de la place dite Champ des Capucins, faubourg Saint-Marceau

Vue du Val de Grâce prise de la place dite Champ des Capucins, faubourg Saint-Marceau

Marguerite d’Arbouze voyait donc ses voeux les plus chers exaucés. La forte discipline établie par ses soins au Val-de-Grâce devait y maintenir une piété sincère, et la munificence royale assurait désormais la prospérité temporelle de cet établissement. Après une tâche aussi laborieusement remplie, il semblait que l’abbesse allait jouir en paix de l’immense considération acquise par ses vertus et ses mérites. Telles étaient les pensées du monde, tels n’étaient pas les sentiments de cette âme généreuse avide de dévouement et de sacrifice. Sur sa demande, une bulle du pape Grégoire XV, datée du 16 mars 1625, ayant confirmé les lettres patentes du roi, qui reconnaissaient l’élection triennale de l’abbesse du Val-de-Grâce, elle se démit volontairement, le 7 janvier 1626, de la charge qu’elle avait remplie avec tant d'éclat pendant sept années. La mère Louise de Milley fut élue à sa place par le vote unanime de la communauté, en présence des commissaires désignés par l'archevêque de Paris, pour surveiller l’élection, et la mère d’Arbouze, devenue libre de suivre les attraits de son zèle, consacra à la réforme de son ordre toute l'ardeur et l’activité de son âme.

Elle mourut le 16 août 1626, au château de Sery prés de Dun-le-Roy, lorsqu’elle se rendait de l'abbaye de Charcuton, qu'elle venait de réformer, au monastère du Mont-de-Piété, à la Charité-sur-Loire, dont elle était prieure. Son corps fut porté au Val-de-Grâce le 22 du même mois et enterré dans le choeur des religieuses ; il a été transféré depuis dans une chapelle par respect pour sa mémoire, qui est en grande vénération dans toute la famille bénédictine. « Nous la pouvons appeler bienheureuse, est-il écrit dans le registre mortuaire de l’abbaye, pour les merveilles que Notre-Seigneur opère par son intercession et par les miracles dont il la manifeste. Son corps demeura souple après sa mort comme s’il eût été vivant, ayant le visage vermeil avec une beauté qui témoignait la gloire dont cette divine âme jouissait dans le ciel. »

La démission et la mort de Marguerite d’Arbouze ne diminuèrent pas l’affection de la reine pour le Val-de-Grâce. Ses visites y furent aussi fréquentes et ce fut dans une de ses retraites à l’abbaye, après vingt années d’une union stérile, qu’elle fit le voeu d’élever à Dieu un temple magnifique s’il lui accordait un fils.

Ce voeu fut exaucé comme celui de la mère de Samuel, et le 5 septembre 1658, Anne d’Autriche donnait à la France Louis XIV.

Dès ce moment, la reine ne songea plus qu’au moyen d'accomplir son voeu d'une manière éclatante, en faisant construire au Val-de-Grâce un vaste monastère et une somptueuse église dédiée à la Sainte Enfance du Sauveur.

La mort du cardinal de Richelieu et, quelques mois après, celle du roi Louis XIII (1642), ne tardèrent pas à lui donner la liberté et à lui fournir les ressources pour accomplir son pieux dessein.

Devenue régente du royaume et maîtresse des finances, Anne d'Autriche chargea François Mansart du soin de dresser les plans du monastère et de l'église, et le 21 février 1645, les travaux de construction commencèrent ; mais lorsqu’on ouvrit la tranchée pour établir les premières assises, on découvrit d'immenses carrières dont il fallut chercher le fond à une grande profondeur, ce qui occasionne de très-grandes dépenses.

Le 1er avril suivant, le jeune roi Louis XIV vint poser la première pierre de ce superbe édifice.

Le roi, conduit par la reine mère, se rendit au Val-de-Grâce avec son frère, Philippe de France, âgé de cinq ans.

Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, donna la bénédiction pendant que la musique du roi accompagnait le chant des choeurs ; puis le roi posa la pierre à l’aide d'une truelle d'argent dont le manche était garni de velours bleu. Dans cette pierre était incrustée une médaille d'or, de 5 pouces 1/2 de diamètre, sur laquelle est d’un côté le portrait de Louis XIV porté par la reine régente, avec cette inscription autour :

ANNA DEI GRATIA, FRANCORUM
NAVARRÆ REGlNA REGENS.
MATER LUDOVICI XIV DEI GRATIA.
FRANCIÆ ET NAVARRÆ REGIS CHRISTIANISSIMI.

Anne, par la grâce de Dieu, reine régente de France et de Navarre, mère de Louis XIV par la grâce de Dieu, roi très-chrétien de France et de Navarre.

Au revers de cette médaille sont représentés, en bas-relief, le portail et la façade de l’église avec cette inscription :

OB GRATIAM DIU DESIDERATI REGII ET SECUNDI PARTUS

Pour, la naissance, si longtemps désirée, du roi et de son frère.

Au bas de la médaille est gravée la date mémorable de la naissance de Louis XIV.

QUITO SEPTEMBRIS 1638.

Quinze septembre 1638.

Les dessins présentés par Mansart avaient été accueillis avec des applaudissements unanimes, qui assuraient la gloire du grand architecte. Néanmoins il ne tarda pas à tomber en disgrâce.

Les constructions ne s'élevaient encore qu'à la hauteur de 9 pieds et avaient coûté des sommes considérables ; on craignit de s’engager dans des frais dont il eût été impossible d'entrevoir le terme, en laissant plus longtemps la conduite des travaux à cet homme hardi et inflexible qui ne voyait que la perfection de son oeuvre sans calculer les dépenses. On lui retira donc la direction des travaux pour la donner à Jacques Lemercier, architecte du roi, à qui l'on doit la Sorbonne, Saint-Boch et le Palais- Boyal. Lemercier conserva les plans de Mansart, en modifiant un seul dessin, celui de la chapelle du Saint-Sacrement, dont il trouvait les dimensions trop petites.

Cependant l'orage de la Fronde, qui s’amoncelait depuis 1648, éclata en 1651 sur la tête du premier ministre, et dispersa les finances. Il fallut suspendre les constructions au moment où elles étaient arrivées à la hauteur de la corniche circulaire qui surmonte les arcs doubleaux du dôme. Une inscription de 1650, placée au-dessous de cette corniche, marque l’interruption des travaux Voici cette inscription :

ANNA AUSTRIA DEI GRACIA FRANCORUM REGINA
REGNIQUE RECTRIX CUI SUBJICIT DEUS OMNES HOSTES
UT CONDERET DOMUM IN NOMINE SUO. ANNO MDCL.

Anne d’Autriche, par la grâce de Dieu, reine de France et régente du royaume : Dieu a réduit dans son obéissance tous ses Ennemis, afin qu’elle bâtit un temple en son honneur. Année 1650.

La guerre de la Fronde, à laquelle les femmes imprimèrent la frivolité de leur sexe, eut une heureuse issue pour la royauté, qui sortit victorieuse de sa lutte avec le vieux pouvoir féodal, et, le 21 octobre 1652, Anne d’Autriche fit son entrée dans la capitale, accompagnée de Louis XIV, qui venait d’atteindre sa majorité.

Depuis son retour à Paris, la reine, dégagée des soucis de la politique, se consacra aux exercices de piété, et fit reprendre les travaux du Val-de-Grâce au commencement de 1654.

Pierre le Muet obtint la direction générale des travaux ; mais on lui adjoignit Gabriel Leduc, qui arrivait de Rome, où il avait fait de bonnes études d'architecture, principalement sur les temples. Sans égaler Mansart, Leduc avait un talent remarquable ; ce fut lui qui acheva l'église et les bâtiments adjacents en s’inspirant du souvenir de Saint-Pierre de Rome pour le retable de l’autel.

Les artistes les plus illustres de ce siècle incomparable furent employés pour l’ornementation de l’église. Mignard, François et Philippe de Champagne, oncle et neveu, pour les peintures à fresque ; les deux frères François et Michel Anguier, et Philippe Buistier pour les sculptures. Nous parlerons plus tard de leurs chefs-d'oeuvre en donnant une description détaillée de ce monument vraiment royal.

Ce ne fut qu’en 1655, que l'on put entreprendre la construction du monastère dont Mansart avait tracé le plan.

Philippe de France, duc d'Anjou, depuis duc d'Orléans, vint le 27 avril en poser la première pierre, sous le pilier de l'encoignure, du côté du jardin des Capucines.

Le cloître présente un vaste parallélogramme entouré de deux galeries voûtées, l'une au rez-de-chaussée, l'autre au premier étage. Aux quatre angles de ce cloître, dont la toiture en ardoise est brisée, selon le style de Mansart, s'élèvent quatre pavillons qui donnent à l’édifice un aspect sévère et majestueux.

Plan Mansart

Le plan de Mansart

La façade du cloître, située à l'est, regarde un vaste jardin ombragé autrefois d'arbres séculaires, dont la superficie est de 15 à 20 arpents.démolis, et les matériaux vendus à vil prix.

La reine, au dire de Lemaire, avait en le projet de se faire bâtir un logement séparé du monastère ; mais considérant que les cloîtres n’étaient pas achevés, elle résolut d'y consacrer l'argent que son logement aurait pu coûter, et se contenta de se réserver un appartement dans le pavillon nord-est du cloître. Cet appartement fut conservé religieusement tel que l’avait occupé Anne d'Autriche, jusqu’à la suppression du couvent par la révolution française. Il vient d’être restauré dans le style de l’ornementation du temps sous l'inspiration de M. le maréchal comte Randon, ministre de la guerre, et l’habile direction de M. Zavin, lieutenant-colonel du génie.

En 1665, après vingt années de travaux, l’église et le monastère du Val-de-Grâce furent complètement terminés. Mais la reine n'avait pas voulu attendre l'achèvement complet de l'église pour y faire célébrer le service divin. Dès l’année 1662, elle fit orner le choeur et l'avant-choeur des religieuses de riches draperies et dresser un autel dans le choeur.

Le dimanche 27 janvier 1662, Jean-Baptiste de Conti, doyen du chapitre et vicaire général du cardinal de Retz, archevêque de Paris, bénit le choeur et l’avant-choeur, qui devint le choeur provisoire des religieuses, et la tribune qui est au-dessus de l’avant-choeur, pour servir à la récitation des matines pendant la nuit.

La reine assista à cette cérémonie avec une joie très-vive et une grande piété ; elle choisit le jeudi suivant 2 février, pour l’inauguration de la nouvelle chapelle, où l’on transporta le saint sacrement. Cette cérémonie, a laquelle la présence de la reine mère et des dames de la cour donna un éclat particulier, fut présidée par Mgr Henri de la Motte-Houdancourt, évêque de Rennes et grand aumônier d'Anne d’Autriche.

Les religieuses et les dames de la cour, chacune un cierge à la main, accompagnèrent le saint sacrement de l’ancienne chapelle à la nouvelle. Dans l’après-midi, Sa Majesté assista aux vêpres et au sermon, qui fut prononcé par Jean-Louis de Fromentières, alors abbé de Saint-Jean-du-Fard et depuis évêque d’Aire. L’orateur, disent les mémoires du temps, complimenta la reine avec beaucoup d'à-propos.

Le samedi suivant 1 février 1662, le grand aumônier de la reine vint bénir quatre cloches, dont la plus grosse fut nommée Louis-Anne par le roi Louis XIV et par Anne d’Autriche. Elles furent suspendues dans la tour octogone qui précède le choeur des religieuses.

L’année suivante, Aune d’Autriche voulut procurer à sa chère communauté la faveur d'entendre un jeune orateur dont l’éloquence excitait l’admiration de tout Paris. Nos lecteurs ont déjà nommé Bossuet, qui vint prêcher au Val-de-Grâce le carême de 1663. La reine et les personnages les plus distingués de la cour voulurent entendre cette grande parole, qui rappelait l’éloquence des Pères de l'Église, et l'orateur, qui était avant tout un apôtre, choisit des sujets de discours qui répondaient aux besoins spirituels de ce brillant auditoire : la pénitence - l’amour des grandeurs humaines - la soumission et le respect dus à la vérité - les causes de la haine des hommes contre la vérité - la nécessité de l’aumône, etc.

Pendant l'été qui suivit le carême de 1663, Anne d’Autriche fit une maladie qui faillit l’enlever a l’amour et à la vénération des Français. Dès qu’elle fut entrée dans sa convalescence, elle alla s’enfermer au Val-de-Grâce, le 11 du mois d’août, pour se, préparer à la tête de l’Assomption.

Bossuet vint de nouveau prêcher au monastère à l'occasion de la fête, et adressa ce compliment à la reine : « Que Marie mette bientôt le comble à la joie de toute la France par le parfait rétablissement de cette reine auguste et pieuse qui nous honore de son audience, et qu’elle ne prolonge sa vie que pour augmenter ses mérites. » Soret a célébré en vers, dans la Muse historique du 18 août, le rétablissement de la reine et le discours de Bossuet.

Dieu sait quelles saintes douceurs,
De ce lieu les mères et soeurs,
En leurs chastes âmes sentirent
Dès le moment qu’elles la virent
Dans leur vénérable parvis.
Tous leurs coeurs en furent ravis,
Et, comme pour cette princesse
Tout le monde a grande tendresse.
Le roi, la reine, et tour a tour,
Les grands, les grandes de la cour,
Au lieu susdit l’ont visitée,
Et de bon coeur complimentée ;
Et monsieur l’abbé Bossuet,
Qui tant de rares choses sait,
Et dont l’âme est candide et belle,
Y prècha, dit-on, devant elle,
Avec grande érudition,
Le saint. jour de l’Assomption.
(Muse historique, livre XIV ; 18 août.)

Enfin le 21 mars 1665, fête de saint Benoît. tous les travaux du monastère et de l'église étant terminés, eut lieu l’inauguration solennelle. Messire Hardouin de Péréfixe de Beaumont, archevêque de Pans, célébra la première messe en présence de la reine fondatrice, à qui il donna la sainte communion ; la seconde messe fut dite par messire François Faure, évêque d’Amiens. La reine régnante Marie-Thérèse d'Autriche dîna au couvent avec la reine mère, et vers trois heures, Leurs Majestés, accompagnées de mesdemoiselles Louise d'Orléans et de Montpensier, de la princesse de Conti, de la duchesse de Vendôme, de la comtesse d’Harcourt, de mademoiselle de Guise, de mademoiselle d'Elbeuf, de la comtesse de Wurtemberg, de la duchesse d'Aiguillon et d'un grand nombre d’autres dames de qualité, assistèrent aux vêpres, qui furent chantées par la musique du roi.

Val de grâce

Après les vêpres, messire Guillaume Leboux, évêque de Dax, prononça le premier sermon. Ne pouvant pas complimenter directement, la reine, qui l'avait prié de s'abstenir de toute parole flatteuse, il prit un détour et dit à ses auditeurs que s'il devait se taire, les pierres et les bas-reliefs du temple parleraient pour lui et transmettraient, beaucoup mieux que ses paroles, la piété et les vertus de la reine fondatrice à la postérité la plus reculée.

A partir de ce jour, le service religieux fut célébré sans interruption dans l'église du Val-de-Grâce. Néanmoins ce monument vraiment royal, ce gracieux édifice, que tout le monde regardait comme un chef-d'oeuvre d’élégance et de pureté de style, demeura bien des années encore sans recevoir la consécration que l'Église donne à ses temples.

Une inscription gravée sur la pierre au-dessus de la porte de la sacristie nous apprend que : cette église a été consacrée par messire François de Beauvau, évêque de Tournai, le 20 septembre 1710.

Ce n’était pas assez pour Anne d’Autriche d’avoir fait bâtir un monastère et un temple au Seigneur, elle voulut pourvoir à l’entretien de l'église et du couvent en obtenant du roi l'union de la mense abbatiale des saints Corneille et Cyprien de Compiègne, au Val-de-Grâce. Les revenus se trouvèrent considérablement augmentés par cette union. Mais la reine voulant perpétuer dans sa chère maison du Val-de-Grâce la piété, qui la distinguait, ordonna que douze jeunes filles sans fortune et de noble famille seraient élevées gratuitement dans la communauté, pour en faire des religieuses soumises à toute la rigueur de la réforme et à la régularité de la vie claustrale. La ferveur et toutes les vertus monastiques devinrent ainsi un précieux héritage qui se transmit fidèlement au Val-de-Grâce pendant plus d’un siècle.

La mort de la reine mère, arrivée le 20 janvier 1666, plongea la France entière dans le deuil.

Cette femme qui, pendant sa vie, avait été en butte à tant d'accusations injustes, dont l'autorité avait été méconnue et la majesté outragée par les factions qui se disputaient le pouvoir, était l’objet de regrets universels et d’une vénération générale. Son éloge était dans toutes les bouches ; les poëtes célébraient ce grand courage que l'adversité n’avait pas pu abattre, et les orateurs sacrés la représentaient comme la femme forte de l'Évangile qui affermit sa maison par sa prudence et son activité laborieuse. Nulle part la douleur ne fut aussi profonde qu'au Val-de-Grâce, où la reine avait souhaité de terminer ses jours. Le monastère, en effet, ne perdait pas seulement une souveraine, c’était une mère qui lui était enlevée. Plusieurs services funèbres y furent célébrés pour le repos de l’âme de la reine en présence des princes et des princesses de la famille royale. Mgr l’évêque de Dax et l'abbé de Drubec prononcèrent des oraisons funèbres qui émurent profondément l'auditoire. Malgré les jugements sévères de certains écrivains renommés, l’histoire impartiale sera obligée de reconnaître les immenses services rendus à la France par la mère de Louis XIV ; et les noms vénérés du cardinal de Bérulle, de saint Vincent de Paul, de M. Olier, tous ses amis et conseillers intimes, entoureront à jamais sa mémoire d’une auréole de vertu et de sainteté.

Il serait trop long d’énumérer les précieux ornements et reliquaires que la reine Anne d'Autriche a donnés à ce monastère. Nous dirons seulement que cette maison possédait jusqu’à trois cents reliques considérables, et que le Grand Soleil d'or, présent de la reine, dans lequel on exposait le saint sacrement aux fêtes solennelles, avait coûté sept années de travail et quinze mille francs de façon. Il était en or massif, émaillé de couleurs de feu et garni de diamants jusqu'aux bords même de la robe de l’ange qui le soutenait. De tous les ornements dont la reine enrichit l'église, le plus remarquable fut celui qu’elle fit composer avec les habits du sacre de Louis XIV. Elle envoya également à l’abbaye la chemise et les gants du roi qui, selon l'usage, devaient être jetés au feu après le sacre, afin de ne pas laisser toucher par des mains profanes le saint chrême qui aurait pu s’y attacher.

Parmi les privilèges qu'Anne d’Autriche obtint pour cette communauté, on cite celui de conserver la première chaussure des princes du sang. Mais le plus précieux de tous fut, sans contredit, celui de garder en dépôt le coeur des princes et princesses de la famille royale. Voici à quelle occasion cette faveur fut accordée au Val-de-Grâce.

Le 28 décembre 1662, la reine mère se trouvait dans le monastère, où elle avait passé les fêtes de Noël et avait reçu trois jours de suite la visite du roi, quand Sa Majesté l’envoya prier de retourner le plus vite possible au Louvre, où Madame, sa fille aînée, était malade à toute extrémité.

La révérende mère Dufour de Saint-Bemard, alors abbesse, et la révérende mère Marie de Bourges de Saint-Benoît, qui avait été la deuxième abbesse élective. la supplièrent humblement, si Dieu rappelait cette princesse à lui. de vouloir bien faire déposer son coeur au Val-de-Grâce, ajoutant que Saint-Denis étant le lieu de la sépulture du corps des princes et des princesses, elles seraient heureuses et honorées a la fois de posséder les coeurs de la famille royale dans leur monastère.

La reine promit d'appuyer leur demande auprès du roi, et Madame étant venue à mourir, Louis XIV accéda à leur prière.

Depuis ce jour, les coeurs des princes et princesses de la famille royale ont été apportés au Val-de-Grâce. Ils furent d’abord déposés dans la chapelle de Sainte-Scholastique, qui devait être une chapelle intérieure du couvent. Mais le 20 janvier 1676, on les transporta, par ordre du roi, dans la chapelle de Sainte-Aune, que l’on fit tendre de drap noir depuis la voûte jusqu'au sol.

Au milieu de la chapelle, sur une estrade de trois degrés environnée d’une balustrade, s’élevait un tombeau couvert d'un poêle de velours noir croisé de moire d’argent, bordé d’hermine et chargé des armes de France écartelées avec celles d'Autriche, en broderies d'or. Il était surmonté d'un lit de parade à pentes de même étoffe. Dans l'intérieur du tombeau étaient plusieurs petites layettes séparées et fermées à clef. Ces coffrets étaient garnis les uns de velours noir, les autres de satin blanc. Les coeurs des princes et des princesses étaient embaumés et renfermés dans un coeur de plomb, contenu lui-même dans un autre coeur de vermeil surmonté d'une couronne de même métal ; ils étaient placés dans les coffrets sur des carreaux de velours noir ou de moire d'argent, selon l'âge du prince décédé. Les noms des princes ou princesses étaient gravés sur le coeur de vermeil.

Tous ces coeurs, aussi bien que le corps de Mademoiselle de Valois, fille aînée de Philippe d'Orléans, duc de Chartres, furent transportés par ordre du roi dans le caveau qui est sous la chapelle de Sainte-Anne, le 16 janvier 1696, et enfermés dans une armoire en pierre garnie de plaques de marbre blanc.

Celui d'Anne d'Autriche et celui de Philippe de France, duc d'Orléans, son fils, sont les seuls qui restèrent dans le tombeau de la chapelle supérieure. Ces précieux dépôts furent religieusement conservès dans l'église du Val-de-Grâce jusqu'en 1792.

A cette époque, les mains sacrilèges qui avaient profané les tombeaux de Saint-Denis jetèrent au vent la cendre de ces coeurs augustes, et portèrent à l’hôtel des monnaies, pour y être fondus, les coeurs en vermeil qui les recouvraient.

Jamais la reine ne quittait la capitale sans aller voir auparavant ses filles chéries du Val-de-Grâce pour en prendre congé : elle était en correspondance suivie avec la mère abbesse et cette correspondance écrite de sa main était gardée précieusement dans les archives du couvent.

Les personnes de marque, désireuses de faire leur cour à la reine mère, ne manquaient pas, en arrivant à Paris, d’aller faire une visite au monastère du Val-de-Grâce. C’est ainsi que, le 20 janvier 1660, avant de faire son entrée à Paris, la reine Marie-Thérèse d'Autriche s'était arrêtée au faubourg Saint-Jacques et s'était rendue sans suite au Val-de-Grâce. Marie-Henriette de France, reine d’Anglelerre, y avait conduit le roi son fils. le 26 novembre 1651, accompagnée du duc d’York. La princesse d’Orange, fille aînée d’Angleterre, la reine Christine de Suède et Marie de Gonzague y ont été reçues en cérémonie par ordre de la reine. On sait qu'elle y introduisit elle-même, le 9 mars 1659, le duc de Lorraine et don Juan d’Autriche, pour traiter secrètement le mariage de Louis XIV avec l'infante d’Espagne.

Suivant une tradition qui ne repose sur aucun témoignage authentique, madame la duchesse de la Valliére se serait retirée pendant quelques jours au Val-de-Grâce avant d'entrer au Carmel de la rue Saint-Jacques. On montre encore les deux portes entre lesquelles elle se serait cachée pour échapper aux recherches et aux poursuites de Louis XIV.

Pourquoi faut-il que, parmi les souvenirs si purs et si édifiants qui se rattachent au Val-de-Grâce, il y en ait un dont nous voudrions effacer jusqu'au dernier vestige ?

C'est dans l'église du Val-de-Grâce que l'abbé Dubois, dont les talents ne pourront jamais faire oublier les scandales, fut sacré archevêque de Cambrai, le dimanche 9 juin 1720.

On peut lire dans les Mémoires du duc de Saint-Simon les détails de cette cérémonie, pour laquelle le régent déploya un grand luxe. L’évêque consécrateur fut le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg ; les évêques assistants furent M. de Tressan, évêque de Nantes, et Massillon, évêque de Clermont.

La faveur dont l'abbaye du Val-de-Grâce jouissait à la cour, et auprès des personnes du rang le plus élevé, pouvait être un écueil pour le développement de la vie religieuse. Anne d'Autriche avait prévu ce danger, et tout en marquant l'édifice extérieur du cachet de la grandeur royale pour laisser à la postérité un monument de sa reconnaissance, elle avait voulu que la pauvreté et l'humilité monastique régnassent à l'intérieur du couvent.

L'inventaire des meubles et immeubles de l'abbaye du Val-de-Grâce, fait, le 27 février 1790, par Barthélemy le Contoulx de la Noraye, lieutenant du maire de la ville de Paris, nous fournit une preuve convaincante de l'austérité qui régnait dans ce monastère.

Il fut constaté que les revenus de la communauté s'élevaient à 79058 francs et les charges à la somme de 55222 francs.

Eh bien, on ne trouva dans le réfectoire que de la vaisselle de terre et des cuillers de bois. Chaque cellule renfermait trois planches, une paillasse, des draps de serge, un oreiller de laine, des couvertures, un prie-Dieu, un crucifix, une chaise, trois images ; la cellule de la mère abbesse n'avait pas un mobilier plus élégant.

« Il n'y a pas d'autre argenterie, est-il dit au procès-verbal, que quatre vieilles cuillers si minces qu'elles sont toutes bossuées. Elles ont été données par différentes religieuses et sont absolument nécessaires à l'infirmerie : une casserole indispensable à l'apothicairerie pour les remèdes qu'il faut préparer dans l'argenterie, n'est autre que la vieille bassinoire d'Anne d’Autriche. »

Auguste Acheney, avocat au parlement, dressa ce curieux inventaire avec le délégué de la commune, comme fondé de pouvoir de la révérende mère de Jarry.

Cette abbesse clôt la liste des supérieures de cette abbaye, que la terreur révolutionnaire renversa pour toujours.

L'hospice de la Maternité fut installé au Val-de-Grâce après le départ des religieuses : cet hospice n'y fit pas long séjour, et le 31 juillet 1795, la Convention nationale convertit l'ancien couvent en hôpital militaire par le décret suivant :

« La Convention nationale, ouï son comité d'aliénation, autorise le ministre de la guerre à faire servir la maison nationale du Val-de-Grâce à un hôpital militaire, et charge la régie nationale de faire préalablement constater les lieux, contradictoirement avec les agents du ministère. »

En même temps que l'assemblée nationale promulguait ce décret, l'église du monastère, dépouillée de ses ornements, était convertie en magasin central des hôpitaux militaires ; elle ne fut rendue au culte qu'en l’année 1827.

Delà ont été expédiés des milliers de ballots de linge et de charpie destinés à panser les blessés des glorieux champs de bataille de la république et de l'empire.

Aujourd'hui ces voûtes. trop longtemps silencieuses, retentissent de nouveau des accents de la prière ; ce sont les voix mâles et pénétrées de nos soldats convalescents qui montent avec harmonie vers le trône du Dieu des armées. Quelle ardeur ! quel enthousiasme dans ces chants ! C'est que le soldat français ne fait rien à demi : il prie aux pieds des autels avec le même entrain qu'il combat sur le champ de bataille.

Val de grâce

Description de l'église

Vue en perspective du haut de la rue du Val-de-Grâce, l'église, couronnée de son dôme magnifique, apparaît dans toute sa grâce et sa majesté royale ; mais, à mesure qu'on se rapproche de l'édifice, le dôme disparaît, le portail de l'église reste seul, et l'on regrette amèrement que le projet d'Anne d'Autriche n'ait pas encore été exécuté.

Suivant ce projet, la grille d'entrée devait être précédée d'une place circulaire, entourée d'édifices symétriquement disposés, avec une fontaine d'eau jaillissante au milieu.

Au centre de la grille, dont l'origine remonte à la fondation du Val-de-Grâce, est la porte d'entrée surmontée du chiffre d'Anne d'Autriche, de la couronne royale et d'une croix. Cette porte donne accès dans une cour représentant un vaste quadrilatère allongé.

Au fond de cette cour et en face de la porte de la grille, s'élève, sur un perron de seize marches, le grand portail de l'église, composé de deux frontons superposés. Le premier fronton, qui forme le portique, est soutenu par huit colonnes corinthiennes accompagnées de deux niches dans lesquelles étaient les statues en marbre blanc de saint Benoît et de sainte Scholastique, sculptées par Michel Anguier.

Deux nouvelles statues en pierre viennent de remplacer les anciennes, enlevées en 1792 par un décret de la Convention.

Sur la frise du portique, on lit cette inscription en lettres d'or :

JESU NASCENTI VIRGINIQUE MATRI.
A Jésus naissant et à la Vierge Mère.

On a fait observer que les temples ne doivent être dédiés qu'à Dieu et que, pour rendre cette inscription régulière, il faudrait la formuler ainsi :

JESU NASCENTI SUB INVOCATIONE VIRGINIS MATRIS.
A Jésus naissant sous l’invocation de la Vierge Mère.

Au-dessus de ce portique règne un deuxième étage de colonnes du même ordre, mais de moindres dimensions, couronnées également par un fronton.

Dans le tympan de ce fronton étaient sculptées, sur un écusson soutenu par deux anges sortis du oiseau de Michel Anguier, les armes de France écartelées d’Autriche, avec une couronne fermée. Anne d’Autriche, au commencement de sa régence, accorda à cette maison, par lettres patentes datées du mois de mars 1644, et au nom du roi son fils, la faveur de porter ses armes.

Le dôme est, après le Panthéon et les Invalides, le plus élevé des monuments de Paris. Aussi, du haut du campanile qui le surmonte, le visiteur peut contempler le vaste panorama de la capitale se déroulant à ses pieds. Ce dôme est d'une élégante proportion et s'élance majestueusement au milieu de quatre tourelles d'un style un peu oriental.

Derrière la coupole de l’église s’élève le petit dôme de la chapelle du Saint-Sacrement. Deux groupes d'anges, dans l’altitude de voyageurs qui se hâtent d’arriver au terme, couronnent les deux angles de ce gracieux monument. Ces sculptures, ainsi que celles qui décorent le grand dôme et les guirlandes attachées avec autant de légèreté que d’élégance au pourtour de la nef, sont de Philippe Buistier.

L'intérieur de l'église étale un luxe de sculpture dont la profusion pourrait fatiguer la vue, si ces ornement n'étaient pas des chefs-d'oeuvre.

Les bas-reliefs qui ornent la grande voûte de la nef, dus au ciseau de Michel Anguier, sont composés de six médaillons représentant les têtes de la sainte Vierge, de saint Joseph, de sainte Anne, de saint Joachim, de sainte Elisabeth et de saint Zacharie. Ces médaillons sont accompagnés de plusieurs figures d’anges chargées de cartels avec des inscriptions et des hiéroglyphes relatifs à ces saints personnages.

Les pilastres de la nef sont séparés l'un de l'autre par trois larges travées donnant accès à six chapelles inachevées, qui devaient être dédiées sous l’invocation de trois rois et trois reines devenus des saints sur le trône. Ces rois et ces reines sont : saint Canut, roi de Danemark ; saint Eric, roi de Suède ; saint Louis, roi de France ; sainte Clotilde ; sainte Bathilde et sainte Radegonde.

Le sol de l’église est couvert de marbres de couleurs variées représentant sous le dôme une véritable mosaïque avec les chiffres d'Anne d’Autriche et de Louis XIV enlacés au milieu.

Le dôme, soutenu par quatre grands arcs doubleaux, mesure 50 mètres de circonférence.

A sa base, est une frise portant cette inscription en grosses lettres de cuivre doré :

ANNA AUSTRIA DEI GRATIA FRANCORUM
REGINA REGNIQUE RECTRIX CUI SUBJECIT
DEUS OMNES HOSTES UT CONDERET DOMUM
IN NOMINE SUO... ANNO MDCL.

Anne d’Autriche,
par la grâce de Dieu reine de France et régente du royaume :
Dieu a réduit sous son obéissance tous ses ennemis,
afin qu'elle édifiât un temple en son honneur.
Année 1650.

Au-dessus de cette frise et des moulures en saillie de la corniche, seize fenêtres répandent des flots de lumière sous la voûte du dôme.

Trois grandes chapelles formant la croix environnent la coupole.

  1. Au fond, derrière l'autel, la chapelle dite du Saint-Sacrement ;
  2. A droite, le choeur des religieuses ;
  3. A gauche, vis-à-vis le choeur des religieuses, la chapelle de Sainte-Anne.

Entre ces chapelles et aux angles du dôme, sont quatre balcons dorés, surmontés de grands médaillons représentant les quatre Évangélistes sculptés par Michel Anguier.

La tradition a conservé le nom d'oratoire d’Anne d'Autriche à la petite chapelle située entre le choeur des religieuses et la chapelle du Saint-Sacrement. Les murailles sont couvertes de peintures à fresques d'un mérite très-douteux. Ces paysages auraient été choisis pour rappeler à la reine les lieux qu'elle avait habités dans sa jeunesse. On doit aussi à Michel Anguier les bas-reliefs sculptés sur les arcades des chapelles du dôme et de la nef. Ces sculptures représentent des attributs de la sainte Vierge, dont voici la distribution.

A la chapelle de Sainte-Anne sont représentées la Miséricorde et l'Obéissance ; à la chapelle du Saint-Sacrement, la Pauvreté et la Patience ; à l'ouverture du choeur des religieuses, la Simplicité et l'Innocence.

Dans la nef, l’Humilité et la Virginité, sur la première chapelle à côté des sacristies ;

La Bonté et la Bénignité, sur la chapelle suivante ; la Prudence et la Justice sur la troisième chapelle.

Au côté opposé, la Tempérance et la Force, sur la première chapelle à main gauche en entrant ; la Religion et la Piété sur la suivante ; la Foi et la Charité sur la troisième près du dôme.

La décoration du grand autel a été exécutée d’après les dessins de Gabriel Leduc, qui a voulu représenter, en se conformant au pieux désir de la reine, une étable richement ornée pour relever la pauvreté de celle où le Verbe fait chair a bien voulu naître pour nous.

Six colonnes torses, d'ordre composite et de marbre de Barbançon environnent l’autel ; elles supportent un baldaquin formé par six grandes courbes, sur lequel est un amortissant de six consoles, terminé par une croix posée sur un globe. Quatre anges placés sur les entablements des colonnes tiennent des encensoirs ; de gras faisceaux de cannes, entourés de testons, de feuilles de palmiers et de grappes de raisin, courent en forme de guirlande d’un chapiteau à l’autre.

A chaque faisceau est suspendu un petit ange tenant un cartel où est écrit un verset du Gloria in excelsis.

Les anges et le baldaquin sont dorés à l'or bruni, le reste est doré à l’or mat.

Ce retable, construit à l'imitation de la confession de Saint- Pierre de Rome, est d’un grand effet.

On assure que chaque colonne a coûté plus de dix mille francs.

Sous ce magnifique couronnement on voyait, disposé entre les premières colonnes du retable, un autel en marbre blanc dont le parement était un admirable bas-relief en bronze doré représentant une Descente de croix. C'était l’oeuvre de François Anguier. Sur l'autel était un groupe de marbre blanc cité connue la composition capitale du même auteur.

Ce groupe, qui est un véritable chef-d’oeuvre, représenté l'Enfant Jésus endormi dans la crèche, placé entre la sainte Vierge et saint Joseph, dont les statues sont de grandeur naturelle.

La Crèche était le point central de cet édifice, élevé par la reconnaissance d'une mère. Elle expliquait toute l’ordonnance du retable et les inscriptions du frontispice et du dôme.

C’était, de plus, un grand souvenir historique que tous les gouvernements qui se sont succédé en France auraient dû conserver et respecter, et cependant trois quarts de siècle se seront bientôt écoulés depuis que l’église du Val-de-Grâce a été dépouillée de cet ornement qui faisait sa gloire, sans que l'on ait encore accompli une restitution qui serait un acte de haute justice. Hâtons nous cependant de le dire, les regards d'une administration animée de nobles et généreux sentiments sont maintenant attirés sur cette importante question. Bien des efforts déjà ont été faits pour rendre à ce beau monument quelques reflets de son antique splendeur. Grâce au zèle et à l'intelligence de M. le commandant Darodes, officier supérieur du génie, la restauration extérieure de l'édifice a été exécutée avec une perfection qui ne laisse rien à désirer. La croix a été placée triomphante au sommet du dôme après avoir reçu la bénédiction solennelle de Mgr Darboy, archevêque de Paris. D'autres travaux considérables sont en voie d'exécution ; espérons que l’on voudra bientôt compléter cette oeuvre nationale et rendre au sanctuaire dépouillé, soit le groupe de François Anguier. soit au moins une copie fidèle en marbre blanc.

Voici dans quelles circonstances l’église du Val-de-Grâce perdit ce précieux monument.

L’assemblée nationale, après avoir décrété que les biens du clergé appartenaient à la chose publique, chargea son comité d’aliénation de veiller à la conservation des objets précieux que contenaient les établissements confisqués.

Le philanthrope la Rochefoucauld, président de ce comité, donna mission a des savants et à des artistes de procéder au choix des monuments. De son côté, la municipalité de Paris, spécialement chargée du décret de l'assemblée nationale, adjoignit des hommes spéciaux à ceux qui avaient fixé le choix de la commission d'aliénation, et l’on créa, avec ces divers éléments, une commission des monuments qui devait faire enlever tous les objets d’art et les faire transporter dans la maison des Petits-Augustins, aujourd'hui le palais des Beaux-Arts ; la direction de ce travail fut confiée au citoyen Lenoir, auquel nous devons la conservation de nos principaux chefs-d’oeuvre.

C’est là que l'assemblée nationale fit porter le groupe de François Anguier.

Dans le livre publié par Lenoir sur la description des monuments de Paris, on lit ces mots :

« N° 225 du Val-de-Grâce.

« Un groupe en marbre blanc, composé de trois figures représentant la Nativité du Christ, exécuté par Anguier.

« Cet artiste, souvent employé dans les monuments publics, a fait un chef-d'oeuvre dans la figure de l'Enfant Jésus, qu’il représente endormi.

« N° 247 du Val-de-Grâce.

« La présentation du Christ au temple ; bas-relief en bois sculpté par Sarrazin.

« Les bronzes provenant du Val-de-Grâce ont été vendus comme inutiles. »

Ce précieux dépôt resta aux Petits-Augustins jusqu’à l'époque de la réouverture des églises.

Alors le clergé fit entendre ses réclamations et les monuments conservés furent rendus aux églises d’où ils avaient été tirés.

Mais au jour de la restitution, personne n'ayant réclamé le groupe de la Nativité en faveur du Val-de-Grâce, dont l’église ne fut rendue au culte qu’en l'année 1827, ce groupe fut mis à la disposition de la fabrique de Saint-Roch et placé sur un autel derrière le choeur, où il est toujours resté depuis.

Derrière le groupe de la Nativité, un riche tabernacle soutenu par douze petites colonnes supportant un demi-dôme renfermait le saint sacrement.,

L’autel sur lequel reposait le groupe de la Nativité était double ; un côté faisait face à la nef ; l'autre, destiné aux religieuses, regardait la chapelle du Saint-Sacrement, dont nous parlerons plus bas. Le tabernacle était placé derrière la crèche et supportait un demi-dôme destiné à l'exposition du Saint-Sacrement.

La coupe du dôme a été peinte par Pierre Mignard, premier peintre du roi Louis XIV. C’est le plus grand morceau de peinture à fresque qu'il y ait en Europe. L’auteur a essayé, avec un rare bonheur d’expression, de représenter une image du ciel ; plus de deux cents figures y sont rassemblées dont les plus grandes n'ont pas moins de 16 à 17 pieds de haut.

Treize mois de travail Opiniâtre suffirent pour terminer cette oeuvre magistrale, qui est un commentaire ingénieux des passages de l’Apocalypse sur la gloire dont les saints jouissent dans le ciel.

Sur le premier plan, au-dessus du maître-autel, l’Agneau immolé entouré d'anges adorateurs, et le chandelier à sept branches, attirent les premiers regards.

Plus haut est un ange qui porte le Livre scellé des sept sceaux, où sont inscrits les noms des élus ; la croix, le mystère et le signe du salut, apparaît dans les airs soutenue par cinq anges.

Sur un trône de nuées apparaissent, au centre de cette composition gigantesque, les trois personnes de la sainte Trinité.

Dans le Père se révèlent son éternité, sa puissance infinie et sa majesté. La main droite est étendue pour bénir ; la gauche tient le globe symbolique du monde.

Le Fils, toujours occupé du salut des hommes, présente à son Père les élus dont les têtes sont groupées sans confusion, grâce à une grande entente de la dégradation des teintes et de la perspective.

Le Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, plane au-dessus du Père et du Fils.

Un cercle de lumière les environne et éclaire tout le tableau.

Dans ce cercle lumineux on aperçoit le choeur des anges qui forment la cour du Roi des rois.

Un nombre infini de chérubins entourent la Divinité ; les plus rapprochés n’en peuvent supporter l'éclat et se couvrent la face de leurs ailes ; d’autres, plus éloignés, forment des, concerts dont on doit entendre la douce mélodie.

La sainte Vierge est à genoux en face de la croix ; à sa suite viennent la Madeleine et les autres saintes femmes qui ont assisté à la mort et à la sépulture de Notre-Seigneur. Saint Jean-Baptiste, sa croix à la main, est placé vis-à-vis en parallèle.

A droite de l’Agneau sont : saint Jérôme et saint Ambroise ; à gauche, saint Augustin et le pape saint Grégoire ; puis saint Louis et sainte Aune, conduisant la reine Anne d'Autriche, qui dépose aux pieds du roi suprême sa couronne et lui présente le temple qu'elle vient d’élever à sa gloire.

Derrière saint Ambroise et saint Jérôme viennent les Apôtres ; les saints que l’Église honore comme confesseurs ; les martyrs portant la palme du triomphe ; les fondateurs d’ordres religieux ; puis Moïse, Aaron, David, Abraham, Josué, Jonas et quelques autres saints de l’Ancien Testament, qui occupent le bas du tableau.

Les anges qui emportent l’arche d’alliance nous apprennent, par cette allégorie, que l’ancienne loi a fait place à la loi de grâce et que le sang de l’Agneau peut seul nous ouvrir le ciel.

Les vierges viennent ensuite, parmi lesquelles on distingue sainte Cécile avec son luth ; sainte Agnès, caressant un innocent agneau ; sainte Claire, portant le saint sacrement ; sainte Térèse, conduite par un séraphin, et sainte Scholastiqne, la mère de la famille bénédictine.

Quelques parties de cette magnifique composition ont souffert de l'infiltration des eaux à travers la toiture ; d’autres ont perdu leur coloris, parce que le peintre aurait, au dire de l’historien Germain Brice, retouché au pastel quelques parties de détail.

Au moment où cette oeuvre magistrale fut exposée aux regards du public, un concert de louanges sortit de toutes les bouches : les éloges en vers et en prose furent prodigués à l'auteur, et Matière composa un poème pour célébrer le chef-d’oeuvre de Mignard, dont il était l'ami. Ce poème, il faut l’avouer, manque complètement d’enthousiasme il ne se distingue que par le choix des expressions et le tour ingénieux des périphrases ; quelques vers pourront donner une idée du style de la pièce :

Dis-nous, fameux Mignard, par qui te sont versées
Les charmantes beautés de tes nobles pensées,
Et dans quel fond tu prends cette variété
Dont l’esprit est surpris et l’oeil est enchanté.
Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles,
De tes expressions enfante les merveilles ;
Quel charme ton pinceau répand dans tous ses traits ;
Quelle force il y mêle à ses plus doux attraits,
Et quel est ce pouvoir qu’au bout des doigts tu portes
Qui sait faire à mes yeux vivre des choses mortes ;
Et, d’un peu de mélange et de bruns et de clairs.
Rendre esprit la couleur et les pierres des chairs.

Toutes les inscriptions que l’on rencontre dans l'église du Val-de-Grâce sont de la composition ou du choix de Quinet, alors intendant des inscriptions des édifices royaux.

Nous avons dit que trois grandes chapelles venaient se réunir par une large ouverture à la coupole de l’église. Ces trois chapelles forment autour du dôme comme la tête et les deux bras d’une croix : leur ouverture est fermée par trois grilles dont les deux du transept sont d’un travail très achevé.

La chapelle du Saint-Sacrement, située derrière le maître-autel, est ainsi appelée parce que c’était dans cette chapelle que les religieuses venaient recevoir la sainte communion par une ouverture pratiquée dans la grille et adorer la sainte eucharistie.

On doit au pinceau de Philippe de Champagne les peintures qui décorent le petit campanile du dôme.

C'est le même artiste, aidé de Jean-Baptiste de Champagne, son neveu, qui a exécuté la fresque de l’hémicycle, où l'on voit le Christ présentant la sainte hostie à l’adoration des anges qui l'entourent. La figure du Christ respire la douceur et la majesté ; mile des anges l’étonnement, l’admiration et l’amour. On lit dans le regard et le geste du Sauveur, dirigés sur l'hostie rayonnante l'expression de ces paroles sacramentelles ; Ceci est mon corps.

Les ornements de sculpture sont jetés avec luxe et profusion dans cette chapelle : les pilastres sont couronnés d’un riche entablement, au-dessus duquel on voit quatre bas-reliefs fort remarquables de Michel Anguier, représentant les quatre principaux docteurs de l’Église.

Cette charmante chapelle, après avoir servi pendant de longues années à des usages profanes, est devenue l’oratoire des filles de saint Vincent de Paul, appelées, le 16 mai 1855, à soigner les soldats malades de l'hôpital. Étrange et merveilleux rapprochement !

Les filles de saint Benoît continuaient la vie contemplative de Marie accoutumée aux pieds du Sauveur ; les filles de saint Vincent perpétuent en ce même lieu la vie active de Marthe et prodiguent aux membres souffrants du Christ les soins les plus tendres et les plus délicats.

Ainsi les deux rameaux de la Charité viennent se réunir pour former la couronne de la virginité chrétienne.

Le choeur des religieuses, devenu la chapelle de Saint-Maurice, avait une étendue plus que double avant qu'il fût coupé par une cloison pour former une salle de malades. Les religieuses s’y tenaient pour chanter leur office ; les jours de fête, les chants étaient accompagnés par un jeu d'orgue placé dans le choeur.

En face était la chapelle Sainte-Aune, aujourd'hui dédiée à saint Vincent de Paul.

La voûte, tapissée de hiéroglyphes, offre, dans un médaillon central représentant la figure de sainte Aune supportée par un ange, un bas-relief d’une grande beauté.

C’est au-dessous de cette chapelle que se trouve le caveau destiné à recevoir les coeurs des princes de la famille royale. Un escalier fermé par une trappe y donne accès.

Je n’ai fait que donner, dans cette courte notice, un aperçu des beautés artistiques de cette église, que j'appellerai le plus brillant joyau du dix-septième siècle. J'aurai atteint le but que je me suis proposé, si j'ai pu attirer aux pieds de cet autel maintenant solitaire, quelques pieux visiteurs qui viennent prier pour le bonheur et la prospérité de la France, dont Anne d’Autriche a été une des plus grandes reines et un des plus nobles coeurs.

Source : Notice sur le monastère du Val-De-Grâce par Henri Joseph de Bertrand de Beuvron 1867.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 121248
  • item : Abbaye du Val-de-Grâce (ancienne)
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Paris 05
  • Code INSEE commune : 75105
  • Code postal de la commune : 75005
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 17e siècle
    • 18e siècle
  • Années :
    • 1623
    • 1645
    • 1655
    • 1666
  • Dates de protection :
    • 1964/11/16 : classé MH
    • 1990/03/01 : classé MH
  • Date de versement : 1993/07/08

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site inscrit 06 08 1975 (arrêté) . MIGNARD Pierre (Peintre) . ANGUIER Michel (Sculpteur) . Inscription 17 11 1988 (arrêté) annulée par classement de 1990. Déjà classé sur liste de 1862.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :28 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • escalier
    • cheminée
    • élévation
    • toiture
    • salle
    • décor intérieur
    • galerie
    • choeur
    • vestibule
    • sacristie
    • bibliothèque
    • cuisine
    • salon
    • statue
    • pavillon
    • TERRAIN
    • cloître
    • réfectoire
    • souterrain
    • bâtiment conventuel
    • enclos
    • église
    • latrine
    • sol
    • salle capitulaire
    • chemin
    • bâtiment
    • regard
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • Cette construction a été affectée a l'usage de : hôpital militaire

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : inscription propriété de l'état 1992
  • Détail :
    • Eglise, y compris les sous-sols et les galeries entourant le chevet
    • avant-choeur des religieuses, son escalier octogonal, choeur des religieuses et galeries qui le bordent, ancienne sacristie des ecclésiastiques, ancienne sacristie des religieuses
    • façades et toitures des bâtiments situés de chaque côté de la façade de l' église
    • murs de clôture situés à droite et à gauche de la cour d' honneur, mur de clôture sur rue et grille qui le surmonte, statue de Larrey
    • façades et toitures des bâtiments entourant la cour du cloître
    • à l' intérieur de ces bâtiments : galeries du rez-de-chaussée et du premier étage ouvrant sur la cour du cloître, escalier d' Anne d' Autriche, ancienne salle capitulaire (cuisine) , escalier d' honneur en pierre et ses dégagements au rez-de-chaussée et au premier étage, ancienne cuisine (bibliothèque) , ancien réfectoire (salle d' honneur)
    • dans le bâtiment Sud : escalier, vestibule et palier d' arrivée au premier étage, pavillon d' Anne d' Autriche, y compris le salon et la cheminée
    • façades et toitures du bâtiment entourant au Nord, à l' Ouest et au Sud la cour de Broussais
    • ancien regard des eaux intégré dans ce bâtiment
    • statue de Broussais
    • façades et toitures du bâtiment au Nord de la cour de l' église
    • escalier intérieur du 17e siècle et sa rampe en fer forgé
    • tous les sols et la végétation situés dans le périmètre suivant : à l' Ouest, rue Saint-Jacques et limites mitoyennes jusqu' au boulevard de Port-Royal
    • au Sud, boulevard de Port-Royal jusqu' à l' extrémité orientale de la promenade des malades
    • à l' Est, limite extérieure de la promenade des malades
    • au Nord, limites mitoyennes jusqu' à la rue Saint-Jacques : classement par arrêté du 16 novembre 1964
    • Totalité du sol et du sous-sol des parcelles contenant les fondations de l' ancienne abbaye
    • escalier dit de Mansart
    • trou de service du Pavillon de la Reine
    • carrières souterraines ainsi que les graffiti et inscriptions topographiques (cad. 05 : 03 BE 36
    • 05 : 03 BF 80) : classement par arrêté du 1er mars 1990
  • Référence Mérimée : PA00088392

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies