Eglise Saint-Paul-Saint-Louis

Le cardinal de Bourbon possédait autrefois, sur l'emplacement de Saint-Paul-Saint-Louis, un hôtel qu'il céda aux jésuites pour y fonder leur maison professe, en 1580. Les pères se mirent à l'œuvre aussitôt et construisirent, sous le vocable de saint Louis, une petite église, que Louis XIII remplaça par l'église actuelle.

Cette seconde église a eu pour architecte le P. François Derrand, jésuite. La première pierre en a été posée en 1627. Le roi Louis XIII fit les frais de cette construction: et les jésuites, à qui elle appartenait, frappèrent une médaille avec cette inscription : « Vieit ut David, aedificat ut Salomon. » (Il a vaincu comme David, il bâtit comme Salomon). Ce fut Richelieu qui fit élever le portail exécuté par le jésuite Marcel Ange, et une inscription placée sur la façade du monument consacre cette munificence du ministre de Louis XIII. L'église fut définitivement terminée en 1641. Elle prit le nom de Saint-Louis-Saint-Paul après la démolition de l'église Saint-Paul, qui eut lieu en l'an v.

Les bâtiments de la maison professe des jésuites sont maintenant occupés par le lycée Charlemagne.

Déjà, dans l'ordonnance de la façade de Saint-Gervais, on peut reconnaître les efforts faits par les architectes français pour adapter aux églises le genre de décoration qui avait prévalu dans les églises italiennes de la fin du XVI^e siècle. L'édifice dont nous avons à nous occuper maintenant indique encore plus nettement ces tentatives, et marque l'origine d'une école que l'on a appelée dans ces derniers temps l'école Jésuite, école qui compte le P. François Derrand et d'autres membres de l'ordre parmi ses architectes les plus connus, et dont Mignard peut être considéré comme le peintre de prédilection. Le style de cette école, à laquelle nous devons aussi l'église des Petits-Pères et Saint-Thomas-d'Aquin, ne brille ni par la simplicité, ni par la correction, ni par la logique, mais il ne manque ni de richesse ni de séduction.

Bien que les architectes de Saint-Louis, le P. François Derrand et le P. Marcel Ange, se soient évidemment inspirés des églises romaines de Jésus, de Saint-André-della-Valle et de Saint-Ignace, il est évident que la décoration de la façade, se ressent du voisinage de Saint-Gervais. Ainsi, la façade des églises italiennes que nous venons de citer ne se compose que de deux ordres superposés; celle de Saint-Louis en compte trois, comme le portail de Desbrosses: mais les ornements ambitieux, l'accouplement des colonnes et le manque de proportion des diverses parties en font un morceau en tout point inférieur au portail de Saint-Gervais.

L'écusson royal placé au-dessus du troisième ordre s'y étale avec un apparat qui pourrait faire croire d'abord que l'église a été dédiée « à Louis le Juste et au Grand Armand.» Il faut remarquer aussi la richesse un peu lourde de l'ornementation des portes.

L'intérieur a les mêmes caractères. Le chœur et les croisées étalent surtout une magnificence et une splendeur d'ornementation qui ne portent pas au recueillement. Au dessus des piliers de la grande nef règne une galerie à balustres carrés d'un modèle riche, mais lourd. La nef, d'une assez grande hauteur, est accompagnée de deux rangs de bas côtés. Les piliers qui soutiennent la voûte supportent des arcades chargées d'enroulements et de volutes compliquées. C'est à Saint-Paul qu'on vit le second exemple d'une coupole (la première coupole construite à Paris fut celle de l'église des Carmes, en 1620) ; et nous ajouterons qu'à l'examiner du pavé de la croisée, cette partie du monument ne manque pas d'une certaine élégance riche et pittoresque.

Saint-Paul renferme les cendres de Bourdaloue. Cette église possédait aussi de somptueux monuments, entre autres ceux du grand Condé et de son père, H. de Bourbon. Le cœur de Louis XIII y était déposé sous un riche sarcophage sculpté par Sarrazin. Ces monuments ont disparu, comme le tabernacle d'argent et de vermeil qui ornait le maître autel, et la seule œuvre d'art qui mérite aujourd'hui l'attention du visiteur est une toile moderne, le Christ au jardin des Olives, placé dans la croisée de gauche, d'E. Delacroix. Cette peinture, la première œuvre connue du maître, fort remarquable déjà par l'harmonie de la couleur et l'éloquence de la composition, trahit des ressouvenirs des écoles flamandes et italiennes, qui prouvent l'élève en même temps qu'ils annoncent chez le jeune artiste des préoccupations et des tendances tout à fait nouvelles en ce temps là (1819).

On peut citer aussi les quatre évangélistes, peinture à la cire par M. Decaisne, dans le chœur; un tableau attribué à Philippe de Champagne et qui représenta sainte Isabelle, sœur de saint Louis: le Serpent d'airain, par Smith; une fresque de Valbrun, représentant le Christ entouré de petits enfants; deux statues de saint Pierre et saint Paul. par M. Legendre-Hérald. placées à l'entrée de la nef, contre le mur de l'orgue; et deux autres, des mêmes apôtres, en plâtre, par Bra. Le dôme est orné de quatre grandes figures peintes en grisaille, et représentant Charlemagne, Clovis, Robert le Pieux et Saint Louis. Les autres peintures du chœur sont de M. Abel de Pujol.

La sacristie de Saint-Paul contient les portraits de plusieurs curés de la paroisse. Un grand nombre de personnages illustres, dont les tombes on aujourd'hui disparu, avaient jadis leur sépulture dans cette église. Nous citerons le maréchal de Biron, François et Hardoin Mansart, Jean Nicot. Rabelais fut enterré dans le cimetière jadis annexé à l'église, ainsi que le célèbre et infortuné Marchiali, l'homme au masque de fer.

Le portail de cette église situé en face de la rue Culture-Sainte-Catherine, à 48 mètres de haut sur une base de 24 mètres.