Eglise Saint-Merri

Vues d'architecture église Saint Merri (St. Mederic) 17e siècleCette église a été bâtie sur la place qu'occupait anciennement une chapelle dédiée sous l'invocation de saint Pierre, dont on ne connaît ni l'origine ni le fondateur, mais dont l'existence remonte jusque vers la fin du onzième siècle. On lit en effet, dans la vie de Merri ou Médéric, que ce pieux personnage, ayant quitté le monastère de Saint-Martin d'Autun dont il était abbé, vint à Paris avec Frodulfe ou Frou son disciple ; qu'ils logèrent dans une cellule bâtie auprès de la chapelle de Saint-Pierre ; et enfin que saint Merri, après l'avoir habitée pendant trois ans, y mourut en odeur de sainteté, et fut inhumé dans cette chapelle. Or, son historien fixe l'époque de sa mort au 29 août de l'an 700 ; et cette date établit nécessairement l'existence antérieure de la chapelle.

Nous apprenons, par un diplôme de Louis le Débonnaire de l'année 820 que ce lieu était dès lors très-célèbre par les miracles qu'y opéraient les reliques de Saint-Merri. Sous Charles-le-Chauve on y avait déjà établi en son honneur un culte public, ce qui est prouvé par un martyrologe composé sous le règne de ce prince par Usuard, dans lequel le nom de ce saint prêtre fut inséré, et qui, depuis cette époque, fut lu dans tous les chapitres.

La chapelle de Saint-Pierre continua longtemps encore de porter son ancien nom ; et l'on voit, dans les actes de Saint-Merri, qu'en 884 un prêtre nommé Thèodelbert, qui la desservait, ne trouvant pas que le corps de ce saint fût placé dans un lieu convenable, en fit préparer un plus digne de le recevoir, et pria Goslen, évêque de Paris, de venir faire la translation de ce précieux dépôt. Les mêmes actes ajoutent que l'évêque, n'ayant pu s'y rendre, s'y fit représenter par ses archidiacres, qui présidèrent à cette cérémonie en présence du clergé séculier, des moines de Paris et des environs, et d'un grand concours de peuple.

On voit ensuite qu'à l'occasion de cette translation, et suivant l'usage de ces temps-là, un certain comte Adalard et plusieurs autres firent à cette église des donations qui furent successivement approuvées par les rois Eudes et Carloman. Louis d'Outremer les confirma de nouveau par sa charte déjà citée, laquelle fut donnée à Laon le Ier février 936. L'abbé Lebeuf a pensé avec raison qu'on pouvait fixer à l'époque de cette translation l'existence d'un petit clergé destiné à soulager le chapelain dans ses fonctions, à célébrer avec lui l'office divin, et à remplir les fondations. Les libéralités qui venaient d'être faites à cet oratoire pouvaient en effet suffire pour assurer l'existence de ces nouveaux ministres.

Ce fut alors que cette chapelle fut changée en une église, sous l'invocation de saint Pierre et de saint Merri. On ignora longtemps le nom du fondateur de cette basilique ; et ce n'est que sous le règne de François Ier, qu'en la démolissant pour la reconstruire telle que nous la voyons aujourd'hui (L'église construite sous le règne de François Ier était le second édifice bâti depuis la chapelle de Saint-Pierre ; ou du moins l'église fondée par Odon avait été considérablement agrandie, si elle ne fut pas rebâtie en entier vers l'an 1200), on trouva dans un tombeau de pierre le corps d'un guerrier qui avait aux jambes des bottines de cuir doré, et une inscription qui portait ces mots :

« Hic jacet vir bonœ memoriœ Odo Falconarius fundator hujus ecclesiœ » On peut présumer que cet Odon le Fauconnier était ce fameux guerrier de Paris, lequel, avec Godefroi, autre guerrier non moins célèbre, défendit si vigoureusement la ville contre les Normands en l'an 886, sous les ordres du comte Eudes, qui devint roi deux ans après ; du moins ne trouve-t-on aucun autre monument qui fasse mention d'un Odo Falconarius. Il peut se faire que ce surnom de Falconarius lui fût venu de ce que le comte Eudes l'aurait fait son fauconnier, lorsqu'il se vit élevé à la royauté ; ou de ce que, pour repousser les Normands, il se serait servi de l'espèce de lance qu'on appelait falco, parce qu'elle était recourbée..

Il y a lieu de croire que, dès le temps de la fondation, cette église était devenue paroissiale ; et l'on en trouve une preuve commune à beaucoup d'autres églises, dans son éloignement des deux paroisses au milieu desquelles elle était située, et dans la population nombreuse de ce quartier. Mais on ne connaît aucun titre qui la présente alors comme une collégiale desservie par des chanoines, ainsi que l'ont avancé quelques auteurs ; et lorsque vers l'an 1015 le chapitre de Notre-Dame la demanda et l'obtint de Renaud, évêque de Paris, les lettres qui furent données à ce sujet ne font nullement mention de ces chanoines, dont le consentement eût été essentiel pour opérer cette union, s'ils eussent effectivement existé. On n'y parle que de l'archidiacre Elisiard, de qui cette église dépendait, et du prêtre Herbert qui la desservait, et à qui on la conserva pendant sa vie. Telle est du reste l'origine de la supériorité que l'église mère a toujours conservée sur celle de Saint-Merri, qui, pour cette raison, était nommée l'une des filles de Notre-Dame.

Une simple tradition veut que le chapitre de la cathédrale, s'étant mis en possession de l'église de Saint-Merri, y ait aussitôt placé sept de ses bénéficiers, qui prirent le titre de chanoines, et formèrent dès lors cette collégiale telle qu'elle était au moment de sa suppression. Quel qu'ait été le nombre des prêtres qui furent employés alors au service de cette église, il est constant qu'ils portaient, au douzième siècle, le nom de chanoines, et qu'ils administraient alternativement, et par semaine, les sacrements, usage qui subsista jusqu'en 1219, qu'à la requête et du consentement de ces chanoines de Saint-Merri le chapitre de Notre-Dame attacha la cure de leur église à la prébende dont était alors pourvu Etienne Dupont, ordonna qu'à l'avenir elle serait toujours annexée à cette prébende, sans jamais pouvoir en être séparée, et déchargea les autres chanoines du soin des âmes et de toutes les fonctions qui y sont relatives. Ce chanoine curé fut appelé pleban, prèsbyter, plebanus qui plebi prœest, qui plebem régit.

Le nombre des paroissiens s'était déjà si fort augmenté au commencement du quatorzième siècle, que le chanoine pleban ou curé se vit dans la nécessité de demander un coadjuteur, qui lui fut accordé. Ils partageaient entre eux les fonctions curiales, et les remplissaient alternativement ; cependant la prééminence et quelques prérogatives utiles et honorifiques distinguaient le premier du second. Tous les deux étaient nommés chefciers.

L'établissement de deux chefciers ou curés à Saint-Merri, contraire à l'esprit et aux lois de l'église, fut quelquefois une source de scandale et de division. Il subsista cependant jusqu'en 1685 que le projet de la réunion des deux cures fut approuvé par une bulle d'Innocent XI. La transaction passée en conséquence entre les deux curés, le 12 avril de la même année, fut ratifiée par l'archevêque, par le chapitre de Notre-Dame et par les marguilliers de Saint-Merri, dans le courant du mai 1685 ; tous donnèrent leur consentement à l'exécution des lettres-patentes obtenues à cet effet au mois d'avril précédent ; elles furent enregistrées au parlement le 15 mai de la même année.

Le chapitre de Saint-Merri était composé du chefcier curé, de six chanoines et de six chapelains en titre. Tous ces bénéfices étaient conférés par deux chanoines de Notre-Dame, qui jouissaient exclusivement de ce droit attaché à leur canonicat.

Portail de l'église Saint-Merri, dessin de 1840

Description

L'église qui subsiste aujourd'hui, bien qu'elle ait été bâtie sous le règne de François Ier, est d'une architecture gothique. On y fit, dans le siècle dernier, de grandes réparations et beaucoup d'embellissements, suivant le goût du temps, c'est-à-dire qu'ils étaient d'une extrême richesse et d'un style peu sévère.

Le chœur avait été décoré sur les dessins des frères Slodtz. Les arcades en étaient revêtues d'un stuc imitant le marbre ; celles du sanctuaire étaient enrichies de bas-reliefs représentant des vases sacrés. On y voyait la châsse de saint-Merri soutenue par deux anges ; elle était d'argent, enrichie de pierres précieuses, et contenait la plus grande partie de ses reliques. Le grand autel, isolé en forme de tombeau, était orné, dans ses faces et dans ses encoignures, de consoles de bronze doré ; et deux anges placés au bas du chœur soutenaient les pupitres de l'épître et de l'évangile : du reste, l'intérieur est composé, comme le plus grand nombre des églises gothiques, d'une nef étroite, de bas côtés et de chapelles.

Curiosités de l'église Saint Merri

Tableaux

  • Dans la chapelle de la Communion, les Pèlerins d'Emmaüs, par Charles Coypel.
  • Le Purgatoire, par Couet.
  • La réparation de la sainte Hostie, par Belle.
  • Dans une autre, près de la sacristie, une Adoration des bergers, par d'Ulin.
  • Dans les quatre chapelles de la croisée, lesquelles étaient décorées de colonnes de marbre, la Vierge et l'enfant Jésus, par Carie Vanloo.
  • Saint Charles Borromée, par le même.
  • Un tableau de Fouet.
  • Un tableau de Restout père.
  • Dans la seconde chapelle à gauche, près le chœur, un tableau en mosaïque fort estimé, représentant la Vierge et l'enfant Jésus entre deux anges ; il était de David Florentin, et avait été apporté d'Italie en 1496 par Jean de Ganay, qui avait suivi le roi Charles VIII dans son expédition.

Les tapisseries de cette église, faites sur les dessins de Louis Lerambert, sculpteur de l'académie, représentaient l'histoire de N. S. J. C.

Les amateurs de la peinture sur verre admiraient, à Saint Merri, plusieurs vitraux exécutés dans le seizième siècle, c'est à dire dans le temps où cet art était parvenu à son dernier degré de perfection, par les plus habiles artistes de ce genre. Pinaigrier en avait, peint plusieurs ; mais on cite entre autres une Suzanne qui passait pour le chef-d'œuvre de Parroy, autre célèbre peintre sur verre. Ce morceau avait été déposé pendant la révolution au Musée des monuments françois.

Sépultures

Dans cette église étaient inhumés :

  • Jean de Ganay, premier président au parlement, puis chancelier, mort en 1512.
  • Simon Marion, avocat général, jurisconsulte d'une grande réputation, mort en 1699.
  • Jean Chapelain, de l'Académie française, auteur de la Pucelle, mort en 1674.
  • Arnaud, marquis de Pomponne, ministre d'état, mort eu 1699. Jean Auberi, marquis de Vastan, mort en 1711.

Source : Tableau historique et pittoresque de Paris par Johannes (de Sancto Victore)

photo pour Eglise Saint-Merri

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 121176
  • item : Eglise Saint-Merri
  • Localisation :
    • Ile-de-France
    • Paris 04
  • Code INSEE commune : 75104
  • Code postal de la commune : 75004
  • Ordre dans la liste : 34
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1862 : classé MH
  • Date de versement : 1993/06/24

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Classement confirmé 23 05 1923 (certificat) . Secteur sauvegardé. Site inscrit 06 08 1975 (arrêté) . 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : f0910e021ad21fbe2aff02e6e2782bd9.jpg
  • Détails : Eglise Saint-Merri : classement par liste de 1862
  • Référence Mérimée : PA00086259

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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