Eglise Notre-Dame

L'église de Lonlay est intéressante sous le rapport de son architecture et des sculptures qui la décorent : elle l'est aussi par les souvenirs historiques et religieux qu'elle rappelle. C'est le seul débris de l'antique et célèbre abbaye de Lonlay, échappé aux ravages de l'homme et du temps. Le monastère qu'elle avait vu s'élever et s'étendre par degrés à l'ombre de ses murs, elle en a vu disparaître les derniers vestiges : les bâtiments actuels n'ont en effet d'antique que leur destination, de religieux que leur nom. Comme toutes les ruines, elle parle donc plus encore à la mémoire et à l'imagination du voyageur, qu'à ses yeux. Ce qui est doit en partie son intérêt et son importance à ce qui n'est plus.

Au milieu d'un bassin fertile, échancré en forme de coeur et qu'arrosent les eaux de l'Egrenne, s'élève le bourg de Lonlay ou, comme on l'écrivait autrefois, Long-lay , en latin Longumledum, Longiletum , Longolatum, Longolalus, Lonleyum, Lonleia, Lonlaium, Longaium. Quelques maisons à pavillons ronds ou carrés, quelques boutiques dont l'ouverture est cintrée en ogive, ou présente même une arcade trilobée, paraissent remonter à une époque assez reculée. Ce bourg, au reste, n'a joué aucun rôle dans l'histoire de notre pays. Son nom n'y apparaît guère qu'aux jours désastreux de nos guerres civiles. Il fut saccagé par les protestants, sous la conduite de René le Héricé dit Pissot, le dernier jour de mars 1574. En 1793, le 4 août, des troubles s'y élevèrent à l'occasion du recrutement de l'armée, troubles dans lesquels se trouvèrent compromis beaucoup d'habitants qui payèrent de fortes amendes. En revanche, l'abbaye de N.-D. des déserts de Lonlay avait une grande réputation et une grande importance.

Cette abbaye de l'ordre de St.-Benoist, congrégation de St.-Maur , était située dans le doyenné de Passais, et dépendait du diocèse du Mans.

Elle avait été fondée, en 1025 ou 1026, par Guillaume Talvas, comte de Bélesme. On trouve, il est vrai, dans les Annales ecclésiastiques des français du père Lecointe, que St.-Ansegise, mort en 831 , légua une livre de rente à un monastère de Longogilum resté inconnu, de quo nihil occurrit, dit le savant annaliste : mais, outre qu'il y a une légère différence entre ce nom et le nom latin de Lonlay, il est à présumer que la charte de fondation donnée par Guillaume Talvas aurait fait allusion à l'existence de l'ancien monastère, s'il en avait existé un, si peu important qu'il fut, dans le même lieu. Or cette charte n'en dit rien. Il y a plus : Guillaume de Jumièges dit expressément que Talvas fonda le monastère , à fundamentis aedificavit.

« Le seul moyen de prévenir les dangers de la damnation éternelle , « lit-on dans le préambule , c'est la distribution pieuse d'aumônes et « l'intercession vénérable des élus de Dieu.... C'est pourquoi:

« Moi , Guillaume , seigneur de la province de Bélesme , accablé sous le pesant fardeau de mes vices, et gémissant d'autant plus douloureusement sous le faix de mes iniquités, que mes richesses sont grandes, réfléchissant depuis longtemps en moi-même avec le plus grand soin, auquel des saints et des élus de Dieu je dois recourir pour obtenir la guérison des plaies de mon âme et opérer mon salut ; ne trouvant point de plus puissante protection que celle de la très-sainte mère de Dieu, qui a engendré la miséricorde même, et qui, comme nous l'apprennent les saints pères, a coutume d'obtenir la rémission de leurs crimes aux plus grands coupables et de les arracher aux profondeurs de l'abîme, lorsqu'ils ont recours à sa protection : en l'honneur donc de cette bienheureuse mère de Dieu, Marie, et du consentement de mon épouse et de mes fils, savoir : Foulques, Warin et Guillaume, nous avons construit (posuimus), de nos propres richesses, un certain monastère, a sous le nom d'abbaye, dans le lieu qu'on nomme Lonlay (Longiletum); a nous y avons placé un abbé et mis sous son obédience des moines (monachos), qui, s'occupant nuit et jour de la prière, intéressent la divine clémence en faveur de nous et de nos ancêtres. » (...).

Tant que les moines de Lonlay habitèrent le prieuré, l'église de Notre-Dame leur servit de temple, en même temps qu'elle servait de paroisse aux habitants. Ce fut au XVe siècle, que l'insuffisance de l'édifice devenu trop petit pour contenir toute la population, détermina les habitants à jeter les fondements de la nef actuelle. Pierre de Chancay, religieux de Lonlay et prieur d'Alençon, leur céda, le 30 septembre 1475, une portion de l'ancien jardin du prieuré pour bâtir l'aile droite. Etienne Blosset, abbé de Lonlay, ratifia cette donation le 8 juillet 1477.

Nos guerres désastreuses avec l'Angleterre avaient appauvri la ville d'Alençon ; l'enthousiasme religieux qui avait, deux siècles auparavant, produit tant de merveilles, était déjà considérablement refroidi : on se contenta de rebâtir la nef, et on laissa subsister le choeur de l'église primitive.

Ce choeur et le clocher qui le surmontait ne nous ont été conservés que par des dessins fort incorrects et, selon toute apparence, peu exacts. Il paraît qu'il était loin de répondre à la beauté du reste de l'édifice ; les anciens voyageurs, si étrangers qu'ils fussent à l'étude et au sentiment des beautés architecturales, s'accordent pour le reconnaître.

Le clocher fut frappé par la foudre dans la nuit du 2 au 3 août 1744 et entièrement consumé. Le choeur souffrit tellement qu'on fut obligé de le reconstruire. Il était petit et de goût médiocre : on le fit large et absurde. C'est un M. Perronnet, ingénieur des ponts et chaussées dans la généralité d'Alencon (que son nom soit ici sa condamnation !) qui traça le plan de la nouvelle construction. L'administration approuva, le peuple paya, et le clergé se réjouit de ce que le choeur nouveau était plus large , plus profond et mieux éclairé que l'ancien !!...

Nous avons dit que l'entretien du choeur était à la charge du prieure : comme il fut augmenté de 20 pieds lors de sa reconstruction, il fut convenu que « la partie qui avait été rallongée resterait à la charge des habitants, » et deux inscriptions furent placées l'une sur le pavé, l'autre au milieu de la voûte, pour indiquer le point à partir duquel les habitants seraient chargés du rétablissement et de l'entretien. L'entrée du choeur resta à la charge des gros décimateurs ; ces inscriptions ne désignent pas autrement les moines de Lonlay.

De l'église du prieuré, il ne reste donc rien aujourd'hui. La dernière arcade au haut du latéral droit, que ses moulures rondes, ses piliers composés de colonnes groupées en faisceau , semblent distinguer du reste de l'édifice qui n'offre que les moulures anguleuses et prismatiques du XVe siècle, servait de transition entre la partie de l'édifice aujourd'hui existante et celle qui a disparu.

Source : Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie 1841

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 100574
  • item : Eglise Notre-Dame
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Orne
    • Lonlay-l'Abbaye
  • Code INSEE commune : 61232
  • Code postal de la commune : 61700
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1931/11/05 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise Notre-Dame : classement par arrêté du 5 novembre 1931
  • Référence Mérimée : PA00110839

photo : gerardgg

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