photo : Grand Titus
Sur le bord de l'ancien chemin de Longny à Rémalard, à cinq kilomètres de cette localité, sur un plateau élevé, couvert de sapins, de châtaigniers et de chênes, appartenant à M. de Mun, député, se trouve un dolmen qui porte le nom de la Grosse-Pierre ou encore celui de Dolmen du Bois-de-la-Pierre.
La route qui conduit à ce monument est bonne jusqu'à la lisière du bois, mais de ce point jusqu'au dolmen, il y a environ 500 mètres de chemin peu praticable.
Ce dolmen se compose de quatre supports et d'une énorme pierre de recouvrement, laquelle mesure 4 mètres de longueur sur 2 mètres de largeur en moyenne et 0m50 d'épaisseur : cette table se trouve à 0m6o du sol, elle est en quartzite. Elle présente des cavités nombreuses dont plusieurs communiquent entre elles; elle est, en outre, totalement perforée en plusieurs endroits. Les supports sont en grison, l'un d'eux est assez altéré.
Dans une carrière, située à Bizou, commune voisine, on retrouve cette même roche.
On n'a jamais fait de fouilles sérieuses sous ce dolmen. Les élèves du pensionnat de M. Louvel, de Rémalard, lui ont remis, en 1852, une hache polie, et en 1868, un instrument semblable, ainsi qu'un grattoir, qui avaient été trouvés près du monument. En 1860, on y avait trouvé un instrument poli fusiforme qui est au Musée d'Alençon.
M. Behu, professeur au lycée de Rennes, y a recueilli aussi, en 1884, une hache polie qui était dissimulée, par de l'humus, dans l'anfractuosité d'un support.
On a trouvé, en outre, dans les environs, un assez grand nombre d'ébauches de haches.
D'après une légende conservée par les gens du pays, cette table aurait été apportée par la Vierge dans son tablier : une des anfractuosités qui, à cause de la nature imperméable de la roche, conserve de l'eau toute l'année, porte le nom de Source ou Lavoir de la Vierge. Lorsqu'une construction se fait dans la localité, certaines personnes introduisent dans leur maçonnerie des fragments du dolmen qui a ainsi subi de nombreuses mutilations; d'autres se contentent de prendre des pierres ramassées à proximité du monument.
M. Delbauve a fait un dessin sur zinc de ce dolmen ; il a été publiée dans la Revue normande et percheronne (première année, 1892, p. 137), il accompagne un sonnet de M. le comte de Moucheron, sur ce mégalithe.
Source : Bulletin de la Société normande d'études préhistoriques 1893.