Restes du château

A travers quelques citations d'ouvrages du milieu du 19e siècle découvrez les formes, la structure et les épopées du château de Montépilloy.

Louis Graves (première citation) nous fait un exposé archéologique classique du lieu avec les précisions architecturales qui définisent le château.

Vistor Offroy (seconde citation) va lui en revanche nous emmener dans un récit presque romanesque où l'histoire et l'architecture s'entremèlent pour former son réçit. Les précisions fournies gardent pour autant leur valeur historique.

Siméon Luce (dernière citation) quant a lui nous compte les péripéties de Robert de Loris lors de la Jacquerie de 1358 qui toubla le château et ses environs.

Vision technique du Château au 19e siècle


il en reste un pan de muraille à
mâchicoulis

On Voit à Montépilloy des ruines considérables de la forteresse importante édifiée au 14e siècle sur l'emplacemént d'une autre qui datait de l'époque romane; des fossés larges de quinze mètres déterminent encore la figure heptagone de l'enceinte. Des boulevards en terre défendent les approches de la porte qui est flanquée de deux tours semi-circulaires réunies par une construction a petites fenêtres carrées à meneaux. Le donjon était rectangulaire, tenant au mur principal par une tour carrée en saillie; il en reste un pan de muraille à mâchicoulis. A l'autre bout du donjon et vers le centre de la place, s'élève la grande tour qui domine le pays. C'est un massif cylindrique d'une maconnerie aussi belle que celle de Pierrefopds, percée de meurtrières et de petites fenêtres carrées, rares, et couronnée de gros mâchicoulis et de gargouilles. Elle a quarante-cinq mètres de hauteur et vingt de diamètre à la base. Elle ne subsiste qu'au tiers environ de sa circonférence. Le reste a été détruit au moyen de la mine, de même que les autres fortifications.

source :

  • Titre : Notice archéologique sur le département de l'Oise.
  • Auteur : Graves, Louis
  • Éditeur : A. Desjardins (Beauvais)
  • Date d'édition : 1839

Description "historiquo-romanesque" du château

Je me dirigeai sur Montépilloy, en passant par Baron et j'y arrivai par un ciel magnifique. Ce village n'a rien de remarquable par lui-même, mais sa tour appelle l'attention de l'historien et de l'archéologue. Cette tour, détruite en partie sous Louis XIII, n'est plus aujourd'hui qu'un grand fragment d'elle-même elle était au quinzième siècle, avec La Ferté-Milon, Pierrefonds, Coucy, Béthisy, Oulchy, Braine, Crépy, une des forteresses les plus considérables du Valois. Ce qui en reste est remarquable aujourd'hui par son élévation et sa solidité cette tour se voit des hauteurs de Dammartin elle a 70 mètres de haut, sa circonférence était de 80 mètres ses murs en grès et en pierres de taille, liés par un ciment très-dur, ont 2 mètres d'épaisseur une partie de son entablement existe encore; on y voit des créneaux, des meurtrières, des casemates, des mâchicoulis et un fragment d'escalier. Les blocs énormes, détachés de cette tour par la mine et gisant à son pied depuis des siècles, n'ont pu être entamés. Cette tour dominait un château-fort dont les restes ont été transformés en corps de ferme les remparts sont encore assez bien conservés le large fossé qui les entoure est à demi rempli de décombres les troupeaux paissent l'herbe qui les couvre, et le pigeon couve ses œufs dans les crevasses de la tour. Près de là est un puits qui a, dit-on, autant de profondeur que cette tour a d'élévation.

L'origine du fort de Montépilloy remonte au commencement du treizième siècle sous Philippe le Bel, il était occupé par les Templiers, qui occupaient aussi dans le Valois la forteresse de Vivières. En 1419, le capitaine Robert d'Eune, qui tenait la place de Senlis pour Charles VI, la rendit à Jean de Luxembourg, chef des Bourguignons et après une capitulation honorable il se retira à Montépilloy.

En 1420, le sire de Gamache vint y attaquer un corps d'Anglais qui s'y étaient réfugiés il les défit et emmena prisonnier Louis de Pacy, seigneur de Nanteuil, qui se trouvait dans leurs rangs. En 1422, le fort de Montépilloy se soumit à Henri V, roi d'Angleterre, dont les troupes s'emparèrent de La Ferté-Milon, Béthisy, Chavercy et Xaintes.

Mais le fait militaire le plus mémorable de Montépilloy est celui qui eut lieu en présence des armées française et anglaise, en 1429. Ce fait est rapporté au long par M. Poilleux dans son histoire du Valois.


Charles VII venait de se
faire sacrer à Reims

Charles VII venait de se faire sacrer à Reims il retournait avec son armée sur Paris, et s'était arrêté à Crépy mais sur la nouvelle que Compiègne lui ouvrait ses portes il dirigea sa marche par Montépilloy. Le duc de Bédfort, qui tenait Senlis pour le roi d'Angleterre, rassembla à la hâte une armée de douze mille hommes et vint sur les hauteurs de Montépilloy attendre Charles VII Les deux camps furent bientôt en présence. Dans celui des Français on voyait Jeanne d'Arc, les ducs de Vendôme et d'Alençon, de Bar et de Lorraine, les maréçhaux de Raiz et de Boussac, les sires de Clermont, de La Trémouille, de La Hire de Xaintrailles quinze mille hommes combattaient sous ces chefs, commandés par le roi en personne. Du côté des Anglais on voyait Villiers-l'Ille-Adam, des corps d'archers, de Bourguignons, de Picards marchant sous différents chefs et conduits par Bedfort à la tête de ses Anglais au milieu des bannières déployées de France, de Bourgogne et de Saint-Georges.

Les deux chefs semblaient craindre également l'issue d'un combat il y avait plusieurs jours que les armées étaient en présence sans en venir aux mains. Enfin, un soir, les Picards du régent ayant insulté les archers du roi, un duel de six cents hommes s'engagea tout à coup sous les yeux des deux camps. Pendant une heure et demie, ces braves combattirent sans perdre un pouce de terrain, et avec le courage le plus acharné l'excès de lassitude seul fit arrêter ceux qui avaient pu survivre à cette lutte plus de la moitié des combattants resta sur le champ de bataille et chacune des armées retira ses morts et blessés. Injustice des rois, barbarie des temps A quoi servait ce sang répandu ?

On appela ce combat la journée de Senlis il eut lieu sous les murs de Montépilloy et sur le terrain même où, dans le treizième siècle, les armées de Philippe-Auguste et du comte de Flandres étaient aussi restées en présence sans en venir à une action générale. Charles VII convaincu que Bedfort n'abandonnerait pas ses positionsse retira avec son armée à Crépy et de là à Compiègne.

La forteresse de Montépilloy demeura au pouvoir des Anglais. Jeanne d'Arc prisonnière y fut détenue par eux avant d'être transférée dans les forteresses de Beaulieu et Crotoy. On dit qu'au temps de la Ligue, Catherine de Médicis, belle-mère du meilleur et propre mère du plus fanatique des rois, montait au haut de sa tour pour voir dans les plaines de Baron les combats qui s'y livraient entre les royalistes et les ligueurs, que sa perfide politique armait les uns contre les autres. L'empreinte des balles et des boulets, les traces de mine qu'on y voit encore prouvent que cette tour fut en butte aux guerres de la contrée mais, quoique bien délabrée, elle peut telle qu'elle est, durer bien longtemps encore, si la main de l'homme n'achève sa destruction. Sa position élevée fait qu'on la découvre de très-loin, et qu'elle domine une grande étendue de pays.

Source :

  • Titre : Mes derniers loisirs ; La soeur de charité ; Lamartine
  • Auteur : Offroy, Victor
  • Éditeur : Lemarié fils (Dammartin)
  • Date d'édition : 1874

La jacquerie par Siméon Luce

Montépilloy (Mons speculatoris), appartenait alors à Robert de Lorris dont un des fils, Gilles, fut évêque de Noyon de 1352 à 1388.


ses hommes portaient le ravage

Tandis que Pierre Gilles et ses hommes portaient le ravage à Tremblay, à Gournay-sur-Marne et en général dans toutes les localités des environs de Gonesse, Etienne Marcel envoyait une autre troupe, sous les ordres de Jean Vaillant, prévôt des monnaies, détruire le château d'Ermenonville.

Une circonstance du plus haut intérêt, c'est que les gens d'armes parisiens et les Jacques de Beauvaisis s'étaient donné rendez-vous à l'attaque de cette forteresse. Le capitaine général de tout le plat pays de Beauvaisis, le fameux Guillaume Cale, s'y trouvait même en personne. Le château, qui appartenait à Robert de Lorris, chambellan du roi Jean et l'un de ses favoris, fut assailli, enlevé, livré au pillage et enfin rasé. Robert de Lorris lui-même fut forcé de renier gentillesse et noblesse, et de jurer qu'il aimait mieux les bourgeois et la commune de Paris que les nobles. Mais à cette condition il eut la vie sauve, ainsi que sa femme et ses enfants.

Les Jacques démolirent donc en 1358 ce château. Pendant les années qui suivirent l'insurrection, Robert de Lorris intenta une action en justice contre les coupables, auxquels il réclama 10,000 livres de dommages-intérêts pour la destruction de son château, et 500 livres d'indemnité pour la perte de son mobilier. Par arrêt du 25 novembre 1363, le Parlement ordonna une enquête.

  • Titre : Histoire de la jacquerie.
  • Auteur : Luce, Siméon (1833-1892)
  • Éditeur : H. Champion (Paris)
  • Date d'édition : 1894

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 99463
  • item : Restes du château
  • Localisation :
    • Oise
    • Montépilloy
  • Code INSEE commune : 60415
  • Code postal de la commune : 60810
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1963/05/03 : classé MH
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détails : Château (restes) (cad. AB 24) : classement par arrêté du 3 mai 1963
  • Référence Mérimée : PA00114753

photo : joel.herbez

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