abbaye de bénédictins Saint-Humbert, actuellement maison du parc régional de l'Avesnois

Le monastère de Maroilles, sur l'Helpre, et près de Landrecies, doit son origine au comte Chonebert, qui le construisit vers 652; mais saint Humbert agrandit considérablement cette maison, la dota de tous ses biens en 667, et défricha le terrain, de sorte qu'il en est regardé comme le second fondateur et le premier abbé. Saint Humbert mourut le 25 mars 672 ; son corps fut levé de terre en 825 et transféré dans l'église du monastère. En 840, les Normands brûlèrent l'abbaye de Maroilles, la saccagèrent, tuèrent plusieurs religieux et dispersèrent les autres. Plus tard des prêtres séculiers occupèrent la maison; mais en 1020, l’évêque Gérard de Cambrai leur substitua des Bénédictins. Il opéra ce changement avec d'autant plus d'autorité que Maroilles était uni à son église depuis l'an 913. L’abbaye de Maroilles a produit quelques savants. L'abbé Simon Bosquier (1627-1635) a donné en vers latins, la vie de saint Humbert; un religieux anonyme a aussi composé en latin cette vie qui a été traduite en français par Blancart; enfin l'abbé Humbert de Briastre (1635-1638) a laissé quelques pieux écrits. Cf. Gallia Christiana, tom. III, col. 127; D. Nicolas Lelong, p. 78; Brasseur, p. 25.

Source : Lobbes, son abbaye et son chapitre par Joachim Vos 1865.

L'ancienne abbaye de Maroilles est aujourd'hui composée de la grange dimière, du logis des hôtes, du moulin, des vestiges de la porterie et des comptoirs, ainsi que d'éléments de portique remployés dans un arc de triomphe (cf. notice IA59000752). L'abbatiale, le quartier de l'abbé, le cloître, ainsi que les autres constituants de l'abbaye ont été détruits entre 1789 et 1794, l'abbaye servant de carrière de pierres. Une partie du mobilier se retrouve dans les églises paroissiales de Maroilles, d'Obies et de Gognies-Chaussée. L'état de la recherche ne permet pas de donner des éléments historiques précis sur les parties disparues de l'abbaye (chapelle, cloître, logis abbatial...). Le moulin comportant un étage, ainsi qu'un étage de comble, est surmonté d'une toiture à deux pans et dans sa partie nord d'un toit brisé. Son soubassement, les chaînes d'angle et des éléments de l'encadrement des fenêtres sont en pierre calcaire bleue, le restant de la maçonnerie en brique. Le logis des hôtes situé dans l'actuelle cour de l'abbaye est structuré par un soubassement, des bandeaux, une corniche et l'encadrement des ouvertures en pierre bleue. La grange dimière est un vaste volume en rez-de-chaussée agrémenté de fenêtres à arc de couvrement chantourné et de chambranles à bossage en pierre bleue. Elle est couverte d'un toit à deux pans et d'une demi-croupe caractéristique de l'architecture rurale de l'Avesnois.

Source : Ministère de la Culture.

Les bâtiments du monastère de Maroilles, qui avaient été construits sur la rive gauche de la Petite-Helpe, furent entièrement ruinés et détruits en 1521, lorsque le duc de Vendôme s'empara de Landrecies, qu'il fit raser, ainsi que Maroilles et plusieurs autres places ouvertes du voisinage. Les moines prirent alors des mesures pour le reconstruire et recoururent en cette circonstance à la charité des fidèles. Ils n'en obtinrent que de faibles sommes; néanmoins, la réédification eut lieu en 1523, mais elle obligea le couvent à contracter des emprunts qu'il ne put rembourser que long-temps après. Le nouveau monastère fut bâti dans de grandes proportions, à proximité de l'ancien, mais sur la rive opposée de la rivière, où la situation était beaucoup plus agréable et où cependant il n'existait encore aucune habitation, ce côté n'étant alors couvert que de terrains boisés et de prairies fangeuses qui ont fait place avec le temps au beau village de Maroilles.

De 1521 jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, la guerre, avec tous les maux qu'elle entraîne, a presque continuellement exercé ses ravages sur le territoire qui avoisinait le monastère de Maroilles, et semble ne pas avoir laissé le temps de respirer aux habitants de cette petite contrée, qui avaient tout à souffrir de la proximité des frontières de France. Voici l'analyse des évènements militaires dont ce lieu fut le théâtre:

François Ier, ayant renouvelé la guerre avec Charles V, en 1543, vint établir ses troupes devant Landrecies et se logea, lui même, à l'abbaye de Maroilles.

L'archiduc Léopold, gouverneur des Pays-Bas, établit son quartier-général à Maroilles, lors du siège qu'il fit, en 1647, de la place de Landrecies.

Pendant les guerres de la Fronde, en 1651, Maroilles fut pillé par le général Rose, commandant des troupes allemandes au service de France.

Le 22 octobre 1655, l'armée française, commandée par Turenne, passa à Maroilles après le rétablissement des fortifications de Condé, et se dirigea ensuite sur Saint-Quentin.

Pendant les campagnes suivantes de Louis XIV dans le Hainaut jusqu'à la paix des Pyrénées, la contrée, alternativement livrée à la merci des puissances belligérantes, fut accablée d'impôts, de réquisitions et de logements militaires, à tel point qu'une grande partie des habitants émigra, abandonnant le pays où l'on ne trouvait plus ni repos ni sécurité. En effet, pour ne citer que quelques faits isolés, il suffira de dire qu'en 1665, il arriva en masse à l'abbaye de Maroilles, pour y loger et séjourner, vingt-trois régiments complets de Lorrains, commandés par le duc François, nouvellement attaché au service de France ; et qu'en 1657, l'armée de don Juan d'Autriche, s'étant arrêtée, du 8 au 16 août, dans le village de Maroilles, causa des torts incalculables aux malheureux cultivateurs de cette localité et des villages voisins, qui n'obtenaient quelque repos qu'au moyen de sauves-gardes chèrement payées.

Les guerres de 1706 à 1713, terminées par la paix d'Utrecht, désolèrent encore cette contrée. Les Hollandais, sous les ordres du prince Eugène de Savoie, la ravagèrent en 1712. Le village de Maroilles fournit seul durant cette période désastreuse, plus de 100,000 livres de France, somme énorme pour ce temps-là.

Pendant la campagne de 1730, 10,000 hommes cantonnèrent à Maroilles et dans les environs, du ler au 4 juillet, avant de se rendre à Aymeries, où ils campèrent. L'abbaye fut alors occupée par l'état-major de cette troupe.

Un autre fléau, la peste, ravagea, en 1718, Maroilles et les villages environnants.

Enfin, lors du siège de la place de Landrecies, qui, en 1794, fut prise et reprise successivement, Maroilles fut saccagé et eut une partie de ses habitations incendiée, principalement dans la rue Basse.

Les habitants de cette commune, exaspérés des exigences, des vexations et tracasseries de tout genre que leur avaient fait subir depuis longtemps les religieux, et plus encore de la perte des derniers procès soutenus à grands frais et terminés en 1780, ne se soumirent que forcément au paiement des droits exigés d'eux. Ils appelaient hautement de tous leurs vœux une occasion favorable pour s'affranchir de cette charge et pour se venger même de l'humiliation qu'ils éprouvaient. Cette occasion ne se fit pas longtemps attendre : la révolution de 1789 leur prépara une revanche qu'ils ne laissèrent pas échapper. Le 28 juillet de cette année, la populace, autant par ressentiment que par l'appât du butin, se transporta en masse, armée de fusils, de fourches, de bâtons, etc., à l'abbaye de Maroilles, qu'elle dévasta, pilla et saccagea, tout en poursuivant à outrance l'abbé et les religieux, qui n'échappèrent que par miracle à la colère de ces furieux. Cette attaque, que l'on nomme vulgairement le vacarme de l'abbaye, était dirigée par quelques fauteurs de Taisnières, notamment par Jean Fiévet, qui expia son exaction dans la prison jusqu'au mois d'avril 1790, époque à laquelle on obtint son élargissement.

Le décret rendu le 13 février 1790 par la Constituante délivra enfin les habitants du joug des moines. L'abbaye, supprimée comme tous les autres établissements religieux, fut vendue en 1791 et ses bâtiments démolis en 1794. Quelques locaux seulement ont échappé au marteau des acquéreurs ; ce sont la blanchisserie, la menuiserie, une portion du quartier des étrangers, le comptoir, la laiterie et l'habitation du portier. Les bâtiments qui ont servi, en 1815, au casernement des troupes russes sont maintenant occupés par différents particuliers.

Source : Annuaire du département du Nord 1837.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 98171
  • item : abbaye de bénédictins Saint-Humbert, actuellement maison du parc régional de l'Avesnois
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Maroilles
  • Adresse :
    • cour de l'Abbaye
    • place Verte
    • rue du Moulin
    • 26, 28 Grand Rue
  • Code INSEE commune : 59384
  • Code postal de la commune : 59550
  • Ordre dans la liste : 6
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 7 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 4e quart 16e siècle
    • 17e siècle
    • 2e quart 17e siècle
    • 18e siècle
    • 2e quart 18e siècle
    • 3e quart 18e siècle
  • Années :
    • 1576
    • 1634
    • 1735
    • 1755
  • Enquête : 1999
  • Date de protection : 1977/03/16 : inscrit MH
  • Date de versement : 2003/03/14

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 2 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • calcaire
    • brique
  • Couverture : On remarque 2 types de couverture différents :
    • toit à deux pans
    • toit
  • Materiaux (de couverture) : 2 types de matériaux de couverture entrent en jeux dans le couvrement de cet ensemble
    • ardoise
    • matériau synthétique en couverture
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages : 4 types d'étages mentionés :
    • 1 étage carré
    • étage de comble
    • en rez-de-chaussée
    • rez-de-chaussée
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • Plan Type 'plan rectangulaire régulier'

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : L'abbaye bénédictine de Maroilles était avec Liessies et Hautmont l'une des trois plus importantes abbayes du Hainaut dans sa partie aujourd'hui française.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes : 7 parties constituantes distinctes relevées :
    • grange
    • port
    • portail
    • logis
    • moulin
    • grange aux dîmes
    • moulin à farine
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • Cette construction a été affectée a l'usage de : maison du parc régional de l'avesnois

Autre

  • Divers : 3 informations diverses sont disponibles :
    • propriété d'un établissement public régional
    • propriété de la commune
    • propriété privée
  • Acteurs impliqués dans l'oeuvre : Yves Frédéric d' (commanditaire)Bosquier Simon (commanditaire)Benoît II l'Evêque (commanditaire)Offégnies Maurice d' (commanditaire)
  • Détails : façades et toitures du bâtiment longeant la grande-rue, la maison des hôtes, la grange, le moulin ainsi que le portail de l' ancienne église abbatiale transformé en arc de triomphe (cad. A 1541, 1839, 1840, 1842 à 1845, 1850, 1885, 1891, 1898, 2693) : inscription par arrêté du 16 mars 1977.
  • Auteur de l'enquête MH : Guillot Catherine
  • Référence Mérimée : IA59000755

photo : joel.herbez

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