Castel des Prés (châtel-des-prez ou châtel-des-prés)

Le Castel des Prés à Maing (châtel-des-prez ou châtel-des-prés), situé dans la commune de Maing, est une ancienne motte féodale transformée en maison forte. Situé sur la rive droite de l'Escaut.

Le Châtel des Pretz est pour ainsi dire tout ce qui reste debout des temps de la féodalité autour de la vieille cité de Valenciennes ; situé à l'extrémité du village de Maing, non loin de la rive droite de l'Escaut, il reçut son nom des grasses prairies au milieu desquelles ses hautes tours étaient fortement enracinées. L'ancienne chaussée de Valenciennes à Cambrai passait devant l'avenue qui aboutissait au pont-levis du manoir féodal ; le donjon dominait la route, et delà peut-être de petits tyrans, tout puissants avant que l'autorité suzeraine fut suffisamment établie dans le pays, guettaient les caravanes des marchands pour les rançonner à leur profit, ou tombaient à l'improviste sur les voyageurs de marque qui passaient des Pays-Bas en France ou de la France dans les Pays-Bas. Quand on se remémore les excès du pouvoir féodal, à certaines époques et en certains lieux, il semble voir, comme dit Bernardin de Saint-Pierre, la carcasse et les ossements de quelque grande bête féroce, dans chaque ruine de Château-fort.

Vers le milieu du XIIIe siècle, le manoir de Maing existait déjà et fut le théâtre d'une intrigue d'amour qui eut le dénouement le plus tragique. Un jeune chevalier de la Flandre, Michel, seigneur d'Auchy et Du Mesnil, près de Lille, l'un des plus nobles trouvères que nos provinces du Nord puissent revendiquer, devint amoureux de la jeune châtelaine de Maing, qui habitait le Châtel des Pretz ; il parvint à se faire écouter : mais le mari était vigilant, le Châtel bien gardé et les amants étaient bien en peine de se voir et de se donner des preuves de leur attachement mutuel. Michel Dou Mesnil était trop épris pour supporter de telles entrave, il résolut d'enlever la noble dame et il disposa tout pour la réussite de cette audacieuse entreprise. Comme le Châtel des Pretz (ainsi qu'on peut encore le voir aujourd'hui) est assez distant de l'Eglise , le chevalier profita de cette circonstance, et un jour de fête que la châtelaine rentrait après vêpres dans son manoir, accompagnée seulement d'un jeune page et d'une damoiselle de sa suite, Michel, secondé par deux hardis écuyers, et ne trouvant qu'une opposition peu redoutable de la part de la dame de ses pensées, la prit en croupe, et s'éloigna au galop par le côté de la route qui conduisait en France.

Le seigneur de Maing ne tarde pas à connaître cet enlèvement ; il monte son meilleur coursier, se met à la poursuite des fugitifs et les atteint à la montagne de Verberie, lieu célèbre par les idées superstitieuses que le peuple y attache, et choisi, dit-on, par les sorcières pour y faire le sabbat. Là, un combat acharné s'engage entre l'heureux ravisseur et le mari trompé, et, comme il n'arrive que trop souvent, la jeunesse et l'amour restent vainqueurs. Le seigneur de Maing perdit la vie sur ce lieu fatal !

Cependant l'aspect du sang répandu, la vue de son époux succombant, et la maudissant peut-être en exhalant son dernier soupir, ce lieu de funeste mémoire, tout contribua à faire rentrer la jeune dame en elle-même : au désespoir du malheur dont ses charmes étaient la cause, elle renonça à suivre l'assassin de son époux ; elle fit faire à celui-ci des obsèques magnifiques pour apaiser ses mânes, donna de riches cadeaux aux églises et se retira dans un monastère de la Picardie, où elle mourut en état de grâce. C'était, à cette époque , le dénouement presque naturel et obligé de toutes les aventures tragiques, et le terme de beaucoup de carrières galantes des gens de haut parage.

Cet événement dramatique changea tout l'avenir de Michel Dou Mesnii ; il s'éloigna des lieux où ses amours avaient fini si malheureusement ; il fit un pèlerinage à Rome pour se laver de l'homicide dont il s'était rendu coupable, puis, pour compléter son expiation, il passa en Palestine où il partagea son temps entre les armes et la poésie. Ce ne fut que plus de vingt ans après qu'il reparut au château de Beaufremez, situé au Maisnil, et qui formait l'apanage des cadets de la maison de Wavrin. Il mourut le 6 novembre 1288, après avoir laissé plusieurs chansons et romances sur les charmes de la belle châtelaine de Maing et sur les regrets que sa perte lui avaient causés.

Cependant le Châtel des Pretz, privé de ses nobles hôtes, changea de maîtres ; il tomba , vers la fin du XIIIe siècle on au commencement du XIVe, dans la possession d'une riche et puissante maison de Valenciennes, d'une de ces familles patriciennes, qui avaient puisé leur grandeur dans leur fortune, loyalement et péniblement gagnée dans le commerce, et qui marchaient de pair avec la première noblesse du pays. Tel fut Jean Bernier, qui, tout bourgeois qu'il était, possédait à la fois les terres de Maing, de Thiant, de Vicq et de l'Eschelle. Le Châtel des Pretz se trouvait au nombre de ses domaines. De plus, il était Prévôt-le-Comte à Valenciennes, pour Guillaume de Hainaut, suzerain de la Province. Il occupa cette haute fonction pendant les années 1316, 1324, 1326, 1330 et 136.

Le jour de la Chandeleur de l'an 1334, le comte Guillaume de Hainaut étant malade de la goutte, eu son palais de la Salle-le-Comte à Valenciennes, et averti toutefois qu'une espèce de congrès de rois et de princes devait se réunir dans cette antique cité, chargea l'opulent Jean Bernier le jeune, qui passait pour un des plus gracieux et des plus généreux habitants du Hainaut, de recevoir à sa place cette élite princière. Jean Bernier n'hésita pas à traiter cette brillante compagnie dans son bel hôtel de la Hamayde, faisant face au Pont Saint-Paul et ayant issue sur celui des Molineaux. Cette réunion considérable de princes et de seigneurs se trouvait rassemblée à Valenciennes, à l'occasion de la lutte intervenue entre Louis de Nevers, comte de Flandres et Jean, duc de Brabant, pour la possession de la ville de Matines, que le premier avait acheté du second, genre d'acquisition assez en usage alors ; mais que celui-ci refusait de livrer à l'acquéreur, comme cela arrivait aussi quelquefois.

Les convives principaux de l'heureux propriétaire du Châtel des Pretz n'étaient donc rien moins que Jean de Luxembourg, roi de Bohême ; Philippe d'Evreux, roi de Navarre ; Henry de Flandre, comte de Lodes ; Adolf de la Marche, évêque de Liége ; Louis de Nevers, comte de Flandre ; Renaud, comte de Gueldres ; Guillaume, comte de Juliers ; Jean, comte de Namur ; Jehan de Hainaut, seigneur de Beaumont et comte de Soissons ; le comte de Nassau, le comte de Grand-Pré, le comte d'Ostrevant, fils ainé du comte de Hainaut, et plus de trente autres grands seigneurs que l'on avait divisés en six tables, en mettant à côté de chaque convive une des plus jolies dames de Valenciennes. L'illustre Jeanne de Valois, sœur du Roi de France et comtesse de Hainaut, présidait une des tables. Pour faire honneur à ses illustres hôtes, l'élégant Jean Bernier s'était réservé le rôle de maître-d'hôtel. Nos chroniques parlent avec enthousiasme de la splendeur de ce banquet où la bourgeoisie valenciennoise brilla d'un éclat sans pareil en traitant des têtes couronnées. Nos annales s'arrêtent avec complaisance sur le faste déployé par un simple habitant ; elles citent les mets et les vins qui y furent consommés, combien l'argenterie resplendissait sur les tables, comment les dames, étincelantes de pierreries et plus encore de beauté, étaient placées entre les seigneurs et attiraient toute leur attention. La vanité de nos pères fut longtemps flattée de ce mélange de rois, de princes et de bourgeois, assis au même banquet, dans une maison, splendide il est vrai, mais dont le maître ne portait aucun titre illustre. Cette circonstance, relevée avec soin par nos annalistes, est d'autant plus remarquable que ce fait se passait à une époque où les préjugés nobiliaires étaient jeunes et pleins de force, et le régime de la féodalité dans toute sa puissance.

Au reste, pour expliquer ce que cette rencontre peut avoir d'étrange aux yeux des lecteurs peu familiarisés avec la puissance de la haute bourgeoisie de Valenciennes au moyen-âge, nous devons dire ce qu'étaient ces Berniers, enrichis par le négoce avec l'Orient et l'Angleterre, et qui comptaient parmi leurs propriétés plusieurs terres à clocher. Ces hommes étaient puissamment riches et de nobles familles recherchaient leur alliance. Bérnier, le père, avait épousé Marie de Nouvion ; Bernier le jeune, avait pour femme damoiselle Billehaut Du Gardin ; Isabelle de Braffe était l'épouse de Bernier qu'on appelait le Moyen. Sans être noble de race, cette riche famille avait pris des armes , elle portait : De Gueules à trois losanges percés d'argent.

La famille des Berniers possédait à Valenciennes une de ces maisons fortes qui avaient un droit d'asyle et de franchise, si bien que ni le magistrat, ni le prince, n'eussent osé en tirer ceux qui s'y étaient réfugiés. Ce privilège fort ancien fut aboli par le comte Guillaume, second du nom, après les différents qu'il eut avec les Berniers et autres riches bourgeois de Valenciennes.

Au mois de juillet qui suivit le banquet des rois et des princes, Jean Bernier, prévôt-le-comte, ouvrit un concours entre tous les habitants des rues de Valenciennes qui fourniraient la plus belle représentation publique. Le prix offert était un Paon : ce noble oiseau devait appartenir à la compagnie la plus brillante aux yeux d'un juré nommé à cet effet. Trois rues se présentèrent pour enlever le prix de Jean Bernier : ceux de là rue de l'Ormerie firent marcher devant eux un château, fort brillant, qui roulait par des machines cachées. Il était habité, au rez-de-chaussée, par quatre anges et quatre jeunes filles et surmonté par Cupidon, qui domine tout. Afin de poursuivre la métaphore du pouvoir de l'amour, les habitants de l'Ormerie, montés sur des chevaux richement caparaçonnés, étaient conduits par de belles demoiselles qui les entraînaient à l'aide de fils d'or.

Les bourgeois de là Place de la Chaussée vinrent après eux, fort bien accoutrés, mais à pied. Ils faisaient aussi marcher, à l'aide de machines, un château, contenant un pieux ermite. Sur le haut de la forteresse on voyait sept religieux lâchant de temps à autre des oiseaux vivants en signe d'allégresse.

Enfin venaient les habitants de la rue Delesauch, au nombre de vingt-deux, richement vêtus en chevaliers, portant armures et écus blasonnés ; leur poitrine montrait un cœur percé d'un dard ; ils étaient suivis de vingt-deux demoiselles, en robes de bougran, les épaules chargées de menu vair, toutes plus belles les unes que les autres et attirant les regards et l'admiration de tous les spectateurs. Ces dames contribuèrent sans doute beaucoup à faire donner le prix aux habitants de la rue Delesauch ; ils emportèrent le Paon, et le public applaudit si bien à ce jugement, qu'une ronde immense s'organisa, et qu'on dansa la Carole, autour du Beffroi et de tout le grand Marché. Bernier donna le prix de la danse au nommé Jacques, bourgeois de Saint-Quentin.

Il fallait une fortune considérable pour présider alors à des fêtes et solennités de ce genre, car l'on doit savoir que les réunions flamandes ne se tenaient pas sans banqueter longtemps et boire à l'avenant. Les Berniers pouvaient suffire à de pareilles dépenses. Ils avaient tout ce qui constituait la fortune et l'opulence. Il n'est pas jusqu'au droit de sépulture qui ne leur fut acquis à perpétuité, pour tous les membres de leur famille, dans une des principales chapelles de l'église de l'Abbaye de Saint-Jean. Dans l'incendie qui ruina cette antique abbaye en 1520, la chapelle des Berniers ne fut pas privilégiée, elle disparut avec les magnifique tombeaux de ces opulents bourgeois. L'abbé de Saint-Jean voulut profiter alors de cette occasion pour racheter le droit que les descendants des Berniers pouvaient avoir de se faire inhumer par privilège dans ce lieu saint ; on chercha longtemps les descendants de tant de puissance et de splendeur, et il ne se trouva, comme héritière directe de cette ancienne et riche famille, qu'une pauvre vieille femme de village, qui fut trop heureuse de vendre tous ses droits et d'abandonner tous les titres écrits, qu'elle possédait encore, pour un simple mencaud de blé. Telle est la vicissitude des choses humaines et l'instabilité des biens d'ici bas ! L'humble héritière de ceux qui avaient traité les rois et possédé des villages entiers, fut forcée de vendre, pour un peu de pain, les droits de propriété du lieu saint qui recelait les cendres de ses pères !

Mais revenons au Châtel des Pretz que nous avons trop longtemps abandonné pour un de ses plus illustres possesseurs. Jean Bernier allait souvent en été au Châtel, qu'il appelait modestement sa Maison de Maing ; mais cette propriété ne devait pas être transmise à ses héritiers : voici le fait qui donna lieu à sou changement d'hôtes et de maîtres.

Guillaume II, comte de Hainaut et de Valenciennes, avant succédé à son père Guillaume-le-Bon, entouré de courtisans jaloux du pouvoir et des richesses des Berniers, crut les accusations portées contre eux et les fit poursuivre en 1338, comme ayant révélé les secrets de son conseil au Roi de France, Philippe de Valois. Leurs biens furent confisqués et acquis au comte de Hainaut. Cependant l'orage passa, le comte de Hainaut fut convaincu plus tard d'avoir été induit en erreur et, en 1341, il désira faire sa paix avec Jean Bernier. Celui-ci revint de Paris où il s'était réfugié et se rendit à l'Abbaye de Saint-Saulve, avec l'intention d'y terminer pieusement sa carrière agitée. Le comte Guillaume vint l'y trouver, et là, en présence du Prieur de Saint-Saulve et de sept principaux seigneurs de sa cour, il lui prit les mains amicalement, puis, le pressant affectueusement contre sa poitrine, il lui dit :

« Jean, soyez à vostre paix : je vous ai en convent que je vous ferai autant d'honneur que je vous ai fait de blasme : j'ai esté déçeu de vous et des aultres et devers la Sainct-Jehan prochaine, vous reserez ce que vous avez esté à Vallenciennes. »

Le lendemain, le comte lui envoya pour gage de sa réconciliation, ung bœuf de Savoye , umg pourcel de Hyes, ung muidz de bled et un tonneau de vin de Saint-Jean, et lui expédia des lettres, par lesquelles il lui rendait tous ses biens, excepté sa Maison de Maing et sa terre de Thiant vendues pour le prix de quatre mille vieux florins à l'escu, que le prince fut hors d'état de lui restituer et qui furent perdus à toujours pour la famille des Berniers.

Le successeur de Jean Bernier au Châtel des Pretz fut de Neufville, bourgeois de Valenciennes, qui en fit l'acquisition du comte de Hainaut, le vendant comme bien séquestré. Peu de temps après son entrée dans ce domaine, et pendant l'été de l'an 1340, il y fut assailli par le seigneur de Craon, un des lieutenants du duc de Normandie, fils du Roi de France, qui tenait la campagne contre le Roi d'Angleterre et le comte de Hainaut, son allié. Mais le Châtel des Pretz était fort et bien muni ; il résista au choc. Pendant ce temps, le sénéchal de Hainaut fit une sortie de Valenciennes vers le village de Trith et tomba sur le parti des Français. Le sieur De Boucicaut, mort maréchal de France, en 1361, y fut fait prisonnier et ramené à Valenciennes : malheureusement pour lui, Jehan de Saintré n'était pas avec lui ce jour-là à l'assaut du Châtel des Pretz et ne put le sauver ; ce qui ne contribua peut être pas peu à ce quatrain que les hérauts d'armes firent ensuite sur lui :

Quand vient à un assault,
Mieulx vault Saintré que Bouciquault ;
Mais quand vient à un traité,
Mieulx vault Bouciquault que Saintré.

Nous ne savons si c'est par achat ou par alliance que le Châtel entra dans la maison des Rasoir, une des plus anciennes familles de la noblesse du Hainaut, résidant ordinairement à Valenciennes, et représentée encore aujourd'hui par M. le comte D'Espiennes, de Jenlain, qui en descend par sa mère. Quoi qu'il en soit, en l'an 1471, le Châtel des Pretz appartenait à Jean Rasoir, seigneur de Beuvrages et d'Odomez.

Ce noble manoir passa, par voie d'acquisition ou d'héritage, dans l'illustre famille des comtes de Sainte-Aldegonde ; elle le conserva jusqu'au moment où les guerres de Louis XIV en rendirent la possession onéreuse et difficile. Un sieur d'Azencourt l'acheta vers 1670, mais ne le garda pas longtemps, car en l'an 1686, lors de la mort du seigneur de Trith, ce domaine lui appartenait et il le laissa à sa douairière. Celle-ci le donna à son fils Jean-François-Antoine-Joseph Desmaisières, écuyer, qui, de 1710 à 1712, eut un procès considérable avec les dames de Fontenelles à l'occasion de l'entretien d'un canal qui séparait leurs propriétés respectives.

On conçoit que du moment que l'invention de la poudre à canon fit baisser les ponts-levis des châteaux-forts, et que la réunion des grands domaines de l'état amortit la puissance des seigneurs féodaux, il n'y eut plus d'intérêt dans l'histoire de ces manoirs gothiques qui se transmettaient de succession en succession comme des propriétés ordinaires, sans siége, sans coups de lance, sans événements dramatiques. Dès lors, nous n'avons plus rien à dire du Châtel des Pretz, si ce n'est de retracer en peu de mots sa forme de nos jours et l'usage qu'en fait le propriétaire actuel.

A l'époque de la première Révolution Française le Châtel des Pretz appartenait à Mme. Duhot ; aujourd'hui il est la propriété de M. Payen, cultivateur, maire de la commune de Maing, qui a simplifié et modifié, pour son usage, les anciens bâtiments qui restaient debout. La demeure est encore assise sur les vieux et larges murs du gothique château ; les divers corps de logis enclosent une cour rectangulaire où s'exécutaient les tournois des chevaliers et les exercices des hommes d'armes, tandis que des bestiaux y prennent aujourd'hui leurs ébats. Le noir cachot, où de forts anneaux suspendus aux voûtes attestent encore le régime féodal, est converti en une blanche et fraîche laiterie, qui, au lieu de munitions de guerre, ne resserre plus que des approvisionnements de bouche. Les fossés, à demi-comblés, sans contre-escarpes, et sans eaux, sont métamorphosés en potager ; souvent le jardinier en récoltant pacifiquement la succulente betterave, tire de la terre maint carreaux ou traits d'arbalète, emblèmes de guerre dès longtemps oubliés. La fontaine naturelle qui fournissait l'eau dans les fossés, est changée en abreuvoir et désaltère les troupeaux. Une seule tour carrée, en forme de donjon, reste debout et intacte. Elle est très-haute et se trouve garnie à son couronnement d'un balcon en saillie qui règne tout autour. Le toit, en forme de capuchon, vient déborder la balustrade et la couvrir. Le balcon, où les belles châtelaines venaient jadis écouter les serventois des trouvères et des ménestrels, ne sert plus maintenant qu'à la promenade de superbes ramiers. Les fenêtres qui, autrefois, éclairaient les appartements des gentilshommes, sont aujourd'hui bouchées et les divers étages sont convertis en greniers du fermier. Les autres angles des divers corps de logis, défendus au temps passé par des tours rondes abattues au commencement de ce siècle, sont garnis d'écuries modernes. Près de la seule tour debout, devenue colombier, se voit encore une porte surmontée d'échancrures propres à recevoir les branches d'un pont-levis, mais, ô quantum mutatus ! le pont est dormant et en pierres ; il n'y a plus ni grille, ni herse, ni mâchicoulis ; le guet est fait par un chien de chasse ignominieusement substitué au nain sonnant du cor, et la porte, dans les courtes nuits d'été, ne se ferme même pas tous les soirs !

Arthur Dinaux

Source : Archives historiques et littéraire du Nord de la France 1838.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 98119
  • item : Castel des Prés (châtel-des-prez ou châtel-des-prés)
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Maing
  • Adresse : 6 rue Léon-Rucart
  • Code INSEE commune : 59369
  • Code postal de la commune : 59233
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : manoir
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 14e siècle
    • 1ère moitié 14e siècle
  • Date de protection : 1989/12/21 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Inscription 28 12 1984 (arrêté) annulée.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • donjon
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détails : Tour principale ou donjon (cad. A 4302) : classement par arrêté du 21 décembre 1989
  • Référence Mérimée : PA00107734

photo : Sébastien Dusart

photo : Sébastien Dusart