Château de Bailleul et immeubles accolés

Le château date du 15e siècle. Les immeubles de part et d'autre du château sont quant à eux du 17e siècle.

Notice sur le château

  • Acquisition par la ville, en 1883, du château de la Hamaïde.
  • Historique de ce vieux manoir.
  • Affectation définitive de ses locaux à une bibliothèque et à un musée.
  • Les bienfaiteurs de cette double institution.

MM. Henri Gibson et Paul Marmottan.

Le Musée de la ville de Condé est de création récente.

En 1884, un de nos concitoyens qui occupait ses loisirs à des recherches sur l'histoire de la ville et châtellenie de Condé, feu l'honorable Louis-Alexandre Caille, secondé par M. Nestor Castiau, maire, et par M. Ed. Martel, son adjoint, décidait le conseil municipal à voter les fonds nécessaires à la mise en état du château féodal, sis rue de la Cavalerie et place Verte.

Acquise par la ville de Condé, le 15 septembre 1883, sur la proposition de M. Castiau, cette vénérable construction, jadis séjour des seigneurs du lieu, renferme en effet des salles spacieuses, à l'abri du froid et de l'humidité qui, dans la pensée de M. Caille, devaient se prêter merveilleusement à l'installation de la bibliothèque municipale et d'un musée de tableaux et de gravures.

Une telle institution est, on le sait, le but aujourd'hui poursuivi par toutes les villes ayant à coeur non seulement l'instruction de leurs habitants, mais encore la conservation des nombreux souvenirs se rattachant à l'histoire et aux arts. En outre, prendre l'initiative d'un tel établissement, n'est-ce pas admirablement comprendre son époque ?

N'avons-nous pas aujourd'hui plus que jamais le souci de sauver du vandalisme et de l'ignorance, l'un et l'autre se tiennent souvent les objets matériels provenant des édifices civils et religieux, les oeuvres de peinture appelées à faire connaître la technique de l'art aux différentes époques et à rattacher ainsi, dans un lien patriotique et par excellence civique, le passé au présent ? Quand un tel établissement est créé dans une ville, de quelque importance qu'elle soit, il n'est pas rare de voir les dons affluer, les legs venir enrichir le fonds commun, et partant, de voir les habitants encouragés plus que jamais par de tels exemples à mieux comprendre l'intérêt et le prix des souvenirs matériels qu'il possèdent ou qu'ils acquièrent.

Déjà des tentatives dans cette voie louable s'étaient produites à Condé. Dès 1874, une bibliothèque publique, très modeste il est vrai et qui ne fonctionna jamais, avait été installée tant bien que mal au second étage de la mairie. A partir de cette année-là, le conseil municipal vota pour son entretien une allocation annuelle alors suffisante de 250 francs. Tel fut le début d'une fondation qui ne devait définitivement être consacrée que plus tard, lors de l'appropriation des salles de l'ancien manoir.

Mais avant de donner un aperçu sommaire du contenu de la bibliothèque et d'entreprendre l'inventaire des tableaux du musée, il importe de publier, sur le curieux monument qui les réunit, un historique de quelques lignes.

Des deux seigneuries de Condé, l'une celle d'Avesnes, avait pour siège le château de Condé ou de l'Escaut, bâti à l'ancien confluent (condate), de la Hayne avec le fleuve. Les maîtres de cette sombre forteresse, devenue l'arsenal actuel, n'y séjournèrent presque jamais.

A l'angle de la place de la Collégiale, aujourd'hui place Verte et de la rue des Casernes ou de la Cavalerie, s'élevait un château d'habitation où résidèrent constamment les propriétaires de l'autre seigneurie.

Sires de Bailleul, de Condé Morialmez, de la Hamaïde, de Rogendorf, de Lalaing, et finalement de Croy, chacun selon son goût, se plût à embellir cette magnifique demeure dont les jardins, dans le goût de Versailles encore au siècle dernier, descendaient jusqu'à la Hayne.

Le bâtiment en grès flanqué de tourelles qui forme le dessus de l'entrée fut construit en 1411 par Jean de la Hamaïde, tué à la bataille d'Azincourt le 25 octobre 1415.

La mutilation des armoiries au-dessus de la porte fut ordonnée en 1468 par Arnould de la Hamaïde, après la décapitation à Bruges du bâtard de la Hamaïde (de Barante). Les jardins furent créés en 1544 par Guillaume de Rogendorf. En 1690, l'intérieur terminé était aménagé et meublé : il fut occupé par Louis XIV et sa suite, pendant le siège de Mons, l'année suivante.

Dans l'aile droite, élevée par les Lalaing sur de vastes caves, le maréchal de Croy installa ses collections d'histoire naturelle et une belle bibliothèque vers 1766, d'où le nom de la rue adjacente. On voit que la destination actuelle du monument se rencontre avec l'idée du maréchal de Croy, bienfaiteur de Condé au XVIIIe siècle. La majeure partie de la bibliothèque de Croy a été enlevée à la Révolution en vertu du décret de la Convention, confisquant les biens des nobles, des prêtres et des émigrés et ordonnant leur transport aux chefs-lieux de district. Ses richesses figurent encore aujourd'hui à la bibliothèque de Valenciennes, En 1793, le château en effet, après avoir été un instant le quartier général du brave Chance durant le siège fameux soutenu contre les Autrichiens par Condé, fut déclaré bien d'émigré et nationalisé. Une vente à vil prix le fit passer, lui et ses meubles riches, dans des mains diverses.

On avait déjà démoli l'aile droite pour élargir la rue de la Bibliothèque ; d'autres parties furent encore anéanties et la propriété se morcela. Elle appartenait, il y a quelques années encore, à la famille des notaires Mention avant être acquise par la ville.

Suivant la loi administrative, il fallut aussitôt mettre cette propriété en valeur : les terrains lotis servirent à augmenter le nombre des habitations limité par les défenses de Vauban ; un hospice a pu être érigé dans l'endroit le plus salubre de la ville et deux rues nouvelles ont donné à ce quartier des écoles les dégagements désirables.

Quant à l'antique débris des temps féodaux la partie dite le Château s'entend il avait échappé au marteau des entrepreneurs, et l'affectation des salles qui sont situées aux deux étages massifs surmontant la porte était tout indiquée. Depuis 1874 se trouvaient entassées à l'hôtel de ville, édifice encombré et incommode, des collections naissantes qui livrèrent place en 1887 au service de l'octroi. Les unes allèrent occuper les salles du premier étage du château et constituèrent les premiers objets du musée ; les autres vinrent former au second étage, dans une vaste pièce à belle cheminée en briques, le noyau d'une bibliothèque fort confortablement installée. Avant d'entrer au coeur de notre sujet, n'omettons pas de traiter ici une question bien importante pour le succès final de l'institution du musée et de la bibliothèque. Il s'agit d'une amélioration matérielle indispensable et peu coûteuse, destinée à procurer un abord facile et décent aux différents étages du bâtiment.

On accède en effet aujourd'hui à ses deux étages intéressants, par un escalier de pierre très étroit, taillé en colimaçon comme on en voit dans les constructions massives du moyen âge. Cet escalier dangereux et mesquin n'est plus en rapport avec la destination actuelle de l'édifice. Sans demander certes qu'on le détruise ce serait un crime de lèse-respect vis-à-vis le monument, car on anéantirait ainsi, à grands frais d'ailleurs, un spécimen curieux d'architecture spéciale il est certain que le conseil municipal en reconnaîtra les conditions déplorables. Tout au plus son maintien en tant qu'utilité ne peut-il se concevoir que provisoirement. Par un heureux hasard, le remède à cet état de choses est facile à découvrir à Condé et semble comme placé si près du mal à réparer, qu'aucune hésitation n'est permise. Un simple mur, sur une surface de quelques mètres, sépare la partie du vieux château d'une aile de logis annexe moins ancienne appartenant également à la ville et louée à des particuliers. Quelques coups de pioche pour reculer ce mur situé au rez-de-chaussée, donneront accès à un magnifique escalier de bois conduisant à une porte condamnée du premier étage, facile à rouvrir, naguère encore, d'ailleurs, porte du château. Un second escalier existant dans la partie louée suffira bien aux occupants. Le bel escalier de bois aux larges proportions, dont nous venons de parler, n'est autre que celui bâti en 1691 pour la venue de Louis XIV et il est aujourd'hui ignoré et perdu dans une construction très modifiée depuis le XVIIe siècle, très amoindrie, avec laquelle il ne semble plus en proportions.

Cette substitution facile et très peu coûteuse, nous le répétons, s'impose donc à l'attention des édiles condéens.

Elle donnera au musée une fort belle entrée, digne de la ville et conservera du même coup un escalier très curieux et historique. La question a rencontré déjà les suffrages unanimes des artistes et de tous ceux qui ont à coeur la préservation des monuments.

Avant de dresser le catalogue du musée, disons un mot de la bibliothèque. Des dons et quelques achats ont porté son importance numérique à environ 5,000 volumes. On y trouve des traités et livres religieux provenant de l'abbaye d'Anchin, des ouvrages sur l'histoire générale et locale, sur l'industrie houillère, enfin un petit nombre dé manuscrils modernes du Dr Bourgogne. M. Paul Marmottan, membre de la commission historique du Nord et M. Henri Gibson, en sont jusqu'ici les principaux donateurs. En 1 888, M. Marmottan a offert un lot d'environ 500 brochures industrielles spécialement; M. Henri Gibson, ancien professeur au collège, décédé à Douai en 1889, a légué un millier de volumes, la plupart relatifs à la littérature, aux événements publics ou aux connaissances encyclopédiques".

La bibliothèque est appelée à doubler d'importance d'ici peu d'années. Son organisation municipale n'est pas encore un fait accompli, mais demeure à l'étude. Une commission de surveillance, avec nomination d'un bibliothécaire et d'un suppléant qui pourraient également s'occuper des intérêts du musée, paraît on ne peut plus désirable. Cette commission dont seraient membres de droit le maire, le doyen, un professeur et le principal du collège par exemple, rédigerait des statuts et ferait un rapport chaque année au conseil municipal, sur l'état du musée et de la bibliothèque et sur les services rendus par ces institutions éminemment instructives. Mais ceci est affaire à la municipalité : elle trouvera là un rôle utile à remplir pour le bien de ses concitoyens. Jusqu'à ce jour, M. Ed. Martel, ancien adjoint, premier collaborateur de feu M. Caille, se charge gracieusement de la surveillance du musée-bibliothèque et il s'en acquitte avec un entier dévouement.

Avant 1887, quelques tableaux dont un à sujet religieux, d'importante dimension, provenant de la confrérie des bateliers, un portrait de Mlle Clairon, l'actrice célèbre née à Condé, par G. Housez, des portraits de Louis XV et de sa famille, un grand tableau allégorique de Momal, plusieurs aquarelles et dessins étaient en possession de la commune et ornaient çà et là les salles de la mairie. Ces premiers tableaux constituèrent tout d'abord le musée naissant.

En décembre 1886, notre vieux château recevait la visite de M. Paul Marmottan, de Paris, critique et historien d'art bien connu, que des intérêts privés appellent de temps à autre à Valenciennes, berceau de sa famille. Ami de M. Caille, M. Marmottan visita les locaux du musée et fut frappé tant des efforts tentés pour l'organiser que des espaces de murs encore vides attendant un emploi. Se rappelant en outre que sa mère, Mme Palmyre Marmottan, née Langlet, avait vu le jour à Condé, en 1831, à une époque où M. Louis-Joseph-Régis Langlet, son père, était receveur de l'enregistrement en notre ville (de 1833 à 1838), M. Marmottan, mû par ce souvenir filial, conçut l'idée de doter immédiatement notre musée d'un certain nombre de tableaux et gravures tirés de sa riche collection. Grâce à ses dons multipliés, le musée allait de suite prendre un as pect appréciable et entrer dans le domaine de la réalité. La ville de Condé, par l'organe de son conseil municipal, a plusieurs fois voté des remerciements au généreux ami des arts. Une pareille libéralité a été acceptée avec reconnaissance et la Ville s'est engagée à la conserver à perpétuité.

Source : Catalogue des tableaux et objets d'antiquités du musée de la ville de Condé-sur-Escaut 1874.

photo pour Château de Bailleul et immeubles accolés

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 97359
  • item : Château de Bailleul et immeubles accolés
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Nord
    • Condé-sur-l'Escaut
  • Adresse :
    • 35, 37 rue de la Cavalerie
    • rue de la Bibliothèque
  • Code INSEE commune : 59153
  • Code postal de la commune : 59163
  • Ordre dans la liste : 4
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : immeuble
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 15e siècle
    • 17e siècle
  • Dates de protection :
    • 1904/02/17 : classé MH
    • 1987/07/03 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :4 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • escalier
    • élévation
    • toiture
    • décor intérieur
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : f67d79e4589be39c2259beb8384ed404.jpg
  • Détail :
    • Château : classement par arrêté du 17 février 1904
    • Immeubles accolés de part et d' autre au château : rue de la Bibliothèque (façades et toitures sur rue et sur cour)
    • rue de la Cavalerie 35-37 (façades et toitures sur rue et sur cour, escalier à balustres conduisant à l' actuelle bibliothèque, plafonds décorés du premier étage) (cad. D 203 à 205) : inscription par arrêté du 3 juillet 1987, rectifié par arrêté du 19 février 1988
  • Référence Mérimée : PA00107436

photo : pierre bastien

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