Eglise Saint-Pierre

Bouvines est célèbre pour la victoire qu'y remporta Philippe-Auguste, en 1214, sur l'empereur Othon, le compte de Flandre et leurs alliés. le 27 août, au matin, le roi se dirigeait de Tournai à Lille, lorsque le vicomte de Melun, et frère Garin, de l'hôpital de Saint-Jean, évêque élu de Senlis, qui s'étaient écartés pour reconnaître l'ennemi, avertirent Philippe qu’Othon s'était, de son côté, mis en mouvement de Mortain, et que, d'après l'ordre où marchaient ses troupes, ils jugeaient que l'empereur se préparait à leur livrer bataille. Othon avait compté attaquer les Français, après que la moitié de leur armée aurait passé le pont de Bouvines : ce pont traverse une petite rivière qui se jette dans la Lys. Lorsque ses coureurs atteignirent l'arrière-guarde des Français, le roi, fatigué du poids de ses armes et de la longueur du chemin, se reposait à l'ombre d'un frêne, à côté d'une église consacrée à saint Pierre.

A cette nouvelle, le roi entra dans l'église, et ayant adressé une courte prière au Seigneur, il en ressortit, revêtit ses armes, et, d'un visage joyeux, comme s'il était appelé à des noces, il remonta sur son cheval ; au travers du champ on entendit le cri : Aux armes ! aux armes. Les trompettes retentissaient, les escadrons qui avaient déjà passé le pont, revenaient en arrière ; on fit redemander aussi le drapeau de saint Denis, qui, dans les combats, doit précéder tous les autres ; mais comme il tardait à revenir, on ne l'attendit pas. Le roi partit à cheval et se plaça à la première ligne, où une petite élévation le séparait des ennemis. Ceux-ci voyant, contre leur espérance, que le roi était de retour, frappés d'étonnement, tournèrent sur la droite et s'étendirent à l'occident, en occupant la partie la plus élevée de la plaine. Ils avaient le dos au nord, et dans les yeux le soleil, qui ce jour-là était plus ardent que de coutume. Le roi déploya son armée vis-à-vis d'eux, occupant une longue ligne au midi de la plaine, et ayant le soleil sur les épaules. Les deux armées demeurèrent ainsi quelque peu de temps, offrant deux lignes à peut près de même longueur, et n'étaient séparées que par un court espace.

Autour du roi se trouvaient rangés les plus vaillants chevaliers de l'armée française, Guillaume des Barres, Barthélemy de Roye, le jeune Gaultier, Pierre de Mauvoisin, Gérard Scropha, Étienne de Longchamp, Guillaume de Mortenier, Jean de Rouvrai, Guillaume de Garlande et le jeune comte de Bar. Derrière Philippe se plaça Guillaume le Breton, son chapelain, à qui nous devons une relation très-curieuse de cette bataille ; le Breton, de concert avec un autre clerc, ne cessa de chanter des psaumes pendant le combat, quoique sa voix, nous dit-il lui même, fût souvent entrecoupée par les larmes et les sanglots.

Les Français envoyèrent d’abord un corps de cent cinquante écuyers à cheval, pour escarmoucher avec les Flamands : ces écuyers furent bientôt presque tous démontés ; mais quand les chevaliers vinrent à heurter contre les chevaliers, les forces furent plus égales : des deux parts, il était presque impossible de blesser ou l'homme ou le cheval, au travers d’une armure impénétrable ; mais les lances se brisaient en éclats, et de grands coups de sabre, frappant sur les casques et les boucliers, en faisaient voler les étincelles. On entendait cependant, comme dans un tournoi, répéter de part et d’autre le cri: « Chevaliers, souvenez-vous de vos dames ! ». Dans ce combat, on vit se distinguer par une brillante bravoure le comte Gaucher de Saint-Paul, dont les Français se défiaient, mais qui avait dit lui-même à l'élu de Senlis, « qu’il leur ferait voir qu’il était bon traître ; » le vicomte de Melon, qui, comme Saint-Paul, fit une trouée au milieu des ennemis, et revint par un autre endroit, après avoir traversé deux fois leur ligne ; le duc de Bourgogne, qui eut un cheval tué sous lui, et qui, ayant beaucoup d’embonpoint, aurait été fait prisonnier sans la prompte assistance des Bourguignons.

Enfin, après trois heures du combat le plus acharné, tout le poids de la guerre se tourna contre le comte Ferrand. Ce prince, percé de beaucoup de blessures, et renversé par terre, fut fait prisonnier avec beaucoup de chevaliers. Il avait presque perdu le souffle par la longueur du combat, lorsqu'il se rendit à Hugues de Mareuil et à Jean son frère. Pendant ce temps les légions des communes, qui étaient déjà parvenues presque jusqu’à leur quartier, arrivèrent de retour sur le champ de bataille, avec l'étendard de saint Denis, et elles vinrent immédiatement se ranger près du corps de bataille du roi, où elles voyaient l’étendard royal des fleurs de lys, que portait ce jour-là Galon de Montigny, vaillant mais pauvre chevalier. Les milices de Corbie, Amiens, Beauvais, Compiègne et Arras, passèrent entre les escouades des chevaliers, et vinrent se mettre en bataille devant le roi. Mais la chevalerie d’Othon, composée d'hommes très-belliqueux et très-audacieux, les chargeant incontinent, les repousse, les mit en désordre, et parvint presque jusqu'au roi. À cette vue, les chevaliers qui formaient le bataillon du roi, s'avancèrent pour le couvrir, et le laissant un peu derrière eux, ils arrêtèrent Othon et les siens, qui, avec leur fureur teutonique, n'en voulaient qu'au roi seul. Mais tandis qu’ils se portaient en avant, et qu'avec une vertu admirable ils arrêtaient les Allemands, les fantassins ennemis entourèrent le roi, et avec leurs petites lances et leurs crochets, ils l'entraînairent à bas de son cheval, et ils l’y auraient tué, si la main divine et l'excellence de son armure ne l'avaient protégé.

Un petit nombre de chevaliers qui étaient restés avec lui, et surtout Galon de Montignt, qui, en agitant son drapeau, appelait au secours, et Pierre Tristan , qui, se jetant à bas de son cheval, s’exposait aux coups pour le roi, repoussèrent ces fantassins ennemis, les tuèrent ou les mirent en fuite ; tandis que le roi, se relevant de terre plutôt qu’on ne s’y attendait, remonta sur son cheval avec une légèreté qu‘on ne lui croyait point.

Si dans ce moment Philippe-Auguste courut un grand danger, l'empereur Othon ne tarda pas à se voir exposer à un péril non moins grave. En effet, les chevaliers français parvinrent jusqu’à lui. « Pierre de Mauvoisin saisit même la bride de son cheval ; comme il ne pouvait l'arracher à la foule qui l'entourait, Gérard Scropha le frappa à la poitrine du couteau qu’il tenait nu à la main ; il ne traversa point l'armure presque impénétrable dont les chevaliers de nos jours sont couverts ; et comme il voulait redoubler, le cheval d‘Othon, en se cabrant, reçut le coup dans la tète; blessé mortellement à l’oeil, il tourna sur lui-même, et prit sa course du côté par où il était venu. l'empereur nous montrant ainsi le dos, et nous laissant en proie son aigle et le char qui le portait, le roi dit aux siens : Vous ne verrez plus sa face d’aujourd'hui. »

Cependant son cheval avait fuit bien peu de chemin lorsqu'il tomba mort ; mais on lui en présenta aussitôt un autre avec lequel il recommença à fuir. Il ne pouvait plus résister à la valeur de nos chevaliers ; en effet, Guillaume des Barres l’avait déjà deux fois tenu par le cou ; mais il se déroba à lui par la rapidité de son cheval et par l'épaisseur des rangs de ses soldats.

La bataille ne finit point par la fuite d’Othon ; le comte de Teklembourg, le comte de Dortmund et plusieurs vaillants chevaliers de l'empereur firent encore une fois reculer les Français ; mais ceux-ci, revenant sur eux en plus grand nombre, les firent prisonniers ;

Alors on commença à voir fuir le duc de Louvain, le duc de Limbourg, Hugues de Boves et leurs chevaliers, par cinquante ou cent à la fois. Renaud , comte de Boulogne, s'obstinait seul au combat. Il avait disposé en cercle un certain nombre de sergents d'armes à lui ; c'était comme une forteresse hérissée de piques, d'où il faisait des sorties brillantes, et où il se retirait quand l'haleine lui manquait pour se battre. Enfin, il fut renversé de son cheval, blessé, et il allait être tué, lorsqu'il se rendit à l'évêque élu de Senlis. Sept cents fantassins brabançons, qu'Othon avait placés au milieu de son front de bataille, y demeurèrent les derniers ; après que tout avait fui autour d’eux, ils opposaient encore aux Français comme un mur inébranlable. Philippe les fit charger par Thomas de Saint-Valery, avec cinquante chevaliers et deux mille fantassins ; ils furent presque tous tués sans avoir abandonné la place. La nuit approchait ; Philippe, qui craignait surtout de perdre quelqu'un de ses importants prisonniers, fit sonner le rappel aux trompettes ; les Français qu'il rassemblait ainsi, avaient à peine poursuivi leurs ennemis pendant l'espace d'un mille.

La victoire de Bouvines, l'une des plus brillantes qui eussent été remportées par les Français, était décisive. Parmi les prisonniers se trouvaient cinq comtes : Ferrand de Flandre, Renaud de Boulogne, Guillaume de Salisbury, Othon de Teklembourg, et Conrad de Dortmund, avec vingt-cinq chevaliers bannerets et un grand nombre d'autres d'une dignité inférieure. Le roi abandonna plusieurs de ces captifs aux communes, pour que chacune pût s'enorgueillir de la part qu'elle avait eue à la victoire.

Les habitants de Bouvines virent une seconde fois la défaite des troupes étrangères. Au mois d'août 1340, Philippe de Valois, qui venait secourir Tournai assiégé par les Anglais et par les Flamands , campa sur le territoire de Bouvines, où il fut attaqué par dix mille Anglais qu‘il défit complètement.

Source : Guide pittoresque du voyageur en France par Eusèbe Girault de Saint-Fargeau 1836.

L'église de Bouvine

En 1878, le maire de Bouvines décida de faire reconstruire l'église paroissiale, jugée trop vétuste et trop exiguë. La construction débuta en 1880 pour s'achever en 1886 ; les vitraux ne furent réalisés qu'à partir de 1889 ; l'église fut consacrée en 1910. L'architecte Auguste Normant s'est inspiré de l'architecture médiévale et l'a conçue comme une sainte-chapelle, ne renfermant aucune relique, mais servant d'écrin aux vitraux.

L'église, composée d'une nef sans collatéraux séparée du choeur par un transept, est entièrement couverte de voûtes sur croisées d'ogives. Les vitraux ont été réalisés par Charles et Emmanuel Champigneulle, d'après des cartons de Pierre Fritel : ils illustrent la bataille de Bouvines, où Philippe-Auguste fut victorieux des coalisés.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 97248
  • item : Eglise Saint-Pierre
  • Localisation :
    • Nord-Pas-de-Calais
    • Bouvines
  • Adresse : rue Félix-Dehau
  • Code INSEE commune : 59106
  • Code postal de la commune : 59830
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • église
    • église paroissiale
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • 4e quart 19e siècle
  • Années :
    • 1880
    • 1889
  • Dates de protection :
    • 1981/10/06 : inscrit MH
    • 1981/10/06 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'vitrail'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise, sauf vitraux classés (cad. A 303) : inscription par arrêté du 6 octobre 1981 - Vingt-et-un vitraux (cad. A 303) : classement par arrêté du 6 octobre 1981
  • Référence Mérimée : PA00107387

photo : pierre bastien

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