Demeure dite Château de la Bussière

La Bussière, Buxeria, sur une hauteur, près de la route de Luzy, à l'est de Sémelay, est un castel en partie du quinzième siècle et en partie moderne. Sa position mérite de fixer l'attention des amis des beaux paysages. La vue, après avoir plongé, avec délices, dans la vallée de Milay, se repose sur les Dônes et sur la chaîne des montagnes de l'Autunois, qui ferment l'horizon. Sur la terrasse, près du manoir, on voyait, en 1721, une chapelle de quinze pieds de long, sur onze de large. Les caves du château ont été creusées dans le roc.

Le 15 mai 1541, on arrêta à La Bussière un praticien, Pierre Moreau , qui s'était enfui d'Autun; il venait de commettre une horrible profanation dans l'église Saint-Jean-de-la-Grotte. Ramené en cette ville, il fut brûlé , le 4 juin , avec son complice, Nicolas Charbonnier, sur le champ Saint-Ladre, comme luthérien.

La seigneurie de La Bussière, d'abord avec la moyenne et basse justice, reconnaissait la même mouvance que la précédente. Hugues et Guy de La Bussière, alias de Marry, assistèrent, en 1146, à l'assemblée de Vézelay, où ils prirent la croix. L'année suivante, ils souscrivirent l'acte de donation faite par Ponce de Montempuys au prieuré de Coulonges, près Cercy-la-Tour, et s'acheminèrent vers la Palestine. Jean Testefort, écuyer, seigneur de La Bussière, acquit des droits d'usage et de chasse dans les bois de la châtellenie de Moulins-Engilbert, en 1327. Guillaume de La Bussière, son fils, fit aveu pour son manoir du lieu, en 1374. Philibert Testefort donna dénombrement de sa maison-forte de Marry, en 1408. Pierre, seigneur de La Bussière, de Marry, de Chiddes, de Las, de Buzon..., prit part au siége de Château-Chinon, et donna dénombrement de ses fiefs, en 1445. Il laissa deux enfants, Jacques et Marguerite, qui firent aveu pour la maisonforte de Marry, en 1464. Guillaume Ier de La Bussière, ou de Marry, son frère, écuyer, seigneur du lieu, de Chevannes-Ribaude, de La Comelle..., accorda des droits d'usage dans les bois de La Bussière, en 1460, à René Boret, qui paya, pour droit d'entrage, quatre moutons, de trois ans environ, et six chez de poullailles.

Guillaume II, seigneur de Marry, de La Bussière, de Montécot, de Solière..., eut de Charlotte de Boutillat trois enfants : Léger, qui lui succéda ; Jean, religieux au couvent de Beuvray, et une fille mariée dans la maison de Lodines. Jean vendit ses droits, en 1538, à Philibert de Barvault, son beaupère, seigneur de Montmort.

Léger assista, en 1546, au mariage d'Antoinette de Reugny du Tremblay, et laissa une fille, Jeanne de Marry, qui porta La Bussière à noble Imbert de Paris (gentilhomme de la Chambre du roi), chevalier, seigneur d'Artay et de Bonneron, l'un des cent gentilshommes de la cour du roi. Ce seigneur donna plusieurs pièces de terre en bourdelage à des hommes serfs, moyennant trente-deux livres tournois de belle-main, une rente annuelle de deux boisseaux de seigle, trois corvées et autant de gelines. Jeanne mourut jeune, laissant trois fils, au nom desquels Imbert reprit de fief, en 1575. Jacques, le puîné, seigneur de La Bussière, de Guerchy et de Charron, épousa Marie Courtois, qui lui donna cinq enfants. Ils se firent le partage de ses biens en 1663.

Edme de Paris, dit de La Bussière, seigneur du lieu, portait : D'azur,à une bande d'or, accostée de deux demivols, alaisée de même, et de deux étoiles d'argent au haut de chaque demi-vol.

Il épousa Bénigne de Courvol, sa cousine, et en eut deux fllles : Marie, femme de François de Burdelot, sieur de Monteuille-lès-Forêts, et Marguerite, mariée, en 1669, à Antoine de Montcorps, seigneur de Chéry.

Jean de Paris, se disant aussi seigneur de La Bussière, en 1703, laissa deux fils, Jean et Robert.

Cette terre passa ensuite à messire Maillard, qui en prit le nom. Il la vit saisir, en 1731, par les officiers de la chambre des comptes de Nevers, pour devoir non fait. On fit vendre ses meubles et son cheval pour fruits en pure perte. Ce seigneur laissa une fille, Catherine, mariée à Étienne Aladane, lieutenant de maréchaussée, auquel elle porta La Bussière. Marie-Claude, issue de cette union, épousa, en 1769, dans la chapelle du château, François de Cullon, chevalier de SaintLouis, sieur de Chavigny. Jean-Baptiste du Gas de Martelay, aussi chevalier de Saint-Louis et gouverneur de Montbrison, se disait en même temps seigneur de La Bussière, â cause de Catherine-Antoinette Desbatisse, sa femme; il mourut au château, en 1778. Cet ancien fief appartient actuellement à la famille Charleuf.

source : Le Morvand, ou Essai géographique, topographique et historique Par l'abbé Jacques François Baudiau.