Remparts

On rapporte que les remparts de la Charité-sur-Loire furent construits en 1364 par ordre du roi Jean.

Les fortifications de la Charité-sur-Loire, et leur état actuel, sont pour beaucoup liées à son histoire et à ses maux. Voici l'histoire de cette ville qui eut à défendre plusieurs causes et la poussa à se nicher au creux de ses remparts.

A l'endroit même où est aujourd'hui située la ville de La Charité, s'élevait autrefois un bourg appelé Sir ou Seyr, dont les habitants se convertirent au christianisme vers le VIIIe siècle. Un seigneur, nommé Rollon, y bâtit un monastère, lequel, après avoir été saccagé par les Sarrazins, fut reconstruit par Pépin, puis renversé de nouveau et abandonné définitivement ; les terres appartenant à l'église d'Auxerre furent inféodées par elle aux comtes de Nevers et de La Marche. A la fin du XIe siècle seulement, le prieuré au pied duquel devait naître la ville fut fondé, avec la permission de l'évêque du diocèse, par un moine de l'ordre de Cluny, nommé Gérard. L'église nouvelle devint bientôt une des succursales les plus importantes de Cluny, et prit à son tour le rang d'église-mère. Grâce aux bénéfices et aux donations que lui attirait sa réputation de sainteté, elle put fonder des abbayes, dont elle choisissait les prieurs, jusqu'en Angleterre, en Portugal, et même en Orient. Ce monastère immense semblait naturellement appelé à être le berceau d'une ville : le pape Pascal II, ayant affranchi les terres dont il était environné, beaucoup de marchands venaient s'y établir, et la charité bien connue des moines y attirait, en outre, une affluence considérable de malheureux. C'est là même, à ce qu'on prétend, l'origine du nom de la ville, et ce qui fait comprendre le signe héraldique des armes du monastère : trois bourses d'or lires et ampadonnées de même sur un champ d'azur.

En 1174, les religieux achetèrent de Guy, comte de Nevers, le fief de La Charité, moyennant cinq cents marcs d'argent, sans compter divers présents offerts à la comtesse. Ils firent le même marché avec deux autres seigneurs, pour avoir le fief entier, et achetèrent leurs droits mille sols à l'un, et cent livres à l'autre. La ville, croissant rapidement, ne tarda pas à se livrer au commerce ; mais les marchands par lesquels elle était fréquentée, venant du Midi au Nord, y déposèrent les germes de l'hérésie des Albigeois. Le mal empira tellement, que l'évêque d'Auxerre, Hugues de Noyers, surnommé le Marteau des hérétiques, y crut sa présence nécessaire ; il accourut en toute hâte, convertit et chassa un grand nombre de sectaires. Sa vigilance ne put toutefois étouffer complètement la contagion, et il appela à La Charité, pour achever son oeuvre, l'archevêque de Sens, Pierre de Corbeil, et les évêques de Nevers et de Meaux. Ces prélats prirent ensemble des mesures énergiques : il fut réglé que toute personne suspecte d'hérésie serait inhabile à la prêtrise.

Remparts à La charite sur loire Nievre

Dans le cours de ce siècle, la paix dont jouissait le couvent fut interrompue deux fois par des dissensions intérieures. Le prieur Guillaume, obéissant aux injonctions de l'abbé de Cluny, voulut contraindre les moines à se libérer de leurs dettes envers les Templiers ; ceux-ci, mécontents, le déposèrent, sous prétexte qu'il était en même temps prieur de Sézannet, et élurent à sa place Geoffroi, fils d'Hervê, comte de Nevers et baron de Donzy. L'abbé de Cluny se rendit sur les lieux afin de rétablir la discipline ; mais les religieux refusèrent de le recevoir, et quand il se présenta aux portes du couvent, il fut attaqué, renversé de son cheval et forcé de se réfugier dans la maison d'un bourgeois. Le nouvel abbé, s'enfermant alors dans le monastère, invoqua l'assistance du comte de Nevers, et fit fermer les portes de la ville pour que l'abbé de Cluny ne pût en sortir. Celui-ci lança vainement l'interdit contre les moines ; vainement le chapitre général de l'ordre, accouru à son aide, demanda qu'on l'admît dans la ville : l'intervention même du pape Innocent III ne put ramener les rebelles. Enfin, Philippe-Auguste ayant ordonné trois fois au comte de Nevers de marcher sur La Charité et de soumettre les moines par la force, Hervé, quoique à contre-coeur, obéit aux ordres de son souverain. Geoffroy, revêtu des habits sacerdotaux, se porta processionnellement au-devant de lui, à la tête de ses religieux. Hervé, dans la crainte de profaner les saints ornements, évita la rencontre du prieur, et, faisant un détour, pénétra avec ses gens dans le monastère par une porte de derrière, qu'il fit enfoncer ; il déposa Geoffroy et réintégra Guillaume Les religieux s'adressèrent au pape, et pour toute réponse en reçurent une bulle où on lit ce passage: « Que par la suite vos vertus éclatent d'autant plus devant les hommes, que vos désordres les ont plus scandalisés. » Jusqu'alors, cependant, la nomination du prieur avait appartenu à l'abbé de Cluny ; la maison-mère lui présenta, depuis, une liste de quatre candidats, parmi lesquels il choisissait le prieur de La Charité (1207).

Quelques années après cette révolte, en 1270, les moines eurent avec l'évêque d'Auxerre, Érard Lesignes, de graves démêlés au sujet de la justice du couvent. La première fois ils obtinrent gain de cause, en réclamant, comme leur bourgeois, un clerc nommé Guillaume d'Orléans, que le prélat poursuivait on ignore pour quel délit. Leur seconde tentative fut moins heureuse : il s'agissait d'une femme suspecte d'hérésie, que l'évêque voulait interroger et dont les moines refusaient de se dessaisir, comme ayant seuls toute juridiction sur elle. L'archevêque de Sens et l'abbé de Cluny intervinrent: il fut décidé que la femme serait livrée au prélat, auquel un moine de La Charité demanderait à genoux pardon, au nom de tous ses confrères, en le suppliant de lever l'interdit jeté sur le couvent ; que les morts inhumés pendant tout le temps de ces défenses seraient déterrés ; que l'évêque leur donnerait l'absolution, et que leurs cercueils resteraient exposés à l'air, durant le sermon et l'office dits à leur intention dans l'église de Saint-Pierre. Le traité fut exécuté de point en point (1278).

Malgré cet exemple de soumission à la discipline religieuse, le prieur de La Charité n'en avait pas moins droit de justice sur les bourgeois, ses vassaux, du moins dans les affaires criminelles ; droit qui, d'ailleurs, lui fut reconnu par le bailli même de Saint-Pierre-le-Moûtier. Quant aux affaires civiles, elles étaient du ressort du prévôt. Ce prévôt, dont la puissance égalait celle du prieur, contrôlait encore les deniers communs, et nulle somme n'en pouvait être distraite sans son consentement. Il est impossible de préciser l'époque à laquelle La Charité eut une commune : on sait seulement que la charte d'affranchissement est antérieure à l'année 1213, puisque la garde de la ville appartenait alors aux bourgeois, et que ni le comte de Nevers ni le prieur ne jouissaient du privilège d'y introduire des hommes d'armes. Les bourgeois, en outre, nommaient des échevins et percevaient le péage par terre et par eau. En 1259, ils se liguèrent avec le comte Eudes de Nevers, qui élevait des prétentions sur la juridiction de La Charité et qui leur avait promis de les affranchir, preuve qu'ils n'étaient pas encore complètement libres. Il s'ensuivit, entre le prieur et le comte, un conflit que le roi de France, auquel en avaient appelé les moines, termina en prenant la ville sous sa dépendance immédiate ; le comte Eudes n'en eut que la garde. Les bourgeois, plus d'un siècle après ce conflit, eurent un autre démêlé avec le prieur, au sujet d'un procès pendant à la prévôté de Sancoins, dans lequel étaient mêlés les intérêts de la ville et du couvent. Le prieur refusait aux habitants la permission de se réunir pour se concerter ; ils s'adressèrent à Charles VI, qui, par lettres patentes, enjoignit au prieur de leur permettre de se rassembler, « toutefois que besoin le seroit; » en cas de refus de sa part, le bailli de Saint-Pierre devait accorder cette permission et présider lui-même cette assemblée. Les bourgeois purent alors activer le procès : la sentence rendue régla définitivement leurs rapports avec le prieur, et agrandit les libertés communales ; elle leur garantit le droit de se rassembler sans permission aucune, et quand bon leur semblerait (1419).

Après la bataille de Poitiers, Charles V, alors Dauphin, ordonna aux religieux de mettre La Charité à l'abri d'un coup de main, en réparant les fortifications de la ville et du château. Les soldats du roi de Navarre surprirent néanmoins la place, dans la nuit du 18 octobre 1364, et en firent le centre de leurs opérations contre le pays d'alentour. Charles V envoya contre eux son frère, Philippe-le-Hardi, à la tête de vingt-cinq mille lances ; celui-ci les ayant réduits à capituler, fit démanteler la ville, pour la punir d'avoir trafiqué avec les Navarrais ; et ce ne fut que sous le règne suivant que le bailli de Saint-Pierre-le-Moûtier permit aux bourgeois de relever leurs remparts. En 1410, Charles VI allant assiéger Bourges, en compagnie de Jean, duc de Bourgogne, traversa La Charité avec une armée de cent mille hommes. Après l'assassinat de Montercau (1419), les fortifications nouvellement construites de La Charité tentèrent les Bourguignons ; ils parvinrent à s'introduire dans la place, et en confièrent le commandement à Périnet Grasset, seigneur de Lamothe-Josserand, lequel se mit aussitôt à rançonner les habitants et surtout les moines de l'abbaye. Le prieur le fit excommunier par le pape, mais le gouverneur n'en tint aucun compte ; il ne céda qu'en 1421 aux armes du Dauphin, et reprit même bientôt possession de la ville, à l'approche du roi d'Angleterre, Henri V, dont les troupes étaient supérieures en nombre. Périnet, pour la seconde fois maître de La Charité, refusa de livrer la place à la comtesse de Bourgogne, sa suzeraine. Ni le duc d'Albret, en 1429, ni Charles VII lui-même avec l'appui de Jeanne d'Arc, en 1430, ne purent le contraindre à l'évacuer. Le roi, à qui le traité d'Arras en avait assuré la possession, l'en nomma gouverneur perpétuel ; il l'y assiégea vainement en 1440, et pour l'en faire sortir, se vit enfin obligé de lui donner sept mille huit cents livres.

Les habitants de La Charité eurent beaucoup à souffrir des guerres de religion. Un grand désastre ouvrit, pour ainsi dire, cette ère de calamités. En 1559, un incendie s'étant déclaré dans le dortoir des novices, se communiqua au prieuré, et de là se répandit sur la ville : la nef de l'église, les grands et les petits cloîtres, l'habitation des officiers du monastère, et deux cents maisons de La Charité, devinrent la proie des flammes. Au milieu des ravages de l'incendie, on entendit s'élever des chants religieux en langue vulgaire : c'étaient les calvinistes qui, déjà nombreux dans la ville, assistaient à la destruction du prieuré en chantant les psaumes de Clément Marot. Après la découverte de la conjuration d'Amboise, des huguenots étrangers vinrent demander un asile à leurs frères de cette cité, qui allait devenir une des places fortes du protestantisme. D'abord les calvinistes de La Charité vécurent en bonne intelligence avec les catholiques Lorsque les deux partis crurent la commune existence menacée par la guerre, ils s'entendirent même pour confier le commandement de la ville à Amédée de Laporte d'Yssertieux et à Jaucourt de Deux-Lyons, gentilshommes protestants du Berry, en prenant toutefois la précaution de leur adjoindre quelques gentilshommes catholiques du Nivernais. Ensuite, protestants et catholiques députèrent vers Charles IX un bourgeois nommé Lejay, afin de le prévenir que leur intention, à tous, était de maintenir chez eux la liberté des cultes Lejay, au lieu de voir le roi, se rendit chez de Mouy, officier de l'amiral de Coligny, auquel il proposa de livrer la place. L'offre fut acceptée par de Mouy, qui s'empara de La Charité pendant que les catholiques étaient à la messe ; mais il ne put empêcher ses soldats de saccager les églises et les couvents (1561). Les gentilshommes catholiques voulurent prendre leur revanche ; leur tentative échoua, grâce à la vigilance d'Yssertieux : ils allèrent alors se joindre au seigneur de Castres, dont les troupes ne montaient pas à moins de quatre mille cinq cents hommes, et revinrent investir La Charité. Les assiégés étaient sur le point de signer avec eux une capitulation honorable, lorsque les soldats catholiques, désobéissant à leurs chefs, enfoncèrent les portes et firent irruption dans les rues. Les habitants se sauvèrent, les uns en escaladant les murs, les autres en franchissant la Loire à la nage. Bientôt arriva le maréchal de Lafayette, gouverneur du Nivernais ; loin de calmer l'effervescence, il ordonna une procession publique, à laquelle tous les habitants durent assister, sous peine de la potence, et il fit en outre piller les maisons suspectes.

Remparts à La charite sur loire Nievre

Quand le maréchal de Lafayette eut quitté La Charité, la ville passa successivement entre les mains de deux gouverneurs qui rançonnèrent impitoyablement les calvinistes. Ceux-ci ne tardèrent point à entrer en communication avec leurs coreligionnaires retirés à Entrains, ville du Donziois et refuge général des huguenots de la province. Dans la nuit du 2 mars 1563, de Mérille, leur chef, pénétra dans la place par escalade, et usa de représailles envers les catholiques. A cette nouvelle, les troupes du duc de Guise, empruntant des renforts aux garnisons de Nevers, de Cosne, d'Auxerre, de Gien et de Bourges, accoururent sous le commandement du duc de Châtillon. Mais de Mérille, avec soixante sept hommes seulement, résista aux trois mille soldats des assiégeants, jusqu'à ce que Châtillon, rappelé en Normandie pour joindre ses troupes à celles du roi, se vit forcé de lever le siége. Ce ne fut qu'après le traité d'Amboise, que, La Charité étant rendue au roi, les religieux reprirent possession de l'abbaye.

De nouvelles calamités vinrent encore fondre sur les malheureux habitants de La Charité. La paix de Longjumeau n'avait fait que suspendre pendant quelque temps la guerre civile. En 1568, le prince Wolfrang de Bavière envahit le Nivernais, à la tête de vingt mille lansquenets, et, avec l'aide des calvinistes, réussit aisément à surprendre la ville. Les Allemands s'y portèrent à toute sorte d'excès envers les catholiques, sans distinction d'âge ni de sexe : ceux-ci, liés par douzaines à des perches et précipités dans la Loire y trouvèrent la mort : d'autres, plus malheureux encore, furent écorchés ou enterrés tout vivants ; les religieux du prieuré périrent tous par le fer ou par la faim ; bref, le pillage, l'incendie, le meurtre, ne cessèrent que lorsqu'il n'y eut plus rien à enlever dans la ville ni personne à tuer. Le maréchal Anne de Sanzac, envoyé par le duc d'Anjou, voulut reprendre une position si importante ; le 6 juillet 1569, il arriva sous les murs de la ville avec sept mille fantassins, quinze cents chevaux et quinze pièces de canon. Dès que la brèche fut praticable, il s'y précipita ; mais repoussé avec perte, il perdit dans cet assaut ses plus braves officiers. Un mois après, il fut contraint de se retirer devant des renforts conduits par Blosset et que grossirent encore des réfugiés d'Orléans. La Charité devint alors un lieu de ralliement pour les calvinistes, qui faisaient chaque jour des sorties et répandaient au loin la terreur dans toute la province. C'était, après La Rochelle, une de leurs plus fortes places de sûreté: elle leur fut cédée, pour deux ans, par le traité de Saint-Germain (août 1569).

Sur la foi de ce même traité, Louis de Gonzague, escorté d'une troupe d'Italiens, entra, le lendemain de la Saint-Barthélemy, dans la ville de La Charité et y vengea, sur les protestants, le dernier massacre des catholiques. La place resta entre les mains du roi jusqu'en 1575 ; elle fut, à cette époque, livrée aux calvinistes, en vertu de la trêve du 22 novembre ; enfin la paix de Monsieur la fit tomber au pouvoir du duc d'Anjou (1576). Le duc avait confié la garde de La Charité à un calviniste, Jacques de Morogues ; celui-ci eut recours à ses coreligionnaires de Sancerre et désarma les catholiques. Il soutint ensuite un siége contre Monsieur, qui, au mois d'avril 1577, investit la ville avec une armée de vingt mille hommes. Au bout d'un mois Jacques de Morogues demanda à capituler et obtint des conditions favorables : il sortit de La Charité l'épée au côté, tandis que le duc d'Anjou y pénétrait par l'ouverture dont on a fait depuis la porte de la Brèche. Le duc de Nevers, auquel le prince laissa le commandement de la place, y établit pour gouverneur un gentilhomme du nom de Doys, lequel fut chassé par son lieutenant. Ce dernier se mit aussitôt à rançonner indifféremment les protestants et les papistes ; mais un bourgeois catholique, appelé Robelin, eut la hardiesse de le saisir à la gorge, au milieu même des siens, et le conduisit en prison, menaçant de l'étouffer s'il se refusait à le suivre. La Charité fut encore inquiétée par les soldats du duc de Nevers et les arquebusiers d'un sieur de Saint-Aubin ; les uns battirent forcément en retraite, sans avoir pu commettre aucun dégât ; les autres furent taillés en pièces par le régiment du duc de Rochefort (1587). A la mort de Henri de Guise, les Charitois ayant embrassé le parti de la Ligue, se contentèrent d'expulser leur gouverneur, « homme de bien, mais plus propre à dire son chapelet qu'à manier l'épée, » et qui avait voulu donner passage aux troupes du roi de Navarre (1588). La lutte religieuse prit bientôt fin dans leur ville ; les bourgeois purent sans crainte vaquer à leurs affaires et renouer leurs opérations commerciales.

La réaction contre les idées de la réforme ne se manifesta que par l'érection de plusieurs couvents ; quant au prieuré, il recouvra, sinon son ancienne puissance, du moins son ancienne richesse. Les noms les plus brillants des XVIIe et XVIIIe siècles figurent sur la liste de ses derniers prieurs : nous y trouvons un Richelieu, deux Colbert, un Lakur d'Auvergne, un Larochefoucauld, et en dernier lieu l'abbé, depuis cardinal de Bernis.

Louis XIII passa deux fois à La Charité, accompagné du cardinal de Richelieu (1612-1630). Pendant la Fronde, Bussy-Rabutin, dont on connaît les façons cavalières et bravaches, voulut y loger ses troupes chez les habitants, en dépit des franchises municipales. Les échevins s'y refusèrent et firent prendre les armes au peuple ; mais effrayés bientôt des menaces et des apprêts militaires de Bussy, ils demandèrent à composer. L'auteur de l'Histoire amoureuse des Gaules, singeant Édouard III d'Angleterre, consentit à pardonner sous la condition que six bourgeois lui seraient livrés pour être pendus ; six bourgeois, en effet, se dévouèrent, mais il leur pardonna gracieusement. Cette clémence, préparée sans doute, lui réussit d'ailleurs à merveille, ses troupes furent accablées de cadeaux, et il reçut, en outre, cinq cents pistoles pour ses officiers et deux mille livres pour l'aider à faire le siége de Montrond ; plus, dix mille boisseaux de blé et vingt mille rations de pain qu'il envoya à l'armée du roi (1652).

A ce curieux épisode se termine l'histoire de La Charité. Il ne reste plus actuellement d'une ville, dont l'importance et la célébrité ont été si grandes, que de vieux murs et de vieux monuments : les remparts , qui chaque jour tombent en ruines, sont encore beaux à voir, entourés de tours rondes échancrées par le lierre. Quant à la cathédrale, fondée au VIe siècle par le premier prieur du monastère et consacrée, au XIIe, par le pape Pascal II, c'est encore un des chefs d'oeuvre de l'architecture religieuse en France. Elle devait être immense et divisée en cinq nefs, puisqu'elle a encore cinq portes, dont quatre byzantines, ornées de bas-reliefs comparables à tout ce que l'art byzantin offre de plus remarquable ; sa forme est celle d'une croix latine que terminent cinq absides entourant le choeur: les ornements et les chapiteaux des colonnes appartiennent au style roman.

La Charité, dont la population s'élève à près de 6,000 âmes, fait aujourd'hui partie de l'arrondissement de Cosne. Bâtie sur une colline en amphithéâtre, cette place dominait la plaine du côté des terres par ses murailles, et pouvait d'un autre côté intercepter la navigation de la Loire, au moyen de ses deux ponts que rattachait l'un à l'autre une lie fortifiée et sise au milieu du fleuve. La ville est aujourd'hui entourée de forges, auxquelles elle sert d'entrepôt ; il s'y vend beaucoup de fourrages et de grains. Nous citerons parmi les hommes célèbres que La Charité a vu naître, Macer ou Mathieu, moine du XVe siècle, qui a traduit la Bible entière en vers français ; Bertrand de Chasnay, théologien, auteur d'un livre intitulé : la Sainte Curiosité ; le général Lespinasse, dont le nom est glorieusement inscrit dans les fastes de la Révolution et de l'Empire ; et M. Hyde de Neuville, ministre de la marine sous la Restauration.

Source : Histoire des villes de France par Aristide Matthieu Guilbert 1845.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 95541
  • item : Remparts
  • Localisation :
    • Bourgogne
    • Nièvre
    • La Charité-sur-Loire
  • Code INSEE commune : 58059
  • Code postal de la commune : 58400
  • Ordre dans la liste : 18
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • fort
    • ensemble fortifié
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 14e siècle
    • 4e quart 14e siècle
  • Date de protection : 1937/11/17 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/26

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • enceinte
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Remparts (restes) : classement par arrêté du 17 novembre 1937
  • Référence Mérimée : PA00112841

photo : Pascal-Jean Rebillat photographies

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