Cathédrale Saint-Etienne

Coup-d'œil Général.

Tout d'abord nous aimons à citer les belles paroles prononcées, par M. le chevalier Bard, dans la séance du congrès archéologique tenu à Metz en 1846.

« Il ne faut chercher, à la Cathédrale de Metz, ni le Munster de Strasbourg et les clochers de Chartres, ni la façade et le peuple de statues de Notre-Dame de Reims. Elle n'a pas l'inimitable harmonie, la majestueuse ampleur de la nef d'Amiens, l'énergique appareil et le rond-point ascensionnel de Notre-Dame de Rouen, la féerique splendeur de Saint-Ouen de la même ville, l'unité, les cinq nefs, l'aspect liturgique la structure théologique et savante de Saint-Étienne de Bourges, et cependant elle est au-dessus de tous ces monuments-rois par l'effet qu'elle produit.

» ... Quel vaste et imposant vaisseau ! quelle architecture inspirée ! , quelles hardies et sages combinaisons d'ombre et de lumière, de perspectives et de lointains ! quelle sublime traduction d'une sublime et sainte pensée! Œuvre complète où le faire du quatorzième siècle prédomine, où celui du quinzième se montre, mais chaste, sobre..., la Cathédrale de Metz présente un plan régulier et le plus somptueux appareil de verrières peintes connu, dans ses croisillons. »

« L'intérieur de la Cathédrale de Metz, dit aussi l'abbé Bourassé dans son Dictionnaire archéologique (art. cathédrale), produit un effet admirable par ses grandes et belles proportions. La grande nef doit être comptée au nombre des plus célèbres vaisseaux de France ; son étendue, la prodigieuse hauteur des voûtes, l'espacement des piliers, la richesse des fenêtres, la délicatesse et la variété de la décoration, tout se réunit pour en former un tout plein de distinction. Les chapelles absidales, les grandes ouvertures du rond-point relèvent encore les beautés architecturales par leur ordonnance symétrique et par leur perspective pittoresque. Ajoutons à cela d'étincelantes verrières peintes, bien conservées, dans la partie supérieure de l'église, et l'on pourra concevoir une idée de la magnificence de cette cathédrale. »

Ces témoignages, quelque flatteurs qu'ils soient, ne nous surprendront point, après un examen attentif de la vaste et auguste basilique.

En effet, l'église Saint-Étienne de Metz (voir Bourassé, ibid.) ne compte pas moins de 120m,30 de longueur, de 30m,66 de largeur, et de 44m,33 de hauteur. Le transept, d'une longueur totale de 47m,72 et d'une largeur de 16m,30, a la même hauteur que la nef. Tout l'édifice, en forme de croix latine, est soutenu par 34 piliers d'environ 3 mètres de diamètre. Outre le rang de fenêtres qui se trouvent dans les collatéraux, la nef se trouve percée de deux autres rangs. Le premier est composé de quatre fenêtres entre chaque pilier. Au-dessus de ce premier rang est une espèce de frise, sur laquelle sont posées d'autres plus grandes fenêtres qui s'élèvent jusqu'à la voûte.

Mais sans nous arrêter davantage à tous ces détails qui nous éloigneraient de notre but, demandons-nous maintenant comment se sont formées ces merveilles, quels hommes, quels siècles ont élevé ce monument qui, malgré la trop profonde obscurité où l'histoire l'a laissé, a déjà plus d'une fois excité l'admiration des plus savants connaisseurs.

Plan des alentours de la cathédrale de Metz

Précis de l'histoire de l'église Saint-Etienne de Metz

L'église actuelle est la troisième qui se soit vue à l'endroit qu'elle occupe.

Outre la tradition qui nous assure le fait, saint Grégoire de Tours rapporte qu'un premier oratoire, situé dans l'emplacement du chœur actuel, fut bâti par saint Clément, premier évêque de Metz, et dédié à saint Etienne, premier martyr. Il aurait été miraculeusement conservé lors du sac et de l'incendie de Metz, par Attila (451), et, d'après Paul, diacre, il subsistait encore dans sa première forme , au milieu du huitième siècle. C'est alors que Chrodegand, grâce à la munificence de Pépin-le-Bref, reconstruisit le chœur sur de plus larges proportions, l'environna de collatéraux et le fit précéder d'une nef assez semblable à un portique.

Au commencement du neuvième siècle, Charlemagne l'ornait lui-même de deux belles tours. Telle était la seconde des trois églises que nous avons mentionnées. Les religieux Bénédictins en font foi. « Quant à la nef à laquelle on n'avait pas touché, ajoutent-ils, l'évêque Thierry II (1014) la fit démolir et jeta les fondements de celle qui existe encore de nos jours. » Thierry II est donc le premier fondateur de la Cathédrale actuelle.

Mais le pieux évêque ne put réaliser son vaste projet : il mourait le 30 avril de l'année 1046.

Après lui, Etienne de Bar et Théodoric III (1120-1171), durent ébaucher les petites nefs de l'édifice, et poser, comme base de la grande nef, des colonnes, des arceaux qu'on aura modifiés ou plutôt démolis au moment des constructions du quatorzième siècle.

Les malheurs et les troubles civils qui suivirent la mort d'Etienne et de Théodoric ou Thierry III interrompirent encore les travaux pendant plus d'un siècle et demi (1171-1327). C'est du moins ce que l'on est admis à conclure de l'état des lieux.

Près de la Cathédrale, une église fraîchement rebâtie avait pris le nom de Notre-Dame de la Ronde. C'était, dit encore la tradition, un ancien sanctuaire dédié à sainte Marie, par le roi Dagobert. On venait de l'agrandir et, dans la suite, il devait être réuni à la Cathédrale même, de façon à n'en plus être qu'une chapelle latérale. Mais nous y reviendrons plus loin.

En 1327 est promu à l'évêché de Metz, Adhémar de Monteil. Malgré les guerres et les difficultés du moment, à peine ce prélat est-il installé sur son siège, qu'il songe à continuer son église cathédrale.

Bientôt il adresse à cette fin « une ample despeche aux paroisses, églises et monastères de son diocèse, » et il en reçoit des sommes considérables.

Il put, dès l'an 1330, reprendre les travaux. Aidé de maître Adam Pollet, le seul dont l'histoire nous ait conservé le nom, il aurait conduit les bas-côtés de l'église « jusqu'à l'endroit où se terminent les deux tours, » enfin ajouté « à six piliers déjà existants, quatre nouveaux piliers » (v. Bégin) vis-à-vis de cette chapelle dont il est le premier fondateur : la chapelle des évêques.

Ces quatre piliers, comme on peut le remarquer, sont plus forts que les précédents. Sans être notablement plus ouvragés dans leurs chapiteaux, ils reposent sur une base moins simple. Ils étaient sans doute destinés à supporter les grandes tours.

Alors fut achevé ce qui forma, à vrai dire, les deux nefs collatérales. Ces nefs si basses, comparées à la grande, sept croisées ogivales les éclairaient, trois à droite, à partir de l'angle de la croix latine, et quatre à gauche, de l'autre côté de la même croix.

La Cathédrale commençait donc à se dessiner plus grandiose et plus digne.

Toutefois, à la mort d'Adhémar (1361), il s'en fallait beaucoup encore qu'elle présentât les vastes proportions que nous lui voyons aujourd'hui.

Non-seulement l'église Notre-Dame la Ronde, par son emplacement même au bas de la Cathédrale qu'elle coupait perpendiculairement à son axe, semblait vouloir l'empêcher de s'étendre de ce côté, mais l'étroite « ruelle du Beffroy ou aux Sonneurs » séparait toujours les deux édifices auxquels les fidèles arrivaient par les escaliers de la place « de Chambre. »

Rien non plus n'était changé au chœur carlovingien ; seulement une galerie ressemblant assez à une claire-voie et que nous appelons aujourd'hui triforium, commençait à paraître dans le nouvel ouvrage (fin du quatorzième siècle).

Un grand architecte, Pierre Perral qui, suivant l'usage de ses contemporains, ne portait-que le titre aujourd'hui si modeste de maître-maçon, sut comprendre ce qui manquait au couronnement de l'œuvre et réalisa le plan, conçu peut-être avant lui, d'enclaver l'église Notre-Dame la Ronde dans la Cathédrale. Quand il eut fermé, à la hauteur de 42 mètres, la large nef centrale, amené jusqu'au comble supérieur les deux grands clochers, il conduisit tout l'ouvrage jusqu'au grand portail actuel, et ne conserva de l'ancien sanctuaire de Marie que le chœur, les quatre piliers monocylindriques et l'élégant portail. Ce fut de même sous sa direction que l'on vit s'élever, non-seulement les hautes verrières de la nef, les quatre portails latéraux, aujourd'hui presque complètement mutilés, mais encore la grande fenêtre-rosace qui termine et embellit la clôture occidentale.

Une chose non moins digne de remarque, c'est la promptitude avec laquelle s'exécutèrent ces magnifiques travaux. Tous devaient être à peu près terminés pour l'année 1392 ; car nous savons que les vitraux de la fenêtre-rose et des premiers panneaux de la nef sont l'œuvre du peintre verrier Hermann, de Munster, mort à cette époque.

En 1400, mourait Pierre Perrat, laissant à Thierry, de Sierck, son successeur et son élève, le soin de revoir les détails d'un monument qu'il n'avait pu qu'élever à peine.

Quelques années plus tard (1415), le seigneur Conrad de Boppart montait sur le siège épiscopal et reprenait en sous-œuvre les travaux faits à la chapelle des évêques (Sacré-Cœur). « Conrad, dit Meurisse, fit faire la voûte, les vitres, l'autel et le pavé, et donna manuellement une grande somme de deniers aux chanoines de Saint Thiébault, pour y faire tous les jours et à tout jamais le service divin. »

Les travaux de perfectionnement et d'ornementation avaient cessé à la Cathédrale depuis 1443 ; ils recommençaient à peine en 1468, quand, par une imprudence de l'architecte Henri de Ranconval, qui travaillait à consolider la galerie du toit, l'édifice tout entier faillit devenir la proie des flammes. Les ravages causés par l'incendie furent considérables. On en fut toutefois quitte pour « six cents florins d'or, » et Jean de Ranconval, fils du précédent, put lui-même, dans les années 1478-1483, faire sortir du grand clocher, comme d'un tronc plein de sève, des branches nombreuses, le faîte et la flèche à jour qui le surmonte.

Après cela, des raisons politiques et religieuses, l'argent faisant défaut d'ailleurs, obligèrent de rechef de cesser absolument les travaux. Déjà même l'année 1480 était près de finir, et le chapitre et l'évêque Henri de Lorraine-Vaudémont ne paraissaient point encore vouloir s'occuper d'achever leur église.

Alors un vertueux chanoine, Jacques d'Insming, essaya de l'entreprendre à ses frais, et fit jeter les fondements du nouveau sanctuaire (le chœur actuel), dans l'emplacement même des « deux haultes rondes tornelles d'un côté et d'aultre du grand cuer, lesquelles le roi Charlemagne y avait heu fait faire. »

Mais les difficultés à vaincre pour établir les fondations étaient énormes, et ce ne fut qu'au mois de septembre de l'année 1497 que l'on put abattre une des tours de Charlemagne, pour « acomencier de faire une bouttée » contre l'ouvrage du chœur de Notre-Dame la Tierce que faisait faire le pieux chanoine Jacques d'Insming.

Le chapitre cependant commençait à voir avec quelque peine son église demeurer imparfaite. Des délibérations ayant été prises « environ le mois d'apvril 1498, » il fut décidé qu'on bâtirait le côté droit du transept, sous le nom qu'il a perdu de la chapelle Saint-Nicolas, dans un système d'architecture semblable à celui de la chapelle de la Vierge, que construisait Jacques d'Insming. Puis, le 9 août 1503, il fut définitivement arrêté qu'on reprendrait les travaux du chœur pour ne les plus interrompre jusqu'à ce qu'ils fussent entièrement terminés.

En conséquence, l'évêque en tête, chacun se cotisa. « Notre bon prélat, dit ici l'évêque de Madaure, voulut surpasser la piété et la libéralité non-seulement des particuliers, mais même de tout le corps, faisant deliurer par chacun an pour ceste fabrique la somme de cinq cents florins d'or de Rhin, à partir de la fête de Pasque (1500). »

La cotisation des membres du chapitre répondit en certaines proportions à celle de leur évêque. On retira du chœur la grande couronne donnée, croyait-on, par Théodoric III, et les ouvriers purent se mettre incontinent à l'œuvre.

L'histoire mentionne aussi que l'évêque Henri, quelques mois à peine avant sa mort, (1505), ayant engagé fortement tous les fidèles de son diocèse à contribuer de leur côté, par des aumônes ou des restitutions à l'achèvement de l'église Cathédrale, son appel avait été couronné d'un plein succès.

Néanmoins cette entreprise ne fut achevée que plusieurs années après, sous le jeune successeur de l'évêque Henri, Jean de Lorraine, dont les revenus contribuèrent le plus à l'achèvement du chœur.

En 1546, tout était enfin terminé pour la consécration : au-dessus d'une vaste crypte s'élançait une abside en rapport avec la magnifique nef élevée par Pierre Perrat ; des stalles et un jubé splendides complétaient la décoration du chœur au fond duquel on avait élevé un second maître-autel en forme de grand tabernacle. « Le 24e de may de ceste année, dit Meurisse, l'auguste et superbe bâtiment du temple de Saint-Étienne ayant reçu sa dernière perfection, fut béni et réconcilié avec grandes cérémonies et célébrité. »

L'église Cathédrale Saint-Etienne de Metz fut donc consacrée en 1546. Les croix liturgiques peintes sur les murs de l'édifice et retrouvées, il y à peu d'années, sous le badigeon, notamment dans le transept, attestent encore cette dernière consécration.

Incendie de la Cathedrale de Metz. Dimanche 6 mai 1877. Empereur Guillaume présent. Feu d'artifice en son honneur : dessin Hubert Clerget

Incendie de la Cathedrale de Metz. Dimanche 6 mai 1877. Empereur Guillaume présent. Feu d'artifice en son honneur : dessin Hubert Clerget

La Cathédrale dans ses détails

Chapelles

Nous parlerons surtout des deux principales, les seules d'ailleurs qui, à proprement parler, aient une histoire.

Chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmet

D'après les dernières recherches sur l'origine de Notre-Dame la Ronde on est fondé à croire que ce sanctuaire est le plus ancien de ceux qui furent érigés dans le diocèse à l'auguste Mère de Dieu. Près de son emplacement existait un temple dédié à Diane. On en constata encore quelques vestiges lorsque, au siècle dernier, les déblais occasionnés par le nivellement de la place d'Armes actuelle, mirent à découvert un pavé en mosaïque et les débris d'une colonnade romaine. L'Eglise des premiers temps usa de prudence pour détruire les superstitions qu'un long usage avait enracinées. Elle laissa subsister les vieilles coutumes, et elle se contenta de les sanctifier en leur donnant un sens chrétien : les pèlerinages à Notre-Dame la Ronde remplacèrent ceux de la Diane ardennaise.

D'après la tradition, l'un de nos plus illustres princes austrasiens, le roi Dagobert, aurait élevé en cet endroit un sanctuaire en l'honneur de Notre-Dame.

Dès le huitième siècle, nous avons, outre la tradition, un monument écrit qui fait mention de cette église. Nous le trouvons dans le chapitre vingt-quatrième de la Règle de saint Chrodegand, qui donne à cette église, pour la desservir, un cellérier et des gardiens ou custodes. Est-ce alors qu'elle échangea son nom de Sainte-Marie contre celui de Notre-Dame la Ronde, ou bien reçut-elle ce dernier vocable seulement après sa réédification au douzième siècle ? M. Abel penche pour ce dernier sentiment.

Ce nom de la Ronde, selon M. Abel, provenait de ce que, en souvenir de la consécration papale dont nous allons parler, les architectes de la nouvelle église avaient donné à la collégiale une forme octogonale en imitation de Notre-Dame la Ronde à Rome, disposition que l'on retrouve encore, par exemple, à Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle, et qui permit d'annexer quatre petites chapelles autour de l'autel central.

En effet, vers le milieu du douzième siècle, sous l'évêque Etienne de Bar, qui venait d'ériger Notre-Dame la Ronde en collégiale de six chanoines, nous voyons qu'une restauration complète de ce sanctuaire eut lieu par les soins de cet évêque. Elle était achevée quand le pape Eugène III vint tenir un concile à Reims, au mois de mars 1148. Adalbéron, archevêque de Trêves, qui gouvernait alors le diocèse de Metz pour Etienne de Bar croisé depuis peu avec Louis VII, ayant prié le souverain Pontife de consacrer la nouvelle église, Sa Sainteté le fit, assisté de dix-huit cardinaux, du métropolitain de Trêves, d'Adalbéron de Verdun, d'Amédée de Lausanne et d'Harluin de Genève.

Dès lors cette chapelle acquit une singulière importance, et la sainte Vierge y devint l'objet d'une vénération toute spéciale. On vit même les souverains y venir faire leurs dévotions à Notre-Dame. « En 1470, Philippe de Savoie vint ouyr messe deuant Nostre-Dame la Ronde » et trois années plus tard, l'empereur Maximilien « y fist chanter une haulte messe. »

Nous avons vu comment cette église a été incorporée à notre Cathédrale.

Il nous reste à dire un mot sur son architecture. Plusieurs siècles paraissent en présence dans cette chapelle et ce qui l'environne. Quatre piliers ronds et quelques arcs en ogive annoncent assez l'époque de transition du douzième au treizième siècle ; la fin du treizième se présente avec ses hautes fenêtres ogivales géminées et à rosaces terminales inscrites ; le style ogival rayonnant fait distinguer bien clairement la seconde moitié du quatorzième.

La chapelle du Sacré-Cœur

La chapelle du Sacré-Cœur, appelée autrefois du Saint-Sacrement, et, plus anciennement encore, des Évêques, se trouve un peu plus loin, du même côté que celle du Mont-Carmel.

Moins svelte et moins imposante que la première, elle n'en est pas moins sa digne sœur par la hardiesse de ses fenêtres, l'élégance et la pureté de son architecture.

Son premier fondateur, Adhémar de Monteil (1327), n'en exécuta que l'ensemble.

Ce fut l'évêque Conrad Bayer de Boppart qui en acheva la construction. Sous son impulsion, bientôt la voûte fut suspendue, l'autel s'éleva, et, en avril 1443, Jean Isambert, son suffragant, put faire la consécration de cette chapelle.

Les chanoines de Saint-Thiébault, nous l'avons déjà dit, avaient reçu de l'évêque Conrad une grande somme pour y faire à tout jamais le service divin.

Les tombeaux d'Adhémar et de Conrad étaient à droite et à gauche de l'entrée ; les prélats y étaient représentés couchés sur leurs tombeaux. Contre la table de communion, à gauche, était un troisième tombeau, celui de Meurisse ; l'illustre suffragant s'y tenait debout dans l'attitude de la prédication.

Au milieu des troubles de la révolution française, cette chapelle fut souillée, ses tombeaux profanés, et ses revenus confisqués, et elle dut attendre plus d'un demi-siècle avant de recouvrer quelque chose de son ancienne splendeur.

Les diverses autres chapelles, jadis érigées dans la Cathédrale, n'ayant conservé qu'une bien faible importance, nous ne ferons que rappeler ici celles du transept et du chevet.

Dans le croisillon septentrional du transept se trouvait autrefois la chapelle de Notre-Dame la Tierce, due à la générosité du chanoine Jacques d'Insming, qui l'avait fait commencer vers l'année 1486. Elle fut enrichie par les bienfaits des deux évêques Bertrand et Georges de Bade qui, en retour, obtinrent l'honneur d'y être inhumés. Dans le croisillon opposé on voyait la chapelle Saint-Nicolas, aujourd'hui Saint-Joseph. L'abside était couronnée de trois autres chapelles qui existent encore aujourd'hui, mais sous des vocables nouveaux, à savoir : « celle de l'Assomption, » appelée encore « du cardinal de Givry, » du nom de l'évêque de Metz qui l'avait choisie pour sa sépulture ; celle de « Saint-Jean-Baptiste, » aujourd'hui « Sainte-Agathe, » et celle de la Présentation de Notre-Dame, nommée autrefois chapelle « de Saint-Paul » et aujourd'hui « de Saint-Sébastien. »

Clochers

Les tours qui renferment les cloches sont au nombre de trois : la tour dite de Multe ou tour de la ville, la tour du chapitre et la tourelle de l'horloge. Deux autres tourelles flanquent l'abside et servent à gagner les combles. On monte à la tour de Multe par une porte latérale qui s'ouvre extérieurement, à gauche de l'entrée ordinaire, du côté de la place d'Armes.

La tour située du côté de la nouvelle place d'Armes, disent les Bénédictins, appartient à la ville. On compte trois cent quatre-vingt-deux marches (88m,70) depuis le rez-de-chaussée jusqu'au haut de la flèche qui est sculptée et percée à jour.

Elle est, on le sait déjà, l'œuvre de deux architectes célèbres, Pierre Perrat et Jean de Ranconval : le premier, au quatorzième siècle, l'avait conduite ainsi que celle du côté opposé, jusqu'au niveau de la galerie du grand comble ; et le second, au quinzième, la surmonta de sa belle flèche transparente.

De l'autre côté se trouve la seconde tour, désignée sous le nom de tour du chapitre. Elle fut pendant longtemps appelée le clocher de bois, tout simplement parce qu'elle était terminée par une surélévation en bois. Elle s'ouvre à l'intérieur de l'église, près de l'ancien portail Saint-Etienne, d'où un escalier de deux cent quatre-vingt-douze marches conduit à la plate-forme actuelle.

Cette plate-forme ne fut achevée qu'en 1844.

Entre le sanctuaire de Notre-Dame la Ronde et le grand portail, près de la statue de Notre-Dame de Pitié, s'ouvre une troisième tour appelée la tourelle de l'horloge. Quoique le chiffre 1690, qu'elle porte gravé au-dessus du cadran, montre qu'elle est de beaucoup postérieure au reste du monument, elle offre cependant une architecture assez peu différente de celle des deux autres tourelles dites de Charlemagne et de la Boule d'Or, qui furent élevées au seizième siècle.

Ajoutons quelques détails sur les cloches. Primitivement il n'y avait à la Cathédrale qu'une sonnerie, la sonnerie chapitrale, composée de plusieurs cloches dont la description ne nous est point parvenue.

Au commencement du quatorzième siècle on établit une seconde sonnerie, celle de la ville, et, à la fin du même siècle, une troisième, celle des heures. Enfin il existait, dans l'intérieur de l'église, une quatrième sonnerie destinée à l'annonce des petits offices.

Ces différentes sonneries, modifiées et complétées jusqu'en 1789, sont arrivées jusqu'à nous : celles de la ville et de la tour de l'horloge à peu près intactes ; celles du chapitre, au contraire, réduites à un petit nombre de cloches.

Nous allons décrire d'abord les cloches de la ville. Elles sont au nombre de trois : La Mutte, la Cloche du beffroi et la Cloche de la police.

1° La Mutte (de émeuter, assembler, convoquer). Cette énorme cloche, dont la note distinctive est le sol grave, indifféremment appelée par les chroniqueurs, Bancloche, Cloche du commun, Meulte et Multe, existait déjà au commencement du quatorzième siècle. Refondue une première fois, en 1381, elle fut depuis refondue encore quatre fois, à savoir : en 1427, en 1442, en 1474 et enfin en juillet 1605.

La Mutte porte une double inscription, la première, en grands, caractères, dont nous venons de donner le sens ; la seconde, en caractères moindres, dont voici le texte :

Au-dessus de la croix figurent entre autres les armes de France et de Navarre, celles du duc d'Epernon, celles de la ville.

Sur le bord inférieur, on lit le Salve Regina en entier.

Le diamètre de la Mutte, pris par M. Gousse, fondeur de cloches à Metz, est de 2m,32.

Quant à son poids, d'après les calculs les plus autorisés, il est d'environ 13,000 kilogrammes.

2° La seconde cloche municipale, la Cloche du beffroi, qui pèse environ 2,000 kilogrammes, appartenait jadis à la collégiale de Saint-Thiébault. A l'époque du siège de Metz par Charles-Quint, elle prit place au grand clocher pour y devenir la cloche du beffroi.

3° La Cloche de la police, appelée Mademoiselle de Turmel, du nom de sa marraine, est une petite cloche tout à fait moderne qui a beaucoup d'acuité. On la sonne deux fois le jour pour le balayage, et une fois le soir pour le couvre-feu.

Quelques mots maintenant des cloches du chapitre.

1° Marie (note ré, du poids d'environ 7,800 kilogrammes). La cloche de ce nom tient, depuis le quinzième siècle, le premier rang parmi les cloches chapitrales.

Son inscription actuelle, laquelle porte le chiffre 1665, donne à entendre qu'elle a été refondue bien des fois.

Fusa ticet toties primi taus non périt œris
Pondus ut artt sonum servo nomenque Maria
Me tatent Stephani hœc insignia fundere donant.

2° Catherine (note mi, du poids de 7,000 kilogrammes environ). C'est, comme on l'a dit, une véritable sœur de la précédente ; elle lui ressemble beaucoup, bien qu'elle accuse une date antérieure (1535). Son inscription, presque effacée par le temps, a été reproduite sur le bourdon de la métropole de Paris. La voici :

Ayo Catharina taudo Deum verum ptebem voco cterum congrego defunctos ptoro tempestatem fugo et (esta decoro. Jan. mit. tic xxxv.

Avant la révolution, outre Marie et Catherine, il y avait encore deux grosses cloches, Pontenotte et Barbe, qui donnaient le fa et le sol ; quatre moyennes, Chardaye, Meugnaye, Pomme-Gaudot et Guidon, qui continuaient l'échelle diatonique. Enfin quatre petites : Grosse, Demi Heure, Haute et Claire, donnaient à l'octave les notes mi, fa, sol, la.

A ces douze cloches venait s'ajouter le Bassin d'argent, ainsi appelé de son timbre argentin. C'est la première cloche que la convoitise révolutionnaire mit au creuset. On la sonnait à l'avènement et au décès des évêques.

Les cloches dont se compose la sonnerie de l'horloge n'offrent rien de particulier à noter, sinon qu'elles sont toutes trois du quatorzième siècle.

Vitraux

Nous prenons d'abord les plus anciens. Ce sont les quelques médaillons en style du treizième siècle, conservés dans la chapelle du Mont-Carmel. Ils représentent les douze Apôtres groupés les uns au-dessus des autres, en deux bandes longues et étroites. La sainte Vierge termine l'une de ces bandes, et saint Joseph l'autre.

C'est de la fin du quatorzième siècle que datent les vitraux de la façade occidentale. Parmi ces derniers, ceux de la grande rose et ceux qui commencent la nef du côté de la place de Chambre, sont l'œuvre d'Hermann de Munster. Plusieurs même portent le monogramme (h) de l'artiste verrier.

On doit attribuer aux dernières années du quinzième siècle la grande verrière du côté nord du transept, laquelle renferme, jusqu'aux rosaces, trois galeries de vitraux peints. Dans la galerie inférieure consacrée aux Apôtres, on remarque entre les autres saint Pierre portant une clef ; saint André, avec sa croix transversale ; saint Jacques, avec son bourdon de pèlerin ; enfin saint Paul, avec son épée. La galerie intermédiaire est occupée par les images de différentes saintes, toutes nimbées d'or. Parmi les personnages de la galerie supérieure on a cru reconnaître le vieux chevalier Théobald de Lixheim, le donateur de ces vitraux ; c'est du moins, ce que semble indiquer son nom inscrit seul au-dessous de la seconde galerie. Les derniers vitraux du sommet de l'ogive, où figurent les quatre évangélistes, paraissent être moins anciens que ceux que nous venons de parcourir.

Dans le chœur, au chevet de l'église, nous apparaît saint Etienne, premier martyr et patron de la Cathédrale. A genoux, lapidé par deux bourreaux, le saint diacre remet son âme entre les mains de son Créateur en disant avec le Roi-Prophète: « In manibus tuis sortes meœ » Ce texte, tracé en grands caractères au centre des verrières de l'abside, est d'un effet moral qui saisit.

A gauche, c'est Martin Pinguet, agenouillé devant son saint patron. On lit au-dessous l'inscription suivante :

Martinus Turonensis
Archidiaconus de Vico.

A droite, entre autres sujets, nous signalerons la princesse Renée de Bourbon, avec sa devise: Espérance. Puis le duc son époux, avec cette légende : J'espère avoir. Plus loin, la très-sainte Vierge tenant sur ses bras son divin Fils. Enfin un chanoine, trésorier de l'église et donateur de quelques-uns des derniers vitraux. Chaque sujet porte la date de son exécution (1521, 1523, 1538, 1539).

Leur auteur principal fut le célèbre Valentin Bousch, mort à Metz en l'année 1541. Le monogramme de cet artiste est inscrit quatre fois au-dessus de la verrière de l'aile droite du transept.

Mais si Valentin Bousch est l'auteur de la verrière que nous venons de nommer, le donateur en paraît bien être le chanoine Otton Savin. En effet, le monogramme de ce dernier (0. S.) se trouve reproduit presqu'à chaque vitrail de l'immense fenêtre, et son neveu, Eduardus Marlier après lui, a jusque mérité un souvenir et une place dans les grandes galeries de nos premiers évêques. Nous ne parlons point de quelques autres vitraux recueillis chèrement de l'ancienne église Sainte-Barbe, près Metz, que l'on sait pouvoir attribuer encore à l'illustre peintre.

Les remarquables vitraux du triforium du chœur où l'on voit représenté un nombre assez considérable de saints évêques de Metz, ont été exécutés par M. Maréchal, de Metz. C'est lui encore qui a reproduit sur deux fenêtres des chapelles du rond-point les portraits de Mgr Jauffret et de Mgr Besson.

Source : Notice historique sur l'église cathédrale St Etienne de Metz 1861.

Voir aussi Cathédrale en architecture.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 94043
  • item : Cathédrale Saint-Etienne
  • Localisation :
    • Lorraine
    • Metz
  • Code INSEE commune : 57463
  • Code postal de la commune : 57000
  • Ordre dans la liste : 13
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : cathédrale
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1930/02/16 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Sculpteurs : Martel C., Soret F., Duret, Chagall, Kzem. Verriers : Villon J., Gaudin, Bousch
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de l'état 1992
  • Détails : Cathédrale : classement par journal officiel du 16 février 1930
  • Référence Mérimée : PA00106817

photo : Manuel Bazaille

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