ancy sur moselle

Ancy-sur-Moselle, situé à gauche de la Moselle, paroisse et mairie dont dépend le village de Dornot (situé sur le revers d'une côte aussi à gauche de la Moselle; population, 250 habitants), à 9 kil. de Gorze. Ce village est divisé en trois hameaux, savoir: celui du milieu, Narien; celui du côté de Metz, Rongueville; le troisième, le Chesne; et le quatrième, Dornot. Population, 1,137 habitants.

Ce village offre les restes d'un ancien château encore ceint d'un large fossé; il est dominé au sud par une montagne sur le front chauve de laquelle on planta un bois de sapins en 1811, et que, pour cette raison, on appela le bois du roi de Rome. Sur la crête de la montagne, entre deux vieux ormes, près de la route de Gorze, est un monument de pierres, surmonte d'une croix; sur le piédestal se trouve l'inscription suivante:

A LA GLOIRE DE DIEU ET A L'HONNEUR DE SAINT CLÉMENT, APOTRE DES MESSINS, QUI S'EST REPOSÉ ICI. Cette croix à été relevée Par la commune d'Ancy Et Bénite Par M. Besson, évêque De Metz, Le 13 Juillet 1829.

Ce monument, désigné dans le pays sous le nom de Croix de Saint Clément, est conservé religieusement, parce qu'à côté de l'emplacement qu'il occupe s'agenouilla saint Clément, lorsqu'il aperçut la ville de Metz, alors vouée aux ténèbres de l'idolâtrie et qu'il allait convertir à la foi. En regard du monument (côté de Gorze) se trouve la pierre bénite qui porte deux empreintes de genoux que la croyance populaire attribue à l'apôtre du pays messin. Les pèlerins qui se rendent à Saint-Thiébault s'arrêtent tous à cet endroit pour y réciter des prières.

Le château fort dont il est parlé ci-dessus fut rançonné en 1434 par un partisan français nommé Pothon de Saintrailles, qui, avec 1500 hommes, désolait le val de Metz; Jean Legronais, citoyen de Metz, en était alors possesseur en titre par le fait de René Ier, duc de Lorraine, qui venait de l'engager pour 600 francs. Il fut mis à sac et pris, en 1436, par le capitaine Joachim, gouverneur de Gorze au nom du roi de France Charles VII, alors en hostilité avec Conrad Rayer, évêque de Metz.

Au mois de juillet 1443, les Messins eurent une conférence à Ancy avec les seigneurs Désarmoises, dont ils avaient ravagé les terres et assiégé le château de Fléville avec 300 cavaliers et 600 hommes de pied, pour se venger de ce que les gens de Fléville et de Commercy étaient venus, dans le mois Je mars précédent, brûler Lorry, Woippy et Tignomont. La paix se fit au mois de novembre, mais elle ne fut pas de longue durée, car le 26 mars suivant, Colard Désarmoises vint brûler Hagondange et les Tappes. Par représailles, les Messins envoyèrent piller son château de Richard-Ménil.

En 1449, Joachim, gouverneur de Gorze pour Charles VII, faisait des incursions sur les terres de l'évêché et dans le pays messin. Dans une course que ses gens firent de nuit, contre les lois de la guerre, ils prirent deux de leurs chefs, Jean de Bar et le prévôt de Briey. L'évêque fit pendre celui-ci sur la côte d'Ancy, l'autre fut pendu au gibet de Metz. Joachim dissimule et offre la paix à l'évêque: on convient de s'assembler devant l'abbaye de Saint-Clément, au Sablon. L'évêque, sans défiance, s'y rend avec une faible escorte; à peine il a rencontré et salué le gouverneur, qu'il aperçoit sur le chemin de Saint-Ladre un grand nombre de cavaliers qui viennent à lui. Il se doute du piège, rompt brusquement l'entrevue, s'enfuit à toute bride et rentre à Metz, sans que Joachim ait pu l'atteindre. Honteux de n'avoir pu enlever l'évêque, ce déloyal capitaine s'en vengea sur les habitants d'Ancy. Il feignit, à son retour, d'avoir fait la paix avec le prélat; ces bonnes gens le crurent, lui ouvrirent leurs portes. Il pilla le village et même l'église où ils avaient caché leurs effets les plus précieux, et il emmena prisonniers à Gorze, quarante des principaux habitants.

En 1461, des députés du comté de Bar et de la cité de Metz, s'assemblèrent à Ancy, pour traiter de la paix. Le comte avait imprudemment déclaré la guerre aux Messins, qui le punirent de sa témérité en dévastant ses domaines.

M. l'abbé Perrin, curé d'Ancy, ecclésiastique fort distingué et savant numismate, est auteur d'une notice sur l'église d'Ancy, dont le clocher polygonal séparé du corps de l'édifice servait en même temps de tour de défense; ses baies sont toutes romanes. Cette église gothique, parfaitement restaurée, présente une nef principale et deux collatéraux. Il n'y a qu'une seule abside à cinq ouvertures; les nervures qui vont s'épanouir sous les voûtes de la nef sortent du fût des colonnes sans intermédiaires. Une rose qui décore le portail occidental est simple et d'un bon effet.

Jean Le Coullon d'Ancy, qui vivait au XVIe siècle, a laissé une chronique sur le pays, dont M. l'abbé Perrin prépare une édition.

Source : Histoire de la ville et du pays de Gorze par Jean Baptiste Nimsgern 1853.