malestroit

Presque à l'entrée de cette petite ville, au sommet de la côte qui domine le faubourg Sainte-Anne, un peu au sud de la route, est un retranchement circulaire d'environ 100 pas de diamètre, entouré de parapets affaissés, qui ont cependant encore à peu près 2 mètres de hauteur. L'intérieur de ce retranchement est cultivé ; le lieu où il se trouve se nomme Bois-Solan d'en haut.

Vis-à-vis de cet ouvrage, de l'autre côté de la route, s'élèvent deux menhirs ; l'un de 2 mètres, l'autre de 3. Avant l'exécution des travaux de canalisation de l'Oust, il existait aux environs de Malestroit plusieurs autres monuments druidiques ; mais là, comme en beaucoup d'autres localités, ils ont disparu sous le marteau des entrepreneurs.

De cette hauteur de Bois-Solan, et surtout du sommet de la montagne des Quatre-Evangélistes, qui domine Malestroit au sud-est, on plonge sur cette petite ville et sur une fertile campagne sillonnée par le canal de l'Oust et par l'ancienne rivière qui serpente à travers les villages et les prairies ; sur le revers méridional de la montagne coule, sinueuse, la petite rivière de Claye, qui va se jeter dans l'Oust à 5 kilomètres au dessous de Malestroit, et dont le cours tourmenté vient compléter l'effet de ce charmant panorama.

Malestroit était l'une des plus anciennes baronnies de Bretagne. Dès l'année 1119, on trouve un Juhaël de Malestroit, et huit ans après, en 1127, on voit son fils, Payeu de Malestroit, faire partie de la célèbre assemblée de prélats et de seigneurs réunis à Redon pour assister à la réconciliation de l'église de Saint-Sauveur, qui avait été profanée. Cette seigneurie passa successivement de la maison de Malestroit dans celles de Châteaugiron, de Raguenel, de Rieux, d'Acigné, de Brissac et de Lannion; elle avait été érigée en baronnie par lettres du duc Pierre II, en 1451.

Malestroit était autrefois une ville close de murs, garnie de tours, avec quatre portes à pont-levis, redoutes et bastions détachés. Au moyen de la rivière d'Oust et de petites écluses, les fossés de la ville se remplissaient à volonté d'une eau courante qui entourait également les bastions. Aujourd'hui tous ces ouvrages ont disparu ; les fossés sont comblés, couverts de jardins et de prairies, et des murs et des bastions il ne reste que des vestiges à peine reconnaissables.

Dès le XIe siècle, Malestroit avait un château ; mais celte ville ne fut fortifiée et enceinte de murailles qu'en 1463. Pendant la Ligue, cette place, qui appartenait alors à la maison de Brissac, fut trois fois assiégée et prise par le duc de Mercœur, qui chaque fois la démantela. Les habitants déployèrent la plus valeureuse résistance pour repousser ces attaques répétées, et ne capitulèrent qu'à la dernière extrémité.

Il existait autrefois deux paroisses à Malestroit ; l'une des deux églises, celle de Saint-Gilles, est seule aujourd'hui régulièrement desservie ; c'est un édifice presque entièrement reconstruit au XVe siècle, peu régulier, mais qui offre pourtant quelques parties intéressantes. Cette église avait autrefois de très-beaux vitraux ; il en reste encore quelques-uns plus ou moins mutilés. Dans celui qui remplit l'une des fenêtres de la façade nord, et qui a été exécuté par une main habile, j'ai cru reconnaître Jésus parmi les docteurs, une Transfiguration, le Baptême de Jésus-Christ, un Portement de Croix, la Naissance de saint Jean. Les trois derniers compartiments représentent des traits de la vie d'un pèlerin qu'on voit mourant dans le dernier tableau. Au-dessus de ces peintures, dans le tympan de l'ogive, sont trois écussons, dont un qui présente les neuf besans de la maison de Malestroit.

La seconde église, qu'on nomme aujourd'hui chapelle de la Magdelaine, est presque entièrement abandonnée ; le lierre tapisse ses murs antiques et dégradés. Sa construction remonte à l'époque romane, ainsi qu'on le voit par la forme de plusieurs baies étroites, aujourd'hui bouchées, et par la partie des murs conservée dans le travail de réédification partielle de cette chapelle vers le XVe siècle. C'était autrefois l'église d'un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys, et dont on retrouve encore quelques ruines au nord de la chapelle. La tradition prétend qu'elle a appartenu aux Templiers. M. l'abbé Thétiot, de Malestroit, qui m'accompagnait dans ma visite à cette église, me fit voir, dans la sacristie, une croix byzantine en cuivre, d'environ 50 centimètres de longueur, ayant des dessins gravés en creux sur le pied et sur les branches, et présentant au revers une croix de Malte découpée et accompagnée, à droite et à gauche, de deux petits creux qui autrefois sans doute contenaient des reliques. Cette croix appartient certainement à l'époque de la splendeur de l'ordre du Temple ; elle est arrivée jusqu'à nous, sans éprouver d'autre mutilation que l'enlèvement du Christ, qui a été remplacé par une pièce moderne sans valeur. Le dessin du Christ antique aurait été curieux à rapprocher de celui de Gavr'inis, qui est aussi de style byzantin. Quoi qu'il en soit, la présence seule de cette croix dans la chapelle de la Magdelaine me semble déterminante en faveur de la tradition.

Dans cette petite église pauvre et nue se trouve l'une des plus belles verrières que j'aie vues ; elle est divisée en huit compartiments ou tableaux, au dessus desquels est placé, comme dans l'église Saint-Gilles, l'écusson des Malestroit. Parmi les scènes, admirablement exécutées, de ce beau vitrail, j'ai surtout remarqué les quatre dernières, dont le sujet est indiqué par les légendes suivantes :

  1. Come Nostre-Seigneur aparut à la Madalene.
  2. Come Nostre-Seigneur fist sortir sept diables du corps de la Madalene et luy pardona ses péchés.
  3. Come la Madalene lavoit les pies .... estant au logis de Simon lépreux.
  4. Come par requeste de la Madalene la royne fust grosse d'un fils laquelle n'avoit peu concevoir par avance.

Les derniers de ces tableaux, qui forment le bas du vitrail, sont complètement masqués par une grossière menuiserie placée derrière le tabernacle ; il faut monter sur l'autel pour découvrir ces belles peintures, qui sont à peu près intactes et brillent d'une grande fraîcheur; il serait bien utile qu'on prit des mesures pour les préserver de la destruction qui les menace dans cette chapelle en ruines.

Source : Le Morbihan, son histoire et ses monuments par Délandre Cayot 1847.

Eglise Saint-Gilles

L'église Saint-Gilles est un édifice en partie roman, en partie du XVe siècle, qui a conservé quelques vitraux. Dans la sculpture du portail, on distingue les symboles des quatre Évangélistes. L'ange de saint Mathieu, le lion de saint Marc et l'aigle de saint Jean passent inaperçus pour les habitants de Malestroit

Maison dite du Pélican

Elle tient son nom d'un haut-relief, situé sur le poteau cornier de l'étage. S'y dresse un pélican, symbolisant le Rédempteur. La bâtisse, en pans de bois, est du type gothique breton. Aux étages, décharges et guêtres, seules les pièces employées au début du XVe siècle, raidissent la charpente tandis que potelets et écharpes encadrent des rangées de petites fenêtres accolées.

Maison de la truie qui file ou maison des singes

Cette maison en colombage est également appelée la « maison de la Truie qui file ». Elle repose sur un soubassement en pierres. Les étages en encorbellement font largement saillie. Au rez-de-chaussée, la bâtisse conserve sous ses anciens étals, en dalles de schiste vert, l'accès à la cave ouvert directement sur la place.