Basilique Notre-Dame-du-Paradis

La première pierre de l'église est posée, place du Paradis, en 1514 (datation par travaux historiques). Elevée au rang de basilique en 1913 elle relève du  diocèse de Vannes. L'édifice est de style gothique flamboyant, en granite du pays. La sacristie date du XIXe siècle, la flèche restaurée après la seconde guerre mondiale.

Contruction

Le récit qui suit nous est offert par M.l'abbé Luco.

Au commencement du XVIe siècle, vivait à Hennebont un pieux artisan qui, en ferrant les chevaux et en fabriquant des serrures, avait acquis une honnête aisance. François Michart était son nom, et il habitait la rue Neuve, dans un des faubourgs de la ville. Non loin de sa demeure, se trouvait une place, sur laquelle étaient jadis exécutés les criminels et se tenaient encore à cette époque les marchés et les foires de la cité. On la nommait Place de Paradis, et, en son milieu, s'élevait une croix en pierre appelée elle-même Croix de Paradis. Dès 1507, le dévot maréchal-ferrant, auquel Dieu avait, dans son mariage, refusé les joies et les préoccupations de la paternité, conçut le projet d’édifier en ce lieu une chapelle sous le vocable de Notre-Dame. Ses concitoyens l'encouragèrent. Auprès de cette croix, il construisit bientôt un petit oratoire en planches. Tout aussitôt, de nombreux fidèles commencèrent à y affluer et à y déposer leurs offrandes. Loin, sans doute, de soupçonner encore l'importance de son entreprise, Michart plaça, dans son oratoire, un tronc pour recueillir ces premières aumônes. Les résultats dépassèrent ses prévisions. Poussé par son zèle, il ne tarda pas à songer, en voyant de si beaux débuts, que la Mère de Dieu voulait, a cette place, autre chose qu'un trop modeste oratoire et qu'elle saurait lui procurer les moyens de lui élever un édifice plus digne de son culte. Cette partie de la ville se trouvait sur la paroisse de Saint-Gilles, dont l'abbesse de la Joie était dame spirituelle et patronne, depuis l'annexion à son abbaye, par bulle du 1er mars 1453 (n. st.), du prieuré de Sainte-Croix de Lochrist, jusque-la membre de Saint-Gildas de Rhuys.

Muni de la double autorisation de cette dame et du vicaire perpétuel de Saint-Gilles, François Michart consacra ses premières ressources à faire extraire du moellon et de la terre glaise dans l'enclos de l'abbaye et couvrit de matériaux la Place de la Croix de Paradis. De ce côté, tout étant prêt pour le commencement de l'œuvre, il s'adressa, comme il le devait, à l'administration diocésaine, et, le 14 août 1514, Jean Daniélo, vicaire général du cardinal Laurent Pucci, évêque de Vannes, lui permit de bâtir, sous l'invocation de Notre-Dame-de-Paradis, la chapelle projetée, et accorda une indulgence de 40 jours aux fidèles dont les aumônes contribueraient à ladite construction. Pour se mettre en règle avec toutes les autorités, il sollicita et obtint, le 20 du même mois, l’assentiment du général de la paroisse qui, de son côté et imitant l'abbesse de la Joie, le nomma gouverneur et administrateur pour recueillir les offrandes et les employer à la battisse.

Il ne fut pas aussi heureux dans ses démarches auprès de la sénéchaussée. Le procureur de cette cour lui suscita plusieurs difficultés sous les prétextes suivants :

  • l'érection de la chapelle en ce lieu devait préjudicier aux marchés et aux foires, et, par suite, au droit de coutume qu'y percevait le souverain;
  • l'ancien couvent des Carmes, comptant de nombreux et saints religieux, rendant de grands services à la ville et ne subsistant que d’aumônes, allait être compromis par cette construction, vers laquelle convergerait désormais la majeure partie de ces charités;
  • les églises et les chapelles ne manquaient pas à la ville qui, outre les églises paroissiales de Saint-Gilles-Tremoëc et de Saint-Caradec-Hennebont, renfermait les chapelles de Notre-Dame-de-Keuffuélen, de Sainte-Catherine, de Notre-Dame-des-Neiges, de la Magdeleine et de Saint-Séverin, de Saint-Georges à l’hôpital, sans parler de celles de Saint-Antoine, des Carmes, de la Joie et de Saint-Gilles-des-Champs, peu distante d'Hennebont.

De son mieux, Michart réfuta, le 7 septembre, ces objections dont la dernière seule aurait pu être sérieuse, n'avait été l’état réel des choses. Dans sa réponse, le solliciteur sut la repousser par ces considérations qui intéressaient la cité entière : pendant les épidémies, fréquentes à cette époque, pas plus les Carmes que les religieuses de la Joie ne se souciaient d'accueillir les fidèles dans leurs chapelles respectives; quant aux autres chapelles, elles étaient dépourvues d'un service régulier et suffisant ; il ne restait donc, sur la rive gauche du Blavet, que l'église paroissiale, située en dehors et en face de la porte de Broërec, mais qui demeurait déserte a cause du voisinage de l'hôpital Saint-Georges, refuge ordinaire des pestiférés. Il en résultait surtout que, dans ces temps difficiles, les écoles de la ville manquaient d'un lieu convenable pour se réunir. Par ailleurs, il se garda bien d'oublier son principal argument, tiré du vœu de la population. Touchée de ses raisons, la cour fit, le 14 suivant, une descente sur les lieux et trouva la place de Paradis couverte de personnes qui demandaient hautement que la construction de la chapelle ne fut pas plus longtemps entravée. Devant cette manifestation populaire, la sénéchaussée n'eut qu'à abandonner son opposition et à joindre son assentiment aux autorisations précédemment obtenues. Peu après et avant la fin de cette année, la première pierre de l'édifice fut posée par Guillemette Rivallen, abbesse de la Joie, qui, à cette occasion, donna une pièce d'or appelée un désir, valant au moins 10 ducats ou environ 100 livres, pour aider à la construction.

Le superbe monument, que nous connaissons tous, prouve assez, par ses proportions et son architecture, que, dès les premiers débuts, les offrandes recueillies par Michart devaient être très considérables ; cependant elles devinrent insuffisantes. Bientôt même, il ne fut plus permis d'attendre qu’elles vinssent spontanément au tronc de l'oratoire primitif; il fallut s'armer du batton et de la besace, et aller les solliciter à domicile. Par lui-même et par ses émissaires, l'infatigable maréchal parcourut le diocèse, recueillant l'aumône en argent et en nature. Grâce à ces fructueuses pérégrinations, l'œuvre put se continuer.

Mais, sur ces entrefaites, de nouvelles difficultés survinrent et faillirent compromettre le succès de l'entreprise. Le général de la paroisse et la communauté de ville tentèrent de s'immiscer dans les délicates questions de la perception et de l'emploi des offrandes. Marie Omnès, nouvelle abbesse de la Joie et qui ne l'entendait point de cette oreille, révoqua la délégation donnée à François Michart par Guillemette Rivallen, à laquelle il s’était engagé de rendre compte de son administration, et donna, le 1er janvier 1521 (n. st.), procuration à maître Jean Omnès, son frère, pour établir, aux mêmes- conditions, un nouveau gouverneur de cette chapelle. Le différend s’arrangea à la satisfaction de l'abbesse, dont le procureur, par acte du 24 avril 1524 (n. st.), rétablit Michart dans ses premières et légitimes fonctions.

Il était temps que l'accord se fit, car la partie supérieure de la chapelle s'achevait et pouvait se livrer au culte. Encore un peu, et la cérémonie de la dédicace n'eut pas trouvé à son poste celui qui y avait droit à la première place. A peine réintégré, Michart fit séparer, par une cloison de bois, le haut de l’édifice, qui était achevé, du bas auquel ou travaillait encore, et se préoccupa de l'évêque à demander pour la dédicace. Il n'eut pas à chercher bien loin. Le couvent des Carmes du Bondon possédait alors un religieux de l’Ordre, investi du caractère épiscopal sous le titre d'évêque de Tybériade. Il se nommait Geoffroy Le Borgne et se prêtait d'autant plus volontiers pour les fonctions pontificales que, de son temps, plusieurs évêques de Vannes ne vinrent jamais s'asseoir sur le siège de Saint-Patern. Dom, Yves Josse, prêtre d'Hennebont, lui fut député pour solliciter son concours. Sans retard, le prélat l'accompagna à son retour. La cérémonie eut lieu le 3e dimanche de juin, correspondant, en cette année 1524, au 19 de ce mois. A ce même dimanche fut, toujours, dans les siècles suivants, célébré l'anniversaire de la dédicace de cette église, " laquelle, dit un ancien titre, fut dédiée et consacrée par un évesque portatif de l'ordre des Carmes, demeurant au Bondon, près Vannes, appelé et défrayé par François Michart, qui fist tous les frais de la cérémonie. " Pour être juste, il faut cependant observer que les bourgeois et manants d'Hennebont. y contribuèrent pour une somme de 20 livres.

Pendant que le bas de la chapelle s'élevait, assuré que les ressources ne lui feraient pas défaut, en homme prévoyant, Michart conçut le nouveau projet d'annexer à la maison de Dieu un logement pour les prêtres destinés a la desservir. En conséquence, par acte du 26 décembre 1526, il acquit, pour 60 livres monnaie, de Bertrand Garreau, habitant aussi la rue Neuve, une pièce de terre appelée le pré Henriette du Bolderff, joignant d'un côté et d'un bout le chemin par lequel on va de la chapelle de Notre-Dame-de-Paradis à Plouhaellec, d'autre côté un jardin appartenant aux Carmes, et d'autre bout un jardin appartenant à Olivier Juzel. Les matériaux étaient, sans doute, prêts pour cette nouvelle construction, car le pieux maréchal eut encore le loisir de faire bâtir, en pierre de taille, cette maison qui était voisine de l'église, et porta tour à tour les noms de maison des prêtres et d'hôpital des pauvres.

Mais, Dieu qui le trouvait assez mûr pour l'éternité et voulait le récompenser, ne lui laissa pas le temps pour voir la fin de son œuvre ; il l'appela à lui le 1er avril 1527 (n. st,). Par un privilège, rare a cette époque, son corps fut gardé jusqu'au 5. La cérémonie des obsèques se fit dans la nouvelle église, où, à l'ombre du magnifique sanctuaire bâti par ses soins, il repose en attendant la résurrection bienheureuse. Après lui avoir rendu les derniers devoirs, les habitants d'Hennebont, sous la présidence du sénéchal et en présence d'un député de l'administration diocésaine, se réunirent dans le bas de l'église, pour lui donner un successeur. Leur choix tomba sur Jean Floho, au sujet duquel les archives de la Joie ne fournissent aucun autre renseignement.

Cette élection, faite sans la participation de l'abbesse, montre , pour la seconde fois, le projet, toujours caressé par les habitants, de s'emparer du nouvel édifice. Mais, de son côté, la susdite dame veillait attentivement à la conservation de ses droits. Dès le 19 du même mois d'avril, elle obtenait de l’officialité de Vannes une sentence qui sauvegardait ses intérêts et faisait, en même temps, inhibition aux habitants de s'immiscer dans la perception et l'emploi des offrandes. Floho se soumit à ce jugement et fut confirmé par l'abbesse dans son administration, à la condition toujours d'en rendre compte à elle seule. Il n‘en fut pas de même de la part des habitants. Entre eux et l'abbesse surgit un procès d'une longue durée et qui, de la sénéchaussée d'Hennebont, s'éleva jusqu’à la cour du parlement. Comme il fallait s'y attendre, la juridiction locale fut favorable aux premiers; mais une sentence, émise à Rennes par le conseil privé, le 16 octobre 1535, tourna contre eux. Ils en relevèrent appel à la cour du parlement qui, par arrêt rendu à Vannes, le 22 septembre 1537, les débouta de leurs prétentions, les condamna aux frais et nomma un commissaire pour induire l'abbesse en possession de la chapelle. Malgré leur opposition et leurs manifestations hostiles, le député de la cour remplit sa mission le 6 octobre suivant.

Quel fut, pendant ces dix années de procédures, le sort du bâtiment ?

Sur ce point, les archives se taisent, et j’ignore d'après quels documents, en dehors d'une inscription de 1709 trouvée, en 1802, sur une plaque de cuivre, au sommet de la flèche de cette église, s'est introduite dans l'histoire l'affirmation que la chapelle de Notre-Dame-de-Paradis, commencée en 1513, fut achevée en 1530. S'il n’est question que du seul vaisseau de l'édifice, l'assertion susdite est très vraisemblable, puisque, dès le 5 avril 1527, la dernière partie put déjà abriter une réunion des habitants. Mais il est certain, d'ailleurs, que bien des années devaient encore se passer avant de voir la dernière main mise à l'œuvre. La preuve en est que, le 30 mai 1554, Bertrand de Marillac, professeur de théologie et vicaire général de l'évêque de Vannes, délivrait à un paroissien d'Hennebont une lettre de recommandation qui l'autorisait a parcourir le diocèse, de porte en porte, pour solliciter de nouveau les dons des fidèles, afin de continuer et d'achever la chapelle de Notre-Dame-de-Paradis. Dans le but d'exciter la charité publique, il accordait, comme son prédécesseur de 1514, une indulgence de 40 jours à tous ceux qui, confessés et pénitents, délieraient en cette occasion les cordons de leur bourse.

De leur côté, le mobilier et l'ornementation intérieure ne se firent pas si longtemps attendre, grâce surtout à la confrérie de saint Éloi pour les serruriers, les matériaux et les couvreurs qui, pendant la construction même, s'érigea dans cette église et commença à s'y desservir à l'autel de son patron, situé au haut du collatéral, du côté de l'évangile. Cette érection fut suivie de près par celle de la confrérie de la Trinité, pour les tailleurs, les texiers et les pelletiers. Une sainte émulation, qui ne tarda pas à naitre entre les deux sociétés, les poussa à rivaliser de zèle et de dépenses pour orner et enrichir leurs chapelles et leurs autels respectifs.

Rien cependant ne se faisait dans cette église sans le consentement de l'abbesse de la Joie, demeurée toujours et malgré de très nombreux procès, en possession du monument. Ce fut avec son autorisation que les habitants y transférèrent, en 1589, la desserte du service paroissial, lorsque les guerres de la Ligue eurent anéanti leur vieille église de Saint-Gilles-Trémoec ; ce fut encore grâce au même bon vouloir et à la condition d‘entretenir l'édifice en parfait état de réparation, qu'ils purent continuer à s'en servir jusqu'à la suppression de l'abbaye. Pendant deux cents ans cette gracieuse église fut le siège de la paroisse, sans toutefois devenir réellement paroissiale, privilège qu’elle ne devait tenir que de notre siècle.

Source : Bulletin de la Société polymathique du Morbihan par M.l'abbé Luco 1875.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 89614
  • item : Basilique Notre-Dame-du-Paradis
  • Localisation :
    • Bretagne
    • Morbihan
    • Hennebont
  • Adresse : place Maréchal Foch
  • Code INSEE commune : 56083
  • Code postal de la commune : 56700
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : basilique
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 1er quart 16e siècle
    • 19e siècle
  • Enquête : 1986
  • Date de protection : 1875 : classé MH
  • Date de versement : 1987 AVANT

Construction, architecture et style

  • Materiaux: 3 types de matériaux composent le gros oeuvre.
    • pierre de taille
    • pierre
    • granite
  • Couverture : On remarque 5 types de couverture différents :
    • toit à longs pans
    • noue
    • pignon découvert
    • pignon
    • toit
  • Materiaux (de couverture) :
    • L'élément de couverture principal est ardoise
  • Autre a propos de la couverture :
    • Un mode de couvrement relevé : 'lambris de couvrement'
  • Etages :
    • Etage type : 3 vaisseaux
  • Escaliers : 3 types d'escaliers différents sont présent sur le site :
    • escalier en vis
    • escalier en vis sans jour
    • escalier dans-oeuvre
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie : La typologie relevée est composée de 2 éléments :
    • chevet de type beaumanoir
    • portail nord de type vannetais
  • Plan :
    • Plan Type 'plan allongé'

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune
  • Référence Mérimée : IA00009573

photo : Manuel Bazaille

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