rarecourt

Rarecourt, un village à la curieuse histoire

Tranquillement tapi au creux de la vallée de l’Aire, à l’écart des voies de communication, Rarécourt a bénéficié durant plusieurs siècles, jusqu’à la Révolution, du statut très particulier de petite « république » autonome, jouissant de larges franchises fiscales.

Une terre autonome

Jouant sur les rivalités des trois puissances avoisinantes - royaume de France, duché de Bar et Saint Empire -, la communauté villageoise de Rarécourt, relevant de l’abbaye de saint Vannes de Verdun, affirma son autonomie dès la fin du Moyen Âge et obtint, à partir du XIVe siècle, une sorte de statut d’extraterritorialité. Un procureur syndic élu par les habitants était chargé de gérer les biens et affaires de la communauté, sous le contrôle de l’assemblée des habitants et la tutelle lointaine des abbés. Rarécourt resta ainsi plusieurs siècles « village d’aucune province » selon le mot du receveur des domaines de Metz en 1780 et bénéficia d’une relative neutralité pendant les troubles que connut la région jusqu’à la fin de la guerre de Trente ans au milieu du XVIIe siècle

Une zone franche fiscale

Habiles et procéduriers, les Rarécourtois, arrachèrent à chacune des trois puissances des franchises très larges aboutissant à une quasi immunité fiscale : Philippe le Bel, vers 1310, puis René d’Anjou, duc de Bar et de Lorraine, en 1433, et enfin Charles-Quint, en 1531, vont accorder leur protection au village et exonérer ses habitants de tous impôts et charges moyennant le versement annuel d’une redevance symbolique. Au prix d’une véritable guérilla de procédure, les Rarécourtois purent conserver ce privilège pendant plusieurs siècles, en dépit du harcèlement des fermiers généraux qui supportaient mal de voir les marchandises de contrebande impunément exposées sous les halles du village. Ainsi la communauté, riche aussi de ses forêts, connut une relative prospérité : en 1776 elle a construit une nouvelle église, copie de l’église Saint Amant de Verdun, pour un montant représentant presque le budget annuel de cette ville. Dans les années 1760 s’installa la faïencerie de Salvanges, habilement implantée sur la « frontière » entre le « terrain de France » et le « territoire de Rarécourt »… mais le paradis fiscal ne survivra pas à la Révolution.

Une normalisation rapide dès les débuts de la Révolution

A la convocation des Etats généraux, Rarécourt délégua à regret deux députés à Vitry, essentiellement dans le but de faire valoir ses franchises, qui n’ont cependant guère résisté à l’élan unificateur qui traversait le pays. Le 28 mars 1790, Rarécourt fit acte d’allégeance à la France, croyant pouvoir maintenir son régime particulier au prix d’une « offrande patriotique », mais dut bien vite rentrer dans le rang, et ses habitants sont depuis lors soumis au sort commun…

Pour en savoir plus sur l’histoire de Rarécourt et son étonnant statut, on peut se référer à l’article: « Un petit Monaco en Argonne ? Rarécourt : terre autonome et zone franche fiscale (XIVe siècle-1790) », publié par Daniel HOCHEDEZ dans la revue HORIZONS D’ARGONNE, nº 84, 2007, p. 5-30 (publication du Centre d'études argonnais www.centretudargonnais.org)