photo : Manuel Bazaille
Ce cimetière implanté sur la commune les Eparges rassemble les sépultures de combattants de la guerre de 1914-1948. C'est dans ce cimetière qui vous pourrez trouver la tombe de Robert Porchon décédé en 1915, meilleur amis de Maurice Genevoix qui l'a notamment évoqué dans ses écrits.
L'éperon de Les Epargnes domine la plaine de la Woëvre. Haut lieu de combats pendant la grande guerre, il représentait alors, un observatoire convoité. Dans un épais couvert de conifères, des sentiers balisés permettent la découverte du site de combats et ceci à partir du Cimetière national du Trottoir. Sur la gauche s'élève un monument à la « gloire du génie », puis on arrive au « point X », sur la crête. Le sol est encore complètement bouleversé par les mines qui ont laissé de nombreux entonnoirs de plusieurs dizaines de mètres de diamètre. C'est là qu'on a retrouvé en 1991 le corps du sous-lieutenant Henri Fournier, dit Alain-Fournier, tué le 22 septembre 1914 et auteur du Grand Meaulnes, quête nostalgique de souvenirs et d'absolu. II est enterré à St-Remy-la-Calonne (guide « la Meuse »).
On trouve de nombreux hommages à Genevoix faisant mention du cimetière, celui de Michel Bernard dans son ouvrage « Pour Genevois » n'en est qu'un parmi d'autre : " Genevoix a déposé dans la littérature cette image, ce pur profil de solitude humaine « a la lueur d’une chandelle qui est là... ». De Sicot, dont il aurait dû ne rien rester, sauf un nom sur une croix au cimetière du Trottoir, en bas de la butte des Éparges, sous les premières branches de la forêt revenue sur les Côtes de Meuse, le grand écrivain Français a sauvé l'agonie. Au fond du caveau étayé dans la terre, cette dernière lueur dans les yeux du mourant, gisant en pantalon rouge et capote bleue couverts de boue, a pour nous un reflet d'éternité".
Aux Eparges, un boyau de communication, photographie de presse Agence Meurisse 1915.
La description la plus complète du lieu est surement celle que propose Alain Denizot dans son ouvrage "Verdun et ses champs de bataille" publié au "Nouvelles Éditions Latines" :
Le cimetière du Trottoir contient 2108 tombes (celle de Porchon, ami de Genevoix, au 1er rang à droite) et un ossuaire de 852 corps. Il symbolise la montée au calvaire sur ce promontoire de 346 mètres de haut, 1400 mètres de long, comparable à Vauquois.
Pris le 21 septembre 1914 par les Allemands, le site aménagé en 5 hauteurs de fortifications donne lieu à des attaques françaises stériles et sanglantes du 17 au 21 février et les 18, 19, 27 mars 1915. Au cours de la tentative de réduction du saillant de St-Mihiel, le 5 avril 1915. le 9 avril la position est reprise, la guerre de mines commence. Cette montagne de boue, en raison des nombreuses sources, espace réduit écrasé par les artilleries, est un enfer ou les hommes s'enlisent.
Les monuments jalonnent les objectifs français successifs. Un escalier pentu mène au point A, "Aux revenants du 106e", a l'ouest, régiment de Maurice Genevoix. Real del Sarte a sculpté une pyramide massive surmontée d'un masque mortuaire et d'où sortent 2 mains décharnées, des ossements. avec un bas—reliel en bronze en forme de piéta. Le point C ou Monument du Coq, en raison du coq en bronze au-dessus de l'obélisque, glorifie la 12e division de Reims. Réalisé par Lefebvre-Vilein il domine un grand entonnoir et le village de Combres. Un sentier, entre les entonnoirs de mines, mène au point X, "A ceux qui n'ont pas de tombe", les 10 000 disparus, engloutis. Dominant la Woëvre de 100 mètres, le monument de Fischer représente une croix gravée au-dessus d'un autel sur une face, un officier tête nue entraînant ses hommes au combat sur l'autre. La vue s'étend en Woévre jusqu'à 40 km, mais, aucun canon français ne pouvant tirer à plus de 15-18 km, seules les routes de ravitaillement autour de Woél étaient coupées. Plus loin les trains circulaient, Conflans était allumée de nuit en toute impunité. Une table d'orientation permet de repérer les différentes localités.
Les Eparges. Le Point X
Le monument du génie (1963), "A la gloire du génie" se compose de 7 arches constituant les unités de cette arme. qui entretient le site avec l'O.N.F. Aux Eparges le rôle du sapeur mineur a été essentiel dans la guerre de mines.
Source : court extrait tiré de Verdun et ses champs de bataille par Alain Denizot (note : ouvrage très intéressant tant pour son caractère historique que la qualité de son rédactionnel qui rend pleinement compte de l'ambiance des combats).