photo : Lomyre
L'église de Dun, placée sous le vocable de la Sainte-Vierge dans sa Nativite, remonte à 1346. C'est Geoffroy IV, sire d'Apremont, qui la fit coustruire. Elle mesure dans oeuvre 44 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur, la longueur du transsept est de 5 metres et sa largeur est de 5 metres 60 centimetres. La nef principale n'est pas éclairée par le haut, mais bien par les belles fenêtres à meneaux des nefs latérales dont les voùtes sont presque aussi élevées que celles de la grande nef.
Cette eglise, d'abord construite tres-régulièrement dans le style gothique rayonnant, a recu des modifications importantes dans la suite des siècles, sans perdre cependant son caractère primitif, qui en a fait un des édifices les plus remarquables du département. Comme toutes les églises gothiques complètes, elle a douze colonnes, figurant les douze apôtres; les quatre qui supportent la tour, au bas de Véglise, sont ornées de colonnettes. Des niches très gracieuses remplacent la base des deux colonnes qui forment l'angle du transsept de chaque Côté. Sur l'une des quatre colonnes du choeur, le chapiteau, au lieu de fleurs ou de feuilles, est orné de haches et de semelles de souliers. Cette particularité assez originale semble indiquer que les corporations de métiers ont contribué à la construction de l'édifice.
Au XIVe siécle, très-peu de temps aprés l'achèvement de l'église, une premiere Chapelle fut batie à gauche du grand portail, et dédiée à la Sainte-Vierge. La tradition rapporte que, lors du siége de Dun par les Anglais, en 1533, la ville dut son salut à l'intervention miraculeuse de la sainte Vierge, dont on vénère une statue placée dans cette chapelle. En reconnaissance de ce bienfait, on portait, chaque année, le jour anniversaire de la délivrance, autour des anciens remparts, la statue vénérée, dans une procession à laquelle assistaient les magistrats et tous les habitants. Cet usage n'a cessé qu'à la Revolution.
Deux autres chapelles furent construites au XVe siècle, et sont, par conséquent, du style flamboyant. L'une, celle de la Trinité, est assez petite; l'autre, celle des Morts, est plus vaste ct plus belle.
On remarque dans la chapelle de la Trinité, au dessus de l'autel, un encadrement en pierre sculptée, du plus pur goût de la Renaissance. Dans cette meme chapelle, sont deux pierres tombales, sur lesquelles sont graves les portraits eu pied des défunts. L'une représente une religieuse; de l'inscription mutilée, on peut encore lire les mots suivants : "Cy gist... laquelle trépassa l'an XVcIX, le IIII jor d. decb. Priez Dieu pour elle."
L'autre est admirablement dessinée et gravée, l'inscription qui est sur les bords a été aussi mutilée. On lit autour de la tête, en lettres romaines : "Respice in me et miserere mei"
et aux pieds : "Priez Dieu pour lui"
puis autour du personnage, en belles lettres gothiques : "Ci gist messer Jehan Robert jad chappelai de Warybals lez d... et chappelai de la Trinité... ".
Devant la marche de l'autel de la Sainte-Vierge, et en partie recouverte par cette marche, se trouve une grande dalle de marbre noir, indiquant le tombeau de JEAN-BAPTISTE DEBAN, curé de Dun, mort le 28 scptembre 1730. L'inscription est en latin. Cette dalle n'a rien d'intéressant, si ce n‘est peut-étre le nom du sculpteur. On lit en effet, au bas de l'inscription : "Fait par Fossé de Charleville."
Au coté droit du même autel, on voit une autre pierre sur laquelle on peut dechiffrer dillicilement : "Ci desoubs est sépulturé le corps de feu maistre Hugues Bari du Cady natif de ceste ville ..... en deça et jadis chanoine de Rems."
Le reste est à peu pres illisible; néanmoins, on devine qu'il est question d'une fondation en faveur des "chappelans de chscu des églises parochialles de Du." La suite est effacée.
Une belle dalle de marbre noir, au haut de laquelle se voient des armoiries, martelées à la Révolution, existe aussi devant l'autel de Saint-Nicolas. Une partie de l'inscription étant cachée par la marche de l'autel,on ne peut lire que les mots qui suivent, restés à découvert : "Ci gist damoiselle MARIE BRASSELET, épouse de Maistre ROBERT JEANNOT, avocat au parlement, conseiller de Son Altesse Sérénissime, prevôt et maistre des .... et foréts du Comté de Dun, et ..... royal de Brieulles-sur-Meuse, laquelle mourut, le dernier de février 1688, aagée de ..... teneuf ans, universellement regrett ..... ses grandes vertus et par les qualités ...... marit pour marque de son amour a ..... des anniversaires pour le repos de son âme dans les paroisses de Brieulles, petit Cléry, Doucon, Milly et autres lieux, et une ..... perpétuité, tous les mardy de .....nne semaine, à la chapelle de Saint-Nicolas .... cette ville, ou son corps est enterré ..... donné sa sépullure au méme endroit ..... urut le 2 de l'an 1725, aagé de 83 ans. Priez Dieu pour eux."
Du méme côté, entre deux colonettes du premier pilier du choeur, il existait une pierre avec un bas-relief et une inscription. Le tout a été martelé à la meme époque. Voici tout ce que nous en avons pu lire : "Sa fee lql morut le 1 jr d'aoust 1580. Priez Dieu pour eux."
Trois tombes existaient encore dans la Chapelle dite autrefois des Mons. La première est en pierre; de très beaux ornements renaissance entourent l'inscription, que nous donnons tout entiére.
En haut : "PERCEVAL BEAUUOIS"
Puis : "Cy gisent noble home THEVENIN PERCEVAL, en son vivant seigneur de Mogarnie en Argonne, gruyer receveur de Dun, et damoiselle MAGDELENE DE BEAUVOIS, sa feme, lesquels ont fondez deux aniversaires en l'église de céans; ledit sier est décédé de ce siecle le 18e jor de Mars en l'an 1562, et ladite damle le 27e ior de May 1568. A leur trespas ils délaissérent cinq enfans, Adrian, Alex, Jane, Robert, Marguerite; ledit Adrian, fils aisné d'iceulx, aussi gruyer recev' dudit Dun, a icy fait poser et graver ceste tombe le 46 ior de Mars l'an 1587. Priez Dieu pour leurs âmes."
De l'autre côté de l'autel est une daile en marbre noir. Sur cette dalle sont gravées les armoiries du défunt, portées par deux génies, avec l'inscription suivante: "Donec veniat immutalio (En attendant la resurrection), reposent les corps du sieur JEAN REGNIER, lequel, aprés avoir fidèlement exercé l'estat de controoileur à Dun espace de 23 ans, pensant à se loger avec les esprits coelestes, ont fondé deux aniversaires qui se doibvent célébrer auellemt en ceste chappelle, et por ce ont doé à l'eglise de céans une Chappelle accomplie d'ornents nécaires at icelle de damas rouge cramoisy por le service du très Auguste St Sacrent. Il mourut age de 67 ans, le 26e Juillet 1625, et d'honorable dame ANNE Gillet, son espouse, laquelle, aprés avoir faict prier por l'âme dudit sieur son mary, s'en alla de vie it trespas aagée de 66 ans, le 5 Febvrier 1626. Priez Dieu pour leurs ames"
Enfin, contre le mur de ladite chapelle, une simple plaque en marbre noir indique la tombe de mre JEAN-BAPTISTE ROBINET, mort à Dun, le 20 de mars 1695, à l'âge de 80 ans.
Toutes les autres pierres tombales qui existaient, dit-on, en très grand nombre, ont disparu, il y a quelques années, lors du pavage général de l'église. On assure qu'elles étaient cassées et les inscriptions illisibles. Dans le sanctuaire, outre les boiseries, oeuvres d'un sieur Godet, menuisier à Mont-devant-Sassey, on remarque, au-dessus de l'autel, un baldaquin en bois parfaitenent sculpté. Il est de forme circulaire et supporté par six colonnes en marbre. C'est un beau travail du siécle dernier; mais il masque malheureusement en partie les grandes fenêtres du choeur.
L'autel de la chapelie des Morts est l'ancien maître-autel du couvent des Minimes de Dun; le rétable en bois est un vrai chef-d'oeuvre de sculpture.
Depuis 1853, la municipalité, la fabrique et les habitants de Dun ont consacré des sommes considerables aux reparations qu'exigeait le grand et bel édifice dont nous venons de donner une courte description. Le travail de consolidation et d'embellissement se continue avec une perseverance et un goût qui font honneur aux sentiments religieux de la population actuelle. De même que les nombreuses donations autrefois faites à cette église attestent la piété des anciennes familles et des seigneurs. Peu de chose reste aujourd'hui de ces pieux dons; la main sacrilége de la Révolution s'en est emparé.
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photo : Lomyre