photo : Manuel Bazaille
Sainte-marie-au-bois, commune de Vilcey-sur-Trey, abbaye de Prémontrés fondée au XIIe siècle, transférée à Pont-à-Mousson au comencement du XVIIIe siècle.
Source : Mémoires de la Société d'archéologie lorraine.
Sainte-marie, ferme considérable sur le ban de Yilcey-sur-Trey, à 2 kilomètres au Nord : elle donne un revenu évalué à 3000 livres.
Sa situation, au milieu de vastes forêts, près d'une source bruyante et impétueuse, est une des plus agréables et des plus pittoresques de la contrée. C'est là que le duc Simon Ier de Lorraine avait fondé, en 1126, une abbaye célèbre de Prémontrés. L'évêque de Toul, Henri de Lorraine, en fit la dédicace en 1137, et elle fut visitée par Saint-Norbert, instituteur de l'ordre des Prémontrés. Après avoir longtemps subsisté avec gloire, l'abbaye de Sainte-Marie fut transférée à Pont-à-Mousson, sur les rives de la Moselle, dans les magnifiques bâtiments qui sont occupés aujourd'hui par le petit séminaire. On laissa néanmoins quelques religieux à Sainte-Marie de Vilcey.
Les débris de ce monastère attestent encore son ancienne splendeur ; une partie des constructions est debout, entre autres les murailles d'enceinte de l'église, et les cellules des religieux : on a récemment trouvé, dans l'épaisseur d'un mur, une cavité de quelques pieds de diamètre, qui communiquait à l'étage supérieur par une sorte de cheminée, mais qui n'avait aucune issue ; c'est la qu'on descendait les moines qui avaient besoin d'une punition particulière. On ne pouvait choisir un site plus agreste et plus sauvage pour y élever un asile à la prière et à l'oubli du monde : la ferme de Sainte-Marie est habilement exploitée par un propriétaire fort intelligent.
Source : Dictionnaire statistique du Département de la Meurthe par E. Grosse (abbé.) 1836.
Moyen âge : On trouve quelques débris de constructions au Pré-le-Culomme, derrière le moulin de Gaulange et au canton appelé la la Tuilerie
Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois, la première de l'ordre des Prémontrés établie en Lorraine, qui fut fondée vers 1130, par le duc Simon Ier, au nord de Vilcey et dans la direction de Prény, au fond d'un vallon pittoresque. Les bâtiments, qui n'étaient pas très vastes, durent être terminés pour l'an 1150 ; mais les constructions primitives furent remaniées ou restaurées, au milieu du XVIe siècle, en style de la Renaissance, ce qui défigura cet intéressant monument. La communauté ayant été ensuite transportée à Pont-à-Mousson, au commencement du XVIIe siècle, quelques religieux seulement restèrent à Sainte-Marie, et cet état de choses subsista jusqu'à la Révolution, époque où l'ancienne abbaye, qui était devenue simple prieuré, fut vendue comme bien national et convertie en maison de ferme.
Des dévastations très-regrettables ont été commises pendant la première moitié de notre siècle; néanmoins il reste encore des débris importants de cette ancienne abbaye, notamment l'église et un vaste bâtiment au midi qui renfermait, selon toute apparence, les lieux réguliers. Au rez-de-chaussée, on remarque, en effet, une salle qui devait être le réfectoire ; elle est formée de deux nefs à trois travées, mesurant en totalité 12 mètres de longueur, sur 7m,20 de largeur. Cette salle est voûtée ; on y remarque des arcs-doubleaux et des nervures toriques croisées qui reposent sur deux piliers mono-cylindriques, sur six pilastres aux murs et quatre consoles aux angles ; les chapiteaux sont intéressants, d'un bon travail et présentent des dessins dans lesquels entrent en grande partie les éléments des chapiteaux ioniques et corinthiens. Au premier étage de ce bâtiment, dans le mur de l'est, une rangée de petites fenêtres romanes ébrasées, et, au pignon méridional, deux arcatures aveugles.
Le cloître, qui a disparu, était contigu à ce bâtiment, à l'aspect du couchant et du septentrion.
L'église, quoique mutilée, car l'abside en a été démolie, est encore remarquable : sur la facade, au rez-de-chaussée, trois arcatures, dont l'une, entièrement ouverte, sert de portail ; au premier étage, même décoration, seulement, dans l'arcade du milieu, un oculus assez simple éclaire la grande nef et figure la rose ; enfin un cordon orné de billettes dessine les deux étages. A l'intérieur de l'église, trois nefs et une travée pour le transept, qui ne se distingue, ni en longueur ni en hauteur, du reste de la nef. Les dimensions de cette église, nef et transept compris, sont 17 mètres de longueur, 13 mètres 50 de largeur dans la travée du portail et 16 mètres 25 ailleurs ; entre les piliers, la grande nef a 7 mètres 30 de largeur. Les voûtes actuelles sont du XVIe siècle ; celles de la croisée du transept, seules, sont contemporaines des premières constructions ; elles reposent sur des piliers flanqués d'un faisceau à trois colonnettes, surmontées de chapiteaux, sur lesquels reposent des arcs-doubleaux et des nervures toriques croisées, ornées de bracelets ; ce genre d'ornementation est extrêmement rare, pour les nervures, à cette époque, dans notre pays. Les chapiteaux de la croisée, ceux de la façade, ainsi que l'archivolte du portail, présentent une ornementation très-curieuse. Quant aux fenêtres de l'église, elles ont été élargies au XVIe siècle. Dans le transept septentrional, on remarque un monument de la Renaissance, d'une exquise élégance, ayant dû décorer un tombeau ou un autel.
Avant la violation des caveaux et la profanation des sépulcres, il existait un grand nombre de tombeaux ou de mausolées gothiques, avec inscriptions rapportées en partie dans les Ruines lorraines, Chronique monumentale, par Victor Civry. Ces inscriptions, du reste, se trouvent aussi mentionnées dans le Pouillé manuscrit du P. Hugo, à la bibliothèque diocésaine de Nancy. Outre le monastère d'hommes, le premier abbé de Sainte-Marie-au-Bois avait fait bâtir, à douze ou quinze cents mètres de là, dans la même vallée, au lieu dit la Celle, ou Maison-des-Dames (D. C. N.), une maison pour des religieuses du même ordre ; mais cette création dura peu de temps, car ce couvent fut supprimé dès 1137 (C.) ; les habitations tombèrent en ruines et l'église, seule conservée, dédiée à Sainte-Marie-Madeleine, fut démolie au commencement du XVIIe siècle (D. C. IV., et Notice (avec planches) sur l'abbaye de Sainte-Marie-au-Bois, par M. Digot, VIIe volume des Bulletins de la Société d'Archéologie lorraine).
La famille Duhamel, qui habitait Sainte-Marie-au-Bois, a offert, au Musée lorrain, venant de l'abbaye, plusieurs morceaux de sculptures ayant apparemment formé un devant d'autel ; puis des niches ogivales avec statuettes mutilées du XVe siècle, d'un bon travail (J. 1860).
Joyard, fief et ancien moulin près du village détruit de Baleycourt ou de Blaincourt. L'Ancienne-Ferme de Vilcey était aussi fief autrefois (D. T.).
Époque moderne : Trois anciennes croix, l'une sur le chemin de Sainte-Marie, une autre sur celui de Fey (1753) et la troisième au bas du village. Église paroissiale Saint-Martin, reconstruite en 1792 ; elle renferme des tableaux de mérite, provenant de la vente du mobilier d'un couvent de Pont-à-Mousson.
Source : Mémoires, Volume 21 de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain 1871.
photo : Manuel Bazaille
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