Hôtel des Ducs des Hazards

Il y avait à Toul plusieurs hôtelleries qui ont eu un certain renom nous citerons d'abord celle du Gros-Navet, rue Pont-de-Bois, au n° 24 celle de Saint-Hubert, rue Traversière-du-Murot, au n° 16 celle de l'Aigle, dans la rue Saint-Jean, occupant l'une des maisons marquées des n°, 18 ou 20 celle des Quatre-fils-Aimon et celle de la Cloche, qui existent encore aujourd'hui mais cette dernière, autrefois, ne s'ouvrait que sur l'impasse du Pont-Caillant (Dr D.).

Les Religieuses de la Doctrine-Chrétienne, établies actuellement à Toul, occupent un ancien hôtel du XVI^e siècle, rue Traversière-du-Murot, qui a appartenu à la famille de l'evêque Hugues des Hazards, car il existe encore un écusson aux armes de ce prélat, au-dessus de la porte principale (J. 1868).

Source : Mémoires Par Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain en 1870.

Hugues des Hazards

Le cardinal Raymond de Barailles et Hugues des Hazards avaient été élus successivement coadjuteurs de l'évêque de Toul, du vivant d'Olry de Blamont, et l'étaient encore l'un et l'autre à l'époque de sa mort. Ces élections n'embarrassèrent pas peu le Chapitre, lorsqu'il fallut opter entre les deux coadjuteurs. Elles avaient été faites à l'instigation du duc René, qui protégeait Raymond, dans le temps où il voulait donner au prince Jean, son fils, âgé de 4 ans, la coadjutorerie de Metz, dont ce prélat était en possession; mais il avait abandonné plus tard ce même prélat, pour favoriser Hugues des Hazards, qui lui paraissait plus dévoué à ses intérêts. Après la mort d'Olry de Blamont, le Cardinal envoya Angelo de Rimini, son secrétaire, pour prendre possession de l'Évêché, et le munit d'un bref du Pape, qui faisait défense aux chanoines et aux bourgeois de s'y opposer sous peine de censures. René fit arrêter et jeter en prison Angelo de Rimini, sous prétexte qu'il avait fait publier en Lorraine un bref subreptice, aussi faux et aussi nul que les bulles du Cardinal, son maître. De là, nouveau bref du Pape, qui confirmait le premier et qui réitérait l'injonction de s'y soumettre. La mort du Cardinal vint heureusement mettre un terme à ces malheureuses dissensions, et permit au Chapitre d'élire évêque de Toul Hugues des Hazards, élection que le Pape confirma dès lors sans difficulté.

Hugues naquit à Blénod, bourg à deux lieues de Toul, fit ses études dans cette dernière ville, les perfectionna à Metz, à Dijon et à Sienne en Italie, où il reçut le bonnet de docteur en droit. Il alla ensuite à Rome, et y exerça quelque temps la profession d'avocat. René II ayant eu connaissance de son mérite, chercha à se l'attacher; il le rappela dans le diocèse, lui fit obtenir un canonicat à la Cathédrale de Toul, le nomma conseiller d'état et chef de son conseil. Le Chapitre de Metz l'élut son doyen ; l'église de Saint-Georges de Nancy le choisit pour prévôt, et le Pape Jules II lui donna la commande de l'abbaye de Saint Mansuy. Tous ces honneurs proclament hautement les éminentes qualités que l'on reconnaissait généralement dans Hugues des Hazards, et que les princes et le clergé admiraient et récompensaient.

Hugues fut employé par René, en qualité de négociateur auprès de l'empereur Maximilien et du roi Charles VIII, au sujet du comté de Provence, et il s'acquitta de cette mission au grand contentement de celui qui l'en avait chargé. Aussi René se montra-t-il reconnaissant, et, après avoir obtenu son élection à l'évêché de Toul, saisit-il encore toutes les occasions de lui témoigner son attachement. L'intention de ce prince était d'assister à l'installation du Prélat, afin de lui faire honneur et d'augmenter la pompe de la cérémonie, mais une indisposition l'ayant empêché d'effectuer son désir, il se fit remplacer par son fils aîné, qui accompagna le nouvel évêque depuis Nancy jusqu'à Toul, en société d'un grand nombre de seigneurs Lorrains.

Un prélat d'un mérite aussi supérieur que l'était Hugues des Hazards, dut administrer son diocèse de la manière la plus digne, et quoiqu'il nous reste peu de traces des actes de son épiscopat, cependant ce que nous en connaissons suffit pour nous donner le droit de le ranger parmi ceux qui ont illustré le siège de Toul.

(...)

Ce prélat dressa, en 1515. des statuts synodaux, que l'ignorance de la grande majorité des ecclésiastiques de son diocèse le força de publier en langue française, au lieu de la langue latine qu'ils n'entendaient plus. Il fit construire à Blénod, son pays natal, une très belle église qu'il enrichit d'ornements précieux et d'une dotation considérable en biens fonds. Hugues des Hazards mourut le 14 octobre 1517, à l'âge de 63 ans; son corps fut inhumé dans l'église de Blénod, et son cœur fut déposé sous la nef de la Cathédrale (voir image en médaillon ci dessus représentant un motif de son tombeau).

Source : Histoire de la ville de Toul et de ses Eveques par A. D. Thiery en 1841.

Signature de Hugues des Hazards

Voir aussi pour plus d'information l'article d'Olivier sur l'hôtel particulier de la famille des Hazards.