Basilique Saint-Epvre

La première basilique Saint-Epvre est attestée au XIIe siècle, une seconde basilique est reconstruite à partir de 1436. La reconstruction de la troisième basilique est décidée en 1861. Le projet de Prosper Morey est accepté en 1863. La nouvelle église, désaxée par rapport à l'ancienne, fut reconstruite entre 1864 et 1875 (29/05/1864 : pose de la première pierre, 20/08/1871 : achèvement de la flèche, 07/07/1875 : consécration). C'est un édifice très représentatif du style néo-gothique. Il a conservé l'intégralité de son mobilier (maître-autel, stalles, chaires, bancs d'oeuvre réalisés par Klem de Colmar, table de communion, pupitres, ...). La plupart des vitraux provient des ateliers Carl Geyling une partie des peintures murales est due à Antoine Sublet (en particulier, l'" Apocalypse ").

Guide de l'étranger à Nancy 1835

Avant que la ville s'accrût au XIIIe siècle, l'église Saint-Dizier servait de paroisse à Saint-Dizier, à Nancy, et à Laxou, villages rapprochés les uns des autres ; mais il fallut bientôt une nouvelle église : on l'appela l'église, la paroisse de Nancy, et on la mit sous l'invocation de Saint-Epvre. Laxou devint son annexe. Il n'y a pas encore longtemps que les habitants de ce village se rendaient, le dimanche qui précédait les vendanges, devant le portail de Saint-Epvre leur mère-église, afin d'y annoncer le ban pour le jour fixé. Un vicaire perpétuel, puis un chanoine de Saint-Georges desservirent la cure de Saint-Epvre jusqu'en 1593. A cette époque, l'évêque de Toul ayant érigé cette église et Notre-Dame en paroisses pour la ville vieille, pourvut à leur administration.

L'église actuelle de Saint-Epvre n'est pas la premiers qui ait porté ce nom, car elle n'a pas été achevée avant l'année 1541, comme on peut s'en convaincre par l'inscription suivante gravée en lettres gothiques sous la croisée de la chapelle Saint-Joseph :

A l'onno.r de la Divine T.nité de la Benoîte Vierge Marie, des Benois Sainctz Jèhans-Baptiste et Evangéliste est fondée ceste chapelle par Vénérable p.sone Mess.e Jehan de Ville, Chanone de Toul, et de Nencey, Curé de Céans le quel ait donnei la collation aux Signors Prévost et Chapitre dudit Nancey, po. r la conférer à ung Vicaire des.vant en ladite Esglise ; les quels Signors de Nencey sont tenus donner par chascun an audit Vicaire ou Chapellain la som.e de xx francs corsable, come il appert en la fondation, en temps duq.l Fondour (fondateur) fut ceste Esglise rédifié, et la fist faire à ses propres despens en l'an M.iiij.c ij. Priez pour lui.

La tour de Saint-Epvre, de forme carrée, était la plus élevée de toute la ville quand les Bourguignons assiégeaient Nancy. Sa croisée occidentale qui a vue sur la commanderie de Saint-Jean où était le quartier du duc de Bourgogne, présentait encore dans le dernier siècle les crochets auxquels avaient été pendus les principaux officiers bourguignons prisonniers, en représailles de la mort de Suffron de Bachier, conseiller maitre-d'hôtel de René II, que Charles-le-Téméraire fit accrocher au gibet contre la foi des traités. C'est dans cette tour qu'étaient placées les six cloches qui formaient les doux accords dont parle M. de Rennel. Leur son harmonieux plut tellement à Louis XIV, qu'en logeant au palais ducal il les faisait sonner en volée pendant son dîner, préférant cette musique à celle de la cour. Les cloches de Saint-Epvre ont été faites partie aux dépens de la bourgeoisie, partie à ceux de Jean Simonin, docteur en théologie, protonotaire du Saint-Siège, curé de la paroisse, et historiographe. La cloche la plus forte se fendit au mois de janvier 1747; on lisait sur son pourtour:

Je suis la trompette effroyable
Du ciel criant incessamment:
Chrétiens , craindez du jugement
De Dieu le jour espouvantable.

Plus bas: Jean, Comte de Salm, Baron de Viviers, Brandebourg, etc.; de l'autre côté, Charlotte, et cette inscription:

Charles ce grand duc m'honora
De son beau nom des mon enfance,
Pour avoir de luy souvenance,
Quand le peuple sonner m'ouyra.

Nous fondit Jean de Laytre et M.r Jacques demourant à Clichy.

La cloche destinée à remplacer celle-ci fut coulée au mois d'août par les Burel et Jean Barbiers. Stanislas et Louise-Adélaïde de Bourbon-Conty, princesse de la Roche-sur-Yon, en furent les parrain et marraine. On l'appela Louise.

Quelques années avant la révolution, la flèche de Saint-Epvre ayant eu besoin de réparations , on en diminua considérablement la hauteur, et l'esprit d'économie mutila un monument qui faisait l'admiration des étrangers, au point de lui donner l'aspect d'un simple clocher de village. Quatre ignobles ouvertures remplacent les cadrans accolés jadis à ses quatre faces. Le coq en bronze servant de girouette, fondu en 1453, descendu, puis reposé en 1576, 1752, 1759, a été définitivement déposé, de son siège en 1767.

Le portail de Saint-Epvre, placé au-dessous de la tour, n'est pas, comme le dit Lionnais, d'un ordre d'architecture qui tient du gaulois et du gothique. La forme ogivale de la porte rentrant sous un vestibule de trois à quatre pieds de profondeur, l'effilement des colonnes, le caractère des statues de saint Pierre, de saint Paul et de saint Epvre, qui décoraient les deux côtés et la division centrale de la porte, tout indique le système d'architecture suivi au XVe siècle. Il y a beaucoup de rapport entre ce portail et celui de l'église Sainte-Ségolène de Metz. Les statues précitées ont été remplacées par des figures en plâtre, plus modernes et d'un piteux caractère. Les niches qui les contiennent sont sculptées avec soin. La fenêtre quatriminée, surmontée d'un carreaudage à jour, formée de trèfle enlacé, qui éclaire la face de l'église, est, d'un bel effet; mais ce n'est point une rose, comme l'a dit Lionnais. Au-dessus se trouve une fenêtre à double ogive surmontée d'un cintre. Ces trois ouvertures ne s'harmonisent pas entre elles. On y observe des traces d'un remplissage plus moderne que l'encadrement. Elles appartiennent à trois époques différentes, faciles à déterminer pour peu qu'on ait l'habitude d'étudier les monuments du moyen-âge. Le sanctuaire n'a pas été construit d'un seul jet. Les bas-côtes, comme il est aisé de s'en convaincre, ont été ajoutés à la nef. Éclairée par des fenêtres géminées et triminées en ogive simple, à lancette ou à trois lobes, cette église est assez sombre. Elle l'était plus encore lorsque des vitraux coloriés en remplissaient toutes les ouvertures. Vers le milieu du XVIIIe siècle, la plupart de ces peintures étant brisées, on eut l'inconcevable idée, pour donner plus de jour à l'église, de garnir toutes les fenêtres de petits carreaux blancs. On conserva cependant un beau christ derrière l'autel, ainsi que la fenêtre de la chapelle du Saint-Sacrement, qui appartenait à MM. de Châtenois: ces seigneurs s'étaient opposés formellement à ce qu'on l'enlevât. Je crois les vitraux du XIVe siècle.

Le grand autel n'offre rien de remarquable; mais derrière lui on admire une cène exécutée vers 1582 par Drouin, célèbre sculpteur nancéien. Malheureusement ce morceau fut mutilé en 1759, « car, avant cette époque, dit Lionnais, la cène était dans un ordre d'architecture complet, accompagnée de statues dans des niches, surmontée par une Résurrection de N. S. sortant du tombeau, s'élevant jusqu'à la voûte de l'église. » On distinguait aussi contre le pilier qui sépare le chœur du sanctuaire, a droite, le tombeau du conseiller d'état Didier Bourgeois et de son épouse, tombeau exécuté par Drouin; du même côté, un grand tableau de Remy Constant, qui représentait saint Sébastien après le premier martyre ; vis-à-vis, un tableau de saint Antoine, de même dimension, exécuté par Legrand. Il passait pour son chef-d'œuvre. On lisait au bas : Saint Antoine Patron des Arquebusiers de Nancy. Fait par moi Legrand en 1669; réparé en 1711 par Dominique Coqlet. Le célèbre christ de Bordenave était suspendu à la voûte, et appuyé sur une longue poutre qui séparait le chœur de la nef. Il n'existe plus.

Les chapelles dites de la Conception, de Saint-Nicolas, du Saint-Sacrement, de Saint-Joseph, et de Notre-Dame-de-Pitié, offrent encore des choses curieuses qu'on nous reprocherait de ne point indiquer. Dans la première, c'est une peinture à fresque de quinze pieds de haut sur douze de large, exécutée par Léonard de Vinci au commencement du règne d'Antoine de Lorraine, et représentant six sujets différents groupés de manière à former un morceau d'ensemble; malheureusement, pour la restaurer, des artistes malhabiles l'ont recouverte d'un vernis à l'huile qui la dépare; elle exigerait une nouvelle restauration. L'encadrement ogival faisant le pendant avec celui où cette fresque est dessinée, contient un grand tableau d'une bonne école. La vierge de la même chapelle est de belle rocaille. En descendant du même côté, on aperçoit un bas-relief gothique d'une exécution très-naïve, représentant le Christ levé du tombeau par sa mère, et plusieurs peintures estimées, entre autres une vierge placée vis-à-vis la porte d'entrée latérale. Dans l'autre collatéral on remarque une Vierge, un Christ portant sa croix, une sainte Anne avec la Vierge, un Ecce Homo y etc. Toutes ces peintures méritent vraiment une autre place, car elles n'ont pas assez de lumière pour ressortir comme il convient. Les statues placées au fond du collatéral à droite, dans la chapelle du Châtenoy, exécutées sans goût, sont d'un gothique allemand, très-lourd. Autrefois on admirait encore à l'église Saint-Epvre :

  1. Le tombeau en marbre de madame de Brancas-Villars, épouse du marquis de Salles, morte en 1740;
  2. Celui de Bartolle de Caries, décédé en 1705;
  3. Dans la chapelle du Saint-Sacrement, fondée par Vary de Chastenoy, un tableau de Claude Charles; une fenêtre en vitraux coloriés, représentant l'écu des Chastenoy, une Vierge qui tient l'enfant Jésus, un saint Christophe portant aussi l'enfant israélite, le fondateur à genoux devant un temple, deux femmes également à genoux; plusieurs tombeaux, parmi lesquels ceux du fondateur et de François Chastenoy;
  4. Dans la chapelle de S.t-Joseph, du côté de l'épitre, un grand cadre en bronze ciselé, ouvrage des Chaligny, représentant une Conception, soutenue par deux anges qu'accompagnent saint Henri et saint Jean avec leurs attributs ; des épitaphes de seigneurs de la cour;
  5. Dans la chapelle de Notre-Dame, le tombeau de Barbazat de Hazirot.

On remarquait en outre, aux parties collatérales, le tombeau de Jean Rbusselot, exécuté par Bagard, ceux de Jean Humbert, de Millet de Chevert, exécuté par Joseph Schunken, du primat Antoine de Lénoncourt, de Jean Caboat, de Claude Leclerc, de Jean Gondrecourt, d'Elisabeth de Vitou, de Mathieu de la Mothe et de plusieurs autres notabilités, tous décrits avec assez de soin par Lionnais. Nous renvoyons à son ouvrage.

La paroisse Saint-Epvre avait deux confréries célèbres: l'une des Ames, érigée sous le titre de Notre-Dame-des-Suffrages; l'autre du Saint-Sacrement, à laquelle n'ont cessé d'appartenir tous les princes de la maison de Lorraine depuis Charles III. On appelait à cause de cela messe des princes la messe qui se disait pendant l'octave du Saint-Sacrement, à 11 heures, pour les ducs fondateurs; et procession des princes celle qui avait lieu le dimanche de cette octave dans les rues de la ville vieille. Toute la cour y assistait.

La cloche du couvre-feu qu'on sonnait à neuf heures du soir, se trouvait à Saint-Epvre. A peine l'airain sonore s'était-il fait entendre, que des gardes de nuit parcouraient la ville, mettant à l'amende ceux qui conservaient du feu chez eux. Léopold abolit cette loi; mais on continua jusqu'au règne de Stanislas d'être importune la nuit par des gens affublés d'une dalmatique blanche, chargée de têtes de morts, d’ossements et de larmes noires, et qui, frappant aux portes, psalmodiant d'un ton lugubre de tristes litanies, agitaient constamment une sonnette qu'ils tenaient à la main, et criaient à chaque carrefour: Réveillez-vous, gens qui dormes; priez Dieu pour les trépassés. Cet usage ayant été restreint à l'octave des Morts, les clocheteurs, au lieu d'une sonnette, employèrent un pot de terre couvert d'un parchemin tendu, dans le milieu duquel était attaché un boyau ciré qui leur servait de trompette funèbre.

source : Guide de l'étranger à Nancy par Émile-Auguste-Nicolas-Jules Bégin 1835.

photo pour Basilique Saint-Epvre

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 84959
  • item : Basilique Saint-Epvre
  • Localisation :
    • Lorraine
    • Meurthe-et-Moselle
    • Nancy
  • Adresse : place du Colonel-Fabien
  • Code INSEE commune : 54395
  • Code postal de la commune : 54000
  • Ordre dans la liste : 11
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : basilique
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • 3e quart 19e siècle
  • Année : 1864
  • Type d'enregistrement : secteur sauvegardé ; site inscrit
  • Date de protection : 1999/09/08 : classé MH

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice : 3 formes de décor sont présentes :
    • menuiserie
    • peinture
    • vitrail
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Un élément répertorié fait l'objet d'une protection : décor intérieur
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune basilique (cad. an 190) type propriété de la commune basilique (cad. an 190) : classement par arrêté du 8 septembre 1999 1992
  • Photo : 5d93cd47b2bcc52bdd3e95f88691ec33.jpg
  • Observations : Inscription 15 01 1975 (arrêté) annulée. Secteur sauvegardé 22 07 1976. Quartier Saint-Epvre : site inscrit 20 03 1972 (arrêté) . Objets mobiliers protégés : Vierge de Pitié classée OM 05 12 1908 ; objets divers classés OM 15 01 1970 et 18 10 1971.
  • Référence Mérimée : PA00106109