Maison dite Logis Tiphaine-de-Raguedel

Où Duguesclin fit élever un logis à dame Tiphaine ?

Au Mont Saint-Michel, on montre encore aux touristes, gens admirateurs et crédules, une très jolie tourelle, appelée tour du Guet. Elle se dresse à quelques mètres de la Porte du Roi. C'est une élégante construction cerclée et sillonnée d'arêtes prismatiques et dont la tête fine et curieuse se dresse au-dessus des remparts. On dit, communément, que Tiphaine passait ses nuits à suivre, sur la plateforme de cette tourelle, le cours des astres ; certes, le lieu est bien choisi pour placer l'observatoire de la fée ; les grosses tours du Roi et de l'Arcade faisant corps avec les épaisses murailles enserrant le Mont sont bien en harmonie avec l'idée que nous nous faisons des solides défenses de la forteresse, et cette tourelle du Guet, légère et gracieuse, rentrerait à merveille dans le cadre charmant où il nous plait d'évoquer la gracieuse compagne de Bertrand Duguesclin.

Mais la vérité historique proteste par cette excellente raison que la tour du Guet fut construite sous l'abbé Robert Jollivet de 1415 à 1420. Il suffit, d'ailleurs, de jeter un coup d'oeil sur cette tourelle pour y reconnaître aussitôt la facture du quinzième siècle. Or Tiphaine mourut à Dinan en 1374, c'est-à-dire quarante-cinq ans environ avant que cette construction ne fut élevée.

Cherchons, ailleurs, son logis.

Un manuscrit de l'Abbaye, le Terrier, parlant du « chasteau de Madame Tifaine », en signale les arcades et dit : « Il joignait d'un bout à la grande rue. » De plus, il est indiqué que la maison du Gobelin devait être précisément le logis de la dame : « Aux yeux des Montois, dit M. Victor-Désiré Jacques, Tiphaine, généreuse jusqu'à la prodigalité et dont les nuits se passaient à considérer les étoiles, entretenait des rapports avec le diable, lequel en échange de son âme lui avait fait présent d'un esprit familier, d'un gobelin, résidant presque toujours dans une citerne ou fontaine, derrière le château. Or le trou du Gobelin a été bouché, vers 1840, par M. l'abbé Lecourt, propriétaire du terrain situé entre les arcades et la rue; la maison restaurée actuellement, connue sous le nom de Maison de Duguesclin, ne serait donc pas celle que la fée bretonne habita autrefois. »

Nous partageons l'opinion de M. Jacques tout en reconnaissant que le problème n'est pas facile à résoudre. On ne saurait, d'après nous, tirer aucun argument sérieux, pour déterminer la date des logis revendiquant l'honneur d'avoir abrité Tiphaine, des pierres d'ornementation qui décoraient ces logis. Il ne faut pas oublier que, dans toutes les maisons du Mont, il a été employé des pierres taillées bien antérieurement à leur pose et qui provenaient de démolitions. Après tout, le problème n'est pas de haute importance. Le logis tel que l'habitaTiphaine a disparu, c'est certain ; quant à son emplacement c'est une question de cinq ou six mètres ; il serait puéril, pour le retrouver, de se livrer à des recherches longues et minutieuses qui, d'ailleurs, n'aboutiraient à aucun résultat. Une chose est certaine : Tiphaine habita au Mont.

A quelle époque y vint-elle résider?

Évidemment, postérieurement après son mariage avec Bertrand Duguesclin ; en quelle année fut-il célébré ?

Cuvelier est le seul témoin contemporain qui mentionne ce mariage et il place cet événement entre l'affaire d'Evran et le procès intenté par Bertrand à l'anglais Pelton, c'est-à-dire à la fin de 1363. Toutefois cette date nous semble très contestable. Comme le remarque l'éditeur de la Chronique de Cuvelier, on, ne voit pas bien comment, si Duguesclin se maria dans les derniers mois de Tannée 1363, ou dans les premiers de 1364, c'est-à-dire peu de temps après la prise de Trogoff, il aurait pu se rendre en Bretagne pour se marier et rester même auprès de sa femme un temps relativement long, puisque celle-ci craignit un instant que l'amour ne fit abandonner à son époux le métier des armes. Il se serait ensuite trouvé à la bataille de Gocherel. Dom Lobineau fixe avec bien plus déraison le mariage de Duguesclin à l'année 1360. Il aurait profité de la trêve conclue entre Charles de Blois et Jean de Montfort, trêve qui dura 25 mois environ. A cette époque, Duguesclin fit un voyage à Dinan et c'est là qu'il aurait connu demoiselle Epiphanie Raguenel, fille de Robin Raguenel et de Jeanne de Dinan, héritière de la Bellière.

Cette date de 1360 nous rapproche bien plus de celle de 1359, à laquelle il semble bien que Duguesclin se fiança avec Tiphaine, car il faut rejeter l'hypothèse d'une union projetée durant un prétendu siège de Dinan. Ni les actes, ni les chroniqueurs du temps ne font mention de ce siège ; les hostilités eussent, d'ailleurs, été contraires aux stipulation de la trêve de Bordeaux, renouvelée à Londres, le 18 mars 1359. Le Baud, en parlant de ce siège et en le plaçant au priutemps de 1359, n'a fait que suivre l'erreur de Cuvelier. Si l'année 1359 fut celle qui vit l'union de Duguesclin et de Tiphaine, la nouvelle épouse avait alors 24 ans, puisqu'elle était née en 1335. (...)

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Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 81230
  • item : Maison dite Logis Tiphaine-de-Raguedel
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Manche
    • Le Mont-Saint-Michel
  • Code INSEE commune : 50353
  • Code postal de la commune : 50170
  • Ordre dans la liste : 40
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : maison
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1928/03/01 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :3 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • toiture
    • logis
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : d5b0932f6e73aaae36de4b9ab713e773.jpg
  • Détails : Façades et toitures (cad. AB 33) : inscription par arrêté du 1er mars 1928
  • Référence Mérimée : PA00110497