photo : Normandie Héritage
De nos jours, l'îlot de Tombelaine fait partie du domaine privé de l'Etat, il constitue une réserve ornithologique depuis 1985.
L'histoire nous montre que l'aspect "réserve" et "lieu protégé" remonte bien plus loin que notre époque puisque que le lieu est clairement dédié a la retraite dès le XIIe siècle.
Bernard-le-Vénérable, moine du Bec et prieur de Cernon, fut, ainsi que l'attestent les anciennes pancartes de son abbaye, un religieux très-sage et très-éloquent. Il fut bénit par l'évêque Turgis, fondateur de la cathédrale d'Avranches. Il réforma, par ses exemples autant que par ses ordres, le relâchement que son prédécesseur avait laissé s'introduire, et il supprima les relations extérieures, si contraires au recueillement et à l'esprit de prières. Pour entretenir dans l'abbaye la piété et la ferveur, en 1137, il fonda un prieuré à Tombelaine, autre rocher aride voisin du Mont Saint-Michel, auquel il fit donner, au Moyen-Age, le nom de Mont aux deux Tombes, Mons ad duas tumbas
Trouvant fort propre aux méditations de la retraite spirituelle cet îlot isolé entre la mer et le ciel, ces deux immensités qui faisaient dire à Alfieri qu'il eût été poète, s'il eût su parler une langue quelconque, Bernard y bâtit une belle église dédiée à la Sainte-Vierge, avec des cellules pour un prieur et deux religieux; de plus il fit creuser une citerne et créa un jardin. Par ses soins les Bénédictins du Mont s'y succédaient alternativement, pour se retremper dans l'esprit de leur saint état. Bernard du Bec y vint souvent lui-même puiser les divines inspirations de la solitude.
Pendant qu'il veillait ainsi aux pierres vivantes destinées à la céleste Jérusalem, il ne négligeait pas le temple terrestre, où les âmes venaient se préparer à leur salut éternel. Il fit réédifier la partie septentrionale de la nef de l'église, que Roger II n'avait pas eu le temps de relever de ses ruines; il construisit ensuite, en 1135, sur les quatre piliers du transept, une haute et belle tour, dans laquelle il plaça deux cloches, ce qui était encore une rareté, et il enrichit la basilique de vitraux et d'ornements précieux.
Non content d'avoir fondé le prieuré de Sainte-Marie de Tombelaine, Bernard du Bec s'occupa aussi du prieuré de Saint-Michel de Cornwailles et du prieuré de Brion, à la limite de Genets et de Dragey. « Là, dit D. Le Roy, en parlant de ce dernier prieuré, il fit faire quantité de beaux bâtiments avec une gentille église, propre le tout à servir à la régularité. »
Source : Histoire du Mont Saint-Michel au péril de la mer et du mont Tombelaine par Joseph Deschamps du Manoir 1869.
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