Restes du château

Les ruines du château sont imposantes et d'un effet très-pittoresque.

Il est situé au milieu du Bourg, au bas de la place des Buttes, dans un lieu peu élevé et près d'un ruisseau dont les eaux remplissaient les fossés qui entouraient cette forteresse.

Son enceinte était à peu près circulaire. La partie la plus remarquable était un donjon de plus de 27 mètres de hauteur, et d'une grande largeur, terminé par une plate-forme qu'une voûte soutient et d'où l'on découvre tout le pays.

Ce donjon, de la figure d'un hendécagone (polygone de 11 sommets et côtés), et dont les murs sont d'une grande épaisseur, communiquait par un rempart élevé à une tour carrée où est placée l'horloge, et sous laquelle est la porte d'entrée du château.

Devant cette masse imposante de constructions antiques furent jadis un pont-levis et un fort, l'enceinte était encore défendue par six tours d'une grande solidité. La majeure partie des bâtiments de ce château date du 14e et de la fin du 16e siècle. On remarque dans la cour des colonnes du XIe siècle.

Généalogie des barons de Bricquebec

En l'an 912, Rollon, premier duc de Normandie , donna à Auslech, son parent, avec la baronnie de Bricquebec, le domaine le plus considérable du Cotentin, pour le faire devenir tuteur de Richard, son petit fils. Auslech eut un fils nommé Turstin de Bastembourg ou Bastemberg, qui laissa deux enfans : Guillaume , qui fut baron de Bricquebec, et Hugue-le-Barbu (cum barbâ ) dont descendirent les comtes de Montfort-sur-Rille.

La lignée des barons de Bricquebec se continua dans la postérité de Guillaume : il portait le nom de Bertrand ou Bertrain, qui devint le nom de famille de tous ses descendant Guillaume Bertrand, deuxième du nom, accompagna Guillaume-le-Conquérant en Angleterre. Le poète Wace lui donne le nom de Robert, et en parle ainsi:

"Robert Bertrain ki estait fort. Mais à cheval estait mult fort."

Sept de ses descendans portèrent le nom de Robert Bertrand, le dernier mourut en 1338.

Robert Bertrand, sixième du nom, vécut vers le commencement du 13e siècle ; il épousa Philippine de Nesle, et en eut deux enfans, Robert et Guillaume; ce dernier embrassa l'état ecclésiastique et fut successivement évêque de Bayeux, Moyon et Beauvais.

Robert Bertrand, septième du nom , maréchal de France, céda à Guillaume, son frère, pour apanage, les terres et seigneuries de Fonteney-le-Marmion, Mesnil-Patrix et Sanguernon, à charge de les tenir, par parage, de la baronnie de Roncheville, compris les terres de Bricquebec, Roncheville et Honfleur. Il épousa Anne-Marie de Sully, fille de Henri et de Jeanne de Vendôme. Le contrat de mariage est du mois de mai 1318 et dressé en présence de Philippe V, dit Le Long. Six enfans sortirent de ce mariage : trois fils et trois filles.

  • Robert, tué à la bataille de Crécy, en 1346.
  • Guillaume, qui avait épousé Jeanne Bacon, mort sans postérité.
  • Robin, tué à la bataille de Moron, en Bretagne, en 1352.
  • Les trois filles Philippine, Jeanne et Jeannette, devenues héritières, partagèrent la succession.

L'aînée eut la baronnie de Roncheville, Honfleur, Barneville , Sahurs en Caux et plusieurs autres domaines qu'elle porta à Girard Chabot, sieur de Rain, son mari.

Jeanne, seconde fille du maréchal et femme de Guillaume Paynel, eut la terre de Bricquebec, d'un rapport annuel (en 1353) de 2,299 livres, 1 sol, deux deniers de rente. Ce fut par son mariage avec Guillaume Paynel que les familles Bertrand et Paynel se confondirent en une seule race.

Jeannette , la troisième, eut en partage le fief de Moley et plusieurs rentes à prendre sur la baronnie de Bricquebec; preuve que ce domaine était plus considérable que les différentes terres qui composaient le premier lot, puisqu'il supportait, seul , le supplément dû au troisième. Cette Jeannette fut mariée au sire de la Roche-Guyon.

Ainsi finit la longue race des Bertrand.

Quelques lieux, à Bricquebec ou dans ses environs, ont conservé leur nom. L'Etang-Bertrand, bourg où se tenaient plusieurs foires et marchés il y a cent ans, est de ce nombre; la tradition veut qu'il y ait eu un château et des fortifications. Cela n'est pas hors de doute ; mais il n'en reste aucun vestige. Il existe aussi un chemin connu encore dans la Manche sous le nom de "Querrière-Bertrand", qui, se divisant en plusieurs routes aux portes du château de Bricquebec , traverse plus de quarante paroisses.

Guillaume Paynel, fils aîné de Fouques, sire de Hambie et de Bricquebec, et Jeanne Bertrand eurent quatre enfans :

  • Guillaume
  • Fouques
  • Bertrand, sire d'Olondes
  • Marie qui fut donnée à Jean Tesson , seigneur de Guippon.

Guillaume Paynel, l'aîné, épousa Jeanne Paynel, et d'eux sortirent

  • Guillaume, sire de Hambie, mort sans postérité
  • Fouques, sire de Bricquebec
  • Colin ou Nicolas
  • Jean, sire de Menil-Séran, également mort sans enfans

Ces quatre frères firent un accord, le premier mars 1401, par lequel ils s'obligèrent à ne vendre ou aliéner leurs biens de succession sans le consentement des uns et des autres, sous peine de 10,000 livres d'amende.

Fouques Paynel, épousa Marguerite de Dinant et n'eut qu'une fille nommée Jeanne.

Jeanne Paynel, en raison des grands biens dont elle devait hériter, fut, dès sa minorité, l'objet de vives contestations : Charles VI voulut la fiancer au fils du sire de la Roche-Guyon, mais la famille de la jeune personne s'y opposa fortement. On était près d'en venir aux mains, lorsque les Anglais mirent fin aux débats en s'emparant de la baronnie de Bricquebec et en s'y maintenant l'espace de 32 ans.

Guillaume, comte de Suffolk, parent de Henri VI, roi d'Angleterre, reçut de ce prince, par acte du 22 octobre 1433, les terres de Bricquebec et de Hambie pour lui et ses descendant.

Quelques années après, ayant été fait prisonnier à la bataille de Gergeau avec Jean et Alexandre de Lapole, ses frères, il fut obligé de vendre ses terres du Cotentin pour payer sa rançon et la leur.

La baronnie de Bricquebec fut achetée par Bertin Etuvesull, chevalier du comté de Lancastre, qui avait fait la guerre de France avec Henri V, et s'était distingué à la bataille d'Azincourt. Des actes, qu'on trouve aux archives du château de Bricquebec, lui donnent le titre d'amiral d'Angleterre, et à l'un de ses frères, nommé Henri, celui de lieutenant-général de la Normandie pour le roi d'Angleterre. Le chevalier Bertin conserva Bricquebec jusqu'en 1450, époque à laquelle les Anglais, défaits à Formigny, furent forcés de quitter la Normandie.

Alors Charles VII (illustration à droite) ayant remis les seigneurs normands en possession de leurs biens, et Jeanne Paynel étant morte pendant l'occupation des Anglais, la terre de Bricquebec passa par droit de succession à Louis, sire de Touteville, à cause de Jeannette Paynel, sa femme, fille et unique héritière de Nicolas , second frère de Fouques Paynel, père de la mineure décédée.

Ainsi finit la branche aînée des Paynel ; et par ce moyen, la baronnie de Bricquebec et la châtellenie de Hambie passèrent dans la maison de Touteville.

Louis, sire de Touteville, eut deux fils de Jeannette Paynel, savoir: Jean, sire de Bricquebec, capitaine de cent lances, qui ne laissa que deux enfans naturels, et Michel qui devint héritier de son frère.

Michel de Touteville épousa Marie de la Roche-Guyon, fille et héritière de Guy et de Catherine Turpin de Crissé ; ils eurent deux fils : Jacques, sire de Touteville, chambellan de Louis XI, en 1469 et capitaine de Falaise, qui épousa Jeanne d'Albert, fille de Jean , vicomte de Tartas et Guyon, sire de Bricquebec, qui épousa Isabeau de Crouï. Ces deux frères firent les partages de la succession de leur père ; le premier lot contenait la baronnie de Hambie, la châtellenie de Cantelou et plusieurs autres terres ; et le second, la baronnie de Bricquebec qui échut à Guyon.

Guyon de Touteville et Isabeau de Crouï n'eurent qu'une fille nommée Jacqueline qui fut mariée, par dispense, à Jean de Touteville, son cousin; le contrat de mariage est de 1501.

Guyon de Touteville et Isabeau de Crouï firent probablement leur séjour à Bricquebec, puisqu'ils y ont leur sépulture dans le choeur de l'église paroissiale. Ce tombeau, élevé par Jacqueline, leur fille, s'y voit encore dans l'aile droite, où il a été transporté. Les deux figures gissantes sont d'albâtre et de taille gigantesque. La sculpture de ce mausolée coûta 800 livres, en 1523.

Jean, sire de Touteville et de Vallemont, fut chambellan de François Ier, le 6 mars 1515 ; il n'eut qu'une fille nommée Adrienne, qui hérita de tous les biens de la maison de Touteville et les transmit à celle de Longueville, en épousant François de Bourbon, comte de Saint-Paul, second fils du comte de Vendôme.

Les propositions de ce mariage furent faites par Jeanne d'Albret, reine de Navarre et mère de Henri IV. Le premier article porte que cette reine prie et supplie madame Jacqueline de Touteville de consentir et entendre à ce mariage. François Ier lui avait également écrit à ce sujet; et ce fut en faveur de cette alliance et par le contrat de mariage même, qu'il érigea en duché la terre de Touteville, le 9 février 1534 il fut en outre stipulé que le comte de Saint-Paul et ses descendans prendraient le nom et par conséquent les armes de la demoiselle de Touteville en ecartelure avec celles que ledit comte portait de son chef.

François de Bourbon , comte de Saint-Paul, et Adrienne, duchesse de Touteville, n'eurent qu'une fille nommée Marie qui fut mariée à Léonord d'Orléans, duc de Dunois et de Longueville.

Léonord d'Orléans et Marie de Bourbon eurent trois fils : l'aîné, (Henri) perpétua la branche de Longueville jusqu'en 1707 ; le second devint comte de Saint-Paul, et le troisième fut connu sous le nom de Maréchal de Touleville. Ils eurent ainsi quatre filles dont la plus jeune, Léonore, fut unie à Charles de Matignon, fils de Jacques le Sage, maréchal de France.

Henri, duc de Longueville, fils de Léonard, épousa Catherine de Gonzagues et de Clèves.

Henri, second du nom, sou fils, épousa Anne-Geneviève de Bourbon. Ils eurent trois enfans :

  • Jean-Louis-Charles, connu sous le nom d'Abbé d'Orléans
  • Charles-Pâris d'Orléans, comte de Saint-Paul, qui fut tué au passage du Rhin en 1672
  • Marie d'Orléans, épouse de Henri de Savoie, duc de Némours, morte sans enfans en 1707, et de laquelle le maréchal de Matignon avait acquis les terres de Bricquebec, Orglandes, et Blosville pour le prix de 350,000 livres.

Charles-Auguste de Matignon (illustration à  droite), qui avait épousé Marie Elisabeth Berthelot, fut fait maréchal de France le 18 février 1708, et mourut à Paris le 6 décembre 1729. Il étail fils de François et d'Anne de Mallor; et François était né de Charles et de Léonore d'Orléans, arrière-tante de Marie d'Orléans, veuve de Henri de Savoie, et, par conséquent, habile à hériter de cette duchesse, en laquelle s'éteignit la postérité de Longueville (Cette généalogie a été établie sur actes et pièces authentiques trouvés au chartrier du château de Bricquebec).

Source : Raoul de Rayneval, ou La Normandie au XIVe siècle Par Emile de Pontaumont en 1836.

Découvrez Bricquebec sur Normandie Héritage.

photo pour Restes du château

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 80933
  • item : Restes du château
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Manche
    • Bricquebec
  • Code INSEE commune : 50082
  • Code postal de la commune : 50260
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • Etat courrant du monument : vestiges (suceptible à changement)

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : moyen âge
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Site archéologique : 50 820 13 AH ; 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : c72dcc5da262dd84195901513661e679.jpg
  • Détails : Château (cad. A 158 à 162, 170 à 173, 188) : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00110344

photo : Normandie Héritage

photo : Normandie Héritage