Abbaye du Montglonne ou de Saint-Florent-le-Vieil

Saint-Florent et Beaupréau sont situés sur la rive gauche de la Loire, au dessous d'Angers, dans un pays qui s'est appelé les Mauges, qu'on nomme aujourd'hui la Vendée, et qui, sous l'une et l'autre dénomination, n'a pas cessé d'avoir un cachet de curieuse et profonde originalité.

Origine et légende de Saint Florent

Saint-Florent s'élève d'une manière très pittoresque au bord du fleuve, sur un monticule escarpé appelé le Montglonne. Cette ville a la prétention d'avoir été le premier poste occupé dans l'Anjou par la propagande chrétienne. Ce qu'on peut dire avec certitude, c'est que son origine remonte au commencement du IVe siècle. A cette époque (299), un chrétien bavarois, soldat dans les armées romaines, fuyant les persécutions de Dioclétien, vint se réfugier au Montglonne. Il était à la veille d'être sacrifié comme martyr : pendant le sommeil de ses gardes, un ange brisa ses liens et lui apprit que la volonté de Dieu était qu'il allât dans les Gaules porter sa croyance. Il traversa le Rhône dans une barque qu'il trouva échouée et vermoulue sur la rive, et il le traversa sans péril. Il se rendit à Tours ; l'évêque saint Martin, instruit par une révélation d'en haut de son arrivée dans les Gaules, le distingua, au milieu de la foule, dans une église et lui donna sa bénédiction. Le pieux missionnaire descendit la Loire jusqu'au Montglonne, où l'ange qui l'avait délivré et conduit lui apparut de nouveau pour lui dire de s'arrêter dans cette solitude ; il s'y fixa, en effet, dans une grotte qu'habitaient des serpents, après les avoir conjurés par une fervente prière. Ce Bavarois fugitif, ce soldat persécuté, ce chrétien plein de foi, c'était saint Florent. Il vécut jusqu'à l'âge de cent vingt-trois ans, en communication fréquente avec saint Martin de Tours qui le consacra prêtre, et gagnant partout les esprits au christianisme, par la puissance de ses prédications, de ses exemples et de ses nombreux miracles. Voilà le fait et en même temps la légende auxquels se rattache l'origine de la ville de Saint-Florent.

Quelques solitaires pour continuer l'œuvre de Florent, un oratoire pour prier, quelques cabanes de paysans convertis, telle fut la ville jusqu'au VIIIe siècle. Charlemagne, qui en fut comme le second fondateur, y fit construire un monastère et élever une église ; il dota, en outre, les moines, et leur donna la puissance suffisante pour agir largement sur ce difficile et stationnaire pays des Mauges, dont leur prosélytisme avait entrepris la conquête. Les moyens d'action devaient être en rapport avec cette tâche laborieuse. On dit que César avait désespéré de soumettre et de transformer les Mauges, et qu'il les avait délaissées en les circonscrivant comme une race intraitable, mala gens, d'où leur serait venu, ainsi que nous l'avons indiqué déjà, leur nom de Mauges. Les évêques chrétiens n'en attendaient pas beaucoup plus sans doute que César, car les Mauges flottaient entre les diocèses de Poitiers, de Nantes et d'Angers, abandonnés à l'apostolat aventureux de quelques enfants perdus de l'Église. Charlemagne, qui avait la force comme César et qui avait plus que les évêques la notion de l'influence dont ils étaient les dépositaires, ne désespéra pas de ce pays, ou ne voulut pas qu'on pût dire qu'il avait abdiqué devant sa résistance. Il favorisa donc les moines et la ville de Saint-Florent comme le foyer qui devait envahir les Mauges pour les civiliser ; et c'est de là, on peut le dire, que, sous ses auspices, l'idée chrétienne a pénétré dans cette contrée, où elle a fini par s'implanter si profondément.

Vue de St Florant le Viel. Abbaye de benedictins de la congregation de St Maur; en Aniou, dessin de Louis Boudan 1699

Vue de St Florant le Viel. Abbaye de benedictins de la congregation de St Maur; en Aniou, dessin de Louis Boudan 1699

Le neuvième siècle

Les évêques de Poitiers, de Nantes et d'Angers, insoucieux jusque-là des Mauges et de Saint-Florent, changèrent bientôt de disposition, du moment où le doigt de Charlemagne eut marqué ces points comme quelque chose qui n'était à négliger ni pour l'État ni pour l'Église. Il y eut compétition : tout le monde les avait dédaignés, ou à peu près, tout le monde les réclama. Louis-le-Débonnaire (834) et Charles-le-Chauve (849), appelés à résoudre la question, pour ne mécontenter aucun des prétendants, décidèrent que les Mauges et Saint-Florent n'appartiendraient à personne, si ce n'est aux moines eux-mêmes qui les avaient défrichés et conquis. Saint-Florent fut ainsi érigé en une espèce de petite république monastique, entre trois diocèses, et ne relevant d'aucun. Les moines exercèrent sur leur territoire la juridiction temporelle et ecclésiastique ; ils furent eux-mêmes seigneurs et évêques, et réunirent les doubles profits que donnait une telle position. Cet état de choses s'est à peu près maintenu jusqu'à la révolution. Les évêques d'Angers élevèrent quelquefois des difficultés, quelquefois les moines firent des concessions et transigèrent, notamment, en 1672, avec l'évêque d'Angers, Arnauld ; mais, au fond et pour le plus gros, leur privilège persista jusqu'à la fin. Il s'étendait alors sur neuf paroisses.

Les moines et la ville de Saint-Florent furent plus d'une fois cruellement troublés dans la destinée que leur avait assignée Charlemagne. En 844, Nominoe, duc de Bretagne, dans le cours de ses guerres avec Charles-le-Chauve, incendia l'abbaye de Saint-Florent. Charles la fit reconstruire, et les moines, qui s'en étaient échappés à temps avec les reliques de leur fondateur, purent y rentrer. Plus tard, les Normands mirent de nouveau les moines en fuite, avec la châsse de saint Florent, par la terreur de leurs dévastations. L'abbaye fut brûlée de nouveau, et il n'en resta pas pierre sur pierre (854). Les Normands s'établirent dans la Loire, sur ses rives et dans ses îles ; principalement dans une île située au pied du Montglonne, qui devint un de leurs repaires habituels, et qu'on appelle encore aujourd'hui l'Île Batailleuse. Les moines, d'abord retirés dans les terres pour laisser passer le fléau, durent renoncer à l'espoir de venir relever les ruines de leur abbaye.

L'hospitalité leur fut offerte dans un couvent de Bourgogne, à Tournay, et ils s'y rendirent. Quand les temps calmes revinrent, après la paix conclue avec les Normands, ils pensèrent à ramener au Montglonne les reliques de saint Florent. Les moines furent laissés libres ; mais le couvent qui les avait accueillis refusa de leur rendre le saint. Ils revinrent seuls et désolés ; ils n'eurent pas la puissance de réparer le monastère, et se dispersèrent sans doute, ou vécurent en ermites obscurs. Les reliques de saint Florent revinrent cependant en Anjou, à Saumur, mais non pas au Montglonne.

Le renouveau du XIe siècle

Il y a solution de continuité dans l'histoire et, pour ainsi dire, dans l'existence de Saint-Florent jusqu'en 1025. A cette époque, une colonie de moines du couvent de Saint-Florent de Saumur y est ramenée par Foulques-Néra, et vient y renouer la chaîne rompue des développements de l'abbaye, et de la ville qui n'est rien sans elle. Le Montglonne ne se relève pourtant qu'à moitié : on lui rend ses moines avec toutes leurs prérogatives positives, mais on ne lui rend pas sa suprématie, et il n'est plus qu'un prieuré conventuel. Vers le même temps, Foulques-Néra, au grand déplaisir des moines, très-inquiets de l'arrivée d'un pareil voisin, fit élever à Saint-Florent un château-fort pour la défense de la province du côté de la Bretagne, dont les ducs avaient, à plusieurs reprises, élevé sur ce point des prétentions ou essayé des empiétements. Après Foulques-Néra, il ne se passe plus rien de notable à Saint-Florent. L'idée chrétienne a conquis les Mauges ; elle les possède, suivant leur nature, avec sûreté, mais avec obscurité. Jusqu'à la révolution, la seule circonstance digne de remarque, c'est que le cardinal de Richelieu voulut bâtir à Saint-Florent, lit-on dans Robin, une nouvelle ville à proximité de la Bretagne, et qu'il projetait d'y ériger un diocèse qui aurait compris le pays de Mauges et de Tiffauges jusqu'à Châtillon.

Guerre civile et révolution

Les Mauges n'en étaient encore qu'aux croisades, lorsque après 1789 la guerre civile éclata dans l'Ouest. Le district de Saint-Florent fut le premier dans la Vendée à prendre les armes. C'est là que s'organisa la première bande, et c'est de là que partit Cathelineau, bientôt généralissime de l'insurrection, pour se répandre dans l'Anjou, pour aller victorieux jusqu'à Thouars, pour s'emparer ensuite de Saumur, et venir mourir à Nantes, résumant comme un symbole, de son point de départ à sa fin, les chances de son parti, et décrivant comme le cercle au delà duquel sa fortune devait décroître et cesser. La Vendée avait commencé, le 10 mars 1793, à Saint-Florent : sept mois plus tard, le 18 octobre, après la meurtrière bataille de Cholet, l'armée vendéenne tout entière se rallia dans cette première ville pour y passer la Loire, vaincue, poursuivie, obligée de chercher un refuge sur la rive droite, chassée enfin des Mauges, insurrection catholique, par cette porte-là même qui avait donné accès dans les Mauges à l'idée catholique. Ce fut là que, par une inspiration de mémorable clémence, à ce moment d'implacable lutte, Bonchamp, blessé et mourant, fit accorder la vie à cinq mille prisonniers républicains qu'on se disposait à faire périr en les mitraillant. Un monument élevé, sous la restauration, à la mémoire du général vendéen, dans l'église de Saint-Florent, et qui est l'une des plus brillantes et des plus heureuses œuvres de David (d'Angers), consacre ce souvenir par lequel Bonchamp s'absout de la guerre civile devant l'humanité, sinon devant la politique. Saint-Florent, dont l'abbaye a été détruite pendant la révolution, qui n'a plus de moines et qui n'a plus de Mauges à convertir, n'est aujourd'hui qu'une petite ville d'une physionomie pittoresque, qu'un des chefs-lieux de canton les moins considérables de Maine-et-Loire. Sa population, composée en grande partie de propriétaires et de mariniers, ne dépasse pas 2000 âmes.

Source : Histoire des Villes de France, par A. Guilbert

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 79508
  • item : Abbaye du Montglonne ou de Saint-Florent-le-Vieil
  • Localisation :
    • Pays de la Loire
    • Maine-et-Loire
    • Saint-Florent-le-Vieil
  • Lieu dit : bourg (le)
  • Code INSEE commune : 49276
  • Code postal de la commune : 49410
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 6 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 13e siècle
    • 18e siècle
    • 1er quart 18e siècle
    • 19e siècle
    • 1er quart 19e siècle
    • 3e quart 19e siècle
  • Années :
    • 1702
    • 1806
    • 1822
    • 1859
  • Enquête : 1972
  • Date de versement : 2003/05/02

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 3 informations diverses sont disponibles :
    • conseil général maine-et-loire
    • propriété privée
    • © service départemental de l'inventaire
  • Auteurs de l'enquête MH :
    • Eon Marie-Anne
    • Durandière Ronan
  • Référence Mérimée : IA49003822

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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