Château Le Lavouër

Antoine de Ver, chevalier, commandeur de Liége en 1522, portait: d'or, au chevron de gueules, accompagné de trois merlettes de sable.

La famille de Ver, qui existait en Anjou dès le XIIe siècle, a possédé :

  • Cumeray dans la commune de Saint-Georges-des-Sept-Voies;
  • les Marchais-Benault, dans celle de Faveraye;
  • Chanzeaux;
  • la Guerche dans la commune de Saint-Aubin-de-Luigné;
  • la Poilevrière, château depuis longtemps détruit, dans celle de Chalonnes;
  • le Lavouër, dans celle de Neuvy, etc.

Source : Revue nobiliaire, héraldique et biographique publiée par M. Bonneserre de Saint-Denis 1862.

Si la famille de Ver a marqué l'histoire de la région avant la construction du château actuel tel que nous le voyons aujourd'hui, Les familles de Cambourg et de la Paumélière ont un impact important dans l'histoire du lieu pendant la tourmente qui déferla sur le pays au XVIIIe siècle. Le récit qui suit, met en scène le domaine et les familles importantes de la région à cette époque. La nature de son auteur ainsi que le niveau d'éducation moyen du pays à cette époque doit influer la lecture dans la mesure ou le parti pris pour la cause des propriétaires est directement visible. Il n'en reste pas moins que la lecture des fait, même "déformés" par l'auteur, sont une source précieuse sur la situation et le point de vue d'un camp dans cette histoire et donne une dimension vivante à ce lieu.

Familles de Cambourg et de la Paumélière

Au centre de cet héroïque pays des Mauges, dont César lui-même ne put dompter la résistance, et qu'il ne conquit jamais, près du Pin, berceau du grand Cathelineau, au milieu de cette contrée pittoresque arrosée du sang de tant de braves, se trouve le château du Lavouër (Propriété appartenant anciennement à la famille de Brissac ; elle passa dans la famille de la Paumélière par suite du mariage d'un membre de cette famille avec une demoiselle de Brissac.), reconstruit peu de temps avant la Révolution et habité à cette époque par la famille de la Paumélière, composée du baron de la Paumélière, de son épouse née de Cambourg, et de leurs enfants : Louis (L. de la P. mort en 1844. Garde d'honneur à la fin de l'Empire, décoré de la main de l'Empereur sur le champ de bataille de Rheims. Nommé capitaine au 3e régiment de la garde royale à la Restauration. Démissionnaire en 1830), Mélanie (Devenue Mme la comtesse Ambroise d'Armaillé) Paul (Nommé à la Restauration capitaine au 10e chasseurs, chevalier de Saint-Louis en Espagne, démissionnaire en 1830), Virginie et Rosalie (Mortes pendant la guerre).

Le frère de Mme de la Paumélière, M. le comte de Cambourg, habitait à quelques lieues seulement du Lavouër, au château du Marais, près de Thouarcé. Marié depuis peu, il avait à cette époque deux enfants en bas âge : Auguste, tombé héroïquement pendant le soulèvement de 1815, au combat de Roche-Servière (Au combat de Roche-Servière, MM. de Cambourg et du Reau chargèrent les Bleus avec tant d'ardeur, qu'ils se trouvèrent séparés des leurs. M. du Reau fut tué, mais M. de Cambourg, qui n'était que blessé, fut fait prisonnier et torturé avant de recevoir la mort), et Pauline, devenue comtesse Hector, dont la mère a laissé, sur les malheurs de sa famille pendant la Révolution, des Mémoires pleins de poignants récits.

Au premier appel des Princes, M. de la Paumélière s'empressa d'aller se ranger sous leurs drapeaux. Mme de la Paumélière resta au Lavouër, où la nouvelle du soulèvement lui parvint.

Voir la suite de l'histoire plus bas dans la page.

Mme de Gambourg partit du Marais pour Poitiers avec son mari, sa mère, son beau-père et sa belle-mère, espérant trouver dans cette ville plus de calme et de sécurité que sur le théâtre de la guerre. Elle y rejoignit sa belle-sœur Mme de Menou, qui venait de perdre son mari.

Bientôt M. de Cambourg émigra (1792. M. de Cambourg est mort âgé de près de 101 ans), laissant sa famille dans les larmes. Sa mère ne put surmonter sa douleur et mourut quelques jours après son départ.

Mme. de Cambourg quitta alors Poitiers avec son beau-père et ses enfants, et s'établit à Angers chez sa mère. Elle retrouva dans cette ville Mme de la Paumélière, et tous ensemble y vécurent tranquilles jusqu'à la fin de l'été.

A cette époque, les alliés entrèrent en France ; Mme de Menou rappela sa famille à Poitiers. Ce voyage fut une longue suite de fatigues et de dangers. Tous se mirent en route sur des chevaux portant des bâts, où se placèrent Mme de Cambourg, Mme de la Paumélière, leurs enfants et trois bonnes. Trois paysans à pied servaient de guides. Enfin, M. de Cambourg et M. l'abbé Soyer suivaient sur des chevaux de meuniers.

En passant à Vihiers et à Passavant, ils furent insultés. On voulut même les arrêter; mais M. l'abbé Soyer, qui était déguisé, montra les passeports et par son sang-froid obtint l'autorisation de continuer la route.

A Thouars, la municipalité crut nécessaire au salut de la patrie, de fouiller jusqu'aux langes des enfants.

A Saint-Jean, une bande de forcenés faillit les massacrer; la présence d'esprit du maire de ce village les sauva.

Arrivés à Poitiers, les difficultés furent très grandes pour se procurer un logement , l'administration ayant interdit de recevoir des étrangers. Ils n'en trouvèrent qu'après avoir parcouru la ville une partie de la nuit, demandant un abri pour leurs pauvres enfants.

Peu de temps après, ils rentrèrent à Angers, où le calme semblait devoir,se rétablir après la retraite des alliés. Puis Mme de Cambourg alla s'établir aux environs de Cholet, dans une petite propriété cachée au milieu des bois. De ce refuge, elle entendait le canon tonner presque tous les jours ; c'était l'époque des prodigieux succès des Vendéens. Mais, hélas! le moment fatal arriva. Les Bleus, battus le premier jour, rentrèrent à Cholet pendant la nuit, et, trouvant les Vendéens endormis et épuisés de fatigues, les mirent en déroute après en avoir fait un horrible carnage.

Madame de Cambourg, qui croyait la bataille gagnée, dormait paisiblement, lorsque des fuyards lui apprirent la terrible nouvelle. Il fallait partir. La position était critique : la bonne de ses enfants, la fidèle Gabrielle, avait la petite vérole, et il n'y avait pas un seul homme pour lui venir en aide. Enfin, deux femmes parvinrent à placer sur un cheval un bât et des paniers.On y mit les enfants avec leur bonne, et cette petite troupe, conduite par Mme de Cambourg à pied, arriva au Caseau, habité par M. et Mme de Villeneuve ; elle s'y reposa quelques instants et alla à Jallais demander l'hospitalité à M. Cesbron.

Le lendemain matin, de très bonne heure, Mme de Cambourg se remit en route pour le Lavouër.

Son beau-père et Mme de la Paumélière l'y attendaient afin de suivre tous ensemble l'armée.

Un vieux fermier prépara une charrette et des bœufs pour les conduire à Saint-Florent ; mais, en traversant Neuvy (Le bourg de Neuvy fut occupé un soir par une colonne républicaine qui avait l'ordre de détruire toutes les maisons et de fusiller toute la population, ainsi qu'il venait d'être fait à la Jumellière. M. Launay Goutard, prévenu, fit d'actives démarches et obtint que l'ordre ne fût pas exécuté. Quelques jours avant, le maire, M. Daviau, avait été arrêté sans motifs et fusillé sans jugement au Champ-des-Martyrs d'Angers), ils apprirent que, Botz étant au pouvoir des Bleus, la route était coupée.

Ne sachant quel parti prendre, ils tinrent conseil pour décider s'il fallait rester dans le pays ou rejoindre à tout prix l'armée.

Pour couper court aux hésitations, un brave soldat qui se trouvait avec eux leur dit : « Le sort va en décider, que Dieu le dirige ! Ma cocarde blanche nous indiquera la direction que nous devrons suivre. »

En même temps, posant son chapeau sur la pointe de sa baïonnette, il lui imprima un mouvement de rotation. La cocarde s'arrêta du côté du midi, c'est-à-dire du centre de la Vendée.

Cet incident, insignifiant en apparence, fut leur salut. Ils évitèrent ainsi les misères et les dangers de la tournée de galerne, auxquels si peu de personnes ont pu échapper.

Changeant alors de direction, ils allèrent demander asile à Mme de Russon, qui habitait une propriété près de Rochefort.

A Saint-Aubin, le pont était détruit; il fallut passer la rivière sur des échelles, ce qui, heureusement, se fit sans accident.

A leur arrivée chez Mme de Russon, ils étaient épuisés de fatigue. M. de Cambourg, malgré ses soixante-dix ans, les quitta pour aller rejoindre la grande armée. Sa famille essaya de le retenir, mais il répondit : « qu'après avoir servi trente-cinq ans son Roi et sa Patrie, il voulait vaincre ou mourir avec les braves qui soutenaient la Religion et l'Honneur. » Quelques jours après, il tombait au premier rang sous une balle ennemie !

Le surlendemain de ce départ, à dix heures du soir, on prévint ces dames que les Bleus venaient les arrêter. La nuit était très sombre. Obligées de partir à la hâte, il fallut réveiller les enfants et se mettre en route pour le Lavouër.

Mme de Cambourg avait sa fille sur son dos, son fils était dans les bras de sa bonne. Mme de la Paumélière et la dévouée Nanon portaient chacune un enfant. Les autres suivaient cramponnés à leurs jupes.

A peu de distance de cette habitation, n'osant cependant aller y demeurer, elles s'arrêtèrent dans une métairie où la bonne fermière leur offrit ses vêtements et les cacha dans plusieurs endroits.

Mme de la Paumélière mit ses deux plus jeunes enfants chez de braves gens dont les noms ne nous sont pas parvenus.

La mère de Mme de Cambourg se réfugia chez la veuve Rambault, qui avait déjà recueilli M. Soyer l'aîné, grièvement blessé.

Mme de Cambourg et ses enfants, ainsi que Mme de la Paumélière, trouvèrent un asile dans une pauvre maison éloignée de tout chemin , appelée la Rehorais. Une brave sage-femme de Sainte-Christine, apprenant leur triste position, vint les voir et voulut emmener chez elle Mme de Cambourg. Quant à Mme de la Paumélière, trop connue dans cet endroit pour pouvoir y rester, elle s'engagea à la mettre à l'abri dans une métairie voisine.

Mme de Cambourg, craignant, de la compromettre, ne crut pas devoir accepter son offre.

Deux jours après, la pauvre sage-femme fut dénoncée, arrêtée et exécutée à Angers.

Après un mois passé dans ce triste séjour, Mme de la Paumélière décida sa belle-sœur à se rendre à la ferme de la Planche, située près du Lavouër.

Les excellents fermiers les cachaient le jour dans les genêts, et la nuit leur donnaient l'hospitalité dans la maison.

Un matin, elles en sortirent trop tard. Les gardes nationaux de Chalonnes et un détachement de troupes régulières, fouillant le Lavouër et ses environs, les virent entrer dans les genêts et tirèrent sur elles plusieurs coups de fusil, heureusement sans les blesser.

Ils les arrêtèrent et les emmenèrent tous prisonniers au Lavouër, les poussant devant leurs chevaux. Mme de la Paumélière portait sur son dos deux de ses enfants; les bonnes Nanon, Angélique et Victoire conduisaient les autres.

En arrivant au château, elles virent les effets, qui avaient été trouvés dans une cache, étendus pêle-mêle.

Les Bleus, offrant aux enfants leurs anciens habits de fêtes, espéraient qu'ils allaient se trahir. Pas un seul de ces petits infortunés ne se laissa prendre au piège.

Furieux de ne pouvoir les faire parler, ils voulurent les massacrer.

Cela se passait près du massif d'ormes qui existe encore à quelques pas du château.

C'est alors que le petit Louis de la Paumélière, ravissant enfant aux longs cheveux blonds bouclés, se jeta à genoux aux pieds d'un officier de hussards, en demandant la grâce de ses parents.

L'officier, ému à la vue de cet enfant, l'enleva sur son cheval et le porta à un général qui galopait dans les avenues.

« Aurais-tu, lui dit-il, le courage de tuer la mère de cet enfant? »
Le général, ému (Longtemps après, sous l'Empire, Mme de Cambourg aperçut, dans une rue de Paris, ce général, dont elle ignorait le nom. Elle fit immédiatement arrêter ses chevaux et s'élança à la suite de son sauveur. Mais, pendant qu'elle descendait de voiture, il avait disparu; elle ne put le retrouver pour lui exprimer de nouveau toute sa reconnaissance), revenant près de Mme de la Paumélière, lui dit:
« Sauve-toi, il m'en arrivera ce qui pourra, mais, à cause de ton fils, je te fais grâce de la vie . »

Quelques jours après, 400 gardes nationaux de Chalonnes, aussi lâches que cruels et pillards, vinrent mettre le feu au Lavouër. En passant à Neuvy, ils commirent mille horreurs. La population valide du pays marcha contre eux après s'être réunie à quelques blessés de la grande armée, réfugiés dans les bois des Fossés-Hérault, les atteignit à Groutteau, les cerna et les tua jusqu'au dernier. Ces 400 cadavres sont enfouis près de la croix appelée Croix-de-Groutteau.

Après cette terrible scène, il fallut trouver un refuge ; mais, les maisons leur étaient fermées, les Bleus punissant de mort ceux qui recevaient les fugitifs.

A la ferme de la Courandière, les métayers voulurent bien prendre chez eux le fils de Mme de Cambourg et sa bonne.

Pendant huit jours, ces dames durent rester sous la pluie, cachées dans les champs.

Enfin, un soir, elles se rendirent à la ferme de la Barre-Grimaud : la pluie tombait à torrents, les pauvres enfants mouraient de faim et de froid, personne ne voulait les recevoir, lorsqu'une bonne et sainte fille de la Poitevinière, qui servait de garde-malade à la fille du fermier, obtint la permission de les faire entrer. Elles purent enfin se sécher, se chauffer et manger un reste de soupe.

Au milieu de la nuit, la malade succomba dans leurs bras.

Le lendemain matin, de bonne heure, elles retournèrent dans les genêts, emportant seulement un peu de feu dans une chaufferette de terre.

La pluie tombait toujours.

Vers le soir, Mme de Cambourg se mit à la recherche d'une maison.

Ayant aperçu la demeure d'un meunier sur le bord de la rivière de Jallais, elle retourna chercher sa belle-sœur, et ensemble elles allèrent frapper à la porte.

La meunière vint leur ouvrir et leur dit :
« Je vois bien qui vous êtes. Le bon Dieu vous amène ici, et vous pourriez y rester si nous n'étions obligés, à cause de notre métier, de voir souvent du monde. Mais, chauffez-vous toujours pendant que je vous préparerai à manger, puis j'irai vous chercher un asile. »
Elle sortit et revint bientôt après les prendre pour les conduire à la métairie du Chêne-Percé. Le métayer les reçut en leur disant :
« Comment refuser un abri à des personnes semblables et qui se trouvent en pareille peine ? Le bon Dieu me refuserait la porte du Paradis à mon dernier jour. »

Mme de Cambourg, s'apercevant alors de l'état de grossesse avancé de sa femme, lui dit qu'elle n'osait, voyant sa position, accepter son hospitalité, mais l'excellente femme lui répondit :
« Il ne m'arrivera pas de malheur ; je n'ai pas peur, et je crois que vous amènerez la bénédiction du bon Dieu dans la maison et dans toute la famille. »

Il y avait deux mois qu'elles vivaient dans cette demeure charitable, le jour se cachant au dehors, la nuit retournant à la ferme pour y prendre un peu de nourriture et de repos, lorsque l'ordre fut donné à l'armée républicaine de brûler toutes les habitations, de tuer les femmes et les enfants et de ne pas laisser un être vivant.

Les genêts servirent alors de refuge à toute la population de la Vendée.

Un jour, le champ où étaient Mmes de Cambourg, de la Paumélière, et les métayers qui les avaient reçues, fut cerné par les Républicains.

Tous se crurent à leur dernière heure.

Mme de Cambourg tenait dans ses bras sa petite fille, qui joignait les mains et priait le Ciel d'avoir pitié de sa pauvre mère.

Les Bleus, apercevant au loin des fugitifs, se mirent heureusement à leur poursuite et ne revinrent pas.

Vers le soir, le ciel fut embrasé par la lueur des incendies.

Les pauvres fermiers se tournèrent vers Mme de Cambourg en disant :
« Dieu nous a pris tout notre bien, nous n'avons même plus d'abri !... »

Mais, le lendemain, quelle ne fut pas leur joie en s'apercevant que leur maison hospitalière était seule debout et intacte au milieu des ruines !

Mmes de Cambourg et de la Paumélière restèrent dans cet endroit, si miraculeusement préservé, jusqu'à la fin de la Terreur.

Pendant que Mme de la Paumélière était cachée à la Rehorais, elle avait confié ses deux enfants jumeaux, Paul et Virginie, à leur excellente bonne Nanon Reuillé.

Cette dernière, fuyant un jour devant les Bleus avec les deux enfants, était sur le point d'être prise et massacrée près de la Guigneraie.

Sans hésiter, elle les lança par dessus un buisson et prit la fuite d'un autre côté pour attirer les Républicains.

Elle put heureusement leur échapper et venir plus tard reprendre les enfants.

Virginie mourut de misère peu de temps après.

Paul resta avec Nanon, qui courut encore de grands dangers.

Un jour, suivant le sentier d'un champ de genêts, elle se trouva face à face avec un Bleu, qui voulut la tuer. Elle s'enfuit en lui jetant un paquet d'assignats, que le vent dispersa de tous côtés.

Le soldat perdit du temps à les ramasser, puis, en vociférant, se mit à la recherche de Nanon, qui s'était cachée dans le fourré.

Le petit Paul disait, pendant ce temps, à sa bonne :
« Tu ne l'entends donc pas qui t'appelle ? Réponds-lui donc. »

Et la bonne lui mettait la main sur la bouche pour étouffer sa voix.

Le Bleu aperçut une malheureuse femme cachée dans le même champ, et, croyant que c'était celle qu'il poursuivait, il la tua et continua sa route.

Mélanie passa trois ans de suite à la Planche, ferme du Lavouër, habitée par de fidèles métayers nommés Béduneau, les servant comme si elle eût été leur fille, et gardant les moutons.

C'est là qu'à l'âge de huit ou neuf ans, elle fut atteinte de la petite vérole, terrible maladie qui sévissait avec fureur en Vendée pendant la guerre.

La bonne fermière, au coeur généreux et dévoué, la coucha dans un de ces grands lits à quenouilles, encore en usage dans la Vendée, et l'enveloppa dans une vieille mante pour la garantir du froid.

A cette époque, les colonnes infernales parcouraient le pays, signalant leur passage par le meurtre et l'incendie.

Un matin, un détachement, conduit par un patriote de Chalonnes, arriva à la Planche, et fit une perquisition dans la ferme.

Un des Bleus, le sabre à la main, s'approcha du lit où reposait Mélanie et ouvrit brusquement les rideaux ; la prenant pour une vieille femme, à cause du capuchon dont elle était couverte, il voulut la tuer, obéissant ainsi à l'ordre de la Convention, de massacrer jusqu'aux vieillards.

Déjà son arme était levée, lorsque la femme Béduneau lui arrêta le bras en s'écriant :
« Que fais-tu ? C'est ma fille que tu vas tuer !
Ta fille ? reprit le patriote de Chalonnes, tu n'as, que quatre enfants, et les voilà! »

Se retournant vers le chef du détachement, la courageuse femme lui dit :
« C'est grande pitié de voir cet homme voler votre argent ; vous le payez pour vous conduire et vous renseigner, et il ne connaît même pas le nombre de mes enfants. Regardez ma fille, et attrapez sa maladie si vous voulez. »

A l'aspect hideux de l'enfant, les bandits effrayés s'enfuirent.

Mélanie, grâce aux soins de la fermière, recouvra la santé.

La petite vérole ne laissa aucune trace ; elle devint une des femmes les plus jolies, les plus gracieuses et les plus séduisantes de son temps.

Pendant un des séjours que Mmes de Cambourg et de la Paumélière firent au Lavouër (Le quartier général de Stofflet fut plusieurs fois fixé au Lavouër. Le célèbre abbé Bernier, curé de Saint-Laud, y séjourna aussi à différentes reprises. On a retrouvé et conservé dans ce château le cachet de Stofflet et le saint ciboire qui servit à l'abbé Bernier pendant la guerre), on vint leur dire que les Bleus arrivaient.

C'était le malin de très bonne heure. Il fallut réveiller les enfants et les emporter presque nus vers le moulin à eau des Briffières. La petite rivière du Jeu, qu'on devait traverser, était débordée.

Heureusement, de l'autre côté, Véron, un des plus braves chasseurs de Stofflet, qui était venu se reposer dans sa famille, faisait boire son cheval en cet endroit. Il passa l'eau, et, prenant les enfants dans ses bras, les mit en sûreté sur l'autre rive. Puis il revint encore pour faire traverser la rivière à ces dames, qui, cramponnées à la crinière du cheval, avaient de l'eau jusqu'au cou.

Pendant qu'elles gravissaient le coteau, les Bleus les aperçurent et firent feu sur le groupe ; mais un détour du chemin les préserva des balles.

Pour arrêter l'ennemi, Véron se mit à crier le terrible Rembarre ! et les Bleus, croyant avoir affaire à une troupe nombreuse, ne les poursuivirent pas.

Elles allèrent, avec leurs enfants, se cacher dans un champ d'ajoncs, près du Pineau, et passèrent la journée en proie aux plus atroces souffrances de la faim et du froid, n'osant faire du feu pour sécher leurs vêtements, craignant que la fumée ne trahît leur présence.

Le soir, elles demandèrent l'hospitalité aux Charpenteraies. Après avoir essuyé plusieurs refus, une vieille femme, par pitié, consentit à les recevoir, et leur donna de quoi changer et soigner les pauvres enfants, qui étaient tout ensanglantés.

La petite Mélanie avait la jambe gauche presque entièrement dépouillée ; sa bonne lui enleva d'un seul pied trente-deux épines.

Le lendemain, les Bleus arrivaient.

Tout le monde alla se cacher, à l'exception de quelques infirmes, à qui les Républicains persuadèrent de faire rentrer leurs parents et leurs amis, promettant de ne leur faire aucun mal.

Quelques-uns eurent la faiblesse de les croire ; mais, dès le lendemain, les Bleus, avant de quitter le village, forcèrent tous les habitants à danser en rond dans l'aire, et chaque fois qu'un malheureux passait près de la barrière derrière laquelle ils se tenaient, ils le perçaient à coups de baïonnettes.

Tous furent tués et les maisons brûlées.

Mme de la Paumélière était revenue depuis quelque temps au Lavouër, lorsque l'approche des Bleus la força de le quitter de nouveau et de s'enfuir avec les enfants vers la ferme de la Grenonnière, Le brouillard était épais et ne lui permit pas d'éviter un soldat, qui voulut la massacrer. Elle cacha ses enfants derrière elle et recommanda son âme à Dieu.

Trois fois le soldat la mit en joue, et trois fois le fusil rata; Il lui dit alors :
« Tu l'as échappé trop belle, va te faire tuer ailleurs. »

M. de la Paumélière, partant pour l'émigration, avait coupé en deux son anneau de mariage, laissant une moitié à sa femme et conservant l'autre, afin de la lui faire parvenir lorsqu'il voudrait en secret lui annoncer son retour.

Un soir, Mme de la Paumélière, se trouvant au Lavouër, reçut cette moitié de l'anneau.

Quelques instants après, son mari arriva (1796), embrassa sa femme, sa sœur, puis ses enfants, que l'on avait envoyé chercher dans la ferme où ils étaient cachés, et alla se réfugier à la Guigneraie.

Quelques jours après, pendant qu'il attendait un moment favorable pour rejoindre l'armée vendéenne, un meunier qui lui devait de l'argent le dénonça.

Arrêté près de la Saulaie, il fut conduit à la Jumellière, puis au château du Pineau, d'où il écrivit à sa femme pour lui apprendre cette fatale nouvelle et la prier de venir lui dire un dernier adieu.

Malgré son empressement, elle arriva trop tard !

Angélique, fille de basse-cour, put seule rejoindre son maître et le suivre dans sa longue agonie (Quelque temps auparavant, Mme de la Paumélière, à bout de ressources, dit à ses domestiques qu'elle ne pouvait les conserver près d'elle, n'ayant plus de quoi les payer et les nourrir. Mais, pas un de ces braves gens ne voulut l'abandonner, « Jamais nous ne vous quitterons, dirent-ils, nous avons des bras et nous vous nourrirons. » Les noms de ces dévoués serviteurs méritent un souvenir éternel. Le jardinier Vigneaux et son aide Rethoré gardèrent le Lavouër pendant toute la guerre avec la cuisinière Victoire. Ils y éteignirent trois fois l'incendie, que les soldats de Thureau et les gardes nationaux y avaient allumé. Nanon Reuillé ne quitta jamais Mme de la Paumélière pendant toute la guerre. Nous avons vu déjà qu'elle sauva les petits Paul et Virginie).

Du Pineau, il avait été dirigé sur Chalonnes et embarqué sur le bateau d'un sieur Cordon, en face l'église Sainte-Maurille

Angélique, qui ne l'avait pas perdu de vue, parvint à l'approcher. Il lui dit :
« Si vous pouvez trouver 25 louis, je suis sauvé. Mes gardiens, qui sont des Allemands, m'ont promis de me laisser échapper pour cette somme. »

La pauvre fille courut tout le pays pendant vingt-quatre heures, mais ne put réunir que 15 louis !

Arrivé à Angers, M. de la Paumélière fut enfermé au château, où il trouva l'abbé Greffier, son protégé, devenu plus tard curé de Saint-Laurent-de-la-Plaine

« Mon cher abbé, lui dit-il, si vous recouvrez la liberté, vous irez trouver ma pauvre femme et vous lui direz que je meurs ayant dans le coeur toute ma tendresse pour elle et pour mes enfants. Vous lui direz encore que je meurs en bon chrétien et en Vendéen. »

Puis il lui remit un louis de 12 francs, sa montre et une mèche de cheveux.

Ces derniers souvenirs purent parvenir à sa femme et sont encore conservés pieusement par sa famille.

Traduit devant un Conseil de guerre, le président lui dit à voix basse :
« Nous sommes fatigués d'envoyer à la mort tant de braves gens. Dites que vous n'avez pas émigré, et nous vous acquitterons. » Mais M. de la Paumélière préféra mourir que de conserver la vie par un mensonge.

Angélique, qui l'avait suivi dans un autre bateau, se trouva encore à son exécution qui eut lieu sur le Champ-de-Mars d'Angers, le long du mur actuel de la Banque, comme en fait foi la pièce suivante, récemment découverte :

« Au citoyen Gilet.
« Le vendredy 19 février 1796, M. Louis-Mabille de la Paumélière a été conduit à Angers. Il avait été pris dans sa maison du Lavoir, près de Neuvi. Après un jugement du Conseil militaire, il a été condamné à mort, commme convaincu d'émigration.
« La sentence a été exécutée sur le Champ-de-Mars, le lundi 22 février, sur les huit heures du matin.
« Avant de mourir, il a donné 45 livres en argent qu'il avait, à ceux qui étaient chargés de le fusiller, en disant qu'il leur pardonnait. »

Et sur la même pièce :
« M. Stofflet a été arrêté le mercredy 24 février, dans la ferme de la Saugrenière, près de Jallais près Beaupréau, et conduit à Angers même jour. Il est entré en ville vers cinq heures du soir.
« Une foule immense de peuple était sur son passage et criait : Vive la République ! en poussant des hurlements et des cris de mort. Il était accompagné de quatre de ses gens. Deux étaient Allemands et simples fusiliers. Il y avait un jeune homme de quatorze ans.
« Ils ont tous été jugés dans la nuit et condamnés à mort, à l'exception du jeune homme, qui a été, à cause de son bas âge, condamné seulement à la prison jusqu'à la paix.
« On en a mis un autre à sa place, qui a été fusillé avec Stofflet et ses trois gens dans le Champ-de-Mars, sur les neuf heures, le jeudy même jour de leur jugement, en présence de toute la populace de la ville et de la garde nationale.
« Ils ont montré beaucoup de courage.
« Ils se sont recommandés aux prières des personnes qui les entouraient, en se félicitant de mourir pour leur Dieu et leur Roy. »

La courageuse fille entendit M. de la Paumélière dire à un soldat du peloton d'exécution :

« Es-tu père de famille ?
- Qu'est-ce que cela te f... ? lui répondit le misérable.
- Hé bien, tu dois aimer tes enfants ; reprend M. de la Paumélière. Voilà tout ce que je possède d'argent, donne-le leur de ma part, et frappe droit au coeur ! »

A ce moment, la foule repoussa Angélique, qui entendit le feu de peloton, mais ne put s'assurer si son pauvre maître respirait encore.

Il fut transporté et inhumé aux Champs-des-Bonshommes, appelés depuis Champs-des-Martyrs.

Les sœurs de M. de la Paumélière, qui étaient cachées à Angers, de l'autre côté des ponts, chez la femme Goudé, buraliste, désiraient voir une dernière fois leur malheureux frère.

En apercevant le funèbre cortège, elles éprouvèrent un tel saisissement, que leur santé en fut altérée pour toujours.

La famille a conservé les lettres suivantes, que M. de la Paumélière adressa à sa femme après son arrestation.

Première lettre

« La Jumellière, 26 pluviôse, an IVe.
« Le sort ennemi vient enfin d'accomplir sur mon trop malheureux individu les pressentiments que j'éprouvais depuis longtemps. J'ignore encore quel sera mon sort, auquel bien des êtres sensibles compatissent sans pouvoir y remédier.
« Tu. pleures en ce moment, ô mon amie, que ne puisse encore essuyer tes larmes ? Cette jouissance me sera sans doute refusée.
« Hé bien, bénissons l'Être suprême et ne murmurons plus contre sa volonté.
« Je fais à ma Patrie un sacrifice bien pénible par tant de motifs.
« Je te laisse mes enfants : rappelle leur quelquefois leur infortuné père ! Que, quelles que soient leurs destinées à venir, ils ne cessent de bénir en toute occasion la main de Dieu qui les conduira.
« Tout espoir ne m'est point encore ravi. Je ferai pour mon salut tout ce qui me sera permis de faire et tout ce que l'honneur me permettra.
« Adieu, femme infortunée, je t'embrasse et t'aime toujours.
« Embrasse tous nos amis. Dis-leur que, si je meurs, je mourrai avec la fermeté qui me convient. « Adieu !
« Ton malheureux époux,
« Mabille DE LA PAUMÉLIÈRE.
« P.-S. On me mène au Pineau. Je te ferai connaître mon sort quel qu'il soit. »

Deuxième lettre

« Il est décidé, ma chère et malheureuse amie, que je dois partir pour Angers, où mon procès doit être instruit.
« J'ai obtenu du général Spital, commandant au Pineau, de surseoir à mon départ jusqu'à ce que je t'aie vue; arrive donc promptement, je te fais passer un passeport.
« Je crois que tu peux hasarder cette démarche. Je n'ai jusqu'ici éprouvé que des égards.
« Je manque de tout, mon argent m'a été pris ; je suis sans linge, mais non sans peines.
« Il faut avoir mes papiers de Poitiers et faire promptement partir pour Paris, où l'on peut trouver des amis. Où prendrons  nous de l'argent ? Il faudra aussi aller à Lyon.
« Emmène avec toi qui tu voudras, tu auras des passeports du commandant.
« Pardonne, chère amie, si je te demande ces petits services de l'amitié que tu m'as toujours témoignée.
« Tout à toi pour la vie.
« Ton ami malheureux.
« Au Pineau, ce 27 pluviôse, an IVe. »

troisième lettre

« Au Pineau, le 27 pluviôse.
« C'est la troisième fois que je t'écris, ma chère et tendre amie ; on te cache sans doute ma triste et pénible aventure. Si tu reçois celle-ci, qu'elle t'apprenne que peut être on perd tout en te cachant ma situation, que tu allégerais peut-être  (Les lettres ne parvinrent à Mme de la Paumélière que plusieurs jours après).
« Je pense que c'est toujours pour le mieux que l'on t'inspire ; mais, ma tendre amie, au nom de notre amitié, ne m'oublie pas et rends-toi à mon invitation.
« J'ai fait prolonger mon séjour, mais, hélas ! pourrais-je espérer de te revoir, si tu ne profites pas du temps qui te reste.
« Viens de suite, si tu veux te rendre à Angers avec moi, où nous préparerons nos moyens de défense , s'il en est.
« Adieu, chère et tendre amie, bon voyage et courage!
« Pour la vie, ton fidèle ami,
« Mabille DE LA PAUMÉLIÈRE. »

Quatrième lettre

« Des prisons d'Angers, 30 pluviôse.
« J'y suis arrivé, ma chère amie, aujourd'hui, sur les dix heures, après avoir été mené de Caïphe chez Pilate.
« On m'a montré toute l'horreur de ma situation, peut-être pour m'épouvanter.
« J'ai déployé la fermeté que j'aurais cru m'être étrangère.
« Les chasseurs déserteurs me nuiront beaucoup. Heureusement je n'ai eu aucun titre ni grade, et n'ai signé rien qui puisse me compromettre.
« Aussitôt mon arrestation près la Saulaie et la Poitralière, où demeure le commissaire Froger, j'ai déclaré que notre intention, celle de Cesbron et la mienne, étaient de nous rendre aux vues du Gouvernement; que nous y portions nos armes et le peu de munitions que nous possédions ; que l'absence du commissaire m'avait porté, pour l'attendre, à la Saulaie, où nous avions dîné.
« Ils sont venus faire cette déclaration au Pineau, où j'avais espéré trouver un peu d'humanité, mais vainement. Un dé- serteur ayant dit que je commandais au Lavouër une escorte de quinze chasseurs... donc j'étais un chef. On ne me faisait guère d'honneur.
« Cet article ne m'épouvante guère ; la vérité que j'annonce me garantirait un succès complet sans la prévention.
« Je présume que Cesbron, que j'ai nommé peut-être heureusement pour lui, aura remis son fusil au commissaire; qu'il en prenne acte et l'envoie au général Spital ; qu'il rappelle l'époque où j'ai été arrêté et qu'il certifie nos intentions.
« Que les commissaires de Neuvi fassent devant un notaire de Chalonnes leur déclaration de ce qu'ils savent et qu'ils certifient qu'à leur retour du quartier général ils avaient su de leurs femmes que nous nous étions présentés pour déposer nos armes et nos munitions. ; qu'en les attendant, nous étions, d'après notre dire, allés dîner à la Saulaie, chez un de mes métayers.
« La paroisse pourra de plus certifier que j'ai toujours parlé pour le plus grand bien : une paix stable et durable.
« Arrivé de Lyon, le 24 décembre dernier, j'ai déclaré avoir eu le dessein de t'y conduire avec tes enfants, où j'espérais être plus tranquille d'ici à quelque temps ; que les circonstances avaient arrêté notre départ, très peu disposé par la rareté de fonds, le pays étant dévasté ; qu'enfin j'avais pris le parti d'attendre le moment favorable. Ainsi, sois ferme et stable là-dessus.
« Aie le courage qui nous convient ; ta sensibilité m'épouvante ; la mienne est à une rude épreuve, mais je songe à l'avenir et il faut garder sa tête fortement menacée par l'orage.
« Il faudrait des fonds pour envoyer à Lyon une personne sûre pour y faire les preuves nécessaires.
« Je suis au secret; on lit les lettres, c'est une dure inquisition ; encore sommes nous plus fins qu'eux, la pluie de Danaé...
« Écris à Mélanie par des exprès prudents et point suspects.
« Adieu, tendre amie, je t'embrasse.
« Je ferai demander pour toi un passeport et pour celles qui voudront voyager. »

Cinquième lettre

« C'est dans ce jour, ô mon amie, que je vais rendre compte à l'Éternel d'une carrière passée en grande partie dans les peines et les chagrins.
« Prends courage, épouse infortunée, réserve le temps qui te reste à vivre pour l'éducation de nos enfants , dignes sans doute d'un meilleur sort.
« Quelle que soit la destinée qui les attend, qu'ils se rappellent leur infortuné père mourant du supplice des infâmes ; et comment.
« Dis-leur que je pardonne à tous mes ennemis, et qu'ils doivent suivre mon exemple, s'ils sont destinés à parvenir à un âge plus avancé.
« Dis-leur que je les aime, et que si quelque chose me peine en mes derniers moments, c'est l'incertitude de leur sort.
« Être suprême ! je vous les recommande !
« Et toi, malheureuse , quelle est ta cruelle position !
« Ame sensible et honnête, sèche tes larmes et prends le caractère qui nous convient.
« Adieu, je t'embrasse et te dis mon dernier adieu !
« Ton infortuné ami et époux,
« Mabille DE LA PAUMÉLIÈRE.
« Ce ... . ventôse, an IV. »

Il est des familles dont le dévouement semble croître en raison même du sang qu'elles prodiguent, et 1832 comme 1815 devaient retrouver en armes Louis et Paul de la Paumélière, au premier appel de la duchesse de Berry (Cte de Quatrebarbes).

Le fatal contre-ordre donné la veille du soulèvement de 1832 ne parvint pas à MM. de la Paumélière, qui étaient déjà en marche, à la tête de cinq cents hommes, pour attaquer Montjean.

Leur tentative isolée ne pouvait réussir. Les gardes nationaux des environs, prévenus par des espions, occupaient le bourg.

Malgré leur petit nombre, les Vendéens s'acharnent à enlever la position.

Un Bleu, tenant en joue M. Paul de la Paumélière, allait le tuer, lorsque son garde, le brave Thibaudeau, se jette devant lui et reçoit la balle destinée à son maître.

Ce fidèle et héroïque serviteur est mort seulement en 1878.

La veille de sa mort, il entend une conversation et croit comprendre que le Roi est sur le point de rentrer en France.

Se soulevant sur son lit de douleur, il demande avec instance un cheval, assurant qu'il avait encore assez de forces pour mourir pour son Roi.

Quelques jours après le combat de Mont-jean, MM. de Civrac, Moricet, et de Cathelineau, ce dernier, fils du Saint de la Vendée et ancien porte-drapeau du 3e régiment de la garde royale, se trouvaient cachés dans la ferme de la Chaperônnière, habitée par le métayer Guinehut, sa femme et ses enfants.

Une compagnie du 29e de ligne, commandée par le sieur Rénier, arrive et déclare que les Chouans qui leur ont été dénoncés doivent leur être remis.

Le brave Guinehut refuse d'indiquer l'endroit où sont ses hôtes.

Rénier donne l'ordre de le fusiller.

Guinehut reste impassible......

Au moment où il va tomber victime de son dévouement, M. de Cathelineau soulève la trappe de sa cachette en déclarant qu'ils se rendent.

A sa vue, Rénier ordonne à ses hommes de tirer sur lui.

Pas un n'obéit.

Il s'empare alors du fusil d'un de ses soldats et assassine le malheureux Cathelineau, qui, en tombant, couvre ses deux amis de son sang.

Le misérable Rénier, décoré pour ce fait par Louis-Philippe, ne tarda pas à expier son crime, car on assure qu'il fut tué en duel par un ancien officier de la garde royale.

L'héroïque Guinehut, arrêté, ainsi que MM. de Civrac et Moricet, fut jugé à Orléans et acquitté. Son séjour dans cette ville, ne fut qu'un long triomphe.

De retour en Anjou, retiré dans sa métairie, il venait souvent voir les habitants de la Morosière et du Lavouër, et là, comme dans tous les châteaux où il allait, la place d'honneur lui était toujours réservée.

Il est mort en 1868, entouré de l'estime et de l'admiration générales.

MM. de la Paumélière, condamnés à mort après les événements de 1832, s'expatrièrent à Genève.

Après quelques années d'exil, ils revinrent en France se constituer prisonniers;

Ils furent acquittés à Orléans, après avoir été défendus par M. Janvier.

Rentrés dans leur cher pays, ils attendirent, mais en vain, jusqu'à leur mort, et dans la paix du foyer domestique, l'occasion de verser leur sang pour la vieille devise vendéenne: Pro Deo, Rege et Patria.

Source : Familles d'Armaillé, de Cambourg et de La Paumélière pendant les guerres de Vendée par Villebresme, Maurice (Jacques-Marie-Maurice Goislard, Vte de) 1879.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 78907
  • item : Château Le Lavouër
  • Localisation :
    • Pays de la Loire
    • Maine-et-Loire
    • Neuvy-en-Mauges
  • Code INSEE commune : 49225
  • Code postal de la commune : 49120
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 18e siècle
    • 4e quart 18e siècle
  • Année : 1785
  • Date de protection : 1969/04/25 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Parc : site classé 28 01 1946 (arrêté)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :3 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • toiture
    • communs
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détails : Façades et toitures du château et des communs (cad. B 155) : inscription par arrêté du 25 avril 1969
  • Référence Mérimée : PA00109224

photo : Lavouer

photo : Lavouer