photo : CHTI59
D'autres monuments druidiques plus informes se rencontrent assez nombreux, s'il faut en croire la Guienne monumentale, sur la frontière de l'Agenais et du Querci, et le peuple de ces contrées semble en faire connaître la destination par son langage pittoresque, en les désignant sous le nom de Toumbos des Tsayans (tombes des géants). Presque en face d'Agen, sur les hauteurs qui dominent la rive gauche de la Garonne, on rencontre, sur le chemin qui conduit de Mourrens à Sainte-Colombe, une pierre celtique, un de ces menhirs dont la destination est plus incertaine. Un autre existe dans la commune de Tayrac, près du village de Libas (canton de Beauville). Il était surmonté d'une croix qui a disparu, mais le nom de Croix du Diable est toujours conservé dans la contrée. On en voit un troisième dans la commune de Meylan (canton de Mézin), non loin des débris d'un kromlech, dont l'importance était d'autant plus considérable que ce dernier monument était le seul de son espèce connu dans toute la Guienne. Le passant ne l'envisageait pas autrefois sans terreur. Un énorme serpent, depuis des siècles, y avait établi sa demeure. Malheur à quiconque osait approcher de ce vieux sanctuaire! Mais ce siècle, moins superstitieux il est vrai, et peut-être plus impie, a vu s'effacer peu à peu le respect dont ce vieux temple des forêts landaises était environné. Le serpent était là pour garder un trésor enfoui par les druides; mais, de nos jours, le serpent n'a plus inspiré de frayeur, et le trésor a irrité les convoitises. Un jour, avant le crépuscule, le sanctuaire druidique fut envahi par une troupe de paysans, armés de pioches et venant à la découverte du trésor enfoui. La déception ne fut pas moindre que l'espérance : les richesses ne se montrèrent pas, mais le serpent ne fit pas entendre le moindre murmure.
Nous ririons volontiers de cette déception si nous n'avions pas à gémir du sacrilège archéologique qui se commit quelque temps après. Ce monument qui restait encore debout comme une dépouille des vieux Sotiates, et presque au centre de leur patrie, à peine s'il en reste encore quelques vestiges. Une maison s'élève non loin de là : vous la reconnaîtrez à la couleur des pierres insolites dans ses forêts sablonneuses : elle a été construite avec les débris du kromlech.
Ce monument circulaire était formé d'un assez grand nombre de pierres, dont neuf principales dominaient toutes les autres. Les habitants de la contrée le désignaient sous le nom de las naou peyros, comme ils appellent du nom de peyro soulo le peulvan solitaire qui se dresse plus loin à une certaine distance du kromlech Deux pierres seulement s'y voient encore près d'un lac couvert de joncs; mais le nom de las naou peyros n'a pas disparu, et il restera dans la contrée comme un témoignage du monument où le druide venait interroger les astres ou rendre la justice, et comme une flétrissure pour la mémoire du profanateur.
source : Histoire religieuse et monumentale du dioscèse d'Agen, Volume 1 Par Abbé Barrère
le ministère de la culture précise que "Le cromlech néolithique de las Naou Peyros" (les neuf pierres) a été publié par l'abbé Barrère en 1855, et que des fouilles ont été effectuées en 1932, les éléments disparus sont remplacés par des cubes en ciment (restauré récemment).