Château du Sendat

Le site se présente sous la forme de vestiges d'un édifice de la fin du Moyen Age et d'un château du XVII^e siècle, qui a été fortement restauré par Félix Duban au milieu du XIX^e siècle. Le décor et le mobilier font partie intégrante du château. Du château médiéval a été conservée une partie des fronts ouest et est, avec leurs tours circulaires, bordant une cour intérieure limitée au nord par un édifice du XVII^e siècle.

Source : ministère de la culture.

La Revue d'Aquitaine et du Languedoc nous apporte quelques précisions sur les restaurations que ce château a vécue.

De l'ordre sacré, M. Magen est passé à l'ordre profane, et il a donné de justes éloges à deux châtelains dont l'intelligence et les largesses ont restitué à deux manoirs leur physionomie d'autrefois. Nous ne résistons pas à la tentation de citer encore ce passage du mémoire applaudi par le congrès.

«Si la renaissance archéologique a fécondé dans l'ordre religieux l'imagination de nos architectes, elle n'est représentée dans l'ordre civil que par deux restaurations dignes d'être offertes comme exemple. Deux châteaux, magnifiques autrefois, mais depuis longtemps abandonnés, témoignaient dans notre pays des goûts artistiques du XV^e siècle et de la honteuse indifférence du XIX^e L'un se dresse vigoureusement sur la croupe d'une colline au pied de laquelle coule la Baïse et d'où le regard, un moment arrêté par les cultures variées d'une riche plaine, se perd à l'horizon dans la sombre verdure des pins; c'est le château de Lasserre près Nérac. L'autre déploie son vaste quadrilatère dans une vallée enfouie au milieu des surrèdes landaises, c'est le château du Sendat près Casteljaloux. Découronné de ses combles et de ses faîtières par la rage de démolisseurs, celui-ci ne faisait rien transparaître de ses constructions massives à travers le feuillage persistant des chênes-lièges, et j'ai longé souvent les murailles sans me douter de son existence. L'autre provoquait l'œil sur son escarpement en étalant ses guenilles sans vergogne comme un mendiant de Murillo. Une même révolution politique et sociale les avait ruinés, une même révolution artistique les a rétablis. Pour qui est resté trois ans sans les voir, ils sont devenus méconnaissables. A ne parler que du Sendat, que je visitais dernièrement, la transformation est radicale. Des lanternes de la renaissance couronnent, en les complétant, les tours d'angles relevés; d'élégants épis rehaussent les pavillons, des crêtes aériennes allégissent la ligne des combles, et des arabesques polychromes, d'une extrême légèreté et d'un goût exquis, brillent aux solives de la galerie qui décore l'aile gauche de la cour. Ajouterai-je que l'ameublement a été mis en parfaite harmonie avec les magnificences extérieures ? armoires, dressoirs, tables à manger, sièges, jusqu'aux plus humbles détails, tout révèle dans cette restitution créatrice une intelligence qui concilie sans efforts les exigences morales de l'art et les nécessités matérielles de la vie moderne. Je remplis un devoir, Messieurs, en remerciant, en votre nom, pour leur noble initiative et leur libéralité désintéressée, M. de Gervain de Lasserre et M. le baron de Morin du Sendat; et j'ajoute qu'en confiant la restauration de son manoir natal à l'un de nos plus célèbres architectes M. Duban, de l'Institut, M. de Morin a prouvé que, digne de son immense fortune, il l'était deux fois de vos sympathies. »

Evènements

Jean III de Morin, baron du Sendat, marié, le 26 janvier 1703, avec Henriette de Gascq, et mort le 19 mars 1753, a pour arrière petit-fils M. Edmond de Morin, baron du Sendat, conseiller général du département de Lot-et-Garonne. Ce Jean III, présent à la montre du 23 juin 1703, était fils de Jean Benjamin de Morin, baron du Sendat, lieutenant au régiment de Turenne ; petit-fils de Jean II de Morin, conseiller au parlement de Bordeaux, et de Jeanne de Gascq; et arrière petit-fils de Jean I de Morin, conseiller au même parlement depuis le 23 juillet 1600. Ce dernier avait, en outre, de son mariage avec Catherine de Madronet du Tasta, deux autres fils nommés François, et conseillers audit parlement de Bordeaux. L'ainé de ces trois frères conseillers, François de Morin, baron du Sendat, était, en outre, gouverneur du duché d'Albret. Il eut l'honneur de recevoir au château du Sendat, le 22 juin 1660, le duc de Bouillon et le maréchal de Turenne (Archives historiques du département de la Gironde).

Au retour des noces de St-Jean de Luz, le duc de Bouillon repassa par Casteljaloux avec le maréchal de Turenne, son oncle. Ils séjournèrent au château de Durance, où Maussac, consul, et deux jurais allèrent les saluer, le 21 juin 1654. Puis, M. de Morin les ayant reçus on son château du Sendat, les bourgeois do Casteljaloux s'y rendirent avec leurs consuls et jurats, pour offrir leurs hommages à ces hôtes illustres.

Source : Monographie de la ville de Casteljaloux par J.-F. Samazeuilh 1860