Hôtel Brachet, dit aussi hôtel de la Vieille Intendance

Le plus remarquable est l'hôtel située me de la Bretonnerie, et maintenant divisé en deux maisons portant les n°s 28 et 30. On le nomme la Vieille-Intendance, parce qu'il a servi longtemps aux intendants de la province. Il fut bâti en 1430, par François Brachet, intendant de la reine Isabelle d'Arragon, veuve de Louis d'Anjou, roi de Jérusalem ; on le désignait alors sous le nom modeste de la Grande-Maison. Henri IV et Jacques II y descendirent, lorsqu'ils passèrent par Orléans.

Pour étudier avec fruit la Vieille-Intendance, il faut d'abord la réintégrer par la pensée dans son état primitif, abattre les misérables constructions qui séparent sa cour en deux parties, enlever les portails modernes ouvrant sur la rue, supprimer tout l'annexe formant le n° 26, quoique au premier coup d'oeil il semble faire partie du grand corps-de-logis ; rendre leurs formes naturelles à plusieurs ouvertures retaillées à la moderne, et supprimer toutes celles qui ont été récemment pratiquées, notamment les fenêtres carrées que l'on remarque au deuxième étage du côté du jardin.

Ainsi restaurée, l'Intendance s'élève entre une cour qui a sa façade pour largeur et un jardin de plus d'un hectare d'étendue. Du côté de la cour, elle se compose d'un grand corps-de-logis qui fait face à l'entrée, et d'un moindre bâtiment formant T avec celui-ci et avançant sur la gauche un pignon aigu orné de rares crochets : celui-ci n'a qu'un étage au-dessus du rez-de-chaussée; le corps principal, qui est élevé sur perron, possède, en outre, un second à grandes lucarnes en pierre, surmontées de pignons à crochets. Deux tourelles quadrangulaires, de hauteurs et de largeurs inégales, renfermant les escaliers, sont appliquées aux extrémités de la façade; leurs toits, quadrangulaires et aigus, s'élèvent au-dessus du reste des bâtiments; leur étage supérieur forme une sorte de guette, à laquelle on monte par un très-petit escalier cylindrique, appliqué extérieurement à la tourelle du côté du corps-de-logis et coiffé d'un toit conique. Les toits des grandes et des petites tourelles, ainsi que ceux de la façade reposent sur une corniche formée d'un quart de rond entre filets, laquelle est tantôt en bois, tantôt en pierres, tantôt simplement profilée, tantôt fouillée de sculptures représentant des guirlandes de feuilles et de fruits. Dans la partie du bâtiment qui donne sur la rue des Huguenots, cet ornement est remplacé par un gros cable noué en manière de cordelière, à des distances assez rapprochées pour former une série de modillons d'un style aussi original qu'élégant.

Du côté du jardin, le plan du parement n'est interrompu par aucune saillie. Sept grandes fenêtres de largeur et de hauteurs inégales s'ouvrent à chaque étage; il est impossible de découvrir maintenant la moindre trace des croisillons qu'elles avaient probablement dans l'origine; elles sont à plates-bandes et à sommiers arrondis; les moulures de l'encadrement sont prises en retrait dans le tableau; elles suivent le tracé des pieds-droits et du linteau et se composent de deux boudins profondément fouillés, alternés avec trois cavets et leurs filets. L'appui est taillé à l'affleurement du mur, sans ornements. Quatre grandes lucarnes en pierre, à pignons ornés de crochets, couronnent la façade. Cet ensemble n'est pas complètement régulier: la symétrie était inconnue aux architectes de cette époque; mais à défaut de ce mérite, l'Intendance avait celui de la grandeur et de la majesté. A sa vue, le peuple devait se sentir pénétré de respect et concevoir une haute idée du représentant de l'autorité royale, à qui elle servait de palais; car alors la force matérielle était encore le moyen gouvernemental le plus à la portée de l'intelligence populaire.

L'intérieur de la Vieille-Intendance renferme deux parties dignes de remarque.

La pièce qui sert maintenant de cuisine occupe, à l'angle du principal corps-de-logis et près du grand escalier, une partie du bâtiment adjacent; elle a 6m sur lm 50e; elle paraît n'avoir eu que des jours d'une très-petite dimension, car les trois fenêtres que l'on y remarque maintenant sont évidemment de fraîche date, et rien n'en indiquant ailleurs, il est évident qu'elles ont été sinon ouvertes, du moins agrandies pour les approprier à de nouveaux besoins. Elle a une voûte en pierre composée de deux travées d'ogives surbaissées, à simples nervures diagonales : ces nervures reposent sur des culs-de-lampe ornés de fleurs naturelles. Les clefs portent des écussons : sur l'un on voit un chien assis, l'autre est presque complètement caché par une cloison récente. La porte paraît de la première origine; elle est peu élevée et donne sur le palier du grand escalier. Quoique la cheminée ressemble par ses dimensions à celles du xve siècle, l'état des lieux prouve qu'elle a été construite après coup.

Cette salle devait avoir une destination spéciale, car toutes les autres sont voûtées; mais quelle était cette destination? Sans cheminée, elle ne pouvait servir de cuisine; il n'est guère plus rationnel de voir une chapelle dans une pièce surmontée d'un premier étage; cependant sa construction est des plus solides; elle n'est point ornée; un chien sculpté sur l'une des clefs de la voûte semble l'appeler à tous des devoirs de vigilance et de fidélité; l'unique porte d'entrée ouvre dans la tourelle de l'escalier d'honneur; enfin on passe de la pièce principale dans un petit cabinet que l'on pourrait regarder comme une de ces prisons de police maintenant désignées sous le nom de violon. Elle remplissait donc toutes les conditions voulues pour l'établissement d'un corps-de-garde, et nous la regarderons comme telle jusqu'à preuve contraire.

Le grand escalier est une oeuvre remarquable, et son style donne une haute idée de l'ornementation intérieure du reste de l'hôtel. Il occupe la plus grande des deux tourelles. Il est en hélice, ou, comme on disait au XVe siècle , en vis, quoique dans une cage quadrangulaire. Autour du cylindre qui en forme le noyau, circule, suivant le rampant des marches, une petite arcature tréflée, dont les colonnettes sont à demi-engagées dans autant de pilastres carrés; les bases de ces colonnettes sont prismatiques; des feuilles naturelles ornent leur chapiteau. Au pourtour intérieur de la cage, des culs-de-lampe ornés de feuillages soutiennent des troncs de pilastres demi-cylindriques, ornés de nervures hélicoïdes. Sur ces pilastres reposent des arceaux en anse de panier, lesquels supportent une corniche. L'ensemble de ces ornements prend environ un tiers de la hauteur de l'échappée, dont il occupe la partie supérieure. A partir du palier du deuxième étage, l'ornementation n'est plus la même. Là le noyau se divise en plusieurs nervures soutenant une voûte en berceau qui circule tout autour, et les arceaux du pourtour se courbent en plein-cintre, pour s'harmoniser avec ce gracieux couronnement. Deux étages occupent la partie supérieure de la tourelle; on y monte par le petit escalier cylindrique appliqué qui conduit aussi dans les combles. Laçage est éclairée par de petites baies réunies deux à deux. Les appuis de ces baies sont horizontaux, mais respectivement plus élevé l'un que l'autre, suivant le rampant de l'escalier. Le second escalier présente, sur des dimensions plus restreintes, la même disposition, moins les ornements.

Les caves, qui sont à deux étages et très vastes, n'ont rien de caractérisé. Les charpentes des combles forment une voûte ogivale régnant d'un bout à l'autre du bâtiment, sans autre soutien que quelques piliers en bois destinés à assurer les faîtages. Le reste de l'intérieur n'a plus rien conservé de son état primitif, si ce n'est le carrelis d'une chambre inhabitée, située dans les étages supérieurs. Les carreaux sont d'un grain très-dur et très-fin; ils sont carrés et n'ont que 9c sur chaque face.

Source : Histoire architecturale de la ville d'Orléans par Louis Augustin Léon Nouel de Buzonnière.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 71917
  • item : Hôtel Brachet, dit aussi hôtel de la Vieille Intendance
  • Localisation :
    • Loiret
    • Orléans
  • Adresse : 24-26-28 rue de la Bretonnerie
  • Code INSEE commune : 45234
  • Code postal de la commune : 45000
  • Ordre dans la liste : 18
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : hôtel
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 16e siècle
    • 1ère moitié 16e siècle
  • Date de protection : 2007/07/16 : inscrit MH
  • Date de versement : 2008/06/12

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :9 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • escalier
    • clôture
    • jardin
    • puits
    • communs
    • cour
    • mur
    • logis
    • mur de clôture
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 2 informations diverses sont disponibles :
    • propriété de l'etat
    • propriété privée © monuments historiques
  • Détail :
    • Le corps de logis situé 26 et 28, rue de la Bretonnerie, en totalité, c' est à dire : le corps principal et ses tours d' escalier, les ailes sud-ouest sur cour et nord-ouest sur jardin (cad. BR 111, 193)
    • le corps de passage accolé à l' aile sud-ouest de la partie du corps de logis située 28, rue de la Bretonnerie (cad. BR 111) et reliant l' hôtel à la rue des Huguenots, en totalité
    • le corps de bâtiment abritant, au 18e siècle, les annexes de l' hôtel, en totalité, situé 24, rue de la Bretonnerie, dit bâtiment A sur le règlement de copropriété (cad. BR 112)
    • le sol des cours situées 24, 26 et 28, rue de la Bretonnerie (cad. BR 111, 112, 193, 194)
    • le puits situé dans la cour, 28, rue de la Bretonnerie (cad. BR 111)
    • la clôture sur la rue de la Bretonnerie située 24, 26 et 28, rue de la Bretonnerie (cad. BR 111, 112, 194)
    • le jardin et ses murs de clôture (cad. BR 111, 112, 193) : inscription par arrêté du 16 juillet 2007
  • Référence Mérimée : PA45000032

photo : mona

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