villerest

Villerest était bourg ou petite ville dans le Forez ; il ressortait de l'archiprêtré et de l'élection de Roanne, Mme la prieure de Marigny nommait à la cure, la justice appartenait conjointement à Mme la prieure et à M. le duc d'Harcourt, les officiers du duc étaient les mêmes qui exerçaient à Roanne ; quant à ceux de Mme la prieure, ils étaient particuliers.

La position topographique de Villerest ferait présumer qu'il y a eu jadis nécessité stratégique de la mettre à profit. Une tradition populaire, appuyée par les annales foréziennes elles-mêmes, prétend que ce village était une place fermée ; rien cependant, ni l'examen du pays, ni aucun titre ou monument ne justifient cette allégation.

Lorsque la ligue promenait ses saturnales dans le Forez, et principalement dans le Roannais, Villerest eut beaucoup à souffrir. Les ligueurs y tenaient garnison. Les attaques dirigées contre ces hommes de guerre donnaient lieu à de fréquentes, ou plutôt à de continuelles représailles. Cette cause contribua probablement à augmenter, pour les habitants, des vexations et des maux que vint aggraver un événement tragique qui se passa sous les murs de Villerest. Nous laisserons raconter ce fait par Touchard de la Fosse, dans son livre intitulé: Les bords de la Loire.

« Antoine d'Urfé, prieur de Montverdun, abbé de la Chaise-Dieu et évêque de Saint-Flour, avait été forcé, dit cet auteur, d'abandonner son siège. Tombé au pouvoir des partisans de Henri IV, quelques historiens disent que s'étant réfugié d'abord à Paris, il se rendit ensuite dans le Forez pour visiter son frère, Honoré, et sa femme, Diane de Château-Morand, qui se trouvaient au château de la Bâtie. D'autres prétendent que s'étant mis à la tête d'une troupe de Nemouristes , il venait grossir ce parti et se joindre au marquis de Saint-Sorlin. On verra bientôt que cette version est la plus probable. Or, ce prélat passant près de Villerest en Roannais, fut tué d'un coup d'arquebuse parti des remparts de cette place. La date de cet événement est encore un sujet d'incertitude. La Gallia Christiana le place dans l'année 1389, ce qui est évidemment une erreur. De la Neuve (dans son Astrée sainté) rapporte qu'Antoine d'Urfé fut tué en 1595. Le père Anselme admet la même époque. Enfin, Honoré d'Urfé dans ses Épures morales, dit que : le plus cher de ses frères, par sa mort, lui marqua de noir le premier octobre qui précéda le 15 août 1595. Cette date nous a semblé plus authentique, et nous l'avons adoptée, sans toutefois garantir son exactitude. Les circonstances de la mort d'Antoine d'Urfé, lequel était à la tête d'une troupe de ligueurs, sont mieux confirmées dans l'épitaphe suivante, composée par son frère aîné, dont nous n'avons pas encore eu l'occasion de signaler la verve poétique.»

Nous croyons devoir transcrire ci-après cette épitaphe, comme corollaire de l'événement plus haut rappelé :

Les ardeurs de jeunesse et te coeur généreux, Qui jamais ne manque en nent de ce lignage, Firent périr au combat cet Antoine d'Urfé, A ta fleur de son âge, et par coup malheureux. Il estait très savant, et d'honneur amoureux, Et[point ne lui manqua la beauté du visage,

Docte prédicateur, et qui fut d'avantage A bien faire tes vers, estrêmement heureux. Il avait faict son cours dans la philosophie, It estait très profond en ta théologie; Estant toujours guidé par une ardente foy, Ce que voyant le ciel, pour en fruster la terre, Il lui mit ez l'esprit, cette ardeur à la gueurre Par laquelle il périt, pour le tirer à soi.

C'est dans l'église des Cordeliers, attenante au château de la Bâtie, que fut inhumé Antoine d'Urfé.

On sait que toutes les sommités seigneuriales furent renversées par Richelieu ; aussi la commune de Villerest perdit-elle, sous le cardinal ministre, sa physionomie féodale, son titre de place de guerre pour n'être plus qu'un modeste village.

En 1824, l'administration supérieure décida la réunion à Villerest, de la petite paroisse et commune de Saint-Sulpice, qui est au sud-ouest de Villerest.

Villerest, outre le château dont nous avons parlé, a aussi celui de M. Meussan, maire de la commune.

Instruction publique : L'école communale pour les garçons, dirigée par un instituteur laïque, compte 70 élèves ; celle des filles, dirigée par les soeurs St-Joseph, en compte à peu près autant.

Une donation de 12,000 fr. a été faite en 1844, par M. Patissier, en faveur des vieillards des deux sexes de la commune de Villerest. La somme a été placée en rentes sur l'état ; et l'établissement de bienfaisance, fondé en vertu de ces dispositions testamentaires, peut contenir 6 personnes.

L'industrie dans cette commune est représentée par un moulin sur la Loire, une tuilerie et une papeterie aussi sur la Loire et établie depuis 15 ans, occupant 150 ouvriers environs, et appartenant à M. Rabourdin. Le territoire communal renferme des carrières de pierres propres à la construction.

L'agriculture est assez productive ; elle fournit céréales, fruits et légumes, les vins rouges de ce crû sont assez estimés.

Parmi les hameaux de cette commune, les principaux sont :

  • au nord, la Mirandole, et la Tuilerie ;
  • à l'ouest, Braille ;
  • le village de Saint-Sulpice est au sud-ouest,
  • et celui de Villerest au sud-est.

Source : La France par cantons et par communes, rédigée par Théodore Ogier

Eglise

L'église, orientée, sous le vocable de saint Priest, est une construction de trois âges différents. De l'édifice primitif, dont le plan donnait une croix latine et que ses détails architectoniques datent des dernières années du XIIe siècle, il ne reste que l'abside, le choeur et le transept avec le clocher planté sur la croisée des nefs. L'abside semi-circulaire, voûtée en cul-de-four, est ajourée de trois petites lancettes ogivales très étroites et très sveltes, qui rappellent les élégantes baies de la commanderie de Verrières.