photo : pierre bastien
La petite ville de Charlieu possédait une abbaye de Bénédictins, fondée dans le IXe siècle , quelques années avant celle de Cluny, par Boson, Roi de Bourgogne, et Ralbert, évêque de Valence, son frère. Saint-Guillaume, issu de la maison des ducs d'Aquitaine, en fut abbé ; mais, dans le Xe siècle, lorsque l'abbaye de Cluny devint chef d'ordre des Bénédictins, celle de Charlieu ne fut plus qu'un prieuré sous son obédience et sous le titre de Saint-Fortuné. Il s'y est tenu deux conciles.
L'église, construite par les religieux, était grande et bien bâtie ; le clocher très-élevé fut frappé de la foudre, le 8 mai 1638. Le portail qui subsiste encore, et dont le style indique le XIIe siècle, était orné de figures qu'on a mutilées en 1793.
Pendant que les Anglais occupaient la France, ils enlevèrent du clocher une cloche de 6 pieds de diamètre, qu'ils laissèrent sur le bord de la-Loire a Orléans, et qui fut ensuite placée dans la cathédrale de cette ville.
On croit que-Boson, fondateur de cette abbaye, avait eu son tombeau dans l'église, et on cite à l'appui de cette opinion, un fragment de pierre trouvé dans le mur du portail qui séparait la cour de l'abbaye, de la ville, et sur lequel on lisait le mot Boson entouré de quelques ornements.
Le ch?ur de l'église contenait du côté de l'évangile un mausolée en pierre chargé d'inscriptions en caractères gothiques, dont la destruction révolutionnaire a tellement dispersé les débris, qu'on n'a pu se procurer aucun renseignement sur les dépouilles qu'il renfermait.
Un autre tombeau fut découvert, il y a quelques années, dans une des chapelles de la même église qu'on démolissait. Ce monument, en marbre blanc, formé d'un seul bloc de 97 centimètres de hauteur, 65 centimètres de largeur dans l'oeuvre, et 1 mètre 75 centimètres de longueur, contenait des cendres et des ossements ; sa richesse prouve qu'il était consacré à quelque personnage distingué. Sur une de ses faces on lit :
Les dégradations au marbre ne permettent pas d'en lire d'avantage
Source : Essai statistique sur le département de la Loire par Joseph Duplessy.
Substructions des anciennes églises : VIe quart XIe siècle, XIIe siècle ; Tour de la prison : XIIe siècle. La tour de la Gendarmerie vient du renforcement des fortifications du monastère à la fin du XVe siècle. C'est une tour d'habitation occupée jusqu'en 1790 par l'aumônerie. Vendue comme bien national, la tour et le bâti attenant sont abandonnés puis repris par la gendarmerie au cours du Second Empire. En 1920, le bâtiment attenant à la tour est détruit pour permettre l'édification du monument aux morts. La tour a un diamètre de 6 mètres pour une vingtaine de mètres de hauteur. Un escalier intérieur dessert les trois étages. Le premier étage contient une cheminée monumentale et des traces de décor mural peint. La propriété de l'abbaye (anciennement propriété de l’État, ministère de la culture) a été transférée au département le 1er janvier 2009.