Château

Étymologie du mot Pornic

Jusqu'en 1789, le nom de notre ville s'était toujours terminé par un d. Ce n'est qu'à partir de cette époque qu'on a substitué le c au d, et que de Pornid on a fait Pornic. J'ignore le motif de cette substitution, qu'il faut attribuer peut-être à ce besoin d'innovations, qui commençait déjà à s'emparer des esprits, et qui n'était encore que le prélude de changements plus sérieux et plus radicaux.

L'étymologie du nom primitif avait donné lieu à deux systèmes. Suivant l'un, Pornid dérivait de Portus-nidus, port semblable à un nid ; suivant l'autre, de Portus-nitidus, port brillant, clair, propre : mais cette dernière interprétation me semble forcée, car le port de Pornic n'est ni plus propre ni plus clair que la plupart des autres ports de la Bretagne et de la Vendée. Puis, c'eût été fausser le sens de l'adjectif nilidus, que de le réduire en français à la syllabe nit; car nit n'est pas plus la racine de nitidus que de nitor, nitraria, nitium, etc.

II aurait donc tout au moins fallu, pour rester fidèle à l'orthographe de cet adjectif, qu'on en conservât le t, et qu'on écrivît Pornit. Mais, outre que cette abréviation eût difficilement fait deviner les lettres qui devaient la compléter, il est certain qu'on ne trouve le nom Pornit écrit nulle part de cette manière, dans les actes publics, manuscrits ou imprimés, qui sont parvenus jusqu'à nous. Partout et toujours, il se termine par un d : et cette terminaison s'accorde parfaitement et sans contraction avec le sens du mot latin nidus ; car elle est l'expression figurée de notre port, qui, encaissé entre deux coteaux, est comme un nid, où les marins qui fréquentent la baie de Bourgneuf, viennent chercher un refuge et un abri. Il me paraît donc certain que Pornid n'est que la traduction littérale de Portus-nidus, et que par conséquent c'est là sa véritable étymologie.

Antiquité de la ville et du château

Château de Pornic.L'origine de notre ville présente un problème plus difficile, ou plutôt insoluble ; car elle se perd dans la nuit des temps. On ne peut donc se livrer à cet égard qu'à des conjectures plus ou moins hasardées.

Le plus ancien document où il soit fait mention de Pornic, est la donation faite par le prince de Bécon et son fils, au profit des moines de Redon, d'un terrain situé dans la ville de Pornid. Or, si dès cette époque on la qualifiait de ville, il y a lieu de présumer qu'elle existait déjà depuis longtemps ; car il a dû s'écouler plusieurs siècles peut-être, avant que les habitations construites à Pornic s'y fussent assez multipliées, pour lui donner le droit d'être appelée ville.

S'il est impossible de découvrir la date de sa fondation, on peut du moins supposer, avec beaucoup de vraisemblance, qu'elle est la plus ancienne de toutes les villes et bourgades situées sur le littoral de la baie de Bourgneuf, parce que son port, le plus sûr et le plus commode de tous, a dû y attirer de préférence les premiers habitants de nos côtes. En effet, dans ces temps reculés, où l'agriculture était encore dans l'enfance et où les hommes ne vivaient, pour ainsi dire, que du produit de leur chasse ou de leur pêche, ils ont dû rechercher d'abord les lieux qui leur offraient cette double ressource avec le plus d'abondance. Or, sur nos rivages, dépouillés de bois et de forêts, il ne restait d'autre moyen d'existence que la pêche, et il est par conséquent très-présumable que les premiers habitants de nos côtes ont dû se fixer à Pornic, où ils trouvaient de plus grandes facilités que partout ailleurs, pour se livrer tout à la fois à la pêche des coquillages sur les rochers et des poissons en pleine mer.

L'époque de la construction de notre château est également obscure et incertaine : mais il me paraît probable qu'elle est postérieure à celle de la ville elle-même ; car le château n'était pas une habitation de plaisance, c'était une forteresse bâtie à l'entrée du port, pour en défendre les approches contre les navires ennemis. Or, si la ville n'eût pas déjà existé, on n'aurait pas eu besoin d'une forteresse pour la protéger.

Il n'y aurait qu'un savant archéologue qui pût déterminer, par le style et le caractère des constructions du château à quelle époque il appartient ; mais ce qui est du moins certain, c'est qu'il existait avant le XIe siècle, ainsi que le prouve l'acte de donation que je citais tout à l'heure.

Château de Pornic.

De la question de savoir si le château était entouré par les eaux de la mer

On s'est aussi demandé s'il était, à son origine, entouré par les eaux de la mer ? Ceux qui soutiennent l'affirmative se fondent sur deux motifs ; ils allèguent :

  1. que le pont a des arches, et que ces arches eussent été inutiles si elles n'eussent pas dû servir au passage des eaux ;
  2. que tous les anciens châteaux étaient entourés de douves qui en constituaient la principale défense, et qu'il serait au moins fort étrange que celui de Pornic fût à peu près le seul auquel cette protection eût manqué.

Le motif tiré de l'existence des arches ne prouve absolument rien. Il n'y a, entre la basse ville et la côte, de communication possible que par le terrain qui est au pied des murs du château : or, ce terrain est traversé dans toute sa largeur par le pont ; il fallait donc pratiquer, sous ce pont, des arches pour le passage des hommes, des animaux et des voitures.

Le second motif n'est pas mieux fondé. S'il s'agissait d'un château construit sur les rivages de la Méditerranée, on comprendrait qu'on eût pu l'entourer de douves, parce que cette mer n'ayant point de flux et de reflux, et conservant toujours à peu près son même niveau, rien n'est plus facile que de faire entrer les eaux de cette mer dans des douves et de les y retenir. Mais il n'en est pas de même du port de Pornic, qui se remplit et se vide deux fois par jour. Ici, les douves destinées à recevoir ces eaux, n'auraient pu les retenir qu'au moyen d'une forte digue ou chaussée, munie de portes s'ouvrant et se fermant à volonté. Or, si cette digue gigantesque, qui n'aurait pu être construite qu'entre le rocher de la Croix des Huguenots et le coteau de la Malouine, eût jamais existé, comment se ferait il qu'on n'en trouve pas aujourd'hui le moindre vestige ? Comment se ferait-il que le rocher des Huguenots, auquel elle aurait dû se relier et dans lequel elle aurait dû même entrer profondément, soit resté dans son état abrupt, et qu'il ne porte aucune empreinte du travail qu'il aurait fallu exécuter sur sa surface ? Comment se ferait-il enfin qu'on n'ait jamais découvert aucun débris des gros murs et des énormes pilotis, qui auraient dû être enfoncés à travers le sable, à une immense profondeur, pour soutenir une digue qui devait être presque aussi colossale que celle de la Rochelle ?

Il serait donc déjà également difficile d'admettre et l'existence de cette digue, et son entière destruction. Mais ce qui prouve encore mieux qu'elle n'a jamais existé, c'est qu'elle eût été complétement inutile. Il suffit, pour s'en convaincre, de jeter un coup d'œil sur la position du château.

Le sol qui entoure ses murs au couchant et au nord, présente un plan incliné dont le sommet atteint, sous les arches du pont, une hauteur d'environ quatre mètres. Or, pour que les eaux de la mer eussent pu monter anciennement jusqu'aux arches et circuler autour du château, il faudrait supposer de deux choses l'une : ou que le lit du port se fût abaissé de quatre mètres ; ou, s'il est resté dans son état primitif, que le terrain qui s'étend de la plage aux arches, se fût graduellement élevé de quatre mètres, au moyen des remblais qu'on y aurait successivement déposés : mais ces deux hypothèses sont également fausses et insoutenables.

Deux mots suffiront pour réfuter la dernière. Sous tout le terrain qui entoure le château, on trouve, à moins de trente ou quarante centimètres de profondeur, le roc sous-jacent. Ce roc existait donc depuis la création du monde ; et, par conséquent, le terrain qui le recouvre a toujours eu la même déclivité et la même élévation.

Reste l'hypothèse consistant à supposer que le lit du port se serait abaissé de quatre mètres ; mais cette hypothèse est encore plus absurde que l'autre, car si ce lit eût été anciennement plus élevé de quatre mètres qu'il ne l'est aujourd'hui, ses eaux se seraient répandues dans toutes les vallées qui sont situées à l'est de la ville, et elles auraient inondé toutes les contrées voisines, dans une étendue de quatre ou cinq lieues : or, on ne trouve aucune trace, aucun vestige de ces inondations, qui auraient frappé de stérilité et rendu inhabitables tous les terrains, qu'elles auraient submergés. Puis, pour que le sol sur lequel repose le lit de notre port se fût abaissé de quatre mètres, il faudrait supposer que cet énorme affaissement a été produit par un tremblement de terre ou tout autre cataclysme ; mais alors, comment s'expliquerait-on que le château fût resté seul debout à sa place ? Comment aurait-il pu résister à une secousse qui aurait ébranlé jusque dans ses fondements le sol qui l'entourait ? On ne peut donc pas logiquement admettre que le lit du port se soit enfoncé de quatre mètres au-dessous de son ancien niveau. Il n'a pas varié ; ou s'il a subi quelque changement, il a dû plutôt s'élever que s'abaisser, par suite de l'accumulation graduelle des vases et du sable qu'y déposent les courants. Il me paraît donc certain que jamais les eaux de la mer n'ont entouré le château ; et ce qui en compléterait au besoin la démonstration, c'est que, d'une part, on ne trouve au pied de ses murs aucune trace de douves, et que, de l'autre, il eût été impossible d'en creuser dans les rochers qui couronnent la base de la façade du château du côté du port. Mais alors, à quoi eût servi que les eaux de la mer protégeassent les trois autres façades, si celle qui était précisément la plus exposée aux attaques de l'ennemi, restait seule sans défense et toujours accessible ?

Source : Histoire de Pornic par Jean-François Carou.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 70985
  • item : Château
  • Localisation :
    • Pays de la Loire
    • Loire-Atlantique
    • Pornic
  • Code INSEE commune : 44131
  • Code postal de la commune : 44210
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 13e siècle
    • 14e siècle
  • Date de protection : 1986/06/09 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Château et abords : site inscrit 28 06 1955 (arrêté)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :4 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • courtine
    • cour
    • accès
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détail :
    • Les tours et les vestiges des courtines à l' exclusion des parties restaurées du 19e siècle ainsi que la rampe d' accès (cad. C 261, 865, 866
    • A 459, 460) : inscription par arrêté du 9 juin 1986
  • Référence Mérimée : PA00108773

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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