Les soutanes de Saint-René ont écarté pour longtemps, du village de Penchâteau, les toilettes mondaines et les sociétés légères.
C'est le lieu de parler de la vieille chapelle où les hôtes de Saint-René disent leurs messes, et où se réunit, chaque matin, la colonie qui les entoure.
L'un des premiers soins de Mgr Freppel, avant même d'accepter la donation de M. Hurtault, avait été de solliciter l'agrément de Mgr Fournier, évêque de Nantes, Le prélat s'était hâté de répondre que la fondation angevine lui ferait plaisir et qu'il autorisait volontiers les prêtres de Saint-René à célébrer leurs messes dans la chapelle voisine de la maison. On comprendra l'importance de cette faveur quand on saura que l'établissement est assez éloigné de l'église paroissiale.
La vieille église de Saint-Julien, au village de Penchâteau, est un monument assez ancien, dans le style du XVe siècle 1 . Elle se compose d'une nef élevée, d'environ vingt mètres de long sur huit de large, avec une chapelle en bas-côté, à gauche du sanctuaire. La voûte, en planches, à la façon des vieilles églises du pays, est portée par des tirants qui donnent à l'édifice un cachet particulier. Une jolie et large baie ogivale, au-dessus du maître-autel, éclaire l'intérieur. Elle a été ornée, récemment, ainsi que deux autres fenêtres, de vitraux d'un bel effet.
C'est là, dans le demi-jour de ce vieux monument, à quelques pas de la mer, que les prêtres offrent le saint sacrifice, chaque matin, devant une assistance recueillie. Ils y retournent, dans la journée, pour faire visite au Saint-Sacrement. Quand le ciel s'assombrit, que le tonnerre gronde, que les rafales du vent ébranlent l'édifice, il fait bon prier dans cette humble chapelle, en compagnie de la petite lampe qui brûle nuit et jour devant le tabernacle. La tempête, qui mugit, semble vouloir emporter la toiture, mais tout est calme à l'intérieur, l'édifice tient bon, vivant symbole de la paix chrétienne au milieu des orages et des agitations du monde.
La chapelle de Penchâteau n'est pas toujours solitaire. La fête de sainte Anne, qui arrive le 26 juillet, en pleine saison balnéaire, convoque tout le pays. Ce jour-là, le clergé de la paroisse vient à Penchâteau : on chante une grand'messe. Un prédicateur en renom, choisi quelquefois parmi les hôtes de Saint-René, donne l'enseignement de la fête. Des abbés musiciens exécutent de beaux chants, accompagnés des instrumentistes qui se trouvent dans la maison. On a un violon, des flûtes, un saxophone, un harmonium, sans compter certain hautbois du voisinage, hautbois tout angevin, celui-là même qu'un artiste a appelé « le Doyen des hautbois de France », M. E. Lachèse, l'excellent ami et voisin de Saint-René.
Source : La charité à Angers. Tome 2 par Léon Cosnier (1811-1901)
