Remparts

Les guerres continuelles, dont la Bretagne fut si longtemps le théâtre, avant sa réunion à la France, ont souvent attiré l'ennemi sous les remparts de Guérande. L'occupation de cette place importante était l'objet des désirs de tous les combattants. Trois fois ses murailles renversées, ses édifices réduits en cendre, sa population exterminée, ont témoigné en faveur de la bravoure de ses habitants, presque toujours chargés seuls de sa défense. Les ducs employaient ensuite les courts intervalles de paix à réparer les ravages du fléau dévastateur ; mais la pénurie des finances ne leur permettait pas d'y consacrer les sommes nécessaires. Les murs de Guérande contenaient d'abord 12000 citoyens. Ce nombre, réduit à 7000, a diminué successivement, parce que toutes les fois qu'on a relevé les remparts, on a rétréci l'enceinte de la ville. Ceux qu'on voit aujourd'hui datent de 1451. Jean V les fit bâtir avec le produit des fouages (Les fouages étaient une redevance qui se payait par chaque feu. Cet impôt est représenté par la contribution mobilière) et des octrois. Un château, situé probablement où est le marche au bois, ajoutait à la beauté des fortifications. Il fut démoli en 1614, sur la demande des états de Bretagne, et les fossés profonds, dont les eaux croupissantes exhalaient des vapeurs méphitiques, ont fait place à des promenades ombragées d'ormeaux.

Les remparts de Guérande, revêtus d'un parement de pierres de taille et flanqués de dix tours (La tour Sainte-Catherine a été détruite), forment une figure irrégulière, dont la circonférence est de 1454 mètres. Sa plus grande longueur, de la porte Bizienne à la tour Sainte-Anne, est de 515 mètres. On entre dans la ville par des portes placées aux points cardinaux. Une infinité de souterrains, distribués dans toutes les directions, facilitaient, lors des sièges, les communications extérieures. Ventre saint gris, disait Henri IV, en voyant le vieux château de Nantes, les ducs de Bretagne n'étaient pas de petits compagnons ! La vue de Guérande n'eut pas détruit la bonne opinion que ce Français par excellence avait conçue des premiers souverains de cette province.

Guérande (Loire Inférieure) Fortifications côté ouest

Guérande (Loire Inférieure) Fortifications côté ouest

A l'époque où la mer baignait encore une partie des marais salants, Guérande avait un port ; la navigation, quoique peu importante, ne laissait pas d'offrir à ses habitants une ressource qu'ils ont perdue. Le penchant du coteau de Cramagué était couvert de maisons : quelques ruines montrent encore la place qu'elles occupaient. La perte de son port fut néanmoins peu sensible ; l'érection d'un hôtel de monnaie, la résidence d'un grand nombre d'officiers de justice, de magistrats, etc., l'en dédommagèrent. C'était le temps de son opulence ; des traités solennels furent jurés dans ses murs, où les ambassadeurs du roi de France vinrent y complimenter la duchesse Anne ; les états de Bretagne y tinrent leurs assemblées.

Aujourd'hui, Guérande est un chef-lieu de canton ! C'est la seconde ville du département, dont le maire soit à la nomination du roi. En l'an IV, elle était encore le siége d'une administration de district et d'un tribunal. L'intrigue de quelques fonctionnaires, alors en crédit lui a enlevé tous ces avantages.

Savenai, petit bourg, qui en est éloigné de 4 myriamètres, est devenu chef-lieu d'arrondissement. La nombreuse population de l'ancien territoire de Guérande, vient, dans un mémoire très-circonstancié, de réclamer contre cette usurpation. Sa demande est si juste, ses droits sont si incontestables, qu'il suffit, pour les apprécier, d'un coup d'œil jeté sur la carte.

En arrivant à Guérande, par le chemin de la Roche-Bernard, la vue se promène à droite et à gauche sur des bouquets de bois environnés d'un rideau de pins, au travers desquels on distingue quelques maisons de campagne. Il ne faut point les comparer avec ces retraites délicieuses, où le riche habitant des grandes villes a déployé son opulence ; mais la simplicité, la paix, le bonheur ont choisi pour asiles ces modestes manoirs. L'aspect du côté du nord ne donne pas une haute opinion de la ville. Le silence de la solitude, ces vieilles tours, ces remparts noircis par le temps, inspirent plus de tristesse que de mélancolie. Le clocher de Saint-Aubin, seul édifice remarquable, fier de près de dix siècles d'antiquité, domine au loin sur une vaste étendue de pays, qu'il a vu si souvent changer de maîtres. Ce monument fut bâti en 857, par Salomon, meurtrier et successeur d'Eruspé. Les soldats de Louis d'Espagne ayant incendié la ville, cinq églises furent détruites. Une grande partie des citoyens s'étaient réfugiés à Saint-Aubin, avec ce qu'ils avaient de plus précieux ; les vainqueurs y mirent le feu ; la voûte en pierre, détériorée par les flammes, s'écroula avec un horrible fracas. Elle n'a point été relevée. Des planches, fixées sur la charpente , ont remplacé ce morceau d'architecture, qui passait pour un chef-d'œuvre.

Avant la révolution, on voyait des mitre, des crosses sculptées sur les murailles de ce temple, et des évêques peints sur les vitraux. Une chaire épiscopale en pierre, décorée d'ornements gothiques, et pratiquée dans l'épaisseur d'un mur du frontispice, excite encore aujourd'hui l'attention des curieux, qui ne peuvent en deviner la destination. Plusieurs privilèges étaient jadis attachés à cette église. Elle ne le cédait en richesses à aucune cathédrale de France. C'était une collégiale royale avec douze chanoines. Le chapitre avait été fondé pour Gillard, évincé du siége de Nantes. Une carte, conservée dans les archives de Saint-Pierre, montre les limites de cet ancien diocèse, qui comprenait l'archidiaconé de la Mée ; Saint-Aubin est aujourd'hui la seule paroisse de Guerande. Un recteur et deux vicaires la desservent.

Source : Précis historique, statistique et minéralogique sur Guérande par Joseph Morlent.

photo pour Remparts

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 70827
  • item : Remparts
  • Localisation :
    • Pays de la Loire
    • Loire-Atlantique
    • Guérande
  • Code INSEE commune : 44069
  • Code postal de la commune : 44350
  • Ordre dans la liste : 12
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • fort
    • ensemble fortifié
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 13e siècle
    • 14e siècle
  • Dates de protection :
    • 1877/07/14 : classé MH
    • 1943/03/17 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Remparts et portes : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :7 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • enceinte
    • porte
    • TERRAIN
    • arbre
    • porte de ville
    • port
    • promenade
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : a235648287bbd73039828f9643b06d05.jpg
  • Détail :
    • Les remparts : classement par arrêté du 14 juillet 1877
    • Les portes : classement par liste de 1889
    • Les promenades plantées d' arbres qui entourent les remparts : classement par arrêté du 17 mars 1943
  • Référence Mérimée : PA00108626

photo : Lumière du matin

photo : Lumière du matin

photo : Lumière du matin