Eglise Saint-Aubin (ancienne collégiale)

GUERANDE COLLEGIALE SAINT AUBINLes fondations sont aux établissements religieux, ce que les actions d'éclat, les inspirations du génie, sont aux monarchies : elles constituent leurs annales, rappellent les causes de leur extension, leurs splendeurs, leurs beaux jours et les solennités du culte. Plus un empire compte d'illustrations, plus il est grand et glorieux ; de même, plus une église compte de bienfaiteurs, plus elle est illustre et vénérée.

L'énumération de ces legs, pieux témoignages de respect et d'amour, outre les noms des fidèles qui les accomplirent, révèle sur les âges passés des détails précieux et intéressants, à l'aide desquels on retrouve sous son véritable aspect l'histoire défigurée par l'école philosophique du siècle dernier.

Aussi, les premières donations faites à Notre-Dame, pendant le XIVe siècle, ont-elles été mentionnées avec soin. Malgré leur petite quantité, peu de paroisses de notre ville peuvent en offrir autant ; leurs archives, sauf de très-rares exceptions, ne remontant pas au delà du XVe. Pendant ce siècle, si fertile en documents écrits, le livre des anniversaires et les titres épars de la Collégiale ont fait passer sous nos yeux plus de deux cents fondations, depuis les hauts et puissants ducs de Bretagne jusqu'au modeste marchand drapier et épicier, depuis l'éminent prélat jusqu'au pauvre sacristain. Alors, il a fallu choisir, afin d'éviter une fatigante monotonie, et citer seulement les pièces dont le dispositif sort de la forme commune. La fondation du XIVe est semblable à celle du XVIIIe, à la différence près de la somme.

Toutefois, une remarque ressort du mode d'indemnité usité dans ces actes multipliés. Au bout de deux cents et quelques années, les rentes perçues par le Chapitre étaient insuffisantes pour compenser les exigences qu'elles remplissaient largement à l'origine. Les biens-fonds, au contraire, très-restreints, avaient suivi la marche ascensionnelle du numéraire, et le prêtre que nous voyons se contenter de deux sous pour une grand'messe en 1387, recevait trois francs en 1789. Le clergé de la Collégiale, très-opulent au moyen âge, arriva donc forcément à l'état de pénurie par suite duquel on le verra, peu d'années avant sa suppression, diminuer le nombre des prébendes et changer entièrement sa constitution.

On nomme collégiale une église desservie par des chanoines séculiers formant un chapitre, et dans laquelle il n'y a pas de siège épiscopal (Tontes les collégiales de France furent supprimées en 1792. La province de Bretagne en comptait alors 31, dont trois pour le diocèse de Nantes : Saint-Aubin de Guérande, Notre-Dame de Nantes, et Notre-Dame de Clisson, fondée par le Connétable en 1407).

Cinq institutions de ce genre existaient déjà en Bretagne : Notre-Dame de la Guerche, fondée en 1206, et la Madeleine de Vitré, en 1209, au diocèse de Bennes ; N.-D. de Morlaix, en 1295, au diocèse de Tréguier ; Saint-Guillaume, au diocèse de Saint-Brieuc, comptait un doyen et 19 chanoines. La plus ancienne du duché était celle de Saint-Aubin de Guérande, fondée par le roi saint Salomon au milieu du IXe siècle, dont le Chapitre jouissait de nombreuses prérogatives et de fort beaux privilèges, parmi lesquels on peut citer les suivants :

Dans la déclaration faite au roi en 1681, les chanoines de Saint-Aubin déclarent que leur église et chapitre sont de fondation royale, faite par saint Salomon, roi et duc de Bretagne, « et ne recognoistre autre que le roy, nostre sire, pour seigneur fondateur, sans qu'aucunes personnes ayent droit de mettre armoiryes, tombes, enfeux ny bancs parochialliers, et que ladite église a toujours esté le second siège épiscopal du diocèze, et que c'est pour cette raison et autres, qu'ils ont droit de prendre la première séance, le premier pas et les premiers suffrages dans tous les synodes et assemblées généralles et particullières du clergé dudit diocèze de Nantes, immédiatement après les chanoines de l'église cathédrale de Saint-Pierre de Nantes, à l'esclusion de toutes autres églizes collegialles, ainsy qu'il a été jugé par arrest de la court du parlement de cette province, en leur faveur contre les chanoines de l'églize collégiale de Nantes, et que leur dit chapitre est composé de douze prébendes, dont un prevost. »

Guérande. Façade de la Collégiale St Aubin

L'église collégiale de Saint-Aubin, « estant l'église matrixe du territoire de Guerrande, est en droit d'avoir un grand-vicquaire, un officiai, un promoteur, résidants dans la ville dudit Guerrande, et le seigneur évesque de Nantes est obligé d'en establir et nommer du corps du Chapitre ou autres prestres de ladite ville, qui expédient et agissent dans lesdites charges pour tout ledit territoire, compozé des paroisses dudit Guerrande, Bats, Piriac, Mesquer, Saint-Molf, Asserac, Camoil, Herbiguac, Saint-Liphart, Saint-Nazaire, Escoublac et Saint-André. »

« Lesdits chanoines sont en possession de ne recevoir de visites des seigneurs évoques de Nantes qu'une fois seullemant pendant le pontiffiquat de chacun d'eux, sans que leurs grands-vicquaires ny archidiacres puissent pretandre aucunes autres visites, ny qu'ils l'ayent jamais fait dans leur chapitre ny église. »

En 1325, le duc Jean III régnait sur la Bretagne heureuse et tranquille. Rien ne faisait présager la longue guerre civile qui bientôt allait ensanglanter et déchirer la province. Daniel Vigier, natif de Guémené-Penfao, évêque de Nantes, illustrait son épiscopat par ses vertus et les utiles institutions dont il dotait le diocèse. Sollicité par la vive piété des fidèles, il consentit avec joie au changement par lequel la simple église de Sainte-Marie se trouva transformée en l'insigne collégiale de Notre-Dame de Nantes. L'acte d'érection qu'il nous a été donné de retrouver, ne laisse, aucun doute à cet égard. On comprend sans peine que le corps des chanoines de Notre-Dame, jaloux de ses prérogatives, avait grand soin de ne jamais rappeler ce qui pouvait faire allusion à la dépendance où il était placé vis-à-vis du Chapitre de la cathédrale, dépendance que celui-ci, comme il sera facile de s'en convaincre, cherchait peut-être trop à imposer ou à faire prévaloir.

D'après cet acte, il est donc permis de dire que la chapelle fondée par le duc Alain dut son institution éminente aux enfants de la cité, dont chacun avec raison l'aimait et la considérait comme sienne. A cette œuvre commune, chaque ordre de la ville, chaque classe de la société nantaise, avait fourni quelques membres à titre de bienfaiteurs. Pour l'embellissement du temple de la Reine du ciel, prélats et chevaliers, prêtres et soldats, riches et pauvres, noblesse et peuple, tous avaient apporté, qui, le simple denier obole, qui, le brillant écu d'or.

Au nom du père, amen. Daniel, par la permission divine évêque de Nantes, considérant, comme l'enseignent saint Jérôme et le Psalmiste, que, s'il est recommandé de louer le Seigneur dans ses saints, les hommages rendus à sa bienheureuse Mère ont un parfum qui remonte plus agréablement vers lui et lui plaisent davantage ; désireux (cupientes), ainsi que plusieurs autres serviteurs du Tout-Puissant, de célébrer, par des hymnes et des cantiques, les louanges de la Vierge bénie, surtout dans le temple de Notre-Dame de Nantes, monument d'une belle architecture (quœ nobilis est fabricce), fort bien approprié à l'établissement d'un collège, dont nous avons fondé quelques prébendes pour des ecclésiastiques, déjà, comme les apôtres, au nombre de douze, chargés d'y réciter avec dévotion et solennité les divins offices ; Nous, du consentement de notre Chapitre, à la réserve de ses droits, de même que de ceux du recteur et du prieur, à l'honneur, glorification et louange du Christ et de son auguste Mère, érigeons l'église de Sainte-Marie en Collégiale, voulant que, dans la suite des temps, elle soit toujours considérée comme telle.

Source : Église royale et collégiale de Notre-Dame de Nantes par Stéphane Praud de La Nicollière-Teijiero 1865.

photo pour Eglise Saint-Aubin (ancienne collégiale)

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 70832
  • item : Eglise Saint-Aubin (ancienne collégiale)
  • Localisation :
    • Pays de la Loire
    • Loire-Atlantique
    • Guérande
  • Code INSEE commune : 44069
  • Code postal de la commune : 44350
  • Ordre dans la liste : 6
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • église
    • collégiale
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 16e siècle
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 1ba26d7d576b5745b7755f70c6461c9f.jpg
  • Détails : Eglise Saint-Aubin (ancienne collégiale) : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00108621

photo : Lumière du matin

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photo : gerardgg

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