vizille

 


Château de Lesdiguières
Vizille
dessiné par Tirpenne

Situé sur les bords de la Romanche, au moment où elle vient d'échapper aux sombres gorges dans lesquelles elle était captive presque dès sa naissance, Vizille, assis au pied des montagnes, en avant des derniers coteaux qui le séparent de la plaine du Graisivaudan, a toujours paru une position importante. Les Romains n'en avaient pas fait une station de leur voie à raison de sa proximité de Grenoble, mais ils y avaient établi un camp, Castra Vigilioe, destiné à maintenir dans le devoir (de nos jours on dirait: le loyalisme) les populations environnantes et à assurer la sécurité de là route.

 

Ce poste fortifié se continua à travers les âges, et la féodalité y assit une de ses redoutables forteresses sur cet éperon rocheux qui domine et partage la vallée. Le nom de Château du Roi est demeuré à des ruines dont l'étendue atteste l'ancienne importance. Plus tard, au temps des guerres de religion, Vizille fut pris et repris et attira ainsi l'attention du grand général dont la fortune sortit de ces secousses. Quand la paix fut rétablie, le connétable de Lesdiguières, gouverneur du Dauphiné, voulut avoir son palais à Vizille, et c'est par ses ordres que s'éleva le château monumental, la résidence vraiment royale, dont nous admirons aujourd'hui le déclin. Château à la somptueuse ordonnance, porte au tympan de laquelle le maître est représenté à cheval, dépendances égales à une caserne, parc immense, pièce d'eau, tout fut l'oeuvre de ce petit gentillàtre des Hautes-Alpes, promu par sa valeur et l'heureux concours des circonstances à la première place du royaume. Le bourg qui s'était formé à l'abri du château, s'accrut alors, et connut une ère de prospérité que l'industrie de nos jours arrive à peine à lui rendre. Siège de la cour du puissant vice-roi, il vit défiler dans ses murs toute la noblesse du Dauphiné, et le lustre qu'il en a gardé ne fut sans doute pas étranger à l'événement qui allait inscrire à jamais son nom dans les annales de l'histoire de France.

En 1788 Vizille fut le siège d'une assemblée des trois ordres de la province où furent élaborées les revendications qui aboutirent à la révolution de 1789, et de là lui vint le surnom de berceau de la Révolution française.

Source : Belledonne et les Sept-Laux, montagnes d'Uriage et d'Allevard de Henri Ferrand en 1901 (domaine public)