Ancienne abbaye bénédictine

l'abbaye de Cormery est une ancienne et célèbre abbaye, dépendant jadis de la petite ville de ce nom, en Touraine, fondée au 8e siècle et supprimée en 1790.

Le pays de Cormery ne formait a l'origine qu'une solitude sauvage où l'abbé Ithier, abbé de Saint-Martin de Tours et prochancelier de Charlemagne, établit d'abord une "celle", sorte de prieuré où les moines faisaient une résidence temporaire, et où Ithier, avec deux ou trois compagnons, allait parfois se retirer, comme dans un ermitage.

Ce prieuré prit le nom de la Celle-Saint-Paul, et fut le germe de l'abbaye de Cormery. En mourant, l'abbé Ithier laissa ce monastère bâti et doté.

Charlemagne le prit alors sous sa protection, et l'avènement d'Alcuin à la dignité d'abbé de Saint-Martin de Tours fut pour Cormery une garantie de prospérité. Bientôt la fondation de saint Ithier reçut l'autorisation de se constituer avec des moines soumis à la règle de saint Benoît.

Elle n'en demeurait pas moins, aux termes de l'ordonnance royale sous la dépendance des abbés de Saint-Martin. Alcuin y installa lui-même les bénédictins. Le célèbre professeur fit bientôt de la nouvelle abbaye son séjour habituel il y établit une école, et lorsque, devenu vieux, les infirmités le forcèrent de rester à Tours, il adressa à Cormery les adieux les plus touchants en vers latins que l'histoire nous a conservés.

Alcuin y célèbre son cher monastère de Cormery.

"O, s'écrie-t-il, ma résidence favorite des arbres touffus te recouvrent de leur ombre, bosquets délicieux toujours couronnés de fleurs.

Les prés qui t'entourent continueront de s'émailler de fleurs et de produire des herbes utiles à la santé, que la main expérimentée du médecin viendra cueillir.

Une rivière, aux bords verts et fleuris t'environne de ses ondes, et le pêcheur n'y jette jamais ses filets en vain.

Les vergers et les jardins, les lis et les roses remplissent le cloître des plus doux parfums.

Des oiseaux de toute espèce y font retentir leurs chants mélodieux dès l'aube matinale, et célèbrent à l'envi les louanges de Dieu créateur".

Après la mort d'Alcuin, arrivée en 804, l'abbaye de Cormery continua à prospérer une ville ne tarda pas à grouper ses maisons à l'ombre de cette abbaye, véritable place forte par le fait, suivant l'usage du temps, capable de soutenir un siège et d'abriter ses vassaux.Néanmoins elle eut à traverser des jours néfastes lors des invasions normandes, mais elle s'en releva et reprit, au 9e siècle, le cours de sa prospérité.

Avec la féodalité commença sa décadence : les comtes d'Anjou, avoués et prétendus patrons de l'abbaye, convoitant dès lors la possession de toute la Touraine, où ils avaient plusieurs fiefs importants, administrèrent les domaines monastiques à leur profit. Les terres de Cormery devinrent des bénéfices laïques. L'abbaye n'eut bientôt plus d'ecclésiastique que le titre de sa fondation.

Nous trouvons, en 965, parmi ses abbés, Guy, fils du comte d'Anjou Foulques le Bon, petit-fils de Foulques le Roux. Plus tard, un de ses successeurs, l'abbé Thibaut, fils d'Aimon de Corbeil, obtint du roi Robert la confirmation des privilèges de l'abbaye et son indépendance. Elle avait reconquis une nouvelle influence quand, en 1358, les Anglais s'en s'emparèrent, après avoir ravagé la ville, et y apportèrent la ruine et le pillage. En quelques instants, l'oeuvre de plusieurs siècles fut anéantie, le monastère transformé en citadelle. Plusieurs années se passèrent ainsi, au bout desquelles l'abbé Gérard, réfugié à Tours, obtint des Anglais la réintégration de son abbaye.

Il n'en fut pas moins obligé de payer de nouveau rançon en 1412, lors du retour des bandes ennemies mais ; de cette époque au 16e siècle, les moines purent vivre en paix derrière leurs murailles solidement réparées.

En 1562, les réformés renouvellent à Cormery les ravages des guerres anglaises. Après s'être rendus maîtres de Tours et de toute la province, ils livrent au pillage les églises et les monastères la célèbre abbaye n'eut pas un meilleur sort le trésor fut pillé, les ossements des religieux jetés à la voirie Cormery eut beaucoup de peine à se remettre des suites de cette terrible attaque.

Enfin, un siècle plus tard, l'abbaye fut agrégée à la congrégation de Saint-Maur. Cette union eut lieu en 1662 par un concordat intervenu entre Henri de Béthune, archevêque de Bordeaux, abbé de Cormery, et dom Bernard Audebert, supérieur général de la congrégation de Saint-Maur :

"Elle avait, dit le texte même du concordat, pour but de faire revivre la régularité déchue par le laps de temps et le malheur des guerres civiles".

Le même acte stipula différents règlements équivalant à une véritable reconstitution. A peine installés à Cormery, les bénédictins de Saint-Maur firent refleurir la régularité et toutes les vertus monastiques. La congrégation vit bientôt sa réputation s'étendre au loin, et son nom reste encore attaché à d'importants travaux littéraires et scientifiques. Les moines de Cormery étaient parvenus, au 17e siècle, à force de sagesse et d'économie, à réparer les pertes que les troubles et les guerres avaient fait subir à l'abbaye.

En 1691, le chapitre décida la reconstruction d'une partie du monastère, qui fut accomplie peu de temps après. Dès lors, jusqu'en 1789, l'histoire de l'abbaye ne présente plus aucun fait digne d'être relaté. Lors de la suppression des ordres religieux les moines de Cormery se dispersèrent silencieusement, sans lutte. Les bâtiments, vendus aussitôt comme propriété nationale, furent abattus peu après, et il ne reste guère aujourd'hui que des ruines informes d'une abbaye qui vit Alcuin et Charlemagne, et qui fut pendant près de neuf siècles une des plus brillantes de notre pays.

  • Titre : Grand dictionnaire universel du XIXe siècle
  • Auteur : Larousse, Pierre (1817-1875) d'après un travail de Bourassé, Jean-Jacques (1813-1872)
  • Éditeur : Administration du grand Dictionnaire universel (Paris)
  • Date d'édition : 1866-1877

photo pour Ancienne abbaye bénédictine

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 64001
  • item : Ancienne abbaye bénédictine
  • Localisation :
    • Centre
    • Indre-et-Loire
    • Cormery
  • Adresse : rue de l'Abbaye
  • Code INSEE commune : 37083
  • Code postal de la commune : 37320
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 5 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 11e siècle
    • 12e siècle
    • 14e siècle
    • 15e siècle
    • 17e siècle
  • Dates de protection :
    • 1908/04/26 : classé MH
    • 1921/03/10 : classé MH
    • 1933/03/03 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/09/14

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.) ; Site archéologique : 37 083 3 AH.
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :15 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • escalier
    • clocher
    • chapelle
    • cellier
    • logis
    • cloître
    • tourelle
    • réfectoire
    • logis prioral
    • maison
    • église
    • logis abbatial
    • CLOCHE
    • Abbatial
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Photo : 9bf192ff81cdf5b95185300c3c85b7a4.jpg
  • Détail :
    • Le clocher de l' ancienne église abbatiale, dénommé Tour Saint-Paul : classement par arrêté du 26 avril 1908
    • Les restes du réfectoire (avec tourelle d' escalier attenante) et du cloître
    • la chapelle absidale de l' ancienne église abbatiale
    • le logis abbatial et le cellier : classement par arrêté du 10 mars 1921
    • La maison du Prieur : inscription par arrêté du 3 mars 1933
  • Référence Mérimée : PA00097710

photo :

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