photo : gerardgg
La cathédrale de Saint-Malo a remplacé au XIIe siècle, lorsque l'évêché d'Aleth fut transporté sur le rocher de saint Aaron, l'église de Saint-Vincent, élevée au IXe siècle par l'évêque Hélocar, sur les fondations de celle que les troupes de Charlemagne avaient incendiée en 811. C'est en 1144 que Jean, surnommé de la Grille, à cause de la grille qui entourait son tombeau, jeta les fondations de l'édifice actuel, dont le carré central et la nef en partie appartiennent seuls à l'époque romane. L'arc triomphal, l'arcade donnant sur le sanctuaire, ainsi que celles qui s'ouvrent sur les deux bras du transept, sont en ogive primitive. Les massifs du carré central sont prismatiques et flanqués de colonnes engagées. L'ornementation des chapiteaux est d'un travail grossier, mais les motifs en sont extrêmement variés. Ils présentent sous les angles des corbeilles, des cariatides, des têtes humaines, des poissons, une sirène, des dragons ailés, des animaux cabrés et à queue recourbée, de grandes feuilles étagées chargées de perles et formant volute, ou enfin des tiges courbées s'arrondissant sous les angles et s'épanouissant en hémi-fleur-de-lys ou fleurons à trois lobes.
Le chœur, élevé par Jean de la Grille, et dans lequel il fut inhumé en 1163, a été remplacé, environ un siècle et demi plus tard, par celui que nous voyons actuellement.
Il appartient au style ogival en lancette, et nous pensons qu'on doit l'attribuer en grande partie à Jean Rouxelot, de la maison de Limoëlan, sacré évêque de Saint-Malo en 1310. Il se compose de quatre travées, dont trois en avant de l'autel et une en arrière. Le chevet droit, sans chapelle absidale, est percé d'une grande fenêtre, garnie en 1855 d'une verrière dans le style du XIVe siècle.
Les bases des piliers et des colonnes sont enfouies en terre depuis qu'on a exhaussé, en 1676, l'aire des collatéraux qui primitivement se trouvait beaucoup au-dessous de celle du chœur, à cause d'une dépression très-abrupte du rocher sur lequel tout l'édifice est construit. Le remblai considérable opéré dans les collatéraux, où l'on descendait par 17 marches, a enlevé au chœur beaucoup de son élévation qui est encore néanmoins de 20 mètres sous voûte.
Les chapelles du pourtour du chœur furent fondées à diverses époques. La plus ancienne chapelle est celle qu'éleva, en 1360, Philippe de Rennes, premier doyen séculier ; elle est située du côté de l'épître, ainsi que la chapelle Sainte-Geneviève due à la libéralité de la famille de la Chouë ; les ornements flamboyants de ses fenêtres accusent le XVe siècle.
La tour carrée, qui s'élève au centre des transepts, romane à sa base, fut continuée en 1422 par l'évêque Robert de la Motte ; on la termine de nos jours dans le style flamboyant. On lit sur la grosse cloche, que le maire de Port-Malo parvint à soustraire à la fonte en 1793, « parce qu'elle était nécessaire pour la fête de la Raison et que son timbre deviendrait une espèce de supplice à la superstition: »
J'ay été nommée Pierre-Malo par Messire
Paul-Antoine de Tavignon chevalier seigneur de Kertanguy
chevalier de Saint Louis, commandant pour le Roi à
Saint Malo et par Dame Perrine Bourgault Dame
du Vauborel 1750.
Le collatéral sud est de 1530 ; le collatéral nord (1593-1607) est dorique de la Renaissance ; le gable occidental avec ses pilastres ioniques ne date que de 1713, et la chapelle du Saint-Sacrement fut bâtie en 1718 pour servir de paroisse.
La hauteur de la nef sous voûte est de 15 mètres 30 centimètres ; mais de ces constructions hétérogènes il n'y a de remarquable que le chœur où fut inhumé, en 1388, l'évêque Josselin de Rohan sous un tombeau qui subsiste encore.
L'église succursale de Notre-Dame des Anges a disparu ; celle de Saint-Sauveur, adhérente à l'Hôtel-Dieu, est encore desservie. Cet hôpital doit son existence à Geoffroi, évêque de Saint-Malo en 1252.
La maison de la Providence, fondée en 1681 par Mlle Gardin des Prez, et la maison des Sœurs de la Charité, fondée en la même année par la marquise de la Marzelière, ont survécu à la Révolution.
Les communautés des Récollets à l'Ile de Cézembre, des Bénédictins anglais, des Bénédictines et des Ursulines sont détruites ou converties en magasins. Ces diverses maisons religieuses dataient, à Saint-Malo, de l'épiscopat de Guillaume le Gouverneur (1610-1630).
Source : De Rennes à Brest et à Saint-Malo par Pol Potier de Courcy 1864.
La cathédrale fut édifiée sous l'épiscopat de Jean de Châtillon (1146-1163), sur l'emplacement d'une ancienne église fondée au VIIe siècle et relevée au IXe. De l'édifice du XIIe siècle subsistent une partie du cloître, la nef, la croisée du transept et une travée des bras nord et sud. Le choeur a été reconstruit au XIIIe siècle, la tour commencée au XIIe a été surélevée en 1422. Du XVe siècle datent le collatéral sud et trois chapelles du choeur. A la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle (1583-1607), le collatéral nord fut reconstruit et le transept nord agrandi. L'aile du rosaire au sud fut commencée entre 1623 et 1631. Au XVIIIe siècle, la chapelle sud fut édifiée, la tour du clocher surélevée, la façade reconstruite (1772-1773). L'édifice a subi encore quelques remaniements aux XIXe et XXe siècles (reconstruction de la flèche détruite par les bombardements notamment). La porte, autrefois dans la cour de l'Hôtel-Dieu et déposée dans la cathédrale, date du 1er quart XVIIe siècle.
Source : Ministère de la culture.