photo : Patrice
La maison du Prince Noir est l'un des rares témoins du passé dinardais, cette demeure de grand caractère daterait de la fin du XVe siècle et du tout début du XVIe pour certains, d'autres sources la placent au XIVe siècle, ce qui est plus probable dans la mesure ou la construction porte des marque de remaniements. Le manoir, propriété privée, est à présent une galerie d'art.
Un voile persistant de tradition, de légende et d'histoire enveloppe cette demeure. Le prince noir figure légendaire par son caractère ou la couleur de sa cuirasse donne à l'ensemble une teinte fantomatique, tout autant que les sous terrains qui permettait de fuir ou rejoindre la bâtisse. Réalité et légendes s’entremêlent à Dinard la présence même d'Édouard, prince de Galles, en ce manoir n'est étayée d'aucunes certitudes. On remarquera dans tous les cas sa tourelle coiffée d'un toit conique du plus bel effet et de curieuses sculptures qui ornent le tour de ses fenêtres.
Exceptionnellement, la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Saint-Malo, tels les disciples d'Aristote qui péripatétisaient en plein air sur les montagnes Arcadiennes, tint, le mercredi l7 juin dernier (NdW : 1903), sa réunion mensuelle en pleine campagne. Le cadre de cette promenade printanière ne pouvait être mieux choisi, et bien que le ciel ne daigna pas quitter en leur honneur son masque boudeur et morose, les archéologues Malouins, pendant l'heure délicieuse qu'ils passèrent dans les solitudes fleuries du vieux Prieuré, ce berceau lointain du Dinard moderne et tapageur, purent se croire transportés dans l'idéal pays de la rêverie, cher aux poètes et aux archéologues, poètes eux aussi, puisqu'ils aiment les vieilles choses, reliques vénérables du passé disparu. Cette minuscule excursion débuta par une visite extérieure de l'antique autant que légendaire maison du Prince Noir.
S'il faut en croire la tradition populaire, le Prince Noir, qui guerroya longtemps dans notre pays contre les troupes du vaillant connétable Bertrand du Guesclin, aurait séjourné quelque temps dans cette maison, bien déchue aujourd'hui de son ancienne splendeur, mais qui, cependant, par son aspect archaïque, ses portes cintrées, fleuries de sculptures, ses vieilles cheminées et sa tourelle pointue, forme, avec le Dinard mondain qui étale alentour, dans les fouillis de roses, ses villas élégantes, un contraste curieux.
Toujours si la tradition dit vrai, et quel intérêt aurait-elle à mentir, cette bonne tradition, vigilante protectrice des histoires du passé ? existait sous cette maison un souterrain qui, jadis, reliait Dinard au Prieuré et même à Cézembre.(Source : Annales de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Saint-Malo 1903)
Les Sarrasins ne sont point à Dinard le seul souvenir historique, au dessus de la vieille cale, on voit encore, avec ses tourelles pointues, la Maison du Prince Noir. On assure qu'un souterrain existe, permettant d'aller s'embarquer très loin dans la baie.
Le Prince Noir guerroya longtemps par là contre les troupes du bon connétable et les peintres qui cherchent des sujets neufs pour le Salon n'auraient qu'à ouvrir nos chroniques pour en trouver de magnifiques (Guide du golfe de Saint-Malo, ou 15 jours à la côte d'émeraude / par Albert Bourdas 1894).
photo : Patrice