photo : Monique Coelho
Saint Sever de Rustang, Saint Severus de Rus tango ou de Russitano (diocèse de Tarbes, Hautes-Pyrénées, France.)
Abbaye de l'ordre de Saint-Benoît, fondée dans la petite vallée de Rustan, sur la rive de la Rousse, à cinq mille de Rabasteins et un peu plus de huit de Tarbes. Elle florissait déjà vers la fin du Xe siècle ou le commencement du XIe, sous le gouvernement d'Arseine, qui fut le premier abbé de l'abbaye de Générez, fondée par le comte Sanche. Son patron était saint Sever, prêtre, dont saint Grégoire parle souvent dans son livre De la gloire des Confesseurs, ch. W.
Détruit par les Sarrasins comme tous les autres de la Bigorre, le monastère de Saint Sever fut soumis, dans le XIe siècle, par Centulle, comte de Bigorre, à Saint-Victor de Marseille, afin d'être restauré. Le Pape Urbain II, par une bulle de l'an 1089, confirma cette soumission. Plus tard Saint-Sever de Rustan fut uni à la congrégation de Saint Maur. Voyez, Gallia christ., t. Ier, col. 1244, la série de 23 abbés.
Source : Dictionnaire des abbayes et monastères par Jacques-Paul Migne 1856.
Saint-Sever-de-Rustan, village bâti autour d'un monastère bénédictin que fonda, au VIe siècle, le saint prêtre Sévère ou Sever, et qui se maintint assez florissant jusqu'au siècle dernier, à en juger par les bâtiments de cette époque, vastes et empreints d'un grand caractère d'architecture. L'église, sans bas-côtés ni transept, est romane, mais altérée par des restaurations du XVe et du XVIIe siècle. La porte principale est au sud, comme dans les églises, de Larreule, de Maubourguet et de Mazères. Une coupole, rendue informe par des remaniements successifs, s'arrondit à l'entrée du choeur, mais elle ne correspond pas au clocher, tour centrale décapitée et dépourvue de caractère. Près de ce clocher, un contre-fort du mur méridional est bizarrement soutenu en encorbellement par l'encadrement d'une jolie fenêtre.
Mais le grand intérêt de Saint-Sever-de-Rustan est dans son cloître, dont les quatre galeries d'arcades, comme dans toutes les Pyrénées, reposent sur des groupes de deux colonnes isolées, de marbre, à chapiteaux doubles. Malgré leur date, qui ne peut être antérieure à la fin du XIVe siècle, ces chapiteaux sont historiés : on y voit des écussons armoriés, des tours à mâchicoulis, des fenêtres à croix de pierre et des costumes qui sont bien ceux du temps de Charles VI.
Les galeries perpendiculaires à l'église, celles de l'est et de l'ouest, sont les plus remarquables. La première est consacrée à la vie du Sauveur, en voici les sujets :
Parmi les sujets de la galerie de l'ouest, j'ai pu distinguer le Martyre de saint Sébastien, saint Georges terrassant le dragon, que ramène la jeune fille délivrée, et plusieurs scènes de la vie d'Élie et d'Elisée. On sait que ces deux prophètes ont longtemps passé auprès des religieux carmes pour être les fondateurs de leur ordre, et qu'une telle prétention fut vivement combattue, dès le XIVe siècle, sans beaucoup de succès. Le choix d'Élie et d'Elisée, seuls personnages de l'Ancien Testament figurés à Saint-Sever, y marque évidemment une adhésion à cette croyance, et il est vraiment étonnant, pour qui connaît les mœurs du moyen âge, de voir une congrégation monastique rendre ainsi un éclatant hommage à une congrégation rivale ou du moins de tendances complètement différentes. Je ne me serais certainement pas expliqué cette énigme si je n'avais su déjà que le cloître de Saint-Sever-de-Rustan n'a pas été construit par des Bénédictins, mais précisément par des Carmes, et qu'il se trouvait primitivement à Trio. Le monastère de Saint-Sever ayant été presque tout entier détruit par les Huguenots, en 1573, les religieux, rentrés trois ans plus tard, au lieu de reconstruire le cloître, trouvèrent plus simple d'acheter celui des Carmes de Trie, épargné par les iconoclastes, et de le transporter chez eux. Les hommages rendus à Elle n'offusquèrent pas trop les nouveaux propriétaires, et ils les ont laissé subsister, donnant une nouvelle preuve de cet esprit de tolérance qui a toujours distingué leur institut.
Source : Bulletin monumental publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques ; et dirigé par M. de Caumont 1834.
Dessin en médaillon ce dessus réalisé vers 1836.
Informations complémentaires sur PubliLabo notre partenaire communication.