Eglise et les terrasses attenantes

L'église de Saint-Savin est un des édifices de style roman les plus remarquables de nos vallées pyrénéennes. Elle date du XIIe siècle. Aujourd'hui que l'art monumental du moyen âge est réhabilité, la description archéologique de notre église a été plusieurs fois l'objet d'intéressantes études : celle que nous allons essayer aura le double avantage d'être écrite sur les lieux et de venir la dernière.

Examen détaillé de l'extérieur

L'église est orientée. Elle représente presque une croix latine. Son revêtement, qu'a coloré le vernis des siècles, est mélangé de grand et de moyen appareil irrégulier.

Une seule porte ouvre à l'intérieur de l'édifice; elle est située sur la façade occidentale; elle a 2m76 d'ébrasement, et 2m03 d'ouverture. Elle est à plein cintre et à profonde voussure en retrait. Plusieurs tores, grands et petits, concentriques, sont soutenus par neuf colonnes. Cinq de ces colonnes seulement ont une base, parce que cette base, s'élargissant d'une manière sensible, ne laisse point de place pour celle des quatre fûts intermédiaires. Les bases reposent sur un stylobate continu, dont les saillies sont toriques. La hauteur du stylobate est de 0,88 ; celle .des bases de 0,24 ; celle des fûts de 1,90; celle des chapiteaux de 0,30, ce qui donne pour les colonnes une hauteur totale de 2,44. Les chapiteaux sont massés, hormis les deux premiers de chaque côté, à partir de la porte. On remarque sur ces derniers ainsi que sur une portion de la frise des êtres fantastiques qui semblent poursuivre un homme, un lion, des oiseaux, deux boucs qui cossent; le tout assez grossièrement sculpté.

La baie est sans trumeau et à linteau droit. Une bordure de palmettes romanes entoure le tympan. Dans l'aire on aperçoit, au centre d'une gloire elliptique, Jésus-Christ avec le nimbe crucifère. Il est en pied, revêtu de l'aube et de la chasuble ; de la main droite il bénit à la manière occidentale, tandis que sa main gauche est ramenée sans effort sur le devant de la chasuble. Autour du Sauveur des hommes sont placés les quatre symboles des Évangélistes. L'ange et le lion au nord ; l'aigle et le bœuf au midi, tous ailés et sans nimbe. Il est regrettable que, dans le dernier siècle, des barbares aient dégradé ces sculptures que leur ignorance avait prises sans doute pour des armoiries.

A côté de la porte se trouve incrustée dans le mur une petite arcade. A quoi servait cette étroite ouverture, aujourd'hui fermée ? Était-ce la place d'un tombeau ? Rien ne l'indique. Il existait à Saint-Savin un grand nombre de cagots. Ils peuplaient un hameau nommé Mailhoc où ils avaient une chapelle pour eux. A l'église de St-Jean une porte d'entrée et un bénitier leur étaient réservés. On sait qu'il était interdit aux cagots d'aller à l'offrande près de l'autel : Est-ce par cette ouverture que ces malheureux exclus de l'abbatiale pouvaient présenter leur offrande au prêtre qui venait l'y recevoir ?

Continuons : un pignon obtus termine la façade. Dans son aire se trouve une large rose dont la date paraît assez récente. Les meneaux, si jamais ils existèrent, sont aujourd'hui remplaces par un châssis en bois.

La façade méridionale présente deux fenêtres cintrées d'inégale grandeur. La première est à double retraite, tandis que la seconde, voisine du transept, est plus petite et n'en a qu'un.

Une ligne horizontale de corbeaux forme ceinture à la hauteur de la corniche. Quelques uns offrent des ornements, tels que des têtes plates grimaçantes, des oiseaux, des perles, des figures géométriques, etc.

Une galerie, faite en moellons avec mélange de cailloux roulés, se distingue du revêtement de l'église ; elle forme ici des espèces de créneaux entremêlés de merlons sans caractère. Elle se continue au dessus de l'entablement tout le long de l'édifice, et présente une série de nombreuses petites fenêtres cintrées, propres à soutenir le toit en ajourant la voûte.

Une fenêtre, à double arrière plan et sans le moindre ornement, ouvre sur l'extrémité du croisillon méridional : aucun modillon n'existe sur la façade de cette dernière direction ; mais il est vraisemblable qu'on les a détruits, ainsi que la corniche, à l'époque de la reconstruction de la galerie. La corniche et les modillons règnent, au contraire, sur le côté occidental du croisillon sud, ainsi que sur la façade méridionale de la nef.

Trois apsides terminent le chevet. Celle du centre est à deux contreforts. Elle est éclairée de trois fenêtres : les autres apsides n'en ont qu'une. Les fenêtres latérales de la grande apside ont pour tout ornement, à l'extérieur, deux colonnettes entre bases et chapiteaux, surmontées d'un tore unique, dont le diamètre est égal à celui de la colonne. Les bases et les astragales sont formées de tores unis ou en torsades. Les corbeilles des chapiteaux sont feuillagées ou historiées. Les tailloirs sont en damier, sculptés de pièces en biseau. Les autres fenêtres sont sans ornement : aucune n'est archivoltée extérieurement.

La façade septentrionale n'offre aucune fenêtre : c'est de ce côté que se trouvait le cloître. On y remarque seulement deux portes aujourd'hui murées. L'une est placée au-dessus de l'autre. Celle du bas est à linteau droit et à console : elle est surmontée du monogramme du Christ, tel qu'il se retrouve partout depuis l'ère des catacombes jusqu'au XVe siècle.

Une coupole octogonale domine l'inter-transept. Les pans orientés sont percés de grandes fenêtres ogivales, et les pans intermédiaires sont consolidés par des contreforts. Une toiture sans caractère couronne le dôme et se termine en flèche conique.

Examen de l'intérieur

On descend dans l'intérieur de l'église par neuf marches. L'on découvre, en entrant, une nef divisée en trois travées inégales, un transept, un chevet composé d'une pro-apside et de l'apside proprement dite.

Voici les dimensions exactes des diverses parties de l'édifice:

  • Première travée 3m90
  • Deuxième travée 4m80
  • Troisième travée 6m32
  • Trois pilastres 3m
  • Inter-transept 9m
  • Pro-apside 9m70
  • Apside 4m40
  • Largeur de la nef et du chœur 9m86
  • Largeur de la croisée 0m29

Sur les deux transepts, à l'orient, s'ouvrent deux apsides, flanquant l'apside principale et pourvue chacune de leur pro-apside. Nous donnons ce nom à une ou deux travées de raccordement ajoutées à l'hémicycle du chevet, lequel hémicycle s'appelle proprement apside, à cause de la voûte en cul-de-four qui le recouvre.

La fenêtre qui correspond à l'axe dans l'apside principale porte seule à l'intérieur un ornement d'art. Elle est ornée de deux fortes colonnes dont le fût est entre base et chapiteau. La base présente un double tore dont le premier est à torsade ainsi que l'astragale. Les deux corbeilles sont historiées. Leur tailloir a quatre pans; il est fortement évasé.

Le dôme octogone qui s'élève sur l'inter-transept est à nervures prismatiques fortement prononcées et voûté en ogive. Les quatre pendentifs sont unis et légèrement concaves.

Nul ornement n'apparaît si ce n'est sur la corniche de l'apside latérale du sud. Cet ornement est un chapelet de perles dans la partie qui correspond à l'arcade. Sur les autres points on voit une torsade dans la partie la plus saillante de la corniche et au-dessous trois rangs de damier. La voûte est coupée par des arcs doubleaux qui reposent sur de simples pilastres à imposte. Cette voûte composée de pierres schisteuses est en berceau. La voûte du dôme est plus récente et plus légère. Une corniche unie commence à la naissance de la courbe et règne sur toutes les parties de l'édifice si on en excepte le côté septentrional.

L'apside du midi a été transformée en sacristie sans dégradation ni changement de caractère.

L'apside du nord n'offre de remarquable que deux colonnes appliquées qui reçoivent la double retombée de l'arcade qui la limite. Les fûts sont entre bases et chapiteaux. Leurs bases toriques sont quadrangulaires comme leurs chapiteaux. Un rang de perles et de forts empattements, en forme de poulaine, compose toute l'ornementation des bases. Un épais badigeon cache les petits détails de sculpture.

Source : Monographie de Saint-Savin de Lavedan par Gustave Bascle de Lagrèze 1850.

photo pour Eglise et les terrasses attenantes

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 105976
  • item : Eglise et les terrasses attenantes
  • Localisation :
    • Midi-Pyrénées
    • Hautes-Pyrénées
    • Saint-Savin
  • Code INSEE commune : 65396
  • Code postal de la commune : 65400
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 3 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 11e siècle
    • 12e siècle
    • 14e siècle
  • Dates de protection :
    • 1840 : classé MH
    • 1956/09/10 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/30

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.)
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • jardin
    • terrasse
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 534f4b217b9094e98057377127a9a172.jpg
  • Détail :
    • Eglise : classement par liste de 1840
    • Terrasses attenantes à l' église dites aussi Jardin Laure (cad. 300p, 303, 304, 305) : classement par arrêté du 10 septembre 1956
  • Référence Mérimée : PA00095415

photo : Monique c